Histoire de Roger : MAMAN, NOUS AVONS RATÉ LA FUSÉE

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chap.10
retrait Victor en regardant sa cousine s’éloigner se sentit mal de ce qu’il lui avait dit. Dans le fond, il aimait bien Jessica et regrettait de l’avoir traité de sac… Mais c’était plus fort que lui. Quand il pouvait sortir une blague bien sentie sur quelqu’un, il ne s’en empêchait pas. On disait de lui qu’il était baveux. C’était, paraît-il, son trait de caractère. Les autres garçons l’encourageaient à se comporter ainsi. Une blague bien méchante sur quelqu’un, cela le rendait populaire auprès des autres. Pourquoi s’était-elle aussi affublée de ce vêtement ridicule ? C’était trop facile de se moquer d’elle en faisant le lien entre son problème colorectal et le vêtement en forme de sac. Il aurait dû lui prêter son jeu électronique. Cela aurait paru comme un geste de réconciliation. C’était trop tard.
Retrait Il regrettait aussi d’avoir dit à Jessica qu’il dénoncerait son père. Ce n’était pas vrai et encore moins sur cette planète de fous. Il avait écouté durant le déjeuner ce que Blanche, la directrice de vol avait dit à son oncle Jacques. Cet écrivain devait être un sérieux psychopathe pour traiter les membres de sa secte religieuse de cette manière.
Retrait Il n’était pas question non plus de dénoncer son père à l’arrivée sur Naturalys. Celui-ci avait été élu avec une forte majorité comme représentant gouvernemental par la population. Personne ne prendrait au sérieux les récriminations du fils sur un père si admiré.
retrait Et de toute façon, la fessée l’avait rendu populaire auprès des garçons du vaisseau. Il l’avait subi sans le moindre gémissement, sans la moindre larme. Il avait serré les dents et ses copains après cela se disputaient l’honneur de commenter la rougeur de ses fesses. On le considérait comme un martyr de l’adolescence. Cela lui faisait plaisir de se considérer comme un héros à sa manière : le héros de la fessée.
Retrait Il fit un rapide tour d’horizon de la piscine. Les haut-parleurs diffusaient une musique ancienne. Ses parents étaient dans l’eau et faisaient d’interminables longueurs. Son oncle et sa tante étaient allongés sur des transats auprès de Gladys : tous les trois « travaillaient » leur bronzage. La seule que l’on ne voyait pas était Jessica. Elle s’était réfugiée dans un coin ombragé de la piscine près de la porte. Victor, de sa place, ne pouvait la voir.
Retrait Il s’accorda une petite sieste. Le soleil d’Eden Perdu était beaucoup plus chaud et plus brillant que celui de Terra, mais la petite brise qui passait au-dessus du muret rafraîchissait agréablement l’air. Il attira vers lui un parasol proche du muret et s’endormit quelques instants. Cela ne dura pas.
Retrait Un bruit de raclement l’avait réveillé. Au début, il crut qu’il s’agissait des haut-parleurs. Parfois on cherchait à initier les gens à un ancien style de musique  : dans les Caraïbes ou peut-être dans le nord de l’Amérique, les musiciens traditionnels se servaient d’une planche crénelée pour reproduire un son semblable. Mais quand il eut les yeux bien ouverts, il comprit que le bruit ne sortait pas des haut-parleurs. Cela venait plutôt de derrière lui. Était-ce un animal qui cherchait à franchir le muret ? Personne ne leur avait parlé de la faune d’Eden Perdu. Et c’était normal puisqu’ils n’étaient pas supposés se trouver à l’extérieur du spatioport. Victor ne bougea pas, mais il était prêt à bondir. Soudain, il aperçut au coin de son œil droit d’abord une main gantée de noir suivie d’un bras tout aussi noir qui s’avançait peu à peu. La main saisit très vite la tablette électronique de son jeu et se retira aussi prestement.
Retrait C’était Jessica. Victor en était sûr.
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chap.11
retrait Il sauta d’un bond sur ses deux jambes. Mais il n’eut pas le temps de la retenir : la petite fille s’enfuyait en direction de la forêt. Le garçon était furieux. Il alerta ses parents.
retrait – Maman, papa. Jessica m’a volé mon jeu. Vite, dites-lui de me le rendre.
retrait Tous les adultes se levèrent aussi prestement et comprirent le danger quand ils virent la silhouette noire se diriger vers la limite de la concession. Tous se mirent à courir après l’enfant. Il ne fallait pas qu’elle atteigne la clôture : des habitants de la planète pouvaient l’attendre et s’en emparer. Ce fut Victor qui fut le plus rapide : il réussit à l’arrêter avant qu’elle puisse se glisser sous la barrière. Pourquoi était-elle si acharnée à fuir vers un endroit qu’elle ne connaissait pas ? La réponse fut évidente quand son cousin arracha la capuche de sa tête : ce n’était pas la petite fille, mais un adolescent au teint cadavérique et à l’expression effarouchée. Il regardait avec horreur et surtout avec du dégoût le corps nu de Victor et des adultes. Des larmes se mirent à couler de ses yeux et il implora les gens qui l’entouraient :
retrait— Non, ne me mangez pas. Je ne veux pas être mangé. Par pitié.
