Histoires de Cor; Chloé et les Champs d'Eden

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Histoires de Cor; Chloé et les Champs d'Eden

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Bonjour, chers lecteurs.

Ce que je désire vous partager à partir d'aujourd'hui est une série d'histoires écrite par un naturiste anglais du nom de David Lloyd. Il avait commencé par une histoire courte (actuellement le deuxième chapitre dans ce recueil) et a continué avec un deuxième pour 'expliquer' la première et cela a grandit et développé pour finir dans le forme d'un roman de treize chapitres. Plusieurs de ces chapitres sont suffisamment long que je préfères vous les présenter dans des section de 1000 à 1500 mots chaque.

Le titre du livre vient de la ville où réside Chloé, le personnage principal de cette histoire. Au nord de la ville de Mancherster, en Angleterre, il y a une chaîne de montagnes appelée les Pennines. À leur pied, il y a une série de petites municipalités dont Bury, Edenfield et plusieurs autres. C'est surtout entre celles-ci que nos jeunes personnages se déplacent. Si cela vous intéresse, les sœurs Brontë, auteurs par excellence de romans genre 'Harlequin' sont natifs de la région à l'autre côté de ces montagnes. Pour vous permettre à mieux vous situer, j'ai localisé l'endroit où tournent les évènements de l'histoire sur le site Google Maps < https://www.google.ca/maps/@53.6196571, ... authuser=0 >.

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J'espère que vous allez apprécier.



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Titre d’origine ;
Chloe in the Fields of Eden
Par David Lloyd
Étant un recueil de toutes les histoires de la série ‘Chloe, in Confidence’ par David Lloyd.
Traduit par Cor van de Sande en 2012 et rassemblé en 2013

______________________

Chapitre Un ; R.F. – En solitaire…
Partie 1

« R.F., je crois que ça sera assez pour aujourd’hui. »

Le garçon déposa son livre d’école sur sa couverte et se redressa. Sa mère s’approcha de lui en apportant un cabaret avec un sandwich épais et un verre de jus d’orange. Elle se pencha pour déposer le cabaret sur la chaise longue en même temps qu’il s’étira pour les accepter. Le plâtre sur son bras droit rentra en collision avec le cabaret, renversant le jus.

« C’est une bonne chose qu’on va ôter le plâtre demain. S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est que t’es aucunement gaucher, » dit-elle, lui taquinant de sa gaucherie. Elle comprit tout-à-fait qu’il n’avait pas fait exprès.

Il regarda la cour autour de lui. « Cet endroit va me manquer. Devons-nous absolument déménager, » demanda R.F. en se prélassant au soleil.

« Tu le sais, chéri, » répondit sa mère avec amour. « Il n’y a pas question que tu retournes à cette même école, pas après ce qu’ils t’ont fait. Et nous ne pouvons pas continuer à payer pour des enseignants particuliers pendant que nous continuons à poursuivre les autorités. Je ne pourrais pas, non plus, continuer à enseigner ici, certainement pas pendant que je suis à poursuivre mes employeurs. La maison que nous avons trouvée est plus qu’adéquate et c’est une bonne école que tu vas fréquenter. »

« La cour arrière est loin derrière celle que nous avons ici, par contre. Cela sera difficile de parfaire mon bronzage là-bas, » bougonna-t-il.

« Nous allons garder l’œil ouvert pour une maison mieux nantie dès que tu seras établi dans ta nouvelle école, si nous ne pouvons pas augmenter l’intimité de la cour. Aussi, nous pensions nous inscrire à un centre naturiste fixe, afin de t’accorder plus de liberté et te donner la possibilité de te faire de nouveaux amis. »

« Anne ! Maudite sotte ! Pourquoi avait-elle besoin de s’ouvrir sa trappe, » dit-il en colère.

« Allez… Tu sais que ce n’était pas vraiment de sa faute. Ces garçons qui t’ont brutalisé avaient une limite de tolérance ‘zéro’. Tu sais autant que moi que l’Angleterre est bornée au sujet de la nudité sociale. »

« Anne le savait aussi. Elle aurait dû tenir ça en compte que ses amies ne comprendraient pas. Maudite vache ! »

« Tu vas arrêter ça à l’instant, Monsieur ! Pense à la façon dont elle peut se sentir coupable depuis qu’elle a compris que d’avouer qu’elle était naturiste est retombée sur toi. Elle a laissé tomber son chum et la moitié de ses amies de peur qu’ils ne puissent l’accepter. »

« OH… ! Regarde-ça ! Mon plâtre est disparu tout d’un coup et je n’ai jamais eu ces autres fractures, ni les blessures et hématomes, » répondit-il, sèchement.

Sa mère ne dit mot mais ramassa le cabaret et le porta vers l’intérieur. Elle réfléchit sur comment Anne et son frère étaient proches avant qu’Anne eut fait sa gaffe. De qualifier ce qu’Anne vivait après ce qu’elle avait appris des effets de sa divulgation que d’un simple malaise serait mentir, elle en était morte de honte.

R.F. était pris dans ses propres pensées. Il avait été élevé en tant que naturiste et ne voulait aucunement abandonner ce style de vie. Ce serait comme trahir ses parents et grands-parents, en plus de nier quelque chose qui, non seulement, lui plaisait mais qui était bien et bon en soi. En fait, ce n’était pas d’être naturiste qui lui tourmentait tant mais l’implication qu’il fut pédé, ce qui était tout faux, autant qu’il le sache. Il n’avait rien contre les homosexuels ; le fils de sa vieille marraine, un homme qu’il admirait, avait avoué l’être. Mais quel genre de preuve pourrait convaincre un garçon de douze ans de son orientation sexuelle ? Tout ce qu’il savait, c’est que son imagination se réjouissait à l’idée d’embrasser les filles de sa classe.

Tout ça avait commencé quand une copine de classe d’Anne eut commenté sur la qualité de son bronzage intégral et qu’Anne eut laissé échapper le pot aux roses. La copine d’Anne raconta l’aveu à son chum qui, à son tour, le raconta à son petit frère, une véritable petite peste, qui était dans la même année que R.F. Selon les dires de celui-ci, ce n’étaient que des pédés qui ne se promenaient tout à l’air donc, il allait de soi que R.F. dut être pédé, lui aussi. C’est là que le martyre commença, en premier par des insultes, puis par des coups de poings et des coups de pieds. R.F. était fort et rapide pour un garçon de son âge, mais des voyous ne se déplacent qu’en meutes et il n’eut aucune chance. Il avait déposé une plainte à l’école, mais l’intervention de l’école fut mince. Les voyous nièrent tout, se sont retirés pour quelque temps, puis ont recommencé de plus fort. R.F. avait été un garçon populaire mais aucun de ses amis ne s’est portés à sa défense; certains allèrent même jusqu’à jeter de l’huile sur le feu.

Ce dernier incident, six semaines plus tôt, avait été le pire. R.F. avait emprunté la piste équestre à travers le bois pour se rendre à la maison avec son vélo de montagne. Ses tortionnaires lui avaient tendu une embuscade et lancèrent une branche à travers les broches de la roue avant de son vélo, ce qui l’envoya par-dessus son guidon. Quand il revint à lui, il était en train de se faire prendre en charge par un urgentologue, son casque était fendu en deux, son bras droit était cassé et son vélo avait disparu. La police retrouva son vélo de montagne, avec la roue avant tordue, abandonné dans une mare voisine.

R.F. n’en revenait pas de la stupidité des voyous car, en déplaçant le vélo, ils ont attiré l’attention de la police. Après tout, on ne peut avoir un accident de vélo sans vélo. Il apprit, par après, que l’un de ses vieux copains avait vu l’attaque et s’est senti assez mal pour avoir appelé l’ambulance et la police. Le garçon s’appelait Stuart et R.F. le croyait jadis son meilleur ami. Il aurait dû connaître les opinions de R.F. par rapport aux filles et aurait dû le supporter. Quoique R.F. apprécia que quelqu’un ait appelé aux secours, son sentiment prééminent à propos de Stuart en était un de trahison, et R.F. le lui fit savoir sans mâcher ses mots quand Stuart vint lui visiter à l’hôpital. Rien de ceci ne serait arrivé si ses amis l’avaient supporté.

Il devait être aux alentours de six heures du soir, s’il a su bien interpréter les indices. Cela faisait une heure que les bruits de la circulation s’intensifiaient et maintenant, il entendait sans équivoque le bruit de la voiture de son père qui monta l’entrée en gravillons. Effectivement, quelques minutes plus tard, un grand homme mince avec les mêmes cheveux et menton carré apparut aux abords de la cour, tout aussi nu que son fils. R.F. fit une accolade discrète à Mike, son père, et les deux se rassirent sur la couverture que, précédemment, R.F. occupait en solitaire.

« Ça va être un grand jour demain, le jour que l’on retire ton plâtre, » commença Mike. « Ça fait un mois et demi maintenant que t’es emprisonné ici et c’est loin d’être la chose idéale pour un gars actif comme toi. Ta mère et moi, nous avons acheté quelque chose, quelque chose qui nous plaira à tous les deux. »
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Chapitre Un ; R.F. – En solitaire…
Partie 2



R.F. entendait sa mère forcer après quelque chose à la porte arrière du garage, une grande boite avec le mot ‘Trek’ imprimé dessus en grosses lettres.

« Beth, je suis mieux de te donner un coup de main avec ça, » cria Mike à sa femme.

« Non, laisse faire… je l’ai eu. Toi, vas trouver ton couteau utilitaire, » répondit Beth.

« Jadis, je faisais beaucoup de vélo quand j’avais ton âge. J’ai été partout. En fait, c’est probablement le sentiment de liberté quand j’étais en vélo et la quiétude que j’avais trouvés qui m’ont fait penser à vouloir tenter l’expérience du naturisme pour la première fois, » dit Mike en passant le couteau à R.F.

« Un nouveau vélo ? Mais vous avez fait réparer mon vélo de montagne, » exclama R.F., tout excité. Il réduit la boite en miettes et, dans le temps de le dire, avait libéré le vélo de route en aluminium effilé et chercha désespérément pour les outils afin de pouvoir assembler les composantes partiellement démontées. R.F. était tellement préoccupé qu’il ne remarqua pas que sa mère retourna au garage et en ressortit avec une deuxième boite, plus petite et plus cubique. Mike et Beth durent se reculer pour laisser libre cours à leur fils qui défonça la deuxième boite à la recherche des outils nécessaires. Il ne les trouvait pas au début, enterrés comme ils étaient sous l’épaisseur des contenants de poudre pour préparer des boissons énergisantes, des bouteilles d’eau supplémentaires avec leurs supports, des pompes à bicyclette, des chandails, des shorts de cycliste, des chaussettes, des imperméables, des gants, casques, des pédaliers et des souliers de cycliste. Tous les articles vestimentaires étaient en double et en deux tailles distinctes.

