Avertissement. Pour les impatients, je vous jure que cette histoire est une histoire naturiste.
retrait — C’est mon oncle Marcel.
retrait— Un frère de ta mère ou de ton père ?
retrait— Aucun des deux. En fait, c’est un cousin à ma mère et encore, je ne suis pas sûr que ce soit un proche parent.
retrait— Comment cela ? Tu confies ton fils à quelqu’un que tu connais à peine, un enfant qui d’habitude ne décolle pas des jupes de sa mère. (j’en sais quelque chose, pensa-t-elle) Voyons donc ! À qui veux-tu faire croire cela ?
retrait— Mais je le connais bien, l’oncle Marcel. Il vient tous les ans me rendre visite. La première fois, c’est moi qui me suis rendu chez lui. C’était il y a dix ans. Je me souviens bien. J’étais enceinte de Jean-Michel. Je devais faire un stage de comptabilité à Marseille. C’est ma mère qui m’a dit que nous avions un parent là-bas. Je l’ai appelé et nous sommes allés manger au restaurant ensemble. On nous a servi de la cachina. Mais quand je lui ai dit que j’étais enceinte, il a pris peur. Ce n’est pas vraiment un plat santé, la cachina. (Elle eut un semblant de sourire à travers ses larmes) Depuis, chaque année, il vient au début de la saison des théâtres ici à Paris et chaque année il passe nous voir une journée. Jean-Michel attend avec impatience l’arrivée de son oncle. Il en est fou.
retrait— Comment cela ?
retrait— C’est que Jean-Michel et moi, nous sommes toujours ensemble.
retrait— Oui, j’ai cru le remarquer, fit Ginette en faisant la grimace.
retrait— L’oncle Marcel, c’est un peu le père Noël avant le temps. Il lui amène chaque année un jouet et c’est toujours celui que Jean-Michel désire le plus cette année-là. L’oncle devine toujours. Pourtant il est célibataire. Il n’a pas d’enfants bien sûr.
retrait— Ah bien ! Un vieil homme célibataire qui connaît les goûts de la jeunesse d’aujourd’hui. Étrange en effet ! Tiens approche ton verre. Il est vide.
retrait— L’oncle Marcel est un homme aussi. Jean-Michel se sent plus proche pour jouer à des jeux de garçons.
retrait— Ah oui ! Quels jeux par exemple ?
retrait— Eh bien des jeux vidéo avec de la bagarre, des tueries. Moi je ne suis pas bonne là-dedans. Jean-Michel gagne rapidement avec moi alors qu’avec son oncle, il a beaucoup plus de difficultés, de plaisir, quoi ! Je les entends des fois, pendant que je prépare le repas dans la cuisine. Ils sont dans la chambre et ils poussent des cris, des hurlements. Même qu’une fois ils se sont battus pour de vrai ensemble, sur le lit. Jean-Michel n’en pouvait plus tellement l’oncle Marcel le chatouillait.
retrait— Et toi, tu n’as pas réagi ?
retraitValérie se redressa et regarda sa voisine dans les yeux. Puis un torrent de larmes et des cris jaillirent en même temps.
retrait— C’est que je n’ai pas réalisé sur le coup. Moi je suis innocente.
retraitGinette sourit intérieurement tout en tapotant les cuisses de la jeune fille. Elle en profita pour tirer la robe de Valérie un peu plus vers le haut de la cuisse. Et comme cette dernière ajoutait aux larmes et aux cris un trémoussement du derrière, elle détacha subrepticement la ceinture de sa propre robe de chambre dans l’espoir qu’une petite main « innocente » vienne se poser sur son ventre nu.
retrait— Allons, allons. Il ne faut pas se mettre dans des états pareils. Rien ne dit que ton fils soit en danger (Ginette était sûre du contraire, mais la petite oie était déjà assez énervée comme cela.) Tiens, finis ton verre pour que je le remplisse. Un pineau des Charentes, c’est ma boisson préférée quand je suis nerveuse. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me calme.
retraitElle le savait bien. Un pineau était une boisson qui se buvait facilement et après trois ou quatre verres, on n’était plus maître de soi-même. C’est bien ce qu’elle espérait de sa voisine.
retrait— Mais tout cela ne me dit pas pourquoi ton... Comment l’appelles-tu déjà ? Ah oui ! Pourquoi ton fameux Jean-Michel est-il parti avec ton soi-disant oncle Marcel ?