retrait Victor et les autres furent étonnés par les paroles bizarres de l’enfant. Ils eurent un geste de recul et se levèrent : il en profita pour se glisser très vite sous la clôture et disparaître comme un éclair dans la forêt proche. Victor, ahuri, le regarda partir sans même penser à le poursuivre. Le garçon avait eu le temps de remettre sa capuche et il tenait dans les mains le jeu électronique de Victor. Ce fut Jacques qui réagit en premier. Il parcourut des yeux tout le terrain autour de la piscine.
retrait— Si ce n’est pas Jessica, où peut-elle être ? Il tourna son regard dans tous les sens et finit par la découvrir. Elle était à côté de la porte ouest, à l’ombre du bâtiment. Elle criait de toutes ses forces.
retrait— Vite, dépêchez-vous. On vient d’annoncer le départ de la navette dans les haut-parleurs.
retrait Sa mère la tranquillisa.
retrait— N’aie pas peur, ma chérie. Ils vont nous attendre. Ils vont bien s’apercevoir que nos sièges sont vides.
retrait Mais ce ne fut pas le cas. Alors que la petite fille se débarrassait de son habit lourd et chaud pour retrouver son état de nature et surtout pour rejoindre plus rapidement les adultes, elle se figea. Un bruit d’enfer couvrit ses cris d’horreur. C’était la navette qui de l’autre côté du spatioport décollait en produisant le son assourdissant habituel des départs de vaisseaux .
retrait Jessica s’accrocha à la main de sa mère, ouvrit de grands yeux apeurés et dit tout simplement  :
retrait — Maman, nous avons raté la fusée.
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chap.12
Retrait- Cela prit un long moment avant que quelqu’un ne réagisse. Tout le monde avait les yeux fixés sur le nuage blanc et la lueur jaune de la fusée. Personne ne voulait croi re à ce qu’il voyait. Ils se retrouvaient isolés sur une planète hostile sur laquelle des êtres habillés vouaient aux gémonies tout humain pour qui la nudité était la chose la plus naturelle. Ce fut Marcel, le père de Victor qui se secoua le premier pour répliquer violemment.
retrait — Nous ne sommes pas seuls.
retrait — Oui, nous le savons, lui répondit son beau-frère, mais je crains que ces gens ne soient pas préparés à nous aider. La réaction de l’enfant tout à l’heure nous le confirme, j’ai bien peur que nous soyons même en danger.
retrait — Non mon ami. Je ne parle pas des habitants qui ont reçu un lavage de cerveau de la part de leur gourou, mais plutôt des employés du spatioport. Ils sont une dizaine à entretenir cette bâtisse. Ils vont nous donner une explication de ce départ précipité. Peut-être vont-ils nous annoncer qu’une seconde navette va venir illico presto nous chercher. Au pire, nous serons peut-être obligés d’attendre le prochain passage d’un vaisseau interplanétaire. Je ne nous vois pas très bien séjourner une semaine ou une quinzaine ici. Mais ce sera une bonne leçon pour nous.
Retrait- Il n’osa pas jeter un coup d’œil en direction de Gladys qui était en partie la cause du présent problème et il évita tout regard vers les enfants qui avaient leur part de responsabilité. Le groupe pénétra dans le spatioport par la porte de l’ouest, suivit le long couloir et se retrouva au centre de la verrière. Il n’y avait aucun employé en vue. Ce fut Jacques qui en trouva la raison.
retrait — Je suppose qu’ils prennent une pause après le départ d’une navette. Ils ont au moins une semaine ou une quinzaine pour se préparer au prochain vaisseau. Allons voir dans les bureaux. Ils doivent en train de rédiger leurs rapports.
retrait Mais force fut de constater que le secteur administratif était lui aussi désert. Un certain désordre y régnait. Des classeurs étaient vides de tout papier. Des déchiqueteuses étaient pleines, comme si l’on s’était empressé de faire disparaître des documents. Pas un être humain ne se trouvait dans la longue file de bureaux. Tout était à l’abandon. Quelqu’un avait ôté le portrait du président de la C.T.I. accroché habituellement au mur de la salle de conférence. Les deux familles empruntèrent l’étroit escalier qui menait aux chambres. Ce fut la même désolation. Les portes de placard, les tiroirs des commodes étaient restés ouverts comme lors d’un départ précipité. Personne n’osa faire une réflexion. Victor serra la main de sa mère. Il devinait que le silence des adultes était une façon de digérer la situation. Jessica pleurait. Elle avait gardé les lunettes de soleil, pensant les amener dans le vaisseau comme souvenir. Elle les posa sur un bureau et les oublia. Son père Jacques invita le groupe à redescendre.