« J’ai fait livrer mon nouveau vélo au bureau il y a quelques jours, » expliqua Mike. « Il se trouve actuellement en arrière de la voiture. Dès qu’on aura retiré ton plâtre et que tu te sentiras la force de le faire, nous commencerons par de petites promenades à travers les landes et entre ta nouvelle maison et l’école. Tu n’utiliseras pas ce vélo pour te rendre à l’école; c’est pour ça que nous avons fait réparer ton ancien vélo de montagne. Celui-ci sera uniquement pour des sorties avec moi, pour t’amuser et pour explorer le paysage. »

Le rendez-vous pour faire ôter le plâtre était le jeudi dans la matinée. R.F. avait l’impression que cela fut la première fois depuis des siècles que lui et sa mère étaient habillés. Quand R.F. vit la scie circulaire pour couper à travers le plâtre, il était anxieux puis se souvint que ces gens sont des professionnels et qu’il pouvait leur faire confiance. Lors de l’examen de contrôle, ni la perte de mobilité, ni la perte de volume musculaire ne sembla inquiéter le médecin. R.F. ne reçut sa quittance qu’avec une liste d’exercices qu’il devait pratiquer à tous les jours, une prescription pour des analgésiques et des instructions verbales de se rapporter sans faute à la clinique si la douleur augmentait.

Aussitôt de retour à la maison, R.F. se déshabilla de nouveau et continua le montage de son vélo. Sa mère dut intervenir à plusieurs reprises car il aurait dû être à étudier. Elle finit par avoir gain de cause, surtout parce que R.F. s’était rendu compte qu’il avait besoin de son père pour ajuster la position du guidon et la selle. Ils révisèrent les règles de ponctuation tout en prenant un bain de soleil et, après que le ciel s’eut couvert pendant l’après-midi, ils révisèrent le règne de la dynastie Tudor et leurs exploits, tout en époussetant et passant l’aspirateur. Les deux furent finalement convaincus que la maison n’avait jamais été aussi propre, ce qui fut pour le mieux, puisque la maison n’était pas encore vendue.

Mike décida de prendre congé vendredi afin qu’il puisse entreprendre sa première sortie en vélo avec R.F. Ils déjeunèrent nus, comme d’habitude. Anne, ayant terminé et s’étant habillée pour son départ vers l’école, fit exprès pour donner une accolade et un bec sur la joue de R.F. Celui-ci se retira, par contre, et resta insensible à son geste. Beth se demanda si, un jour, R.F. serait prêt à pardonner à sa sœur.

R.F. était intrigué au sujet des vêtements de cyclistes. Le tissu était si mince et le couvrait si étroitement que c’était quasiment une deuxième peau. Mike confirma qu’il existait un article vestimentaire très prisé par de coureurs en vélo professionnels appelé ‘skinsuit’ justement pour cette raison. Ce fut toutefois les souliers que R.F. trouva le plus bizarre. Ils étaient rigides et avaient une plaque métallique fixée aux semelles, plaque qui s’accrochait aux pédales, tout comme une fixation de botte de ski. Ensemble, la rigidité et la plaque firent qu’il était difficile de marcher avec ces souliers aux pieds. R.F. n’apprécia guère, non plus, l’épaisse couche de crème de démaquillage qu’il dut appliquer à la doublure en cuir de l’entre-jambe de ses shorts pour éviter d’irriter la peau.

Donc, avec veste, shorts, chaussettes et chandail, sans oublier d’appliquer de la crème solaire sur les bras, le visage, les jambes et le cou. Des souliers, le casque, des lunettes-soleil et des gants de cycliste sans doigts terminèrent le tout et ils étaient fin prêts pour sortir les vélos du garage. Ils vérifièrent la pression des pneus, chargèrent les bouteilles d’eau supplémentaires et fixèrent les trousses d’outils d’urgence. Puis, avec un léger élan sur les pédales, ils partirent. R.F. s’émerveilla de la facilité dont son vélo accélérait, pas du tout comme sa bécane de montagne lourde avec ses pneus rugueux.
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Comme on avait prévu que ceci ne serait qu’une promenade de courte durée, quelques kilomètres seulement de la maison et une boucle à travers le paysage, Mike permit à R.F. de prendre les devants le long des routes principales urbaines, afin de pouvoir vérifier son positionnement, en plus de contrôler leurs arrières pour les autos. Mike constata qu’il devait recommander à R.F. de changer de vitesse. R.F. était habitué aux ratios inférieurs de son vélo de montagne et pédalait inutilement. Cependant, après avoir couvert vingt kilomètres dans l’espace d’une heure, père et fils furent amplement satisfaits de leur tournée. Dimanche, leur trajet serait plus long puisqu’ils allaient traverser les landes. Et, par la suite, ils prévoyaient sortir tous les dimanches et à chaque deux soirs, en augmentant la distance et le défi de façon régulière. R.F. apprit à apprécier un sentiment de liberté offert par ces tours en vélo qu’il ne connut jadis que lorsqu’il était sans vêtements.

La préparation pour les vacances fut interrompue par le déménagement qui eut lieu un mois avant leur départ pour la France. Tout le monde y participa et, au moment où les déménageurs arrivèrent, tout avait été réduit à une collection de meubles et de boites identifiées. Le voyage ne fut pas long car ils ne se déplacèrent que dans la ville voisine, quoique celle-ci fût située dans un comté différent. Dès que les meubles furent installés et les déménageurs, partis, on se libéra de tous les stress accumulés pendant le déménagement en se libérant des vêtements. Fort heureusement, la vue de l’extérieur était bloquée par une grande cour avant et une haute clôture recouverte de vignes. Mike remarqua qu’avec quelques treillis supplémentaires et un haut portique pour la cour arrière, il serait possible de faire son jardinage à poil. Leur ancienne maison fut rapidement vendue et Mike et Beth furent soulagés de pouvoir rembourser leur prêt d’appoint sans mensualité supplémentaire.

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Chapitre Un ; R.F. – En solitaire…
Partie 3


Le mois passa rapidement et la famille partit pour leurs vacances annuelles au sud-ouest de la France. Le seul désagrément du voyage était la longue route pour s’y rendre, autant en Angleterre qu’en France, car le voyage prit deux jours, sans compter tout le délai du traversier. Mike et Beth apprécièrent le temps en navire car ce fut le seul véritable répit de la conduite. Ils quitteraient Porstmouth à 8 heures 15, le soir et accosteraient à Saint-Malo vers 8 heures 15 le lendemain matin. R.F. apprécia aussi pouvoir s’étirer les jambes et explora le navire de la proue à la poupe, ayant été averti de se présenter au salon avant dans deux heures. Quant à Anne, elle était amplement satisfaite de faire avec sa mère la tournée des boutiques à bord, puis de s’installer avec un livre. Afin de se reposer convenablement, ils prirent une cabine familiale pour la traversée, la différence de prix ne valant pas le coût en fatigue.

Atterrir en France, à Saint-Malo, était pour eux le véritable début des vacances. Les routes étaient meilleures, les automobilistes plus respectueux et, du moins pour eux, les paysages étaient tellement différents de ceux d’Angleterre. Mike et Beth s’étaient entendus que Beth prendrait le premier quart au volant car les routes à la sortie de Saint-Malo étaient clairement identifiées afin que les voyageurs puissent éviter des collisions face à face. Même s’ils étaient équipés d’un système de navigation par satellite, R.F. consulta régulièrement leur vieille carte routière et il suivit avec intérêt les balises qu’il reconnut en descendant l’autoroute. Ayant quitté Saint-Malo très tôt le matin, ils arrivèrent à Bordeaux dans le milieu de l’après-midi, bien qu’ils eurent arrêté pour le déjeuner et le dîner. Aussitôt passé le portique du centre, R.F. était hors de lui tellement qu’il avait hâte d’aller à la piscine. Cela faisait un an qu’il avait vu ses amis et cette dernière année, ils lui avaient manqué terriblement, malgré les lettres et les photos qu’ils s’étaient échangés par la poste.

Yvette était française et Stefan, allemand, et tous deux du même âge que R.F., tandis que Famke, une fille originaire de Groningen, aux Pays-Bas, avait un an de plus et depuis trois ans, ils fréquentaient le centre à la même période que la famille de R.F. Comme de fait, dès qu’il pouvait voir tout le complexe aquatique au grand complet, il aperçut Yvette, Famke et Stefan s’arroser mutuellement sous la fontaine. Il les appela et ils répondirent avec des cris de joie. R.F. ne pouvait que penser que ses amis les plus éloignés et les plus fidèles étaient maintenant également ses meilleurs, non, ses seuls amis. Il se devait de profiter au max de tout du temps qu’il passerait avec eux. Leur conversation était dans un mélange de français, d’anglais, de néerlandais et d’allemand. R.F. se débrouilla adéquatement dans la langue de ses trois amis, du moins suffisamment pour la profondeur des leurs discours habituels.

C’était déjà l’heure du souper. En premier, Stefan était appelé par ses parents, puis Yvette. Il y avait une brize rafraîchissante et R.F. était à s’assécher avant de retourner au chalet de la famille, laissant Famke seule à la piscine quand Anne vint le chercher. Le souper ne serait pas chez eux, mais plutôt chez des vieux amis de leurs parents, George et Muriel, un couple de retraités qui semblaient presque être des habitués du centre. Comme toujours, la famille de George et de Muriel n’arriverait qu’après que R.F. et sa famille eurent reprit le chemin du retour. Cette situation n’eut aucun changement possible car leur beau-fils était gérant d’usine et la seule période libre était les deux dernières semaines d’août tandis que sa mère, Beth, avait eu besoin de deux semaines pour se préparer pour l’année scolaire à venir. Cette année, encore, ce serait comme d’habitude, surtout que sa mère avait obtenu un nouveau poste auprès de la nouvelle commission scolaire et les deux familles se manqueraient encore une fois.

Beth avait sans doute raconté à George et Muriel les troubles que R.F. avait vécu à l’école et qu’ils venaient de déménager afin de lui permettre un nouveau départ. Muriel accueillit R.F. avec un ‘serre-moi fort’ et lui dit d’être courageux et de prendre le défi d’une nouvelle école avec ses deux mains. George lui mêla les cheveux, un geste dont R.F. se croyait trop vieux maintenant, mais qu’il accepta comme venant du cœur.

George eut aussi des mots sévères pour Anne, avec lesquels Mike et Beth étaient d’accord. Anne savait déjà qu’elle avait eu tort. Elle aurait dû balayer le commentaire en suggérant qu’elle fréquentait un salon de bronzage. Elle aurait bien souhaité pouvoir partager quelque chose d’intime, n’eut été du fait que sa meilleure amie était une pie bavarde, sans oublier les conséquences pour R.F. Anne était vraiment navrée et R.F. savait qu’elle était sincère, mais il n’était pas encore prêt à lui pardonner.

