Histoire de Roger : MAMAN, NOUS AVONS RATÉ LA FUSÉE

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roger
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Histoire de Roger : MAMAN, NOUS AVONS RATÉ LA FUSÉE

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MAMAN, NOUS AVONS RATÉ LA FUSÉE
par Roger SCHAEFFER
chap. 1

retrait « Mesdames et Messieurs, ici votre commandant de bord, le lieutenant Roger Schaeffer, en charge du vaisseau Univers one. Il est 8 heures du matin, heure de Terra en ce troisième jour de notre périple vers Naturalis que nous atteindrons dans exactement quatre jours et huit heures. Je vous souhaite donc une bonne et belle journée. Vous pouvez quitter vos cubicules et vous rendre à la salle commune où un petit-déjeuner vous sera servi par nos hôtesses. Pour ceux que cela intéresse, nous serons en orbite autour de la planète “Eden Perdu” vers midi. Nous y ferons comme prévu un rapide ravitaillement de mi-parcours dans notre spatioport. Pour ceux qui désireraient se dégourdir les jambes, il sera possible d’utiliser la navette-cargo avec nous. Par contre, je dois vous prévenir que “Eden Perdu” est une planète privée. Vous ne pourrez donc pas vous rendre à l’extérieur de notre concession. Les lois et règlements des propriétaires sont sévères, très sévères. Aucune nudité permise et lorsque je dis aucune, c’est un euphémisme. Vous pourrez circuler dans le spatioport en état de nature, tant que vous le voulez, comme vous le feriez normalement dans nos rues, nos espaces verts sur notre bonne planète Terra et comme vous le feriez également dans tout l’univers. Pour compenser, nous avons installé un jardin arboré avec un soleil artificiel. Il y a même une cascade et un bassin pour votre confort. Des miroirs sans tain ont été apposés sur les grandes verrières : vous pourrez donc observer la flamboyante forêt qui entoure nos bâtiments, mais les habitants de la planète ne pourront vous voir puisque la vue de la nudité les incommode. Je vous rappelle que la chartre des droits et libertés qui considère que la nudité est la norme dans tout l’univers ne s’applique pas dans la sphère privée et la planète “Eden Perdu” en fait partie. Lorsque le cargo aura été ravitaillé, un appel sera transmis et vous devrez reprendre illico presto vos places dans la navette. Aucun contrôle d’identité ne sera appliqué puisque nous ne quittons pas le spatioport. Soyez donc discipliné. Ah, une dernière chose : le sauna du vaisseau ne sera pas disponible aujourd’hui. Un jeune enfant qui aurait dû être aux couches ne l’était vraisemblablement pas. Notre directeur de bord passera l’avant-midi à aseptiser le local. Merci et je vous souhaite encore une belle et bonne journée à bord du vaisseau Univers one.
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roger
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par Roger SCHAEFFER
chap.2
retrait Dans le cubicule A-282, la famille Sicard était en stade de réveil. Quelques minutes avant l’appel du lieutenant Schaeffer, l’air savamment dosé d’un gaz soporifique favorisant le sommeil s’était subitement évaporé. La température, fraîche durant la nuit, reprenait les degrés perdus. Le couvercle en plastique transparent d’un berceau de sommeil se souleva automatiquement. C’était celui de la mère de famille, Andréanne Sicard. Elle s’assit tout en s’étirant puis jeta un œil inquiet vers le plus petit des berceaux de sommeil, celui de sa fille Jessica. Cette dernière était réveillée et ouvrait de grands yeux abasourdis.
retrait — Maman, il a parlé de moi. Maman, je suis morte. Tout le monde va se moquer de moi.
retrait — Mais voyons donc, il n’a pas cité de noms. Personne ne saura que c’est toi qui a… dans le sauna. Ils penseront plutôt que c’est un bébé et non pas une petite fille de huit ans.
retrait La petite fille n’en était pas vraiment sûre.
retrait — Huit ans et demi maman. Tu en as parlé à Tatie Juliette. Non ?
retrait — Oui, ma chérie. Nous en avons parlé. C’est vrai. Elle me disait que les médecins sur Naturalis pourraient très facilement régler ce problème de sphincters paresseux. C’est un problème entre le cerveau et le muscle anal.
