Histoires de Cor; À la claire fontaine

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Histoires de Cor; À la claire fontaine

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Titre d’origine ;
The New Swimming Hole
Par Lordship Mayhem
D’après une idée originelle de Lordship Mayhem
Paru en premier sur le site ‘storiesonline dot net’ en 2011
Traduit par Cor van de Sande en 2012

Citation du courriel envoyé à l’auteur…
« Le titre... il n’y a pas d’équivalence française pour le terme 'swimming hole'. Le plus proche que j’ai trouvé sont les paroles d’une chanson traditionnelle du 18e siècle chantée par les coureurs-de-bois qui ont ouvert l’Amérique du Nord. La première strophe va ainsi ;

À la claire fontaine…
M'en allant promener
J'ai trouvé l'eau si belle
Que je m'y suis baigné

(En anglais…)

At the clear spring (I found)
While out for a little walk...
I thought the water so inviting
That I went for a swim. »



Chapitre 1 ; La Réunion

« Comment ça va pour le café, M. Jackman, » demanda la serveuse trapue.

« J’en prendrais bien un autre, merci, Mabel, et pour la cinquantième fois, mon nom est ‘Paul’ et non pas ‘M. Jackman’. » J’étirais ma tasse vers la cruche vitrée pour une autre portion de décapant. Confondre cette substance goudronneuse produite par le seul resto de Manatee Bay avec du café serait beaucoup trop charitable. Elle avait, par contre, la bonne dose de caféine tellement nécessaire à la lucidité à cette heure atrocement matinale.

« Bon… Roger, » dis-je, me tournant vers le président du Comité de Parents de Manatee Bay, « explique-moi ça encore une fois. Pourquoi veux-tu que toi, notre honorable maire, » et ici j’indiquais la forme de morse corpulent de Bill White, « et la présidente de la Commission Scolaire voudriez me rencontrer ? À propos, Janet, suis-je encore dans les mauvaises grâces de la Commission Scolaire ? »

Janet Brooks me regarda d’un air bizarre. J’ai eu l’impression que, quoiqu’il fût en train de se passer, elle s’attendait à ne pas apprécier outre mesure.

Roger s’appropria le rôle de maître de cérémonie. « Bien, t’as entendu parler de ces programmes scolaires que l’État veut imposer ? »

« Oui, vaguement… J’ai quand même deux filles, une qui intégra la 8e année cet automne et l’autre la 5e. »

« Et tu sais qu’il n’a pas accordé aucun financement supplémentaire pour ces mandats. »

Je pensais entrevoir où ceci se dirigerait. Mon affaire est la plus grande et la plus fleurissante de la petite communauté. J’anticipais une demande que je me mette à gratter les fonds de tiroirs. En fin de compte, j’ai eu tort.

« Bien, ce mandat non-financé inclut l’exigence que tous les étudiants de la 4e année et plus suivent des cours de natation. »

« Oh… ? Vous voulez avoir le nom de l’entrepreneur qui a construit ma piscine ? »

« Non… » Roger rougit. « Nous voulons louer ta piscine. »

« Vous voulez QUOI ? » Je ne sais pas ce quoi fut plus surprenant ; ce qu’il venait de dire ou le fait que mes sourcils n’avaient pas défoncé le plafond. « Vous voulez… louer… MA piscine ? »

Roger acquiesça, gêné. Janet regarda la table, visiblement mal-à-l’aise.

Je me suis tourné vers l’honorable maire Morse. « Bill, es-tu ici pour participer à la discussion ou seulement pour quêter un déjeuner gratuit ? »

« Je suis ici pour donner du support moral, » dit le vieux routier aux cheveux blancs.

« Pour eux ou pour moi, » lui défiai-je.

Il sourit comme le Chat du Cheshire et continua à boire son café.

« Paul, nous n’avons pas d’autres choix, » se plaignait Roger.