Les deux semaines avec du soleil presque sans relâche étaient remplies de baignades, de bains de soleil, d’équitation, de tennis et de vagabondage en plein air. R.F. raconta à Yvette, Famke et Stefan à propos de son nouveau vélo et comment son père et lui ont passé leur temps à se promener à travers le paysage à chaque deux jours depuis deux mois. R.F. regretta de n’avoir pu amener son vélo car les vélos de location disponibles étaient de piètre qualité. Malgré cela, R.F. apprécia chaque instant qu’ils se promenaient sur ces vélos. Même s’ils étaient maintenant de meilleurs amis, R.F. avait omis de mentionner dans ses lettres que tout ce chambardement venait du fait qu’il avait été harcelé à l’école. Il avait toutefois raconté une version simplifiée de son ‘accident’, de son déménagement et de sa nouvelle école, et son bras droit plus pâle que le gauche confirmait qu’il avait été dans un plâtre. Même s’il les considérait comme des bons amis, il ne voulut pas courir le risque de les perdre en leur avouant pourquoi il avait été harcelé. Non, cette partie-là devait rester enterrée à tout jamais.

Le retour vers l’Angleterre vint beaucoup trop tôt. R.F., Famke et Stefan s’échangèrent leurs adresses-courriels et R.F. s’assura qu’Yvette avait sa nouvelle adresse postale. Ses trois amis allaient rester encore deux semaines, donc pourraient rencontrer les petits-enfants de George et de Muriel. R.F. se demanda s’ils joueraient ensemble, comme avec lui, ou bien s’ils ne se connaissaient pas du tout. R.F. ne suivit pas la carte routière au retour, trop pris avec la mélancolie qui lui submergeait. Mike le remarqua et discuta des promenades qu’ils allaient faire ensemble pendant les deux semaines à venir. Cela sembla avoir l’effet souhaité et l’humeur de R.F. s’est visiblement amélioré.

Bien que la météo s’était détériorée en Angleterre, cela n’empêcha aucunement les tournées de cyclisme de Mike et de R.F., qui ne firent qu’enfiler des imperméables et des guêtres. Par contre, à mesure que le début de la nouvelle année scolaire s’approcha, son humeur s’assombrissait de nouveau. Il se trouvait loin de ses seuls amis, et serait bientôt immergé dans un océan d’étrangers. Une nouvelle école, des nouveaux copains de classe avec qui il n’oserait aucunement partager ses secrets. R.F. se demanda comment il arriverait à s’adapter, mais il savait qu’il devait essayer.
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Chapitre Deux ; Chloé, en toute confidence
Partie 1



Le mois d’août tira à sa fin et Chloé Evesham se rappela tristement de ces deux dernières semaines, les deux semaines les plus enjouées et ensoleillées de l’année, qu’elle avait passé à un centre naturiste près de Bordeaux au sud-ouest de la France. La fille de douze ans y allait à chaque année pour aussi longtemps qu’elle se souvienne avec son frère cadet et ses parents. Elle avait de bons amis ici, qui étaient là, à s’arroser mutuellement dans la piscine mais il était presque temps de les quitter de nouveau.
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« Chloé ! C’est l’heure du dîner, » appela son père de l’une des chaises longues au bord de la piscine. Sa mère, de toute évidence, était déjà partie pour préparer le repas donc Chloé ne pouvait pas se permettre de traîner. Elle se laissa glisser de son matelas gonflable et tomba à l’eau dans une éclaboussure maladroite. Attrapant le matelas, elle dit au revoir à ses amis et s’est rendue aux marches de la piscine. Une serviette, le soleil et l’air lui assécherait tandis qu’elle courait après son père qui, avec son frère de neuf ans, Robert, avait déjà ramassé tout leur attirail et marchaient vers leur cabane louée.

À l’arrivée à la cabane, tous laissèrent tomber leurs chargements sur la véranda et s’assoyaient à la longue table de pique-nique du patio. Les grands-parents de Chloé, qui étaient au centre pour le mois en entier, aidèrent leur fille, Susan, à sortir le repas et commencèrent à distribuer sandwichs, fruits et breuvages froids. Ils continuèrent une conversation dont Mark et les jeunes avaient manqué le début. Susan apporta un saladier et laissa tout le monde se servir avant de s’asseoir elle-même.

« Oui, c’est vraiment dommage pour R.F. Lizzy disait toutefois qu’il était impossible de le laisser là avec les choses telles qu’elles étaient, » disait George. « Ça me fait de la peine pour lui, il est un bon garçon. C’est dommage qu’il perde tous ses amis ainsi à cause des agissements d’un tiers. Anne s’en est sauvée, évidemment ; elle allait partir de toute façon. Mike et Lizzy étaient plus que déçus du manque de jugement d’Anne. »

« R.F., » demanda Chloé. Cela faisait trois ans que ses parents parlaient de la famille qui venait pour les deux semaines avant eux et elle avait oubliée la signification de R.F.

« Oui, R.F. est pour Robert Falcon, d’après l’explorateur polaire de renom. Il me semble de t’avoir déjà dit qu’ils utilisent R.F. comme un genre de pseudonyme intimiste, » répondit Muriel, la grand-mère de Chloé.

Jusqu’alors, Chloé n’avait eut aucun intérêt pour des explorateurs du passé, et le nom ne lui disait rien. Robert n’était pas pire comme nom, son frère était aussi appelé ainsi, et Falcon comme nom s’était vraiment cool, alors le pourquoi du pseudo ne lui rentra pas dans la tête.

Chloé avait déjà entendu plusieurs des histoires à propos de la famille auquel ses grands-parents se sont liés d’amitié et regrettait qu’elle ne l’ait jamais rencontrée. Ç’aurait été agréable d’avoir d’autres jeunes anglais avec qui elle aurait pu jouer, surtout qu’elle savait que ce R.F. était du même âge qu’elle et que la famille habitait aussi aux environs de Manchester donc pas trop loin. Les jeunes français et allemands étaient d’agréable compagnie et Chloé en profita pour développer ses talents linguistiques mais un ami d’Angleterre aurait été merveilleux.

Le dîner était vite relégué au passé avec Robert qui parla sans cesse de ses exploits à la piscine et les préparatifs pour le départ du lendemain furent entamés. De façon générale, une famille naturiste n’avait pas grande chose à remballer mais il y avait tout de même des vêtements pour des excursions à l’extérieur du centre et les serviettes et tout l’attirail mise à part les trousses de toilette à ranger dans l’auto. Susan s’assura que Mark et les jeunes avaient leur linge et des souliers sortis pour le long voyage en auto et prépara une glacière pour les collations en route quoiqu’elle ne préparerait les sandwichs que le lendemain avant le départ. Mark et Chloé occupèrent Robert en transformant la chasse aux jouets en chasse au trésor.

C'était une tradition familiale que les soupers de leur voyage annuel étaient au restaurant du centre, toujours dans une nudité intégrale. Cela faisait différent de l’ordinaire et, ainsi, Susan pouvait, elle aussi, profiter des vacances. L’air ambiant retint la plupart de sa chaleur pour plusieurs heures encore après le couché du soleil donc c’était toujours très agréable. La famille en profita pour dire leurs derniers adieux à plusieurs des amis qu’ils se sont faits à travers les années. Le français de Mark était loin d’être parfait mais tout le monde semblait comprendre le baragouinage des autres, accompagné comme il l’était de gestes et de sourires. Chloé, par contre, était plutôt verbo-moteur, bien que son français était moins raffiné que l’anglais des jeunes français, hollandais et allemands du centre. Robert, quant à lui, ne maîtrisait que les phrases de base donc Chloé l’aidait au besoin. Le temps finit par manquer et, après que Chloé et deux de ses amis de vacances se sont rapidement échangés leurs adresses-courriels, la famille Evesham et les grands-parents se sont tranquillement et tristement retournés vers leur cabane et se sont couchés. Chloé fut profondément endormie aussitôt que sa tête toucha son oreiller.

Chloé se réveilla le lendemain à l’aube aux sons mélodieux de son père en train de frapper une casserole avec une cuillère en bois. Robert s’assit et, clignant des yeux ensommeillés, prit un air mélancolique. Chloé prit sa main droite dans la sienne et, après l’avoir encouragé de sortir du lit, plaça sa main gauche dans son dos et le poussa gentiment vers la salle de séjour. La table était déjà mise pour le déjeuner et leurs parents attendirent. George et Muriel, plus lents à cause de leur âge, arrivèrent quelques instants plus tard.

C’était tout un exploit… manger, laver la vaisselle et la serrer, finir le chargement des derniers essentiels, s’habiller, laisser les clés à la réception et de prendre la route, tout ça avant de huit heures du matin. Le programme n'était que quelque peu perturbé par l’arrivée subite de deux amis de piscine qui tenaient à leur souhaiter un ultime ‘au revoir’. Après quelques dernières accolades larmoyantes et des promesses de rester en contact, tous embarquèrent dans l’auto et ils quittèrent les lieux avec Chloé qui regarda par la vitre arrière tant que le centre n’avait pas disparu de vue.

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Chapitre Deux ; Chloé, en toute confidence
Partie 2


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Jeudi, le deux septembre ; la première journée de la huitième année pour Chloé et ses copains de classe. Elle et sa meilleure amie, Jess, étaient à regarder les nouveaux étudiants de la septième arriver et à se demander si elles avaient déjà été aussi petites. Chloé était encore épuisée du chemin de retour des vacances familiales. Elle se sentait comme si ils avaient traversé l’Europe au complet en deux jours. Jesse, elle, avait passé les deux dernières semaines avec son père et était soulagée d’être de retour chez sa mère, où elle avait l’impression de pouvoir être elle-même. La cloche sonna pour indiquer le début des classes et les amies se sont séparées pour rejoindre leurs classes respectives.

Une nouvelle année commença et, avec ça, un nouveau maître de classe. La classe prit place et devint silencieux quand M. Cole, le prof d’anglais, rentra avec la liste des présences. Il était suivi par un garçon d’environs un mètre soixante aux cheveux foncés, un menton carré et un visage agréable. Un nouvel étudiant ? Toute la classe évalua le garçon. Il était mince, droit et transporta un sac à dos sur une épaule avec un casque de cycliste fixé aux languettes.

« M. Jacobs, » commença M. Cole, « le siège à côté de vous est-il réservé, ou est-ce votre sac qui pend ses aises ? » Andrew Jacobs enleva son sac et M. Cole indiqua au nouveau de prendre place.

Tous les yeux le suivirent. Le nouveau salua Andrew de la tête, glissa son sac à dos sous le pupitre et s’assit. M. Cole passa à travers la liste de présences, avec une pause audible quand il atteint la lettre ‘L’. Les présences terminées, M. Cole adressa le jeune nouveau. « Bon… c’est Scott, n’est-ce pas ? Mets-toi debout et présente-nous la version abrégée de ta biographie. »

Le garçon se leva, regarda autour de lui et commença. Son nom était Scott Lowry. Son anniversaire serait à la fin de mois, ce qui voulait dire qu’il aurait bientôt treize ans. Sa famille vint d’aménager car sa mère eut accepté un nouveau poste. Son père était architecte, avec un bureau à Manchester. Il avait une sœur aînée qui venait de commencer le collège. Il n’était pas vraiment amateur de soccer mais aimait bien l’équipe de la Ville de Manchester.