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retraitValérie avait consciencieusement bu les dernières gouttes de son verre et Ginette en « bonne maman retorse » le lui avait rempli aussi consciencieusement. La jeune fille avait cessé sa crise de larmes puis après avoir remis gentiment sa petite tête blonde dans le creux de l’épaule accueillante, elle reprenait ses explications.
retrait— Chaque année, mon Michou nous fait une crise dès qu’il sent que la journée de la fameuse visite se termine. Il crie, il tempête pour que son oncle revienne une deuxième journée, mais Marcel a toujours des obligations, une pièce de théâtre, un vernissage, enfin toutes sortes de trucs très loin des préoccupations d’un enfant. Mais cette année pour notre plus grand malheur, il nous a annoncé qu’il ne pouvait pas rester plus longtemps : il devait aller à une séance de natation. Ah, mon dieu ! La catastrophe ! Jean-Michel adore la piscine. Même s’il ne sait pas nager, je dois l’y emmener au moins une fois par semaine. Ce n’est pas croyable comme cet enfant aime l’eau. Là, on a eu le droit à la plus grosse crise.
retrait— Tu n’as pas pensé à la méthode forte, le fouet par exemple. J’en ai justement un chez moi. (Elle pensa : « je l’utilise pour les petites filles méchantes comme toi, mais pour un garçon cela devrait faire l’affaire aussi. ») Non je rigole ma chérie, continue.
retrait— Marcel, comme les autres fois, est resté froid. Il lui a répondu que ce n’était pas possible. La piscine fermait à onze heures du soir et c’était à l’autre bout de Paris. Entre ici et la porte de Vincennes, c’est comme traverser la ville de bout en bout. L’oncle allait ajouter que pour bien faire, Jean-Michel serait obligé de... Mais mon fils ne l’a pas laissé finir. Il a deviné. Je ne sais pas comment il fait, il devine toujours nos intentions.
retrait— Oui, j’ai cru m’en apercevoir, fit Ginette en levant les yeux au ciel et en esquissant une grimace. « Maudit petit monstre à roulettes “pensa-t-elle.
retrait— Il s’est tourné vers moi avec le regard le plus éploré qui soit, tu sais, comme tous les enfants savent faire.
retrait— Non je ne sais pas (je n’ai pas eu d’enfants, Dieu m’en garde, pensa-t-elle), mais je devine bien.
retrait— Marcel me regardait avec un ton neutre et froid voulant dire que la décision me revenait. Je ne me doutais pas...
retrait— Oui, les pervers ont du talent pour bien cacher leurs intentions.
Elle rougit quelque peu, car la phrase pouvait se rapporter aussi à elle, mais elle regretta surtout d’avoir prononcé le mot de pervers lorsqu’elle vit la fontaine d’eau repartir de plus belle. Elle prit le verre de Valérie et le lui approcha des lèvres comme s’il s’agissait d’une malade. La jeune fille s’empara du verre et but avec avidité. Ginette reposa sa main sur la cuisse de sa protégée, mais cette fois, elle l’avait glissée sous la robe et caressait la peau nue, tout en remontant légèrement vers le haut de la jambe. Mais elle hésita lorsqu’elle rencontra le regard interrogateur de Valérie.
retrait— Tiens, attends un peu, je vais te verser un autre verre. Le tien est vide. Mais au fait, pourquoi ton soi-disant oncle a-t-il besoin d’aller si loin pour se trouver une piscine ? Et pourquoi choisir des heures aussi tardives ? Il est pas net ton Marcel. Non, pas vraiment net.