Je fus d’accord. « La ville a eu plus que sa part de difficultés, n’est-ce pas ? Le recul économique, et puis se faire restreindre encore plus quand l’État déclara que la terre sous nos pieds faisait dorénavant partie du ceinturon biosphérique. »

« Bien, le résultat fait que ni la Commission Scolaire, ni la municipalité a le genre de fric nécessaire pour construire et entretenir une piscine, sans parler de fournir son personnel. »

« Donc, nous ne parlons pas d’une location d’un jour mais plutôt d’une location à long terme pour des cours de natation à l’année longue. Nous parlons de combien d’étudiants en tout ? »

Janet répondit, sur le bord des larmes ; elle avait sans doute mémorisé les chiffres. « Une école secondaire, aux environs de deux cents étudiants. Deux écoles intermédiaires, encore deux cents. Cinq écoles primaires, pour un autre cent enfants. »

Je parlai lentement et distinctement, comme à un moron. Ou, dans ce cas-ci, trois morons. « Donc, vous pensez que votre meilleure solution est d’aller consulter le proprio du centre naturiste du coin et de lui proposer de lui envoyer cinq cents étudiants en autobus scolaire… » Janet continua à étudier le dessus en formica de la table avec une fascination déprimée. Roger continua à me regarder d’un air gêné. Bill continua à me faire son sourire diabolique derrière sa moustache de morse fournie.

« Pour ceux qui ont peut-être de la difficulté avec des mathématiques de base, nous parlons de cinq cents étudiants. Ce n’est qu’une piscine. D’accord, elle est de taille olympique mais ce n’est QU’UNE piscine. »

« T’en as deux, » me rappela Bill. « La piscine olympique à l’intérieur et la piscine libre à l’extérieur. Et l’eau est chauffée avec un système solaire. »

« Bravo, vous avez pris le temps de lire la brochure que j’ai distribué lors de la dernière rencontre du Conseil de Ville. Vous vous rappelez sans doute que personne sur ces photos ne portait quoi que ce soit. » J’ai soupiré. « D’accord, nous pourrions utiliser la piscine extérieure pour les élèves de primaire et la piscine intérieure pour les ados. Nous avons encore un problème. Aucun vêtement n’est permis à la piscine, point à la ligne. Ce que vous me demandez va vraiment déranger le roulement de mon affaire ; je devrais au moins avoir le droit d'insister que puisqu’ils utilisent des installations naturistes, qu’ils doivent porter des tenues naturistes. Je ne voudrais pas chasser plus de ma clientèle régulière que je suis obligé. »

« Ce fut maintenant le tour de Roger d’être malheureux tandis que Janet avait l’air furieuse. Bill continua à rester assis, là, à se cacher son sourire derrière sa tasse de café vide, les yeux pétillants de bonne humeur.

à suivre
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Il y avait un éternel moment de silence – probablement en honneur de carrières politiques mortes au combat car le fait d’accepter un tel état de choses serait sans doute un billet à sens unique vers la sortie pour Roger et pour Janet lors des prochaines élections municipales. Pour la première fois, Bill décida d’ajouter quelque chose de concret à la conversation. « Nous espérions que tu nous dirais ça – ça ou encore d’accepter aveuglement qu’une gang de… comment tu les appelles-tu…, de ‘textiles’ vienne t’envahir. Vu que tu insistes que les étudiant soient nus, nous pourrons retourner vers l’État et de demander un financement supplémentaire et d’y amener la presse. »

La lumière fut. « Je comprends. Donc, si je maintiens ma position, si je continue à m’entêter, cela brassera peut-être assez les choses pour que l’État délie les cordons de la bourse. »

« C’est ça, » sourit Bill.

« Penses-tu que ça va marcher, » demandais-je avec espoir.

« Pas du tout, » répondit Bill avec ce même sourire enrageant. Tu sais qui est à la tête de l’Office des Normes Éducatives, n’est-ce pas… Farnsworth. Il a toujours agit comme si son budget sortait de sa propre poche. Un bon administrateur mais un avare de première. Il aurait même dit tout haut qu’il s’en foutait si les jeunes devaient y aller à poil, ils allaient apprendre à nager. »

Je m’en souvins, effectivement. Je me souvins également d’avoir émis une opinion fortement sceptique que le temps n’avait rien fait pour diminuer. « Il n’y a aucune chance que l’État paierait pour ça ; ils sont presque aussi serrés que Manatee Bay. S’ils acceptent pour nous, ils seront obligés de faire la même chose pour chaque ville et comté cassée sur toute la longueur de la côte. »

« C’est notre seule chance, » me dit Bill.