C’était tout ce que Chloé retint car elle était trop prise par son visage. Il avait un bronzage égal et solide, sans même aucune pâleur aux paupières. Il était aussi profond sans aucune indication de rougeur. Personne d’autre dans la classe n’avait de bronzage d’une telle qualité ; la plupart était pâlot, avec qu’un faible hâle aux démarcations évidentes ou brûlé. Même son propre bronzage n’était de cette qualité et elle venait de passer deux semaines dans un centre naturiste au sud de la France, quoiqu’elle dut faire attention car ayant une complexion pâle de nature, elle dû faire attention de ne pas brûler.

Le premier cours de la journée était le français. Chloé adora le français et elle était dans la classe avancée et, même là, elle dépassa tout le monde par une longueur d’avance. Ce fut une des rares classes où elle était séparée de Jess car Jess ne maîtrisa pas assez la langue. Cette année, la classe avancée aurait un nouvel enseignant dont la langue première était le français donc Chloé espéra pouvoir enrichir son vocabulaire. Comme pour tous les cours au début de chaque année, le début de la classe fut occupé par la distribution des livres et des cahiers d’exercices. L’enseignant tenait également que les élèves se placent par ordre de leurs résultats des examens de l’année précédente. Pendant qu’ils étaient ainsi occupés à changer de pupitres, le Chef des Langues entra avec le nouveau garçon en train. Le Chef échangea quelques mots avec l’enseignant, Monsieur Claveyrolat, qui s’est tourné vers le garçon et échangea quelques mots aussi puis dirigea le jeune vers le fond de la classe avec Chloé.

« Excuse-moi, » dit-il en voulant passer derrière Chloé. Chloé avança sa chaise pour lui donner plus de place. « Scott, » offrait-il.

« Chloé. Je sais, tu es dans ma classe, » répondit-elle, tout en essayant d’arrêter de fixer son bronzage.

« Désolé… Il y a tellement de nouveaux visages. J’arriverai assez vite à me souvenir de tout le monde, » dit-il, toujours à la regarder. Il la fixa pour quelques instants jusqu’au moment que Chloé regarda au retour. Il était à la zieuter et il le savait.

« Il y a-t-il quelque chose d’autre, » demanda Chloé.

« Non, navré… j’essayais de fixer le nom au visage, » répondit Scott, en déviant son regard.

« Oh, oui, certainement…, » pensa Chloé. « T’étais plutôt à évaluer la marchandise. »

Scott avait manqué la distribution des livres alors l’enseignant lui prépara un ensemble et le lui apporta. Scott lui remercia dans un français impeccable.

« Têteux de prof, » pensa Chloé.

« Alors, »dit Monsieur Claveyrolat avec son lourd accent français, « comme j’expliquai à Monsieur Lowry pour toute cette année, pendant que nous sommes en classe, nous sommes en France, donc nous allons parler français. Aucun anglais. »

Chloé était convaincue que ce serait une très bonne année. Il y aurait le défi de parler français tout le temps et, si le fait que Scott était assis derrière elle indiquait correctement son degré d’habileté, elle aurait quelqu’un à qui se mesurer.

Par un drôle de coïncidence, le cours suivant était celui d’anglais et tout le processus de distribution de livres recommença. Cette fois-ci, Jess était de nouveau avec Chloé, tous deux dans le cours avancé, qui était enseigné par le Chef de Littérature, Mme Browning. Encore une fois, Scott y était. Le travail du matin était inévitablement de produire une composition sur les vacances précédentes. Mme Browning tenait à la précision de la ponctuation et de la richesse de la description, avec une bonne dose de comparaisons et de métaphores pour relever la sauce. Ceci les amena jusqu’à la pause matinale sans arrêt.

Chloé et Jess se sont retrouvées dans leur coin habituel de la cour d’école, coin qu’elles avaient quasiment usurpé pour leur seule utilisation l’année dernière. « Le nouveau gars dans le cours d’anglais, il est dans ma classe, » commença Chloé. « Son nom est Scott et il a un bronzage que je tuerai pour avoir. » Chloé rentra dans maints détails de ce qu’elle avait vu et pensé.

« Ouais, tu l’as vraiment étudié à fond ! Est-ce que c’est ‘le Grand Amour’, » taquina Jess.

« Laisse tomber, ou, sinon, je t’invite plus pour des bains de soleil, » répondit Chloé en repoussant Jess.

« Scott et Chloé, assis sur un banc, les yeux dans les yeux, avec un amour flamboyant…, » chantait Jess presque.

« Bon, bon… je l’avoue. C’est un beau gars. » Chloé se sentit rougir comme une tomate. « Mais il est tellement imbue de lui-même, en train me regarder comme ça… Il n’essayait même pas d’être discret. »

« Oh, comme si toi, tu ne le faisais pas, » demanda Jess. Chloé à dû concéder ce point.

Jess savait que Chloé ne voudrait pas, ni même ne pourrait pas, réaliser sa menace de ne plus l’inviter. La mère de Jess et la mère de Chloé étaient meilleures amies pendant leurs années d’université et l’invitation de venir prendre des bains de soleil au naturel dans la cour arrière les fins de semaines avait été présenté à la mère de Jess par la mère de Chloé. Comme si quelque chose de plus avait été nécessaire pour les lier ensemble, Jess et Chloé avaient tous les deux le prénom de l’autre dame comme nom de baptême ; donc Chloé Jennifer Evesham et Jessica Susan Banks. Jess était l’aînée par deux mois. Les père de Chloé les nommèrent même ‘les jumelles de l’enfer’, quoiqu’il n’y ait rien de diabolique dans leur comportement et ne se ressemblaient aucunement. Elles étaient tous les deux vives d’esprit, amicales et d’excellentes étudiantes. Cela arriva à Chloé de référer à Jess en tant que le côté sombre de la médaille mais ça c’était dû à la complexion plus foncée de Jess. Là où Chloé avait la complexion claire et des cheveux blonds platine qui allaient jusqu’aux épaules, Jess était avait le teint plus basané et avait des cheveux noirs-charbon qui lui allaient jusqu’aux reins. Chloé fut jalouse de la capacité de Jess de bronzer sans se brûler, quoique Jess n’ait pas autant de chances de prendre du soleil que Chloé.

L’heure de rentrer arriva assez tôt et Chloé prit l’autobus pour Edenfield. Elle salua Jess en partant, car Jess pouvait se rendre chez elle à pied. Elle habitait l’une des maisons de ville sur la route principale. Chloé dut marcher également après avoir descendu de son bus, vers les plus grandes maisons détachées situées en bordure des landes. L’isolation relative faisait bien l’affaire de la famille car cela leur permettait une grande cour arrière privée où ils pouvaient vivre et profiter du soleil sans vêtements. En ouvrant la porte, elle jeta un coup d’œil vers l’image du pot de fleurs qui était tourné vers le mur, indiquant qu’il n’y avait aucun visiteur. Avec un soupir de soulagement, Chloé se dirigea vers le salon, larguant ses vêtements en allant. Elle entendit sa mère chantant sur le patio, auprès de la salle à dîner. Sa mère était sans doute dans le bain tourbillon et Robert à courir quelque part dans la cour. Chloé retira son soutien-gorge et l’envoya sur la pile de linge et sortit dehors rejoindre sa mère dans le spa.

Susan entoura Chloé dans une accolade chaleureuse dès qu’elle était rentrée dans l’eau, ce que Chloé retourna avec un bec sur la joue. « Comment était ta première journée d’école, » demanda sa mère en s’étirant vers une petite table à côté, et lui versa un grand verre de punch à l’orange.

« Merveilleux ! Nous avons un nouvel enseignant pour le français, Monsieur Claveyrolat et tout le cours se passera en français. Nous avons aussi un nouveau garçon dans la classe et je crois qu’il est aussi bon que moi en français, sinon meilleur. Ce serait bien d’avoir quelqu’un à qui je pourrais me mesurer. »

Chloé s’arrêta pour siroter son verre puis continua avec les faits saillants de la journée, de l’insatisfaction de Jess qui devait passer des bons moments ensoleillés habillée quand elle était avec son père, du projet du cours de dessin technique pour dessiner un véhicule-citerne. Le lendemain serait plus pénible pour Chloé, avec des cours en Physique, en Éducation physique et en Morale.

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Chapitre Deux ; Chloé, en toute confidence
Partie 3


À mesure que les journées s’écoulèrent, la vie d’école se tassa dans une routine et Chloé comprit qu’elle aimait Scott, comme le faisait son cercle grandissant de copains. Il avait l’esprit vif et était drôle mais il évita les blagues sexistes tellement appréciées des autres gars. Il était toujours prêt avec un commentaire positif et un sourire, sourire que Chloé aurait souhaité être réservé pour elle seule. À cause de leur facilité en français, ils étaient assigné un projet spécial, au-delà du curriculum et ils en profitèrent pour parler hors topique et d’apprendre à se connaître davantage. La veille du treizième anniversaire de Scott, Chloé est été lui choisir une carte d’anniversaire toute spéciale.

Le cours d’activité sportive pour la 8e année avait lieu les deux dernières périodes de mardi, et le tournoi inter-maisons de soccer à cinq joueurs eu lieu la première semaine d’octobre avec tous les étudiants de 8e rassemblés dans le gymnase. Les filles avaient été excusées cette semaine-là afin qu’elles puissent encourager les garçons de leurs maisons. Avec deux équipes sur le plancher, tous habillés dans des ensembles blancs identiques, la seule façon de distinguer les équipes était que l’une d’elles joue torse-nu. La maison Kay joua contre la maison Hoyle en premier, avec Hoyle écrasant Kay par un compte de cinq buts contre trois. La deuxième partie était la maison Peele contre la maison Grant et Peele perdit le tirage au sort et a dû jouer en peau.

Jess poussa Chloé du coude et indiqua Scott qui, en tant que faisant partie de la maison Peele, joua torse-nu. Chloé manqua presque de respire. Elle vit que non seulement ses mains et sa figure étaient bronzées mais que le bronzage s’étalait aussi sur ses jambes, ses bras et sur tout son torse. En plus, comme pour ses paupières, le bronzage était tout aussi foncé sous ses bras et ses aisselles. Chloé était convaincue que seuls les naturistes avaient de bronzages aussi parfaits. Elle avait déjà repoussé la possibilité que le bronzage soit sortit d’une bouteille ; il était trop égal et, de toute façon, les gars n’étaient pas du genre à se prêter à se genre de processus, n’est-ce pas ? Chloé savait qu’elle ne pouvait pas risquer d’en parler à Scott par crainte que cela revienne sur elle mais cela ne l’empêcherait pas d’en parler à Jess dès qu’il serait propice.