retrait — Et… Oh non, elle en a sûrement parlé à l’oncle Marcel. Je suis perdue.
retrait — Mais pourquoi ? Ton oncle ne va pas en parler dans tout le vaisseau.
retrait — Non, pas lui, mais le cousin Victor oui. Il est toujours accroché aux basques de son père. Ce petit monstre va rire de moi avec tous ses copains. Je suis perdue.
retrait La mère éclata de rire.
retrait — Maman ! Tu trouves cela drôle. Je vais être ridiculisé par tous les enfants du vaisseau et toi tu me ris en pleine figure.
retrait — Non, ma chérie, ce n’est pas de toi que je ris, mais de l’expression que tu as utilisée.
retrait Jessica fronça les sourcils.
retrait — De quoi parles-tu maman ?
retrait La jeune femme s’approcha du berceau de sommeil de sa fille, en souleva le couvercle et prit cette dernière dans ses bras.
retrait — Tu as dit en parlant de Victor : « il est toujours accroché aux basques de son père. »
retrait — Et alors ?
retrait — Les basques, ce sont des extensions en arrière d’un vêtement qu’on appelait queue de pie. Je vois mal comment Victor pourrait s’accrocher aux basques de son père puisque nous sommes nus la grande majorité du temps.
retrait — Voilà ce que ça fait d’avoir un professeur de français comme mère, ma chérie.
retrait La jeune femme et sa fille se retournèrent. La voix grave qui venait de sortir du dernier berceau de sommeil était celle du père de famille, Jacques. Elles s’approchèrent de lui tandis que le couvercle se levait peu à peu. Le matelas se plia au niveau des lombaires et effectua un lent relèvement de la partie supérieure du corps de l’homme. Ce dernier avait depuis toujours eu envie de remercier le matelas pour son aide, mais il avait vite compris dans son enfance que c’était un robot primaire sans fonctions affectives. Il se contenta d’y penser.
retrait — Alors mes chéries d’amour en sucre, comment allez-vous en cette belle journée qui commence ? Avez-vous l’intention de descendre vous dégourdir les jambes sur cette planète, comme nous y a invités le commandant ? Comment a-t-il dit qu’elle s’appelait ? « Eden Perdu ». Bizarre de nom, vous ne trouvez pas ? Bon, en attendant, allons déjeuner. J’ai une faim de loup. Je me demande bien à quoi ressemblait un loup. Peut-être à un ogre, un autre animal lui aussi disparu.
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chap. 3
retrait La salle commune était pleine lorsque la famille Sicard se présenta pour déjeuner. Tout le monde avait eu la même idée. C’était sûr : les meilleurs informateurs étaient les agents de bord, ceux qui allaient justement se préparer à servir le repas du matin. Ceux-ci et surtout celles-ci qui étaient les plus nombreuses faisaient le trajet Terra-Naturalis au moins une fois par mois. Ils avaient donc eu l’occasion de glaner des renseignements sur cette mystérieuse planète. La famille Sicard était chanceuse : leur table se trouvait dans la section gérée par Gladys, une hôtesse plutôt distraite dans son travail, mais par contre très utile dans le cas présent, car très bavarde. Ils allaient en avoir pour leur argent comme on disait à l’époque très lointaine où le paiement des produits se faisait grâce à des rectangles de papier et des jetons en métal.
Ils avaient eu à peine le temps de saluer la tante Juliette et de disposer leur serviette sur une chaise que Gladys servit le premier renseignement.
retrait— C’est un écrivain.
retrait— Un écrivain ? répéta la jeune femme en tendant sa tasse, ce qui fit réaliser à Gladys qu’elle avait oublié le café.
retrait— Oui un écrivain. Vous savez, ces gens qui écrivent. J’en ai déjà écouté sur ma tablette, mais cela me fait mal à la tête toutes ces phrases avec des descriptions. Je préfère les films. On ne se fatigue pas. On nous sert toute cuite l’histoire avec des vidéos. Les romans, c’est des livres pas d’images. Non ? Autrefois, nos ancêtres étaient obligés de les lire. Incroyable !