J’émis un soupir de frustration. « Combien d’étudiants dois-je m’attendre à recevoir par jour ? »

« Nous t’enverrons une cinquième des étudiants par jour ; la moitié de ceux-là le matin, l’autre moitié dans l’après-midi. Cela voudrait dire cinquante tous les matins et un autre cinquante l’après-midi, deux heures chaque. En plus, ceux qui ne savent pas nager, recevront une formation individuelle dans la piscine extérieure. »

La piscine à huit allées – que voulez-vous, le Centre est populaire, aussi populaire qu’elle l’était quand la piscine fut construite. Mon oncle a pu aisément se la payer quand il fut encore vivant et le Centre Naturiste Barracuda Beach lui appartenait. Sa taille est fort pratique lorsque nous tenons nos Olympiques Naturistes régionales à chaque été.

Janet s’impliqua dans la discussion pour la première fois depuis un bout. « Nous pourrions faire conduire les classes de l’après-midi au Centre avant le diner afin qu’ils mangent tous au Centre puis ramener les classes du matin vers leurs écoles. »

Je fis quelques calculs rapides dans ma tête. « Nous parlons bien d’avoir une centaine de jeunes dans un même endroit pour un même laps de temps. »

Ils acquiescèrent tous.

« Nus, » ajoutais-je.

Ils acquiescèrent de nouveau.

Je me suis reculé et je bouillis. Je déteste être utilisé comme un ballon dans un jeu politique sans gagnant possible, surtout dans un où je risquais que mon centre subisse des dommages causés par des ados mêmes bien intentionnés. Combien d’ados sur une visite scolaire sont moins que bien-intentionnés ? Je craignais la réponse.

« Bon, d’accord, si c’est ça le jeu, jouons sans cartier… » Je me suis croisé les bras et je regardais les trois mousquetaires de cette comédie ; Patof, Sol et Fanfreluche. Les deux représentants du système scolaire me regardèrent comme deux souris regarderaient un chat affamé. Bill continua à me regarder avec ce brio agaçant.

« Pour commencer, les coûts. Vous allez m’utiliser la majorité du sel que j’utilise au lieu du chlore ; c’est vous qui allez me fournir en sel. En voici un estimé de ce que cela coûtera. Ajoutez dix pourcent pour les frais d’entretien. »

Je sors un calepin et j’ai commencé à noter des prix. Ils regardèrent le montant et acquiescèrent ; ce fut de beaucoup moins cher que de bâtir et d’opérer leur propre piscine.

« En plus, vous allez fournir la supervision. » Ils acquiescèrent encore une fois.

« Le transport, c’est vous. » Encore, aucun problème – ce fut attendu.

« Des serviettes, j’en ai aucunement assez pour en fournir à tout ce monde. Les enfants amènent les leurs. » Puisque ce ne fut pas un coût attribuable aux écoles, donc ni Janet, ni Roger, ne pourrait contester.

« L’assurance sera assuré par la Commission Scolaire. » Ce fut un coût qu’ils devraient assumer qu’ils viennent vers moi ou qu’ils aient leur propre piscine. Ils acquiescèrent.

« Je veux qu’il soit parfaitement compris que toute personne assujetti à cette entente de fous, sachant pleinement qu’elle entre dans un centre naturiste, sera correctement vêtue avant d’entrer. Pour être plus clair, ceci veut dire qu’à part de chapeaux et de gougounes, ne portant absolument rien, point, terminus, fini la discussion. Et, pour mettre les points sur les ‘i’, j’exige que tout étudiant, enseignant, maître-nageur, et toute autre personne jugée utile à la chose, se déshabillera avant de quitter l’aire de stationnement du Centre. » Roger rougit de nouveau et Janet se crispa les mains tellement fort qu’elle risqua de se couper avec ses ongles. Ils finirent par acquiescer. Bill resta assis avec son air de Bouddha. Pourquoi, je me demandai pour la énième fois, fut ce politicien suffisant même là ?