Chloé remarqua quelque chose d’autre à propos de Scott. Quoiqu’elle sache qu’il était plutôt mince, maintenant qu’elle puisse le voir dans son ensemble de gymnastique, elle pouvait apprécier son tonus musculaire. Son visage était ciselé, il n’y avait même aucune indice de graisse de bébé sur son abdomen et les muscles de ses jambes étaient comme sculpté de granite. Elle était si prise dans ses pensées qu’elle manqua presque le but foudroyant qu’il envoya au-delà du gardien de but de Grant. À la fin, toutefois, un but de dernière minute fit que Grant gagna la partie deux à un.

Cette semaine-là, s'était le tour de Peel de s’asseoir pour le premier service au dîner et au lendemain de la partie, Scott était assis avec plusieurs de ses copains de maison mais, au moment que Chloé et Jess sont rentrées, il ne resta qu’un seul donc elles s’assirent à la même table. Ils s’échangèrent des salutations mais les filles ne dirent rien pour ne pas interrompre la conversation. De toute façon, la discussion tira à sa fin et l’autre laissa Scott à son dessert.

Jess avait un éclat diabolique dans les yeux, ce que Chloé savait être un signal de danger imminent. Toutefois, avant qu’elle puisse intervenir, Jess dit « Alors, Scott, ton bronzage… ce rejoint-il au centre ? »

Scott cessa de respirer un instant, s’étouffant sur son pouding aux fruits et dut prendre une gorgée d’eau. En déposant son verre, sa main tremblotait et la sueur froide se forma sur son front.

« Jess, quand est-ce que tu vas apprendre à te taire, » dit Chloé. « Scott, je suis désolée, elle ne faisait que te taquiner. »

Mais rien du tout ne rejoignait Scott. Il abandonna son cabaret, se leva en titubant et quitta la salle à dîner.

« Eh, bien ! Je ne m’attendais pas à cette réaction-là, » dit Jess, regardant Scott de dos.

« Non, » répondit Chloé, « ç’a l’air que tu as touché un nerf. »

Scott était introuvable quand les présences étaient appelées pour l’après-midi. M. Cole demanda si quelqu’un savait ce qu’il lui était arrivé mais tout dont on savait était qu’Andrew Jacob l’avait vu se diriger vers les toilettes à la fin du repas. Le cours de français suivit et encore, pas de Scott donc Chloé a dû travailler seule. Pendant le cours, M. Cole entra et eut un mot rapide avec Monsieur Claveyrolat, qui afficha un air soucieux, acquiesça et continua la leçon. Maintenant, Chloé était vraiment inquiète, sans avoir aucune façon d’apprendre ce qui eut alarmé Scott.

Jeudi et Vendredi, Scott ne s’est pas présenté, non plus. Il y avait une histoire qui circulait qu’une ambulance aurait été vue à l’école et qu’un jeune aurait eu une malaise dans les toilettes qui avait été transporté à l’hôpital. Chloé comprit que cela a dû être Scott.

Quand il se présenta enfin le lundi matin suivant, il refusa d’en parler et il était beaucoup sur la défensive. Quelque chose avait changé, également ; il n’avait plus ce sourire accueillant qu’il avait jadis. Lors des semaines qui suivirent, Chloé remarqua que les notes de Scott commencèrent à baisser. Ça avait commencé quand elle constatait qu’il essayait même plus en français. Et ce n’était pas seulement sur le niveau académique que ça allait mal, il n’interagissait plus sur le plan social, non plus, et pas juste avec Chloé et Jess, c’était avec tout le monde. Il venait toujours à l’école mais il arriva toujours à la dernière minute, pendant qu’on appela les présences, peut-être voulant éviter tout contact avec son prochain.

Le troisième mercredi de novembre était une soirée-réunion pour le Comité des Parents, alors Susan, étant membre, serait trop occupée pour préparer le souper. Donc, à chaque soirée-réunion, Chloé descendit avec Jess et marcha vers chez elle où Jenny, la mère de Jess, prit charge d’elle. La maison-de-ville de Jess était située en bordure de la route donc Jenny ferma toujours les rideaux et alluma les lumières avant de permettre les filles de se dévêtir. Même avec les rideaux tirés, Chloé et Jess s’installaient toujours à la table de la salle à dîner à l’arrière pour leurs devoirs, afin d’éviter de se faire surprendre par des visiteurs inopportuns, surtout le père de Jess. Jenny se déshabilla aussi et prépara le souper.

Il était 7 heures 30 quand Mark est venu chercher Chloé en voiture. Ils bifurquèrent pour aller chercher Robert chez son ami puis rentra à la maison. Chloé avait déjà terminé ses devoirs alors elle opta pour passer le temps avant l’arrivée de sa mère à envoyer des courriels à ses amis du centre naturiste avec les dernières nouvelles de ce qui s’était arrivé depuis quelques mois. Mark était censé donner un bain à Robert avant de le coucher mais puisqu’il avait besoin d’une douche lui-même, il s’est organisé pour partager la douche extérieure avec Robert.

Quand Susan fut enfin déposée devant sa porte après la réunion, il était 9 heures 30. Elle avait des nouvelles pour Chloé et l’appela vers la cuisine. « Tu te rappelles que tu te souciait de ce qui avait arrivé à Scott le mois dernier, » demanda Susan. Chloé acquiesça silencieusement. « Bien, Beth, la mère de Scott a joint le Comité des Parents peu après que Scott c’est inscrit à l’école. Elle et moi, nous avions pris connaissance l’une et l’autre et nous étions à parler. Or, je ne devrais pas vraiment t’en parler donc garde-le strictement pour toi, mais l’après-midi que tu disais que Scott avait disparu, il a eu une crise de panique. Beth me disait que pour les journées à suivre, il était dans tous ces états et qu’il fallait presque le forcer à reprendre l’école le lundi. Sans savoir ce qui aurait pu déclencher sa crise, ça doit être une peur profondément ancrée. »

Chloé avait déjà informé sa mère de la taquinerie de Jess à propos du bronzage de Scott et elle se demandait comment quelque chose de si anodin aurait pu créer une telle réaction. Serait-il cela qui eut transformé Scott du garçon grégaire et enjoué en ermite ? Qu’importe la raison, Scott était à se ronger de l’intérieur et Chloé voulut l’aider mais il n’était pas du tout réceptif. Chloé passa une nuit blanche à réfléchir du problème.

Jeudi arriva mais les quelques moments de sommeil que Chloé a pu trouver n'étaient d’aucun secours. Scott lui avait toujours donnée l’impression d’être un garçon résiliant mais, en ce moment, il était en miettes. Chloé savait que Jess et elle en étaient responsables mais qu’avaient-elles fait au juste ? Quand elle arriva à l’école, elle ne se souvenait même plus ce qu’elle avait mangé pour le déjeuner ni si l’autobus était à l’heure, tellement était-elle distraite. Jess savait que quelque chose la tracassait mais Chloé hésita, se demandant si sa promesse de confidentialité s’appliqua également à Jess.

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Chapitre Deux ; Chloé, en toute confidence
Partie 4


« Jess, nous devons faire quelque chose pour Scott, » dit-elle enfin. « Je ne peux m’empêcher de penser que c’est nous qui l’avons poussé au-delà de la falaise en lui interrogeant sur son bronzage. Sa mère dit qu’il avait subit une crise de panique et je crois que c’est nous qui l’avons déclenchée. »

Jess savait que c’était-elle la seule responsable et apprécia que Chloé voulait bien endosser une partie du blâme. « Que pensais-tu que nous fassions ? »

« Oh, Jess, j’en ai vraiment aucune idée. Nous ne pouvons pas le pousser sinon nous risquons d’empirer la situation. Je ne veux qu’il sache que nous serons là pour lui. »

Scott, évidemment, était introuvable avant que les présences étaient appelées, donc ce n’était qu’à la pause du matin que Chloé et Jess l’ont rejoint. Il était assis, seul, contre le mur du bâtiment des sciences, avec un livre d’école à la main. De par son comportement non-verbal, il aurait pu autant s’être entouré de barrières routières. Les filles avaient décidé au préalable que ce serait Chloé qui ouvrirait les négociations. Elles approchèrent Scott directement et s’assirent à chaque côté de lui.

Scott s’est raidi dès que son espace vital était empiété. Il respira à fond et surveilla les deux filles de près. Ce serait quelque peu difficile de se sauver et les filles auraient pu facilement le retenir mais elles n’en faisaient rien. Scott attendit.

« Scott…, » commença Chloé. Il resta inerte.

« Scott, je ne sais pas quoi dire ni comment de te le dire. Je veux récupérer mon ami. » Sa voix brisa à la fin. « Il y a quelque chose que tu nous ne dis pas, quelque chose qui est en train de te détruire. »

Scott se replia. Cette conversation allait-elle où il pensait ? Il sentait la panique lui envahir de nouveau.

« Ça va aller, ça va aller, » lui rassura-t-elle, en prenant la main gauche de Scott dans sa droite et l’emprisonnant contre son genou. « Il n’est pas nécessaire que tu ne nous le dise. Nous voulons juste que tu saches que nous, » Chloé indiqua Jess de la tête, « sommes là pour toi. Ce que tu nous diras restera entre nous, pour toujours. S’il te plaît, dis quelque chose, même si ce n’est que nous dire que tu ne peux pas en parler. »

Scott ne faisait que respirer pour un instant, sentant sa panique s’abaisser. Chloé croyait pour un instant qu’elle ne l’avait pas rejoint mais, là, il tourna la main que Chloé retint et offrit l’autre à Jess par-dessus son genou droit. Rien n'était dit pour quelques instants… Chloé et Jess attendirent patiemment.

« Je… je ne peut pas vous dire quoi c’est, » dit Scott éventuellement.

Chloé pensait que ce serait tout qu’elles sauraient sur le sujet mais, après ce qui semblait une éternité…

« J’aimerais beaucoup vous en parler, de vous le dire mais j’en suis incapable, » conclut Scott. À ce moment, la cloche sonna pour avertir de la reprise des cours. Le trio se leva et avant de le lâcher, Chloé donna Scott une accolade pour le réconforter, sans savoir si elle serait acceptée.

Lors des présences de l’après-midi, Chloé était surprise de noter que Scott était à l’heure, même s’il était encore distant. Chloé savait au moins que Jess et elle l’avait atteint et était impatiente d’en voir les résultats. Quand Chloé rentra à la maison ce soir-là, Susan était frappée par son changement d’humeur par rapport au déjeuner. Chloé se déshabilla rapidement et aida volontairement sa mère à défaire les lits pour le lavage, tout en lui racontant comment Jess et elle avaient redressé la situation avec Scott. Susan aurait pu être offusquée que Chloé ait divulgué sa confidence à Jess mais il n’y avait jamais eu de secret entre ces deux-là et ça, ça ne changerait pas. Susan était plus inquiète du fait que Chloé et Jess se sont attribuées le rôle de psychothérapeute et d’en parler avec Scott. Chloé eut peut-être raison puisque Scott n’avait pas mal réagi et leur avait même parlé mais Susan trouva ça un trop gros risque et regretta en avoir parlé à Chloé.