retrait — Nous serons mieux en bas pour décider de ce que nous devons faire.
retrait Ils s’assirent sur le rebord du bassin. La cascade ne coulait plus. Tout le monde se regardait sans émettre un son. Personne ne savait que faire. Puis soudain, un bruit les fit tourner la tête vers les verrières. Au loin, des véhicules sur coussin d’air approchaient du spatioport.
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chap.13
kkkkkkLa mère de Victor fit un bond sur ses pieds.
UUUUUUU— Tenez ! Voici les employés. Ils étaient sur le pas de tir pour l’envol de la fusée. Ils vont nous renseigner. Vous allez voir.
kkkkkkkElle fut la seule à se réjouir. L’état des bureaux prouvait que ce n’était pas eux, mais Juliette s’accrochait à son idée.
UUUUUUU—  Pour sortir, ils ont enfilé le costume obligatoire sur cette planète, mais ce sont eux. J’en suis sûr.
kkkkkkkSon mari Marcel entoura affectueusement de son bras les épaules de sa femme.
UUUUUUU— Chérie, les employés ne circulent pas en véhicules sur coussins d’air à l’intérieur d’un spatioport. Regarde, ce sont des voitures et pas n’importe lesquelles : des voitures de sport, de très grands luxes.
kkkkkkkkJacques se leva brusquement pour s’adresser à tout le monde.
UUUUUUU— Marcel a raison, les amis. Nous sommes en danger. Il doit s’agir du gourou ou de l’un de ses proches acolytes. Vous vous souvenez de ce que l’enfant a dit en nous voyant. Cet homme leur inculque la haine de la nudité. Imaginez s’il nous attrape. Nous lui servirons d’exemples. Nous devons fuir.
kkkkkkkAndréanne appuya son mari.
UUUUUUU— Réfugions-nous dans la suite administrative ou dans les chambres.
UUUUUUU— Non, chérie. Pas dans ces endroits clos. Il n’y aurait qu’une seule issue et elle serait occupée par ces gens s’ils décidaient de visiter les bureaux. Retournons à la porte ouest. Au moins, s’ils viennent, nous pourrions fuir vers la forêt.
kkkkkkkL’idée de Jacques était la plus sensée. On la suivit. Rendu à la piscine, Marcel remarqua un détail.
UUUUUUU— De l’intérieur du spatioport, à cause du miroir sans tain, ils seront capables de nous repérer, mais nous, on ne les verra pas approcher. On va être obligé de nous dissimuler derrière le muret ou…
UUUUUUU— Où bien, on pourrait mettre des tenues noires comme l’avait fait Jessica. Il y en a plein ici dans des sacs transparents et de toutes les tailles.
UUUUUUU— Excellente idée, mon fils. Allez, tout le monde. Pour une fois, les vêtements auront une utilité. Ils cacheront notre bronzage. Rappelez-vous la blancheur cadavérique de l’enfant. Sa peau ne devait pas voir le soleil bien souvent. La science a mille fois prouvé le bienfait du soleil contre certaines maladies. Par exemple, la tuberculose a été vaincue…
UUUUUUU— Chérie, ce n’est pas le temps pour un cours de naturisme.
UUUUUUU— Oui, excusez-moi. Par contre le défaut de ces tenues, c’est de nous confondre les uns les autres. Andréanne, tiens Jessica par la main et ne la lâche pas. Ne refaisons pas l’erreur de Victor qui a confondu sa cousine avec un habitant de cette planète. Juliette, tiens ton fils lui aussi par la main. Ainsi nous ne nous perdrons pas. Maintenant approchons-nous des barbelés à l’endroit où l’enfant se trouvait avant qu'il ne s'échappe. Les habitants ne sont pas supposés se tenir sur le terrain de la concession. Chacun se glissa par l’ouverture au bas de la clôture. Mais à peine s’étaient-ils retrouvés qu’un bruit de feuillages attira leur attention. Derrière chaque buisson, on remarquait de gros sacs noirs qui les observaient.