Jacques, le père de la petite Jessica, fronça les sourcils, mais il n’était pas question de partir une conversation sur le mérite des écrits par rapport au cinéma. Il ramena le sujet à son point d’origine.
retrait— Mais le monsieur de la planète : qui est-il ? Quels sont les titres de ses œuvres ?
retrait— Alors là vous me posez une colle, vous. Non, je sais qu’il a fait fortune grâce à son imagination. Peut-être a-t-il écrit des scénarios de films. C’est pour cela qu’il a fait fortune parce que les scénarios, c’est un peu comme des romans, mais plus simple.
retraitLa curiosité de Jacques grandit.
retrait— Au moins, vous savez dans quel genre il écrit ce monsieur. Est-ce de la romance, de l’Histoire, du fantastique ?
retrait— Ah bien, vous, vous m’en posez toute une. Attendez voir. Je crois que c’était de la science. Des trucs qui se seraient passés dans l’avenir. Oui de la science, mais pas vraie. C’est-à-dire de la fiction mélangée avec la science.
retrait— Et vous me dites qu’il se serait acheté toute une planète avec ses droits d’auteur. C’est un peu fort le café.
retraitJacques avait utilisé cette expression pour rappeler à Gladys qu’il attendait toujours son breuvage matinal. Mais elle n’était plus présente à ce qu’elle faisait et oublia le café.
retrait— Ah non, mon petit monsieur. J’ai jamais dit cela moi. Non monsieur, jamais. Des droits d’auteur, des droits d’auteur. C’est quoi ça, des droits d’auteur ? Vous avez sauté par-dessus ma pensée. J’ai jamais dit cela.
retraitPuis elle partit chercher le pot à café qu’elle avait oublié. Elle ne revint pas.
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chap. 4
retrait Ce fut sa patronne, Blanche, la directrice de vol qui vint à son secours pour servir le déjeuner. Elle en profita pour renseigner Jacques.
Retrait — En fait, avec l’imagination débordante de ce monsieur, il s’est mis à écrire des essais sur une possible nouvelle religion. En fait non. C’était au début une théorie fumeuse de développement personnel basée sur de la pseudoscience, mais quand il a appris que les organismes religieux étaient exempts de taxes, il a déclaré tout de go que l’ensemble hétéroclite de ses calembredaines, c’était une religion. Et ce sont ses adeptes qui ont payé une grande partie de cette planète.
Retrait — Mais où a-t-il recruté ses membres ?
Retrait — Vous le savez comme moi. Ce n’est pas tout le monde qui trouve naturel de vivre au plus proche de la nature. Certains, on les appelait autrefois des textiles, se couvrent sans raison de tissus et il y a bien longtemps, ils formaient la majorité. C’est ridicule, mais c’est comme ça. Nous en avons encore dans nos villes, nos quartiers. Parfois, ce sont nos voisins les plus proches qui refusent la nudité, même si celle-ci est à la base de la chartre des droits et libertés : « L’être humain se doit par son attitude de respecter l’état naturel des choses. » C’est écrit en toutes lettres dans la nouvelle constitution interplanétaire, remaniée en 2140. Pourtant même après plus de cent ans beaucoup de gens ont encore bien du mal à accepter que la nudité soit la norme partout dans toutes les sphères de la société. Vous en connaissez sans doute de ces gens bizarres qui se sentent mal à la vue du corps humain. Aujourd’hui, ils forment une minorité, mais celle-ci est très active et surtout très bruyante. Ce monsieur a très vite compris le potentiel à tirer de ce problème mental. Il est parti de cette fable, la Genèse, qui dit « Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures. » Tenez, vous m’y faites penser. J’ai ici une photo d’un des habitants de la planète. Il s’était approché de la clôture extérieure de la concession. Je vais vous le montrer.
Retrait Elle pointa son index droit vers la surface en plastique blanc de la table. Un rayon lumineux bleu apparut d’un anneau qu’elle portait sur la troisième phalange. Et tout le monde autour put voir apparaître la photo hologramme d’un gros sac noir.