« Une dernière chose… Avant qu’elles viennent, je veux que chaque personne assiste à une session d’information qui décrit qu’est-ce exactement le naturisme. Soit ça ou de qu’elle fournisse la preuve que la famille est membre d’une organisation naturiste nationale. » Janet fut sur le point de protester mais j’ai continué avec empressement, « Je ne veux pas que qui que ce soit aie aucun malentendu de que c’est un centre naturiste. Je ne veux pas que personne n’agit de façon inappropriée. Le nôtre est un centre familial et la dernière chose dont j’ai besoin est qu’une tête de pioche, fut-elle ado boosté aux hormones ou parent boosté aux hormones synthétiques, rentre au Centre avec l’idée que ce soit le Paradis de la Partouze. Pigé ? »

Les deux virent la nécessité de cette exigence. Ils virent aussi, toutefois, qu’ils puissent être accusés par les pudibonds de vouloir promouvoir la propagande nudiste aux innocents.

« Est-ce compris, » répétai-je, avec un regard appuyé vers Janet et Roger.

Après avoir hésité, Janet acquiesça.

« Avez-vous quelque chose à rajouter ? Des questions ? »

« Non, » Janet m’a rassuré avec un soupir, « tu nous a dans un étau. Nous avons besoin de ta piscine et t’as tout le loisir voulu pour nous dicter tes conditions, jusqu’au moment, s’ils le font, que l’État nous accorde le financement pour que nous puissions construire le nôtre. »

« J’espère que mes conditions ne sont pas telles que vous vous sentez obligé de refuser mon offre. Je n’en fais aucun profit à part de celui de… euh… accroître ma visibilité à des clients éventuels. »

Des petits sourires fugaces furent visibles sur leurs deux visages inquiets. Bill, lui, ria avec approbation.

« Nous devrons soumettre ceci devant la Commission Scolaire pour leur approbation, » m’informa Janet, « et j’ai aussi besoin de l’approbation du Comité des Parents. »

Cela expliqua la présence de Roger. Politicien, couvre ton cul… Roger et le reste du Comité des Parents couvriraient ceux de la Commission.

Roger signa à Janet avec assurance. « Nous siègerons juste avant que vous le ferez et vous aviser du résultat du vote. Je suis certain que ce sera pour approuver la décision. » Il sourit amèrement. « Ce n’est pas que nous avions beaucoup de choix. Nous devons commencer nos cours de natation lors de la première semaine d’école pleine sinon l’État commencera à attribuer des amendes. »

« J’irai voir notre avocat dès cet après-midi et lui demanderai de préparer un contrat en bonne et due forme, » je les ai rassuré.

Avec ça. Notre réunion c’est ajournée. Tandis que Janet paya la facture du déjeuner à Horace, Mabel me souffla à l’oreille « Alors nos enfants vont-ils utiliser votre piscine, M. J ? »

Je regardai vers Janet. « Ça me semblerais possible. Avez-vous des enfants ? »

« Deux filles, une commencera la cinquième année, l’autre à la huitième. »

« Donc ta plus vieille et la mienne devraient se trouver dans la même classe ? »

« Oui, M. J, vous devez avoir raison ! Dites, vos filles passent-elles leurs journées à se promener toutes nues, comme vous ? »

« Bien, oui… pourquoi pas ? C’est un endroit familial. Mes enfant se font élever comme ça, comme moi, je me suis fait élevé et mes parents avant moi. »

Ça, ça fit réfléchir Mabel.

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Chapitre 2 ; Rencontres avec le public

Ce fut avec un certain soulagement que je quittai Chez Horace. Je souffrais déjà d’un mal de bloc lancinant à cause de cette réunion qu’on m’avait imposé sans avertissement aucune en cette matinée d’août ensoleillée et humide.

J’étais déjà en retard pour mes corvées journalières. À chaque matin, je me rends à la poissonnerie de Paco pour le poisson du jour, à la grande-surface BreadBasket pour de la viande et les autres épiceries et au marché des agriculteurs pour mes légumes. À cause de la taille de notre petit patelin, BreadBasket fait aussi de la vente en gros, quoique ses prix sont quelque peu plus élevés que le grossiste du comté voisin. Je sauve toutefois en épargnant le prix de l’essence économisé à ne pas être obligé d’aller jusqu’à là.

J’ai traîné mon cul vers la camionnette classique des années ’30 du Centre, décoré avec le logo de Barracuda Beach sur les portes. La camionnette est un véritable antique des années ’30 complètement remise à neuf. Ce n’est non seulement un outil de publicité mais aussi un délice à conduire. Mon oncle l’avait acheté il y a trente ans quand il s’est senti nostalgique pour sa jeunesse.