Lors des présences de vendredi matin, Scott était là, à sa place, même avant que Chloé rentre en classe. Elle le fixa quasiment en retrouvant son pupitre. Il leva les yeux et lui sourit, un sourire que pour elle, mais elle eut la peine à déchiffrer sa signification. Le soir venu, elle dansait presque en annonçant la nouvelle du sourire à sa mère.

Cela à prit plusieurs mois, mais, lentement, graduellement, les notes de Scott remontèrent la pente et de nouveau elle avait un rival digne du mot pour la meilleure note en français. Même si Scott était de nouveau amical avec Jess et elle, Chloé constata qu’il y avait encore une barrière entre Scott et les autres donc le travail n’était pas fini mais ça, ça pouvait attendre.

Arrivé le début avril et l’anniversaire de Chloé, elle trouva une carte de Scott dans son sac. Il était évident qu’il avait prêté beaucoup d’attention à trouver la BONNE carte. Chloé avait retrouvé son ami. Il y avait encore ce secret mais du moins, elle savait qu’il y était… un jour, Scott accepterait de le lui partager et Chloé savait qu’elle ne trahirait pas cette confidence. Entretemps, elle se plaisait à penser qu’elle aimait l’énigme que fut Scott Lowry et que lui, il l’aimait tout autant.
-O-O-
« Deux semaines d’examens, Wouaach, » pensa Chloé à elle-même en entrant le portique de l’école. C'était le début de juillet et les examens pour déterminer leur position en classe étaient devant eux. Chloé était confiante de pouvoir étudier l’espagnol l’année suivante puisque échouer le français était une impossibilité. Ceci lui aiderait beaucoup dans la poursuite d’une carrière en tourisme.

« Salut, Chloé ! » C’était Scott, s’approchant rapidement sur son vélo de montagne. « Te sens-tu fin prête, » demanda-t-il en débarquant du vélo pour marcher à côté d’elle.

« Moi ? Ouais, pas de prob. Mais, pour toi ? Tu sais que tu nous as inquiétées, Jess et moi, quand tes notes ont chuté à Noël. »

« Ça c’était avant… là, c’est maintenant, » annonça Scott, puis, plus difficilement, « Écoutes, je dois vous remercier, toi et Jess, pour me supporter à ce moment-là. Je sais que j’ai sauté une coche avec le commentaire de Jess et c’est encore quelque chose dont je ne peux parler mais de savoir que cela n’a pas été ébruité vaut de l’or. »

« De rien, » dit Chloé, « et peut-être, un jour, j’aurais un secret, moi aussi, que je pourrais échanger contre le tien. »

Chloé aimait beaucoup Scott. Il était chaleureux envers elle, et envers Jess aussi, tant qu’à y être. Mais elle aurait aimé qu’il lui prenne par la taille, même si elle-même n’oserait pas du tout le faire. Chloé et Jess avaient continué de surveiller le bronzage de Scott depuis novembre et Chloé était déçue que son magnifique bronzage ait pâli et fut remplacé par un bronzage de cycliste qui arrêta au-dessus des genoux et sous au niveau des épaules sur les bras. Son visage était également marqué par la ligne de la courroie du casque et les lunettes-soleil. Chloé était attristée que Scott avait abandonné son beau bronzage égal, quoiqu’il ne s’était pas brûlé depuis que les jours ont viré vers l’ensoleillement. Cependant, ce n’était pas un bronzage de naturiste.

Les deux semaines d’examens passaient et Chloé, Jess et Scott gardaient un tableau de la progression de chacun. Ils étaient fréquemment rejoint par d’autres étudiants qui vantaient ou encore lamentaient leurs performances lors de l’un ou l’autre examen. Chloé croyait apercevoir que, pendant qu’ils parlèrent, Scott perdit peu à peu sa carapace et commença à s’ouvrir aux autres de nouveau. Jess l’avait également constaté et elle lança un regard appuyé à Chloé qui comprit parfaitement. Lors de la dernière journée et l’affichage des résultats, Scott se trouva de nouveau premier de classe en Chimie et en Physique et eut maintenu sa position dans toutes les autres matières. Chloé obtint tout ce qu’elle voulait mais Jess n’avait pas encore pu progresser au français avancé. Chloé et Scott sympathisèrent avec Jess pour ce résultat décevant mais disaient qu’elle avait tout de même d’excellents résultats en Géographie et Histoire.

On autorisait un départ hâtif à cause des vacances d’été. Chloé et Jess allaient prendre l’autobus ensemble pour aller chez Chloé car la mère de Jess travaillait. Scott regrettait qu’il devait aller dans le sens contraire. De toute façon, il avait son vélo et Chloé avait laissé entendre que se serait une soirée de filles. Chloé était surprise que Scott ne pose pas de questions et accepta cela à sa valeur nominale. Et elle était surprise une deuxième fois quand c'était le temps de se quitter car Scott leur faisait à tous les deux une accolade et un sert-fort comme signe d’au revoir et leur souhaitait à tous les deux d’excellentes vacances. Sur ça, il endossa son sac, engagea les pédaliers et disparut.
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Chapitre Deux ; Chloé, en toute confidence
Partie 5


Septembre suivit août, et la canicule persista. Chloé était bientôt immergée dans la routine connue de la vie d’école. À chaque matin, elle tarda à enfiler son uniforme d’écolière jusqu’au dernier moment avant de quitter la maison. À chaque soir, elle se déshabilla le plus vite possible, ayant vérifié au préalable qu’il n’y avait pas de visiteurs inattendus. Chloé réfléchissait au sujet de l’uniforme ; ce n'était pas un véritable uniforme du tout puisque chaque jeune avait sa propre interprétation de la partition. Certains portèrent le veston, délaissé dès que possible à cause des températures toujours au-delà de la moyenne, certains gars portèrent des pantalons de teintes différentes, certaines filles portèrent la tenue d’été… et les couleurs… la divergence parmi ce que devrait être les couleurs de l’école n'était pas croyable. Et, tandis que certains eurent une apparence soignée et des vêtements bien pressés, d’autres encore étaient dépeignés et leur linge fut fripé. Non, les vêtements n'étaient pas l’uniforme qu’ils étaient sensés être. Seul quand les gens étaient dévêtus, étaient-ils vraiment uniforme.

Les premiers jours d’école étaient une réintroduction graduée à l’apprentissage. Il n’y avait pas de réintroduction graduée pour le comportement des autres écoliers, toutefois ; les garçons étaient tout aussi toxiques que jadis, et quelques filles commencèrent à se faire aguichantes et bruyantes. Tout ça confondu au climat surchauffé fit pour un vendredi plus que désagréable et quand elle prit fin pour clore la première semaine, Chloé était soulagée de pouvoir aller à la maison et de rendre cette chaleur tolérable. En ouvrant la porte, elle entendit le bruit de l’aspirateur venant d’en haut. Elle vérifia s’il n’y avait pas d’embûches et adopta la seule tenue logique pour le temps. Sa mère n’était pas dans le spa mais, de toute évidence, à s’occuper du ménage mais le bain tourbillon l’attendait. La gentillesse de sa mère n'était pas passé inaperçue tandis que Chloé s’est laissé glisser dans l’eau et activa les jets.

Quelques minutes plus tard, le bruit de l’aspirateur cessa et Susan descendit et sortit dans la cour. « Salut, chérie, comment est-elle été, ta journée, » dit-elle pour l’accueillir.

« Wouaach, horrible ! C’était vraiment accablant et désagréable tout l’après-midi, même avec les fenêtres ouvertes, » répondit Chloé.

Susan rentra un instant et ressortit avec un grand verre de jus d’orange glacé, qu’elle passa à Chloé.

« Merci… j’en avais vraiment besoin, » dit Chloé. « Je ne sais pas si ce mal de tête vient de la chaleur, du fait que je suis déshydratée ou d’avoir à écouter ces soi-disants sportifs sans cervelle toute la journée. Quelques unes de filles étaient même à les encourager. Scott, comme d’habitude, se tint à l’écart. »

« Scott me semble être un garçon plein de bon sens. Tu devrais peut-être l’inviter à faire un tour l’un de ces jours, » proposa Susan.

« Quoi, et lui laisser détruire le peu d’occasions que nous avons pour apprécier le soleil ? Non, merci ! »

La réplique de Chloé était du tac au tac. « De toute façon, il n’est qu’un copain de classe, rien de plus. »

« De ce que tu m’as dit, il me semble qu’il est plus que juste un copain de classe, comme tu dis, » commenta Susan. « Et ce serait à ton avantage d’agrandir ton cercle social et de ne plus la limiter à Jess. Que tu le veuille ou non, il y a plus à la vie que de parfaire son bronzage ou de tremper dans un bain tourbillon. »

Chloé savait que sa mère avait raison mais c’était juste qu’elle n’apprécia guère la présence de jeunes textiles. Leur comportement mettait en évidence qu’ils ne comprenaient pas le monde dans lequel Chloé évoluait. Scott était tout différent. Il n’était pas le bêta sexiste qu'étaient les autres gars mais Chloé n’arriva pas à le déchiffrer. En plus, que ce soit logique ou non, Chloé rêvait de rencontrer le garçon naturiste que ses grands-parents connurent sous le nom de R.F. Elle l’avait encore une fois manqué lors des vacances et elle maudissait presque Grand-P’pa pour ne pas avoir demandé une photo ou son adresse, tel fut son respect pour l’intimité des gens.

La météo a tenu bon pour samedi mais, le matin, Chloé a dû aller à sa pratique d’orchestre. Toutefois, le soleil était encore en vedette pendant l’après-midi donc Chloé aidait son père à travailler son potager tout en peaufinant son bronzage français. Dimanche, par contre, le ciel était gris et menaçant et elle dut limiter ses activités à l’intérieur.

Il tonnait toute la nuit et le ciel gris et sombre persistait toute la matinée de lundi. Chloé eut manqué Jess toute l’été car elle dû la passer avec son père et sa famille puisqu’il et la mère de Jess étaient divorcés. Ce n'était que maintenant, une semaine après le début des classes que Jess est revenue, avec une humeur aussi sombre que le ciel. Il y a eu une mortalité dans la famille, son grand-père maternel eut un infarctus et mourut soudainement. On ne parlerait pas de choses frivoles comme des vacances lors des présences matinales. Chloé se limita à lui offrir un deuxième sert-fort pour la réconforter et lui présenta ses condoléances avec la promesse qu’elles parleraient plus lors de la pause.