Retrait — Oui je sais. Vous vous demandez ce que je vous montre. Eh bien, ce n’est pas un sac, mais c’est tout simplement la photo d’un habitant de la planète Eden Perdu. Selon la croyance de leur gourou, ils doivent respecter littéralement les paroles de la Bible et cacher la moindre portion de leur corps. On ne doit même pas deviner la moindre forme humaine sous ce drap noir. Si je zoome la photo, vous verrez dans la partie supérieure du sac les yeux de cette personne. Aujourd’hui, un nouveau décret de leur gourou les oblige à porter des lunettes noires pour cacher cette dernière partie de leur anatomie. C’est aussi ridicule que ça. Mais je parle trop. Je vous envoie Gladys avec le café. Et toi, ma petite, ne t’en fais pas. L’aseptisation du sauna, c’est une affaire de quelques minutes,
retrait Jessica, en entendant la directrice révéler devant tout le monde son problème, crut qu’elle allait défaillir. Elle regarda les quelques personnes qui s’étaient pressé pour voir l’étrange forme humaine. Heureusement, aucune ne fit attention aux dernières parole de Blanche : elles étaient toutes subjuguées par la photo. La petite fille envia l’habitant de la planète qui pouvait cacher ses problèmes à la vue de tous.

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chap. 5
retrait Jacques resta pensif. Il y avait un mystère là-dessous. Un écrivain, même talentueux, n’aurait pas eu les moyens de se payer une planète entière avec l’argent de ses livres. Blanche avait raison. L’escroc s’était servi de la fragilité émotive de certaines personnes pour les subjuguer et les entraîner à poser un geste contre leur propre profit. Comme ces pauvres gens devaient se sentir visuellement agressés par la nudité de leurs voisins, de leurs collègues et même pour certains de leur parenté, ils avaient suivi aveuglément les conseils de cet étrange gourou. La Bible et en particulier la Genèse était souvent l’élément à la base de nombreuses escroqueries. On pouvait puiser dans ces fables n’importe quoi et son contraire pour convaincre des gens faibles d’agir à l’encontre de leur propre intérêt.
Retrait Jacques se souvenait de ces offres alléchantes d’une nouvelle vie dans les nouveaux territoires. Depuis la mise au point du moteur nucléaire supersonique, elles s’étaient multipliées à chaque découverte d’une planète aux caractéristiques terriennes.
Retrait Eden Perdu semblait faire partie de ce genre d’offres. De braves gens avaient vendu leurs biens, confié l’argent à une fiducie dont ils n’avaient pas le contrôle et ils se trouvaient sans doute à l’heure actuelle installés sur cette étrange planète, habillés d’un étrange manteau noir qui cachait tout le corps. Ils devaient travailler pour le fameux gourou, sans réaliser qu’ils s’étaient mis dans une fâcheuse position.
Retrait Tout en pensant à ces pauvres gens, il chercha des yeux la fameuse Gladys. Cette dernière avait repris ses esprits et revenait à la table pour leur servir enfin le café tant attendu.
Retrait Puis il fut distrait par sa fille  qui était venue se blottir sur les genoux de sa mère : elle arborait un sourire de plus en plus éclatant en regardant son cousin Victor apparaître. Lui au contraire ne semblait pas du tout heureux. Il avait même des larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Le père devina la scène en suivant le regard de sa fille dirigé vers les fesses de son cousin : elles étaient zébrées de rouge et l’oncle Marcel se frottait les mains. Il y avait des désavantages à être naturiste parfois. Une culotte rembourrée aurait amorti le choc. L’oncle Marcel s’adressa à sa nièce.
Retrait — J’ai attrapé au vol ce sacripant. Tu n’as pas à t’inquiéter. Il n’a pas eu le temps de dévoiler à ses copains ton petit secret. Et il le sait. Il aura double fessée pour un seul mot là-dessus.
Retrait Jacques et sa femme Andréanne se mirent à rire en voyant la grimace de leur neveu Victor. Pendant que Gladys servait enfin le café tant attendu, Jacques se permit une petite remarque vers son beau-frère.
Retrait — Mais en appliquant une punition physique sur ton enfant, n’as-tu pas peur que l’on t’accuse de mauvais traitements. Il me semble que c’est un peu moyenâgeux comme méthode d’éducation.