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chap.14
pppppllLe groupe se réfugia derrière un bosquet pas très loin. Une dizaine d’habitants s’y trouvait et écoutait religieusement un de leurs congénères.
kkkkkkk— Mes frères et mes sœurs. Nous voilà enfin débarrassés de ces impies. Notre Maître à tous les a proprement mis dehors, juste par la force des paroles saintes de la Genèse. Gloire à lui et à sa toute-puissance. Enfin ! Ces ignobles gens qui se comportent comme des bêtes en se pavanant de façon dégoûtante ne pollueront plus « Eden Perdu » par leur présence. Dieu a chassé Adam et Eve de l’éden et ils ont connu la honte d’être nu. Nous n’aurons plus à éviter leur regard. Gloire à notre Maître.
kkkkkkkPlusieurs habitants de la planète répétèrent les dernières paroles de l’orateur en agitant leurs mains au-dessus de leur tête. L’un d’entre eux au contraire s’écarta du groupe. Il se contenta de tousser en s’éloignant quelque peu. L’homme qui avait parlé s’adressa directement à lui.
kkkkkkk— Toi Samuel, comme d’habitude, tu contestes mes paroles. Et en le faisant, tu insultes notre Maître.
kkkkkkkLe dénommé Samuel se retourna pour faire face à l’homme qui avait parlé et toussota de nouveau.
kkkkkkk— Non, non, mon ami. Je n’insulte pas notre Maître. Seulement, je doute qu’il se soit servi de la Genèse pour les mettre dehors. Il a dû se servir de sa brillante intelligence, de son excellente imagination et de très bons avocats pour inclure dans le contrat une clause…
kkkkkkk— Ah, cesse tes suppositions. Je vois que tes études universitaires ont pollué ton cerveau. Vous, les diplômés, vous ne savez plus accepter les saintes paroles de l’Écriture. « Vous, les brebis égarées, redevenez l’agneau que vous étiez à votre naissance », a dit le Seigneur. Je vais devoir encore signaler ton comportement délictueux à notre service de surveillance du dogme.
kkkkkkkL’orateur cracha à terre en direction de Samuel puis se retourna vers ses fidèles.
kkkkkkk— Retournons au village. Nous avons double ration de gruau au repas du soir. Remercions le Maître pour sa générosité.
kkkkkkkJacques se pencha vers son beau-frère et lui chuchota à l’oreille :
kkkkkkk— Si nous voulons nous en sortir, je crois que nous devrions entrer en contact avec cet homme.
kkkkkkk— Tu veux dire, l’homme du sermon.
kkkkkkk— Non au contraire, l’autre, le dénommé Samuel. Il a l’air moins dérangé que les autres. Regarde il s’éloigne accompagné d’un enfant. Il ne se dirige pas vers le village. Préviens discrètement tout le monde. Nous allons le suivre.
kkkkkkkIl allait faire signe aux autres lorsque Victor s’approcha de lui.
kkkkkkk— Oncle Jacques, j’ai entendu un bip.
kkkkkkk— Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne comprends pas.
kkkkkkk— Oui, tu sais, le jeu que le garçon m’a pris. Il émet régulièrement un bip si tu ne l’éteins pas.
kkkkkkk— Et alors ?
kkkkkkk— Il est dans la poche de l’enfant qui s’éloigne.
kkkkkkk— Comme c’est étrange.
kkkkkkkMarcel voulut connaître la pensée de son beau-frère.
kkkkkkk— Ton fils vient de me dire que l’enfant qui accompagne cet homme est le même qui lui a volé son jeu.
kkkkkkk— Et alors ? Quelle différence cela fait-il ?
kkkkkkk— Cet homme est un contestataire de la secte. Son fils ne devrait-il pas être plus réveillé ? Il croit que les naturistes comme nous mangent les enfants et son teint blanchâtre démontre qu’il suit les règles vestimentaires de la secte. J’ai du mal à croire que son père ne l’ait pas mieux influencé.
kkkkkkk— Suivons-les. Ce sera le meilleur moyen d’en savoir plus.
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chap.15
jjjjjjjIl fallait être prudent. Si le groupe suivait l’homme de trop près, il se méfierait. Ils étaient vêtus des mêmes vêtements que les autres habitants. Il pouvait les prendre pour des espions envoyés par le gourou. Ce n’était pas facile de marcher. Au lieu de suivre un sentier balisé comme celui qui semblait mener au village, ils avançaient au milieu des arbres gigantesques et devaient se frayer un chemin parmi les branches cassées au sol ou à travers les buissons épineux. L’homme sentit très vite la présence des autres. Il se retourna et s’avança vers Jacques à qui il s’adressa.
jjjjjjj— Madame, pourquoi me suivez-vous ? Vous savez bien qu’une femme ne doit pas entrer en contact avec un membre réprouvé par la communauté.
jjjjjjjJacques s’arrêta de surprise. Pourquoi l’homme l’identifiait-il comme femme ? Les vêtements paraissaient semblables pour les deux sexes. Il chercha à éclairer l’homme.
jjjjjjj— Excusez-moi. Je ne suis pas une femme. Mon nom est Jacques.