Avant de démarrer le moteur, j’ai sortis mon cellulaire, J’ai rassuré Paco en premier puis Sandy, la propriétaire du BreadBasket, et en dernier quelques-uns des agriculteurs que je fus en chemin mais un peu retardé par les événements surprenants de ce matin.

Tandis que je faisais le tour de cette vaste métropole que fut Manatee Bay, j’ai sus que le mot de ce qui s’était discuté m’avait devancé. Avez-vous déjà joué au ‘Télégraphe de la jungle’ quand vous étiez petit ? Vous commencez avec une rangée de jeunes, et le premier souffle quelque chose à l’oreille du second, qui le souffle à son tour à l’oreille du troisième, et ainsi de suite. Rendu à l’autre extrémité, la phrase du début aurait été transformée à quelque chose de méconnaissable – et souvent incompréhensible. C’est une excellente façon d’identifier quels enfants souffrent d’un problème d’ouïe. Les adultes de Manatee Bay sont des maître à ce jeu sauf que vous appelleriez ça plutôt des ‘potins’. Il paraîtrait que la perte d’ouïe n’est pas limitée aux jeunes de Manatee Bay.
-O-O-
Mon premier arrêt fut au BreadBasket, puisque je devais les visiter dans l’ordre inverse de l’importance de la fraîcheur des denrées. J’irais chez Paco en dernier puisque la camionnette n’avait aucun système de réfrigération à bord. La gérante de BreadBasket, Sandy, m’attendais, avec l’un de ses commis à son côté. Je connaissais et j’appréciais ce commis ; Harold avait 64 ans et arrondissait ses fins de mois. Comme la plupart des ainés, il fut diligent et il avait une mémoire phénoménale de tout ce que BreadBasket tenait dans son inventaire et où dans cette immensité caverneuse cet item se trouvait.

Dès que j’arrivai, la première chose qu’elle me demanda fut « C’est quoi cette histoire de donner des cours de natation nus à la plage municipale-? »

« Pardon… ? »

« Sally vous a entendu discuter au resto et elle l’a dit à Anne, qui gère le salon de coiffure. Anne l’a dit… »

Je l’ai arrêté. « J’ai compris… Non, je ne donne pas de leçons de natation à la plage municipale, encore moins tout nu. Pourquoi ? En as-tu besoin ? »

« D’un beau bonhomme comme toi, n’importe quand. » Elle me fit des yeux amoureux.

« Bien, si tu veux des cours de natation, il va falloir que tu viennes à Barracuda Beach. Je t’attends, disons… ce soir à huit heures ? N’oublie pas ta tenue d’Ève ! »

C’était cute à la voir rougir et reculer. Pauvre Harold a dû faire des efforts monumentaux pour ne pas partir à rire tandis qu’il prit ma feuille de commande.

Elle cessa de postillonner. « Un jour, je te surprendrai et je te prendrai au lettre avec tes invitations ! »

« J’anticipe le jour où t’auras assez de confiance en toi pour te présenter nue au Centre, » dis-je avec galanterie. « Je peux t’assurer que, qu’importe la partie de ton corps que tu sembles détester, non seulement les membres t’en pardonnerais, ils ne le remarqueront probablement même pas. »

« J’ai un peu de bedaine à cause d’avoir enfanté, » dit-elle, soucieuse, se tapant le ventre.

« Ma femme a eu deux enfants. Et elle travaille sérieusement à faire disparaître sa bedaine depuis qu’elle ait accouché du premier. Tu ne serais pas la seule. »

« Je n’ai pas dit que j’y allais. Entretemps, Harold, où en es-tu avec cette liste ? »

Harold l’avait déjà terminé. Je l’ai signé et je suis parti.
-O-O-
Au marché des agriculteurs, Josie avait déjà préparé ma commande – et fut à discuter au téléphone. « D’accord, je le demanderai. M. Univers Nu vient juste d’arriver. » Remettant son cellulaire dans son étui, elle indiqua la commande que mon chef avait placé par téléphone. « T’es en retard ! »

« Retenu sans mon gré, » expliquai-je.