Retrait — Tu oublies que je suis député de Naturalys depuis une dizaine d’années. J’ai eu l’occasion d’étudier le nouveau Code civil interplanétaire  et même de le réaménager plusieurs fois. Il ne s’applique pas sur un vaisseau en marche. Tant que nous sommes en vol, c’est le code maritime qui s’applique.
Retrait Victor qui avait les oreilles grandes ouvertes se promit bien de se venger à la première occasion. Le statioport était-il en dehors des limites du code civil? Il s’informa auprès de son père.
Retrait — Va-t-on prendre la navette pour le spatioport ?
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Arkayn
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Le début est alléchant ! Vivement la suite !
La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, certains brillent en société... jusqu'à ce qu'ils l'ouvrent !
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chap. 6
retrait Marcel, son père, le regarda avec un sourire narquois. Il avait compris où la pensée de son jeune fils le menait. Mais il ne voulut pas épiloguer là-dessus. Il préféra interroger son beau-frère et sa belle-sœur sur leur envie de profiter de la navette.
retrait Ceux-ci hésitaient. Ce fut Andréanne qui répondit.
retrait — Je ne sais vraiment pas. Moi, les activités intérieures ne sont pas vraiment ma tasse de thé.
retrait En disant ces mots, elle eut un sourire vers Gladys qui remplissait de café les tasses des convives. Mais alors qu’elle allait verser le divin nectar au père de Jessica, l’hôtesse arrêta son geste et s’écria.
retrait — Ah, mais vous pouvez sortir à l’extérieur du spatioport.
retrait — Comment cela ? Je croyais que c’était strictement interdit.
retrait — Oui c’est vrai. C’est interdit, mais si vous prenez le portail ouest, vous êtes à l’extérieur sans l’être vraiment.
retrait — Expliquez-vous Gladys.
retrait Elle fronça les sourcils en direction de Jacques.
retrait — Oui, c’est ce que je m’apprête à faire : le portail ouest donne sur la piscine extérieure. Elle est protégée des vents parfois violents par un muret qui barre en même temps la vue aux éventuels voyeurs. Vous pouvez donc prendre du soleil sur les transats à l’extérieur du spatioport. Vous êtes à l’extérieur sans l’être tout à fait. Vous pouvez même vous baigner. La seule chose qui vous est interdite, ce sont les plongeoirs : on pourrait vous voir, mais c’est un moindre mal. Non ?
retrait — Je ne suis pas trop sûr d’aimer cela. Moi, contrairement à mon mari, je suis une adepte de la légalité.
retrait Juliette, la femme de Marcel et mère de Victor, n’avait jamais été partisane d’enfreindre les lois. Elle était timide, contrairement à sa sœur Andréanne. Si elle était toujours nue, c’était parce que la loi dominante le demandait. Lorsqu’elle se voyait à l’heure des actualités en compagnie de son mari dans des réunions électorales, tout aussi nue que les milliers de partisans qui écoutaient le discours, elle rougissait. Aujourd’hui, elle se prépara à proposer à Andréanne de profiter du sauna qu’il y avait sans doute dans le spatioport, mais elle se souvint à temps du problème de la petite Jessica. Elle préféra se taire.
retrait Gladys, de son côté, avait une bonne raison de parler du portail ouest : elle était une farouche partisane des bains de soleil sur Eden Perdu. Elle profitait de cette courte étape pour parfaire son bronzage. Avoir ces gens en sa compagnie ne ferait qu’ajouter au plaisir du fruit défendu. Elle enfonça donc le dernier clou.
retrait — Tout autour de la piscine, vous avez des haut-parleurs. Il n’y a pas d’inquiétude à se faire. Nous serons prévenus de l’embarquement de la navette. Et de toute façon, ma patronne, Blanche verra bien que nos sièges sont vides. Ils nous attendront.
retrait Les deux couples se regardèrent un instant. Marcel, en se levant, donna une claque amicale dans le dos de son beau-frère en lui disant.
retrait – C’est décidé. Allons nous inscrire pour la navette. Ta femme aura sa piscine extérieure et nous profiterons d’un véritable astre solaire. Je suis pas mal fatigué des lampes à ultra-violet de la fusée. Cela donne plus un bronzage verdâtre et peu naturel.
retrait Jacques se prépara à suivre Marcel, mais il regretta que Gladys n’ait pu finalement remplir sa tasse de café.