jjjjjjj— Alors pourquoi portez-vous un vêtement de femme ? Les boutons de la poitrine s’attachent à l’opposé de celui des hommes. Et vous devriez être une femme assez vieille puisque sur votre épaule gauche, vous avez trois lacets roses. Il y eut un moment de silence, puis il reprit.
jjjjjjj— Seriez-vous par hasard des employés du spatioport ? Pourquoi n’êtes-vous pas reparti avec la fusée ?
jjjjjjj— Nous n’étions pas employés à la concession, mais de simples voyageurs. Nous avons raté son départ parce que nous courrions après ce garçon qui avait pris à mon neveu son jeu électronique.
jjjjjjjL’homme jeta un œil vers l’enfant qui venait de sortir le jeu de sa poche.
jjjjjjj— Ah, je comprends. Je croyais qu’il l’avait reçu en cadeau de sa mère ou même du Maître. Entrons dans ma cabane. Je m’excuse. C’est un peu rustique, mais c’est le lieu où l’on isole les mauvaises têtes comme moi. Pas d’eau, pas d’électricité. C’est devenu un peu mon chez-moi puisque j’y passe la plus grande partie de mon temps. Oh, un instant. Votre neveu pourrait-il expliquer à mon fils comment fonctionne le jeu ? Il y a une table à l’extérieur. Ils y seront très bien pour jouer.
jjjjjjjVictor parut satisfait puisqu’il récupérait d’une certaine façon le jeu. Tous les autres entrèrent dans la cabane. L’homme ferma la porte et déclara.
jjjjjjj— Je m’excuse pour votre neveu, mais c’est la seule façon de tenir mon fils à l’écart. Ici, sur la planète, les enfants sont pris en charge par la communauté. On leur bourre la tête de stupidités…
jjjjjjj— Par exemple, que les gens nus mangent les enfants.
jjjjjjj– Oui exactement. C’est un vieux truc des anciennes religions pour garder leurs disciples. Il vaut mieux que ce que j’ai à vous dire, il ne l’entende pas ; il le répéterait le jour suivant au comité de surveillance du dogme. D’ailleurs, votre visite le sera. Ça, c’est sûr. Je vais essayer de trouver une explication vraisemblable. Vous pouvez ôter vos capuches. Ah, je comprends. À voir vos bronzages, vous êtes des pêcheurs selon nos règles. Ce serait mieux que vous restiez couvert. Mon fils ou une autre personne pourrait entrer. Sur cette planète, nous n’avons pas le droit à l’intimité. Tout ici est collectif.
jjjjjjjJacques leva la main pour l’interrompre.
jjjjjjj— Excusez-moi, mais nous sommes tous ici anxieux. Existe-t-il une possibilité de fuir cette planète ?
jjjjjjj— Je dois malheureusement vous répondre par la négative. Présentement, nous sommes pris au piège. Sinon, croyez-moi. Je serais ailleurs que dans cette cabane. Très très loin ailleurs. Par contre, il y a pour l’avenir un signe positif.
jjjjjjj— Lequel ?
jjjjjjj— L’expulsion de vos amis du spatioport.
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par Roger SCHAEFFER


chap.16
gggggggTout le monde, sous leur capuchon, prit des airs ahuris. Jacques fit part de leur étonnement.
ggggggg— Pour nous, ce n’est pas vraiment la bonne nouvelle du siècle. Croyez-moi.
ggggggg— Oui, j’imagine, mais laissez-moi vous expliquer. Peut-être ne le savez-vous pas, mais le contrat, entre le gourou et la compagnie de transport, la CTI, stipulait que l’installation d’une concession sur « Eden Perdu » serait autorisée en échange d’un montant monétaire « astronomique », si vous me permettez le jeu de mots et la permission pour la secte d’évangéliser Naturalys.
gggggggMarcel, en tant que député, connaissait le dossier. Il intervint :
ggggggg— Mais le gouvernement a refusé ce point.
ggggggg— Oui, en effet. Comme il n’était plus question de négocier avec le gouvernement, mais seulement entre la CTI et la secte, les avocats firent ajouter que les instances religieuses de la planète pouvaient en tout temps se retirer du contrat et reprendre la concession. La somme généreuse versée chaque mois avait été bonifiée. Elle assurait à la compagnie de transport que la secte ne se retirerait pas facilement. Mais comme nous venons de le voir, la CTI a dû s’en aller sur un simple avis d’éviction.
ggggggg— Et vous trouvez que c’est une bonne nouvelle ?
ggggggg— Mais oui. C’est même une excellente nouvelle. Pourquoi croyez-vous que la secte accepte de perdre une jolie somme d’argent tous les mois ? Pourquoi croyez-vous qu’elle préfère se retrouver avec dans les mains un spatioport entièrement équipé. C’est que… allez, devinez.