« Ouais, j’ai entendu. Ils me disent que tu vas donner une serviette avec le logo de ton Centre à chacun des étudiants de l’Éole secondaire Manatee Bay. »

J’ai cligné des yeux. « Je ne le savais pas. C’est une bonne idée, mais ça ne se produira probablement pas. Trop cher. Ces serviettes me coûtent $12 chacun, même avant le logo » Puis j’ai eu une idée. « Si t’en veux une, je pourrais te l’apporter demain. Tu pourrais l’accrocher sur ta corde à linge et les voisins commenceront tous à se poser des questions. »

Forte heureusement, Josie savais à rire.
-O-O-
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Phillip m’a aidé à charger l’achat de fruits et de légumes dans la boite de la camionnette. « On risque de s’amuser avec ces réunions nues du conseil municipal, » prédisait-il.

« Quelles réunions nues du conseil ? »

« Ce n’est pas de ça que vous discutiez avec le maire ce matin, » demanda Phillip, confus.

« Non. Nous allons installer une piste d’atterrissage pour soucoupes volantes au centre de la baie. Le maire ira emprunter un ovni de la Zone 51, cette fin de semaine. » J’ai jeté un air furibond à Phil.

Phil acquiesça pensivement. « Je comprends, oui… ça me semble logique. »

« Quelle partie de ce que je viens de dire te fait même une poussière de sens, » je lui grondai à travers des dents serrées.

« La partie à propos de la Zone 51. »

« Je me suis mis la main au front. « Phil, tu dois encore être en train de tripper sur l’acide que tu as pris à Woodstock dans les années ’60, n’est-ce pas ? »

Il ne fit qu’hausser les épaules, ce qui m’a fait la trouille. Ce fut fort possible qu’il fut encore sous les effets de l’acide qu’il ait pris là-bas. C’est juste que je n’arrivais pas à voir comment, vu qu’il fut né que l’année suivante.
-O-O-
Paco me guida à travers son établissement ; une structure en tôle ondulée située côté quai dans le port. Tandis que je choisissais parmi ses poissons les plus frais destinés aux assiettes des convives du restaurant de Barracuda Beach, la Maison d’Or, il se racla la gorge de façon anxieuse. Oh, non… le voici que ça vient. Quelle version de la réalité a-t-il entendu ?

« Est-ce vrai ? »

J’ai cessé d’examiner les crevettes et je me suis tourné vers lui. « C’est quoi qui est vrai, » lui demandai-je avec précaution.

« Que tu vas acheter la ville et de la rendre nue ? »

J’ai cligné des yeux. Celle-là était bonne. « … Euh… non. Tout mon argent est pris dans le Centre. Je n’ai pas les crédits nécessaires pour acheter la ville entière. Ce n’est pas le genre de chose que l’on peut mettre sur sa carte Visa. »

« Donc, ce ne serait qu’une partie de la ville, » demanda-t-il encore plein d’espoir.

« Non… même pas une partie. »

« Même pas le quai ? » Sa déception fut palpable.

« Non… même pas le quai, ni chez Horace, ni l’Hôtel de Ville, ni la plage municipale, ni aucune autre partie de la ville. ‘Non’ veut dire ‘non’, comme dans ‘nul’. ‘Zéro’, ‘néant’, ‘rien’, ‘nada’. Ça n’arrivera pas. »

« Dommage, j’espérais obtenir un bon prix pour mon comptoir. »

« Bien non…, » je l’assurai. « Sans toi, ton comptoir ne vaut rien, »

« Donc, je devrais continuer à travailler ici, tout nu ? »

« Paco, écoute moi bien ; Je. Ne. Vais. Pas. Acheter. La. Ville. Il y a-t-il des questions ? »

« Ouais… Est-ce que la ville va devenir nudiste ? » Cela semblait rendre Paco anxieux.

« Oui, mais pour une journée seulement, le 31 février. » Je fis rouler mes yeux encore une fois. Je faisais ça souvent ces temps-ci.

« Vas-tu acheter quelque chose ou es-tu ici que pour ventiler ta mâchoire, » me demanda-t-il.

« Oui, des Tylénol… j’ai un mal de tête épouvantable, » je soupirai. « Quarante livres de crevettes, trente livres de vivaneau… » J’ai fini de placer ma commande aussi vite que possible ; j’avais hâte de retourner au Centre et endosser ma tenue de travail naturelle habituelle.