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chap.7
retrait Blanche, la directrice de vol, s’était postée à la porte de la navette et répétait continuellement ses conseils aux passagers.
retrait — Mesdames et messieurs, n’oubliez pas de disposer une serviette sur le siège que vous aurez choisi. C’est d’autant plus important que nous n’effectuerons aucun nettoyage avant le retour. Appuyez résolument votre corps sur les coussins afin que ceux-ci enregistrent votre identité grâce à votre pastille hypodermique et au retour, reprenez ce même siège. Ce sera notre seule façon de vérifier si tout le monde est à bord. Aux parents, assurez-vous que vos enfants ont pesé assez fort sur les coussins. Merci.
retrait Victor s’était assis près de sa cousine. Il lui chuchota de façon ironique :
retrait — Si j’étais toi, j’ajouterais une seconde serviette. On ne sait jamais.
retrait Il avait oublié son père assis sur le siège de droite. Celui-ci prit entre le pouce et l’index le gras de cuisse de son fils et le lui tordit avec force.
retrait — Si tu continues, tu vas avoir les fesses et les cuisses en piteux état avant notre arrivée sur Naturalis.
retrait Victor, par orgueil, ne pipa mot, mais la grimace qu’il fit démontrait qu’il allait avoir tout un bleu sur la jambe. Il préféra être rendu sur Eden Perdu pour continuer à agacer sa petite cousine.
retrait Les derniers passagers s’installaient. Blanche referma la lourde porte de la navette. Le couloir qui reliait la fusée au vaisseau se rétracta puis ce fut au tour des ancres de s’ouvrir pour libérer la navette. À travers les hublots, chacun put voir que l’on s’éloignait tranquillement du vaisseau mère. On fit un dernier tour d’orbite en sa compagnie. Les réacteurs s’allumèrent puis on plongea rapidement vers le sol d’Eden Perdu. La sensation de descente vertigineuse excitait toujours les adultes comme les enfants, surtout que les rétrofusées s’activaient furieusement dans les quatre cents derniers mètres pour freiner la descente.
retrait Dès que la navette se fut posée, un long couloir flexible partit du spatioport et vint se fixer à l’écoutille de la fusée. Cela ne prit que quelques minutes pour que les voyageurs se retrouvent sous les grandes baies vitrées du terminal. Les installations n’étaient pas très importantes. Elles ne recevaient la visite que de deux navettes, quelquefois trois par mois. C’était une escale obligée entre Terra One, la planète originelle de tous les humains et la nouvelle sensation de l’univers : la planète Naturalis.
retrait Malheureusement la route la plus directe traversait un désert cosmique. Pas une planète vivable ne se trouvait à proximité de la route. Il aurait fallu effectuer des détours incroyables pour relier ces deux planètes. Les autorités étaient près d’abandonner jusqu’au jour où elles reçurent une proposition de la part du propriétaire d’Eden Perdu. Celui-ci acceptait d’accorder à la compagnie des transports intergalactiques une concession en échange d’un montant substantiel et surtout le droit à ses membres de porter la bonne parole sur Naturalis. La compagnie de transport accepta, mais le gouvernement intergalactique ne voulut rien entendre. Il n’était pas question de se retrouver avec des fanatiques qui pourraient se retrouver majoritaires sur une planète aussi nouvelle que Naturalis et donc encore peu peuplée. Le gouvernement voulait faire de Naturalis la vitrine de la vie naturelle. Il n’était pas question que des hurluberlus textiles viennent déranger la bonne ordonnance du plan de développement. La loi qui aurait autorisé la transaction fut rejetée autant par la majorité que par l’opposition. Le propriétaire d’Eden Perdu accepta le montant offert, mais en échange du droit de colonisation refusée par le gouvernement, il imposa à la compagnie de transports intergalactiques que la concession soit rétrocédée sous une simple injonction. On signa le contrat. Ce fut une erreur.
retrait Lorsque le dernier passager eut débarqué, le lieutenant Roger Schaeffer alla saluer le gérant de la concession. Ce dernier avait une très mauvaise nouvelle à lui annoncer.