gggggggCe fut Andéanne la première à réagir.
ggggggg— C’est qu’ils ont l’intention de s’en servir.
ggggggg— Exactement.
gggggggIl se tourna vers la silhouette noire.
ggggggg— Par contre, si j’étais vous, je ferais l’échange de vos costumes avec le dénommé Jacques. Vous portez un vêtement pour adolescent. Il a un lacet bleu à l’épaule gauche. Mais pour en revenir à ce que nous disions : nous devons nous attendre à voir arriver des dizaines de cargos qui viendront remplir leurs cales de produits fabriqués ici. C’est triste à dire, mais mes pauvres coreligionnaires, si je peux les nommer ainsi, travaillent du matin au soir, à fabriquer des produits qui seront vendus dans tout l’univers. Ils ne reçoivent qu’une ration alimentaire minimum avec peu de protéines. Ils sont continuellement matraqués par des haut-parleurs de messages religieux. Je les plains vraiment.
ggggggg— Comment se fait-il que vous ne soyez pas vous-même dans la même situation ? Votre exil dans cette cabane au milieu des bois est presque idyllique. Vous n’avez pas des haut-parleurs qui vous assènent de messages religieux.
gggggg— En fait, j’ai quelque talent en électronique. J’ai débranché ces foutus appareils.
ggggggg— Pour l’alimentation, vous me paraissez en pleine forme. Avez-vous un secret ?
ggggggg— Oui, en effet, j’en ai un. Avant de me retrouver ici, j’étais comme vous un naturiste. Pas seulement un nudiste. Je communiais avec la nature. On ne s’imagine pas tout ce qu’on peut trouver de bon à manger dans une forêt.
ggggggg— Vous oblige-t-il à travailler ?
ggggggg— Ils aimeraient bien le faire. Je n’ai pas un trop gros rendement et donc ils envoient continuellement des rapports sur moi à la centrale.
ggggggg— Et cette centrale ne réagit pas ?
ggggggg— Ils aimeraient bien réagir, mais j’ai un petit secret. Je vous en parlerai plus tard. En attendant, retournons voir le spatioport. Si le maître l’a déserté, ce serait le meilleur endroit pour vous dissimuler. Vous feriez trop d’erreurs dans les villages aux alentours. Allons-y.
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chap.17
gggggggEn sortant, ils retrouvèrent Victor, en compagnie de son nouvel ami, jouant une délirante partie de « Four Crime. » Le fils de Marcel avait eu la bonne idée de garder son capuchon sur lui. Son nouvel ami aurait eu une attaque de nerfs s’il avait pu voir la tête bronzée et en santé de son camarade. On se souvient de sa réaction à la vue de Victor en habit de naissance. Juliette promit à son fils de lui acheter un jeu dès qu’ils débarqueraient sur Natalys. Le garçon savait qu’il y avait une nouvelle édition de son jeu préféré. Il accepta. De son côté le fils de Samuel, trop heureux d’avoir le jeu pour lui seul, accepta de rester à la cabane pendant que son père faisait visiter les alentours « au groupe d’experts religieux ». C’était tout au moins ainsi que le père expliqua la présence de ces personnes inconnues.
ggggggg— À force d’être régulièrement mis en isolement dans la cabane, j’ai fini par connaître par cœur cette forêt. Nous n’irons pas près de la clôture. Si le Maître est toujours dans le spatioport, ils disposeront des gardes tout autour de la piscine. Nous monterons plutôt cette petite colline. En haut, nous aurons une vue panoramique non seulement de la piscine, mais aussi du pas de tir. On verra bien s’il prépare l’arrivée des cargos.
gggggggLa montée était raide. Jacques prit sa fille sur ses épaules, mais très vite, elle se plaignit de la chaleur provoquée par le port du vêtement. Malheureusement, on ne pouvait se mettre nu. Quelqu’un, équipée d’une longue vue pouvait les surprendre. Il valait mieux paraître des disciples un peu trop curieux. Arrivée au sommet, ils eurent toute une surprise : dans la piscine une dizaine de personnes se baignait en toute nudité. On avait de la difficulté à les distinguer. Était-ce le retour des employés de la CIT, la compagnie de transport ? Samuel fut bien obligé de décevoir ses compagnons.
ggggggg— Malheureusement, vous avez devant vous, le maître et toute sa clique.
ggggggg— Voulez-vous dire que ce gros homme entouré de jeunes filles est le gourou ? À voir son tour de taille, il ne doit pas se contenter d’une double ration de gruau lors de ses repas.
ggggggg— Une ferme modèle avec des serres pour les fruits et légumes ainsi qu’un élevage de veaux nourri aux grains lui est réservé. Il ne se prive pas.