Le matin passa dans un fouillis de français et de musique. Chloé donna un acompte de ses vacances en un français fluide mais omit de mentionner que pendant tout ce temps elle était sans vêtements. Scott surpassa le rapport verbal de Chloé avec son histoire d’avoir fait une randonnée en vélo avec son père en retraçant le trajet du Tour de France. Son acompte fut truffé de termes spécifiques au cyclisme, que Monsieur Claveyrolat traduit rapidement au tableau. Chloé ne l’avait pas remarqué sa semaine précédente mais toutes les démarcations dans son bronzage dus aux courroies de son casque avaient disparues et son bronzage était tout aussi profond et égale qu’il était au début de l’année précédente.

À la pause, Chloé fut prise à analyser les indices de l’énigme nommé Scott Lowry et y pensait toujours quand Jess fit son apparence.

« De quoi penses-tu, » demanda Jess.

« C’est Scott et son bronzage, encore une fois, » dit Chloé emphatiquement. « Dans le cours de français, il raconta avoir passé l’été à faire le tour de la France. Si c’était vrai, il n’aurait pas eu la chance d’effacer les démarcations sur son visage mais, voilà, elles étaient toutes parties. Dieu, qu’il m’enrage ! C’est quoi son secret ? »

« Chloé, tu n’as que l’accrocher avec un gros baiser juteux et il te dira tout, » taquinait Jess.

« Arrête ça, veux-tu. Tu sais que ce n’est pas comme ça, » protesta Chloé. « De toute façon, je veux parler de ton grand-père. »

L’ambiance tombait comme un sac de patates, les rires et les taquineries ont cessées et une Jess triste se baignait dans le confort d’une amie consolant. Elles ont parlé sans cesse pour les quinze minutes qui restaient à la pause. Quoique Jess semble avoir terminé Chloé pensait qu’il resta encore du non-dit. Elle comprit toutefois qu’elle n’était pas dans la même situation que Jess, n’ayant jamais perdu quelqu’un de cher. Tout ce qu’elle puisse faire fut de sympathiser, plutôt que d’empathiser.

Le cours de dessin semblait durer une éternité, peut-être parce que Chloé et Jess avaient hâte de parler de leurs vacances. Puisque Dessin occupait deux périodes, cela les amena jusqu’au dîner. Jess commençait à vraiment détester être obligée à passer du temps chez son père car il s’était marié de nouveau et il était évident que Jess n’aimait pas du tout sa belle-mère. Chloé commença le compte-rendu de ses vacances à même temps qu’elles entamaient leurs desserts.

C’était l’heure que la Maison Peele commença leur dîner, alors Chloé jetait un coup d’œil à la ronde avant de tout dire à Jess. Il y avait de l’équitation, le cyclisme, le tennis, le ballon-volant de plage et la natation. Et, avant tout, il y avait la possibilité d’un bronzage intégrale.

« … et tout ce temps toute nue dans le soleil chaud, » finissait de dire Chloé. À cet instant, Chloé entendit quelqu’un tousser légèrement derrière elle.

Scott contourna Chloé et déposa son cabaret directement en face d’elle. « Est-ce ce siège prit ? »

« Non, ça va, » répondit Chloé, déçue que leur conversation due être interrompue. Quoi, exactement, avait-il entendu ?

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Chapitre Deux ; Chloé, en toute confidence
Partie 6


La réponse est venu aussi vite quand Scott s’est assis et dit « Écoute, je t’avertis. Il ne faut pas parler de ça. Tu ne sais pas qui pourrait s’offusquer et te mettre dans le trouble. »

Chloé sentit son visage rougir de honte. « Oh, mon Dieu ! J’ai laissé échapper le chat du sac, » pensait-elle. Elle ramassa son cabaret, son dessert pas fini, se leva et couru de la salle. Jess se leva également, lança un coup d’œil confus à Scott et couru après Chloé.

Jess suivit Chloé de proche en sortant de la salle à dîner mais Chloé n’arrêtait pas avant d’avoir atteint la salle des toilettes des filles dans l’aile de Mathématiques, où Chloé se lâcha dans une crise de larmes.

« En toute probabilité, d’ici la fin de la journée, tout le monde de ma classe va croire que je suis une pute ! Dans quel merdier m’es-je foutu ? Qu’y arrivera-t-il si je dois changer d’école comme R.F. ? Jess, t’es ma meilleure amie, je ne pourrais te laisser. Dieu, qu’ai-je fait ? »

Jess enveloppa Chloé dans ses bras et la tenait contre elle tandis que Chloé continua à pleurer. « Shhh. Shhh. Ça va aller, t’as Scott tout faux, » dit-elle à Chloé pour la consoler. « T’aurais dû voir le regard inquiet qu’il avait quand tu es partie. T’as gardé le secret de sa crise de panique. C’est à son tour maintenant. Il comprendra, je suis certaine, mais je lui parlerai pour m’en assurer. D’accord ? »

Les pleurs de Chloé se sont dissipés en quelques halètements erratiques et elle s'est détachée de Jess. Elle a acquiescé son consentement à Jess et se tournant pour faire face aux miroirs, elle a sorti un papier-mouchoir de sa manche et a commencé à se tamponner les yeux. Jess lui a fait une dernière caresse au bras et est partie à la chasse pour Scott. Dans sa tête, elle savait que Jesse avait raison. Scott avait gardé la voix base en leur parlant. Ce n'était qu’un avertissement, rien de plus. Mais pourquoi aurait-il prit la peine de faire ça ? Il aurait pu aussi facilement faire semblant de ne rien avoir entendu mais, au lieu de ça, il se sentait obligé de leur dire de ne pas en parler.

Jess n’avait pas réussit à retrouver Scott pendant le reste de la période du dîner et en informait Chloé donc Chloé savait qu’elle devrait lui faire face elle-même lors des présences de l’après-midi. Toutefois, son anxiété a eu gain de cause et elle s’est retrouvé à imiter l’ancien comportement de Scott et de rentrer immédiatement après le maître de la classe. Elle a fait la même chose encore une fois, lors du cours d’anglais qu’elle partageait avec Scott et Jess. À la fin du cours, elle s'est sauvée en vitesse, poursuivie par Jess. Elle était sauf pour le cours suivant, un cours double, car les gars et les filles étaient séparées pour leurs activités sportives respectives. Elle savait qu’elle devrait le voir un moment donné mais elle avait trop peur.

À la fin de l’école, Chloé et Jess ont fait la courte distance vers chez Jess à pied ensemble, les deux cachés sous le parapluie de Jess. Quoiqu’il n’était pas sa journée de visite habituelle, c’était le meilleur endroit de discuter tout en faisant leurs devoirs. En arrivant, Chloé a offert ses condoléances à la mère de Jess pour la perte de son père. Jenny a remercié Chloé et a préparé une collation pendant que les filles se sont dévêtis puis Jess a raconté à sa mère comment le style de vie naturiste de Chloé risquerait d’être exposé au grand jour. Jenny n'a fait que recueillir sa filleul dans ses bras comme si elle serait sa propre fille et lui a déposé un baiser sur le front. Chloé devrait raconter les événements à sa mère mais, en attendant, elle était réconfortée par la gentillesse de Jenny.

Le soleil était de retour mardi mais pour une fois Chloé regrettait et le jour et le soleil. Scott avait habilement évité Chloé et Jess toute la journée ou, peut-être ce n'était que les cours de Maths, de science et d’éducation physique qui les avaient gardés séparés… Non, Chloé était presque certaine de Scott avait fait express de ne pas être disponible, comme en arrivant après le maître, autant le matin que l’après-midi, pour les présences. Chloé supposait qu’il devait se sentir blessé quand elle l’avait évité la veille et qu’il lui rendait le pareil.

La seule raison, en fait, qu’elle regrettait le retour du soleil était qu’elle n’en pourrait pas tirer bénéfice. La mère de Chloé avait invité la mère de Scott à venir pour travailler, en tant que membres du Comité des Parents, aux préparatifs pour le concert de l’école. Cela voulait dire qu’il n’y aurait aucune chance de se détendre dans le bain tourbillon ou à prendre du soleil sans un maudit maillot de bain. Comme de fait, en rentrant par la porte principale, elle voyait que l’image du pot de fleurs était orientée vers l’extérieur, donc la nudité était hors de question. En sortant par la porte-patio, elle a trouvé sa mère en maillot deux-pièces et une autre dame, en shorts et un haut de jogging, assises à la table de pique-nique en plein soleil. Robert était assis sur le bord du bain inactif, les pieds dans l’eau, contrôlant sa frustration de ne pas pouvoir enlever ses shorts.

« Salut, Chloé, » dit Susan, « ceci est la mère de Scott. »

« Bonjour, Mme Lowry, » répondit Chloé, formellement. « Scott n’est pas là ? » Elle s’était attendue qu’il soit venu avec sa mère.

« Bonjour, Chloé. Non, Scott voulait faire un tour de vélo et de ‘se taper quelques kilomètres’ comme il le décrit, donc il est à faire une boucle autour du quartier scolaire. De toute façon, il y a quelque chose dont j’aimerais discuter avec vous deux. »

« Beth…, » demanda Susan, sachant que la seule chose qui pourrait lui faire des soucis actuellement qui toucheraient Chloé serait l’incident d’hier. Susan se demandait si le diable serait aux vaches.

Quant à Chloé, elle pensa… « Oh, non. Il a tout raconté à sa mère. Pourquoi aurait-il fait ça ? Au moins, il n’a rien dit à l’école. S’il l’aurait fait, ça aurait fait le tour comme un feu de brousse et je n’ai rien entendu. »

Beth expliquait à Susan « Scott a entendu Chloé et Jess parler hier et croit qu’il les a mis dans l’embarras. Il voulait s’excuser d’avoir interrompu mais il craignait se creuser un trou encore plus profond pour lui-même. Je ne voulais pas qu’il reste à la maison seule après sa promenade mais il ne voulait pas venir ici sans que tout soit de nouveau en ordre. »

« Mais… A-t-il dit de quoi elles parlaient, » demanda Susan

« Non. Nous lui avons enseigné qu’un monsieur ne fait jamais de racontars à propos d’une dame. Il jugea que cela serait inutile. Il m’a juste demandé de transmettre ses excuses et de m’assurer que la mésentente soit corrigée.

Chloé laissa échapper un soupir de soulagement. « J’avais voulu m’excuser auprès de Scott de l’avoir évité mais j’avais la trouille. Ce serait parfait s’il vient nous rejoindre. » À elle-même, elle continua, « La journée est toute gâchée de toute façon, donc elle ne sera pas empirée davantage par la présence d’un autre textile. »

« Merveilleux, » dit Beth, « je lui enverrai un texto pour lui dire de venir dès qu’il ait terminé sa promenade. »

Une heure plus tard, Susan et Bath avaient terminés tout ce qu’elles pouvaient accomplir ce soir-là. Susan a donc préparé un cabaret de boissons et de collations et a invité Beth de partager le bain tourbillon. Beth avait été averti de son existence et avait prit soin d’enfiler un maillot deux-pièces sous son ensemble de jogging. Chloé, également, avait opté pour un deux-pièces et était à prendre du soleil pour une heure tout en révisant les principes des liens électrostatiques pour son examen de Chimie.