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chap.8
retrait Gladys ne voulait pas perdre de temps. Elle savait que le ravitaillement de la navette se ferait très vite. Il n’y avait pas une minute à perdre. Elle fit signe à son groupe de la suivre séance tenante. On traversa l’astroport très rapidement, au pas de charge. C’était un bâtiment qui avait été construit avec le minimum de moyens. La compagnie de transport transplanétaire n’avait pas voulu investir trop d’argent. Aucun de ses clients habituels ne désirait faire du tourisme sur une planète habitée par des textiles. On n’avait même pas pensé à offrir un service hôtelier. Seuls les quelques employés de la concession se partagaient des chambres à l’aspect ascétique au-dessus des bureaux. Les services étaient restreints  dans la partie publique : une seule toilette pour homme et femme, pas de boutique-cadeau et Jacques remarqua tout haut.
retrait — Il n’y a même pas un comptoir de restauration rapide. J’aurais bien aimé prendre un café, moi.
retrait Mais il n’insista pas lorsqu’il vit le regard assassin de l’hôtesse. On passa devant la cascade qui ressemblait plutôt à un mince filet d’eau et il n’était pas question d’admirer le soleil artificiel : celui-ci était en panne. Andréanne se réjouit de l’idée de Gladys. Au moins, ils pourraient jouir de quelques heures d’ensoleillement durant ce très long voyage. Le groupe s’engagea dans un long couloir étroit et ils purent enfin atteindre la porte de l’ouest qui s’ouvrait sur la piscine. Gladys n’avait pas menti : un muret sur la droite empêchait des intrus de voir les amateurs de natation. Par contre au-delà de la piscine, après un terrain sans végétations, derrière une clôture, on pouvait deviner une forêt de toute beauté. Pauvres textiles qui ne devaient pas jouir d’un tel environnement !
retrait Andréanne et Jacques décidèrent de suivre l’exemple de Gladys en s’allongeant sur les transats qui longeaient la piscine. Marcel et Juliette s’assirent sur le bord de celle-ci, les pieds dans l’eau. Les enfants quant à eux explorèrent le terrain. La petite Jessica fit une étrange découverte : sur le dessus du muret, près de l’entrée, se trouvaient des sacs en plastique transparent contenant des tenues noires, comme celui du personnage sur l’hologramme de Blanche. Elle attira l’attention de sa mère sur sa découverte.
retrait — Maman, regarde ce que j’ai trouvé.
retrait Ce fut Gladys qui lui répondit.
retrait — Oh ça, c’est nos amis textiles qui espèrent encore nous convertir à leurs mauvaises habitudes. Je ne comprends pas trop bien quelles idées ils ont derrière la tête. Je n’ai encore jamais vu personne de chez nous se faire embrigader dans leur mouvement. Ces vêtements, quand on les porte, doivent très vite être le refuge de tous les insectes, microbes et bactéries qui nous entourent. La nudité est le meilleur moyen d’éviter ce genre de problèmes.
retrait Jessica n’était pas trop intéressée par les microbes de Gladys, pourtant elle était tentée d’essayer une de ces tenues. Elle ne connaissait pas dans sa vie de tous les jours ce plaisir qu’ont les enfants de textiles de se déguiser avec des tenues diverses. Aujourd’hui, elle en avait l’occasion. De plus, ce serait une façon de devenir invisible aux yeux de son cousin Victor.
retrait – Maman, maman. Est-ce que je peux en essayer un ? Dis oui, maman. J’aimerais cela.
Retrait — Mais c’est une excellente idée ma chérie. Je vais te prendre en photo. Ainsi nous aurons un souvenir de cet endroit. Allez, vas-y. Il doit y avoir des modèles pour enfants dans les sacs.
retrait Pendant que sa cousine s’excitait à l’idée de jouer au textile, Victor s’était assis au pied du muret et jouait avec son jeu électronique « Four Crimes ». Il la regarda un moment, mais ne trouva pas d’insultes à lui lancer. Il reprit son jeu.