ggggggg— Qui sont ces jeunes filles ? Elles ont l’air à peine pubères. Où les recrute-t-elle ?
ggggggg— Vous avez raison. Ce sont quasiment des enfants. Il va dans les villages et annonce aux parents qu’elles ont été choisies pour les cérémonies au temple. Ces pauvres gens, tellement abrutis par la malnutrition et le matraquage des sermons sont tout heureux de donner leur fille pour le service du Seigneur. En fait, le Seigneur, c’est lui-même. Elles sont droguées, parfois torturées par ce malade mental. Lorsqu’elles deviennent adultes, il s’en débarrasse. Je n’ose pas vous dire comment.
gggggggJacques révulsé préféra se détourner, car il avait sa fille dans les bras. Il descendit de quelques mètres la pente et observa plutôt le pas de tir. Il n’y avait aucun mouvement de ce côté-là. Samuel ne comprenait pas cette absence d’activités.
ggggggg— Il s’est privé d’une très belle somme en avisant la compagnie de transport de la fin immédiate du contrat. Il y a sûrement une raison à cela. Il faut que je la découvre.
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chap.18
gggggggAlors que Jacques et Samuel observaient le pas de tir dans l’éventualité d’un mouvement, les autres constatèrent la fin de la baignade pour le gourou et les jeunes filles. Ils en avisèrent les deux hommes. Samuel soupira.
ggggggg— Je m’en doutais. Le maître a fait construire dans le temple un assez grand bassin en marbre avec une robinetterie plaquée or. C’était supposé être un baptistère, mais jamais personne n’a reçu le sacrement du baptême à cet endroit. Par contre, le Maître s’y plonge chaque matin avec ses compagnes. Il n’a pas besoin de la piscine du spatioport pour ses turpitudes.
gggggggJacques se retourna vers Samuel.
ggggggg— Je ne veux pas être indiscret. Vous avez l’air de bien le connaître cet homme.
gggggggSamuel toussota, hésita puis répondit.
ggggggg— Oui, c’est normal que je le connaisse. Je suis son beau-frère.
gggggggTout le monde se rapprocha pour entendre la suite.
gggggggg— J’ai été son complice dans les premiers temps. C’est même moi qui lui ai suggéré cette idée de religion. Au début, on organisait des réunions de psychothérapie en utilisant le système pyramidal. Il avait une imagination débordante pour emberlificoter le monde. Il devinait ceux qui avaient de l’argent. Je ne sais pas comment il faisait. Lorsque je les voyais nous donner leur numéro de compte bancaire, j’en riais presque. Les autres, on les persuadait d’hypothéquer leur maison. Mais j’ai commencé à débarquer quand je l’ai vu amener sur cette planète de pauvres gens qui n’avaient que de maigres économies. J’en ai vu le supplier de les rembourser. Mais il arrivait à les retourner comme des crêpes. Et puis un jour, on les retrouvait morts. Nous avons eu bien des suicides ici.
ggggggg— Comment est-il votre beau-frère… ?
ggggggg— Ma femme est sa sœur. Elle est d’une beauté à couper le souffle. Au début de notre mariage, j’en étais amoureux fou. J’étais à l’époque pilote de ligne, pour la CTI justement. C’est moi qui lui ai donné l’idée d’acheter cette planète. Loin de tout, c’était parfait pour y organiser ses petits trafics. Souvent absent j’ignorais que ma femme me trompait… avec son propre frère. Je l’ai découvert alors que j’étais impliqué dans toutes ses combines. Elle vit avec lui dans le temple.
ggggggg— Quand vous dites un temple…
ggggggg— Je devrais plutôt dire un manoir. Il y a douze chambres pour les invités et une chambre principale. Il a fait croire à ceux qui ont financé la bâtisse que la fin du monde était proche, que Jésus était sur le point de revenir sur terre avec ses douze apôtres, d’où ce nombre de chambres. À côté du baptistère-piscine, il y a même un bain sauna. J’ai du mal à voir Jésus là-dedans… Enfin !
ggggggg— Les fréquentez-vous encore ?
ggggggg— Le moins possible. Parfois, des agents viennent me chercher. J’ai le droit au sermon habituel. Ils n’osent pas aller plus loin que l’exil dans la cabane. Ils craignent que je parle. Je connais assez bien leurs acolytes. Je pourrais retourner la situation en ma faveur. Vous savez, les escrocs ont toujours peur d’avoir plus escroc qu’eux en face.
gggggggAlors qu’il finissait sa phrase, on entendit le bruit caractéristique des véhicules sous coussin d’air. C’était le gourou qui s’en allait.
ggggggg- Maintenant que le spatioport est redevenu désert, je vais vous laisser rejoindre la piscine. Vous pourrez dormir dans les chambres, mais faites attention tout de même. Ayez au moins quelqu’un qui fait le guet. On ne sait jamais. Ils pourraient revenir. Je me demande bien pourquoi ils ont mis fin au contrat. De mon côté, je vais retourner à ma cabane. Mon fils pourrait appeler à l’aide si je ne suis pas là.