Au moment que Beth et Susan allaient entrer dans le bain, la porte sonna et Susan est sortie par la barrière de côté pour voir qui c’était. C'était Scott, qui était trempé à lavette suite à l’effort qu’il avait mis dans sa tournée en vélo. Susan proposa qu’il amène son vélo vers la cour arrière pour plus de sécurité et puis le guida vers la salle des bains des invités afin qu’il puisse se laver et sécher un peu. Chloé a noté que le vélo n’était pas le vélo de montagne sur lequel il venait à l’école mais un vélo de route élancé d’apparence toute neuve. Son habillement était tout aussi remarquable, un ensemble de cycliste de bandes ondulées noires et jaunes sur un fond blanc parsemés de logos publicitaires qui se répétaient autant sur le haut et sur les shorts.

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Chapitre Deux ; Chloé, en toute confidence
Partie 7


Susan rejoint Beth dans le bain et Scott est allé voir Chloé qui était allongée sur une serviette de plage surdimensionnée. « Est-ce cette place prise, » demanda-t-il avec un sourire timide.

« Allez-y, » dit Chloé, avec un geste de la main.

Scott a lentement retiré ses souliers de cycliste et ses chaussettes puis son chandail et sa camisole ultra-mince, comme s'il avait dépassé les bornes. Comme elle s’était souvenue de la semaine précédente, le bronzage de Scott était d’un marron doré, sans aucune indication de blancheur sous les bras. Pour arriver à ça prit de l’effort, Chloé le savait. Mais s’il avait passé les vacances à pédaler au tour de la France avec son père, comment aurait-il fait pour effacer les démarcations qu’il avait plus tôt ?

« Pourrais-je emprunter ta crème solaire, Chloé ? J’en ai mit sur mes bras, mes jambes et mon visage avant de quitter la maison mais j’aimerais éviter de m’endosser d’un bronzage de cycliste ridicule encore une fois. » Scott roula les jambes de ses shorts de cycliste vers le haut, exposant plus de ses cuisses.

« Tiens, » Chloé lui offrit sa bouteille mais ne proposa pas de lui en mettre sur le dos. Par contre, elle se trouva à admirer le tonus des jambes de Scott qui fut encore plus évident dû au fait que Scott les avait rasés.

« Pourquoi te rases-tu les jambes, » demanda Chloé brûle-pourpoint.

« Parce que je suis trop mauviette pour les cirer, » répondit Scott en blague. Ses copains lui demandèrent cette question tellement souvent qu’il en était lasse mais eux, ils n’étaient pas vraiment intéressés à savoir la réponse. « Écoute, tu fais de l’art, n’est-ce pas ? As-tu déjà remarqué comment la peinture est tenu prisonnière entre les poils du pinceau ? Bien, c’est la même chose pour la sueur et la poussière de la route quand je fais du vélo. Si jamais j’ai un accident et je m’érafle une jambe, avoir les jambes rasés permettra l’urgentologue de mieux soigner ma plaie. »

« Ton rapport en français pour tes vacances, tu n’as sûrement pas fait du vélo au tour de toute la France, » continua Chloé à sonder.

« Non, ça aurait été trop pour moi. En toute probabilité, ça aurait été trop pour mon père, également. Ces rapports n’ont pas besoin d’être la complète vérité, tant que l’on démontre une maîtrise du vocabulaire. P’pa et moi avions en fait grimpé un des cols pour regarder les cyclistes professionnels passer puis nous sommes retourné à notre camping rejoindre M’man et ma sœur. Ce n’avait prit qu’une grosse partie d’une journée. »

« Étant été interrompue par l’arrivée de Scott, Susan avait abandonné le cabaret avec les collations sur la table, hors d’atteinte. Beth s’est tournée pour prendre son verre mais décida qu’il fut trop loin donc s’est tourné vers Scott. « R.F., pourrais-tu me passer mon verre, s’il-te plaît ? » Scott se leva, s’est rendu jusqu’à la table pour lui donner son verre puis retourna auprès de Chloé.

« R.F. ? » Chloé interrogea Scott, la voix presque inaudible. « Ta mère t’appelais R.F. ? »

« Oui. » Scott en était gêné. « C’est pour ‘Robert Falcon’. Mon nom au grand complet est Robert Falcon Scott Lowry, en honneur de l’homme qui explora l’Antarctique, un des héros de mon père. »

« M’man… ! » Chloé le cria presque mais ses mains couvraient sa bouche. Laissant tomber ses mains, elle sauta sur ses pieds et essaya de nouveau. « M’man, Scott… c’est R.F. Scott est R.F. ! »

« Juste une seconde, Chloé, d’où tiens-tu le nom R.F. ? » Scott était confus car seul sa famille et quelques amis intimes le connaissaient sous ce nom.

Chloé ne répondit pas car elle était à courir vers la maison. C’était comme si plusieurs pièces floues eurent tombé en place d’un coup pour devenir une image aveuglante dans le cerveau de Chloé… son attitude non-sexiste, son bronzage, la façon dont il avait gardé son secret, tout faisait du sens. Elle savait qu’elle l’avait très mal évalué. Il n’était pas pudibond, il n’était même pas un textile normal, il était R.F. Elle savait ce qu’elle devait faire pour répondre à Scott, et beaucoup plus, à tout clarifier d’un seul coup. Ce ne lui prit que quelques instants pour retrouver ce qu’elle cherchait et elle sortit, l’album-photo de la famille dans les mains.

« Chloé Jennifer Evesham ! Que penses-tu que tu es en train de faire, ma demoiselle ? » Chloé savait autant que n’importe qui qu’elle ne devait aucunement sortir leurs photos naturistes devant des textiles. « Ramène-ça à l’intérieur cet instant ! »

« M’man, fais-moi confiance… je suis convaincue d’avoir raison, » pria Chloé. « Scott est Robert Falcon Scott Lowry. »

Susan se redressa afin de sortir du bain et d’intercepter l’album-photo fatal. Toutefois, même si elle réussirait, elle savait que le remue-ménage que cela aurait créé laisserait des questions, des questions auxquels elle ne pourrait répondre à l’instant. « Chloé, sais-tu combien de garçons sont nommés d’après des gens de renom ? Ça pourrait qu’être une simple coïncidence ! »

Encore hors d’atteinte de sa mère, Chloé tourna vers Beth. « Vous avez une fille plus vieille nommée Anne et vous allez en vacances au sud-ouest de la France à chaque deux premières semaines du mois d’août et vous faites ainsi depuis au moins cinq ans, n’est-ce pas ? »

« C’est vrai mais comment… » Beth ne termina pas sa phrase.

Susan arrêta. Chloé suivait une piste chaude et Susan le savait. Oserait-elle faire confiance à cette ado insouciante avec un tel secret ? Susan comprit que ce serait néfaste de ne pas le faire puisque Chloé lui avait demandé de lui faire confiance. Mais qu’arriverait-il advenant qu’elle se trompe ?

« M’man, » Chloé se retourna vers sa mère. « Beth est la dame que Grand-P’pa appelle Lizzy et Scott est R.F. Ce sont eux, les amis dont Grand-M’man et Grand-P’pa nous parlent depuis tout ce temps. Je dois partager une photo avec eux pour confirmer mes dires. »

« Chloé, non…, » plaidait Susan. « Tu sais ce qui est arrivé à… » Ses mots suivants auraient été « R.F. » mais si ce que Chloé était vrai, alors…

Chloé ouvrit l’album-photo, remerciant le ciel que ses parents imprimèrent leurs photos numériques pour en garder une copie-papier, en choisit une qu’elle sortit et passa à Beth. « Ceci est une photo de moi, de Robert et de mes grands-parents, prise lors de nos vacances l’été dernier. »

Beth prit la photo de Chloé et vit les deux jeunes, nus avec leurs vieux amis, George et Muriel, à leur camping préféré. Beth hésita juste assez pour refermer sa bouche grande ouverte puis dit « Alors, vous… vous êtes la famille de George et Muriel, et votre mari s’appelle Mark ? »
Image
« Oh, mon dieu, » dit Susan à travers son propre émerveillement, « je savais que vous habitiez à peu près le même coin que nous mais P’pa t’appelait toujours Lizzy et il avait toujours refusé de vous photographier car, pour lui, l’intimité des gens était sacré. »

Chloé récupéra la photo avant qu’elle puisse tomber à l’eau et la remit dans l’album. Laissant les deux dames dans une discussion animée, elle prit Scott par la main et le traîna vers l’intérieur de la maison. « Nous avons à nous parler. Maintenant ! »

Une fois à l’intérieur, Le comportement de Chloé changea. Elle déposa l’album sur la table et se tourna vers Scott, la tête penchée, à regarder par terre. « Pourquoi tu n’as rien dit quand tu nous as entendu parler, Jess et moi, de mes vacances en France ? Je veux dire, à propos d’être, toi aussi, naturiste. Ne sais-tu pas combien de temps que j’aurais voulu te connaître ? » La douleur dans sa voix fut palpable.

« Je n’avais pas entendu autant, juste la référence au bronzage au naturel. Je ne savais pas que tu parlais de toi-même et je n’avais aucune façon de savoir que t’étais également naturiste. De toute façon, si je m’étais mis à fouiller dans ta vie privée, qu’est-ce qui t’aurait empêché de fouiller dans la mienne ? Je ne pouvais aucunement me permettre qu’il soit découvert que j’étais naturiste, pas après la dernière fois. Ne le dis pas à personne, je t’en supplie. » Scott sera les mains de Chloé. Si la voix de Chloé avait été douloureuse, celle de Scott était sur le bord de la panique.

Chloé sentait l’angoisse de Scott comme si c’était la sienne. Elle ne connaissait qu’une seule façon de calmer une telle douleur, la façon que ses parents faisaient quand elle se trouva ainsi. Sans le regarder le visage, elle décrocha la prise de mains de Scott et le prit dans ses bras dans un sert-fort, sa joue droite contre la sienne, même s’il devait pencher quelque peu. « Je n’ai entendu qu’une partie de ce qui est arrivé, en passant. Je ne le dirai pas à personne… fais-moi confiance, s’il te plaît. J’aimerais savoir tout ce qui est arrivé. »

Les bras de Scott entouraient Chloé de la même façon. Le voici, le moment que Scott craignait tant et le moment dont il rêvait… le moment où il allait partager la pleine étendue de sa douleur avec quelqu’un. Une grosse secousse lui transperça le corps à mesure il perdit le contrôle, se genoux fléchirent et il laissa échapper une série de doux mais profonds pleurs.

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