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Re: Histoire de Roger : MAMAN, NOUS AVONS RATÉ LA FUSÉE

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chap.9
retrait Andréanne aida sa fille à revêtir le drap noir. Il y avait des gants pour les mains et d’étranges bas pour les jambes. Au fond du sac, elles découvrirent une paire de lunettes de soleil. C’était la totale. Jessica se mit à rire de plaisir, même si elle trouvait la tenue chaude et plutôt inconfortable. Elle en fit la remarque à sa mère qui se mit à réfléchir sur la logique de ce comportement. Comment ces pauvres textiles faisaient-ils pour supporter cela durant toute une journée ? On disait même et cela dénotait une stupidité crasse qu’ils s’habillaient la nuit pour dormir. Alors qu’ils étaient seuls chez eux, ils se couvraient tout de même. On disait même que certains arrivaient à l’âge adulte sans avoir vu le moindre sexe d’un partenaire éventuel. Quelle attitude étrange ! Ils pouvaient bien avoir des problèmes mentaux. Au moins, sa fille en expérimentant la chose aura compris l’illogisme des textiles.
Retrait Sa mère prépara l’anneau à son doigt pour qu’elle puisse enregistrer sa fille. Gladys, en les regardant agir, voulut elle aussi prendre un souvenir de l’enfant. Celle-ci ne se fit pas prier. Elle déambula d’un côté et de l’autre de la piscine en envoyant des saluts à tout le monde. Elle se souvenait d’un vidéo qui racontait la vie d’une reine de l’ancienne époque qui saluait son peuple du haut d’un balcon de son palais. Elle tenta de l’imiter. Tout le groupe se mit à rire en même temps. On décida finalement de se réunir autour de Jessica pour des photos de groupe. C’était amusant de voir tous ces gens entièrement nus avec à leur centre un sac noir informe qui faisait des bye bye à la caméra.
Retrait Victor n’avait pas bougé de sa position assise au pied du muret. Il regardait du coin de l’œil l’activité autour de sa cousine. Sans se l’avouer, il développa un sentiment de jalousie envers Jessica. À l’invitation pressante de son père Marcel, il rejoignit le groupe et accepta d’être pris en photo à ses côtés. Andréanne, sa tante, avait réglé l’appareil photographique de son anneau pour qu’il puisse prendre tout le groupe et elle en particulier. Il suffisait de diriger le rayon lumineux vers un élément solide comme le muret par exemple. Le rayon revenait vers l’anneau et ainsi tous les participants seraient sur la photo, incluant celle qui la prenait. C’était la toute dernière avancée dans la prise de vues. Lorsque toutes les idées de photo furent épuisées, chacun s’en retourna à ses occupations. Certains s’allongèrent sur les transats pour profiter de l’ensoleillement naturel. D’autres se glissèrent dans l’eau fraîche de la piscine. Victor, quant à lui, retourna s’asseoir au pied du muret. Par contre, il ne reprit pas son jeu électronique qu’il laissa traîner auprès de lui. Il préféra réfléchir à ce qu’il pourrait bien inventer pour se moquer de sa cousine. La séance de photos terminée, elle errait autour du garçon, toujours habillée de son étrange vêtement. Elle regardait avec envie le jeu électronique du garçon. Se pourrait-il qu’elle puisse le lui emprunter ? Elle s’approcha tranquillement. Victor leva la tête.
Retrait — Que veux-tu, sac à caca ? Va-t’en. Tu me fais de l’ombre. Écarte-toi de mon soleil.
Retrait La petite fille ne se découragea pas.
Retrait — Peux-tu me prêter ton jeu puisque tu ne t’en sers pas ?
Retrait — Et quoi encore, sale petite merdeuse ? Il n’en est pas question.
Retrait — Je vais le dire à ton père.
Retrait C’est ça et moi, je vais le dénoncer aux autorités. Il est interdit de battre un enfant, même s’il dit le contraire. Oui, je vais le dénoncer.
Retrait Jessica regarda son cousin si méchant puis elle alla se réfugier dans un coin à l’ombre d’un parasol.
À suivre
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