À suivre
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roger
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Re: Histoire de Roger : MAMAN, NOUS AVONS RATÉ LA FUSÉE

Message par roger »

MAMAN, NOUS AVONS RATÉ LA FUSÉE
par Roger SCHAEFFER


chap.19
gggggggSamuel avant de les quitter leur indiqua le chemin le plus direct. Il suffisait de descendre le sentier qui menait au pas de tir puis à une fourche prendre à droite. On se retrouvait automatiquement derrière le muret de la piscine.
ggggggg— Il ne vous restera qu’à le contourner. Si par chance, une navette atterrit, ressortez par la porte de l’ouest et revenez ici. En suivant le sentier de gauche, vous serez très proche des cargos. Mais attendez-moi. Nous descendrons ensemble. Je vous indiquerai le meilleur moment pour vous cacher derrière les conteneurs.
gggggggComme il finissait sa phrase, la petite Jessica éclata en pleurs. Tout le monde devina pourquoi. Son cousin Victor se pinça le nez pour mieux faire comprendre le problème. Andréanne se pencha vers sa fille.
ggggggg— Ce n’est pas grave, ma chérie. Dès que nous serons à l’intérieur du spatioport, nous arrangerons cela. Tu pourras prendre un nouveau vêtement. Il en reste plein sur le muret.
gggggggPuis il expliqua à Samuel le problème de sa fille. Celui-ci sourit en s’approchant de l’enfant.
ggggggg— Je connais sur cette planète une plante médicinale efficace pour ton cas. Demain, je vais préparer une tisane tout spécialement pour toi. Tu verras, cela se guérit en deux ou trois jours très facilement.
gggggggIl embrassa Jessica qui lui rendit son baiser puis il prit le chemin de la cabane. De leur côté, les deux familles se dirigèrent vers la porte de l’ouest. Gladys regarda avec envie la piscine. Elle aurait bien aimé faire une séance de bronzage supplémentaire, mais ce n’était peut-être pas une bonne idée : des agents pouvaient surveiller le spatioport. Ils préférèrent se réfugier à l’intérieur. Le caractère curieux de Victor leur fit faire une découverte intéressante. Tout en cheminant dans l’étroit couloir, le garçon s’amusait à tester les poignées de porte. La grande majorité était close, mais alors qu’il s’appuyait sur l’une d’elles, la porte s’ouvrit à sa grande surprise : c’était la cantine des employés. Et ce qu’ils découvrirent les réconforta : une bonne odeur de nourriture parfumait la salle. Les employés du spatioport s’attendaient sans doute à manger après le départ de la navette. Les cuisines avaient préparé le repas du midi. Mais ce n’est pas ce qui s’était passé : ils avaient dû embarquer sans tarder. Les tables chaudes avaient gardé la nourriture prête à être mangée. Tout le monde fit honneur au banquet. Après s’être sustentés, Jacques, Marcel et Gladys allèrent chercher des matelas dans les chambres. Andréanne s’occupa de sa fille. Juliette et Victor surveillèrent les abords de la bâtisse. Lorsque tout le monde fut revenu, on s’enferma dans la cantine pour y passer la nuit. Jacques, Marcel et Gladys prirent chacun leur tour de garde. La nuit fut longue pour tous. Aux alentours de minuit, il y eut une alerte : on entendit le vrombissement caractéristique d’un moteur de fusée. Marcel et Gladys se glissèrent à l’extérieur. Ils gravirent la colline et constatèrent que le pas de tir était occupé. Ce n’était pas des cargos, mais plutôt de légers véhicules de tourisme. L’un d’entre eux était neuf : ses tuyères thermopropulsives n’avaient pas encore été noircies par la flamme. Un homme débarqua d’une voiture, échangea des paroles avec les pilotes des deux astronefs, puis ces derniers remontèrent dans la navette la plus ancienne et décollèrent. Il s’agissait d’une livraison. L’homme de la voiture, visita l’intérieur de la fusée neuve, hésita puis après un court moment, il décida de quitter le spatioport. Marcel regarda Gladys.
ggggggg— Nous avons de la chance. Gladys, allez chercher les autres. Moi, de mon côté, je vais à la cabane. Samuel est un ancien pilote. Dans quelques heures nous serons sortis de ce guêpier.

gggggggMarcel se dirigea vers la cabane de Samuel. Mais là, une mauvaise surprise l’attendait : la cabane était vide, le jeune homme brillait par son absence.
À suivre
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