Sur le chemin de retour vers le Centre Naturiste Barracuda Beach, je me suis penché sur le fait que ce fut la première fois depuis des mois que je portais plus que des sandales et une montre aussi longtemps.
-O-O-
Il fallait s’y attendre, je me suis fait retarder encore une fois avant enfin d’arriver au Centre.

Quand ma camionnette bien connue fut arrêtée au seul et unique feu de circulation de Manatee Bay, je me suis fait interpelé par quelqu’un qui préférerait, j’imagine, m’arroser d’eau bénite. Permettez-moi de vous présenter le Révérend Samuel B. Harrison, misogyne, misandre, misologue et misanthrope certifié. Par contre, une qualité qui lui manque sérieusement est la miséricorde. En parlant de manquer, je doute fort que cet éminent personnage sera manqué de qui que ce soit, sauf peut-être par sa congrégation de plus en plus abrégée.

« C’est quoi ce que j’entends au sujet de vous et de vos nudistes païens vouloir prendre la mainmise de nos école secondaires ? Je t’avertis, je vous résisterai jusqu’au jour de ma mort ! » Il se racla sa gorge et me lança son regard le plus venimeux. « Je suis au courant de comment la gérance des écoles a été délégué à votre groupe de pécheurs. Je me demande ce qui aurait pu donner l’impression à la Commission Scolaire que cela pourrait être une bonne idée. Il n’y a aucune façon que j’approuverai que notre jeunesse innocente puisse se promener sans vêtements. C’est une tentation, vous dis-je, une tentation pour faire dévier ces innocents du droit chemin vers le Christ ! Je vais arriver à mettre les scellés sur votre lieu de perversion, je vous le dis ! Vous avez été averti, jeune homme. Fuyez avant que les pères et les mères bien-pensants de cette communauté vous expulsent sous une couche de goudron. Reniez vos péchés et cessez de vouloir compromettre les adolescents innocents de cette communauté. M’avez-vous compris ? »

À ce point il dut cesser son vomissement de platitudes – il manquait de souffle.

Je lui regardai avec mon meilleur air d’incompréhension. « Nous faisons quoi ? »

« Allez-vous niez que la Commission Scolaire est à déléguer la gestion de l’école à votre soi-disant centre ? »

« … Euh… oui. » C’était soit le nier ou de fendre une côte à rire de ce concept farfelu. « Mais, maintenant que vous me le proposiez, ça pourrait être profitable. Pensez-vous vraiment que je devrais le faire ? »

Entretemps, le feu avait tourné au vert et la voiture derrière moi se mit à klaxonner.

« À plus, mon Révérend ! Merci pour la proposition ! » Je le saluai en partant. Je l’ai laissé en plein milieu de la traversée de piétons, à postillonner d’indignation.

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Chapitre 3 ; Le Monitor fait feu avec ses canons *

Mon horaire continuait de voler en éclats. Après avoir déposé les denrées au centre, je suis reparti pour aboutir dans le cabinet du centre-ville de Maître Linda Carruthers. Elle est non seulement l’avocat pour le Centre Naturiste Barracuda Beach, elle fait partie de son conseil d’administration, autant pour le centre que pour la coopérative résidentielle qui couvre presqu’un sixième de la propriété ; une communauté fermée libre de vêtements. De ladite communauté, on pourrait se rendre à pied jusqu’au centre-ville de Manatee Bay. Une veuve, elle a deux jeunes enfants qui, comme ma plus jeune, fréquente l’école primaire Willow Lane.

Le petit cabinet de ré de chaussé de Linda était vide de clients quand je suis arrivé. Sa secrétaire, Alice, m’introduit directement dans le bureau de Linda.

Linda m’ait écouté relater les points saillants de la rencontre du matin avec une incrédulité et une bonne humeur grandissante. Elle finit par éclater de rire quand je lui ai décrit les expressions faciales de Janet pendant que la présidente de la Commission Scolaire de Manatee Bay tentait vainement de ne pas fondre sous les regards sans merci du maire et de l’entrepreneur le plus important de la ville.

« Bon…, » dit-elle impérieusement quand j’avais fini de lui narrer la situation, « montres-moi tes notes. »

Je lui passai mon petit calepin avec ma liste pointé. Heureusement, Linda fut amusée plutôt qu’indignée par le petit bout de papier que je lui présentais.

Ce ne lui a pas pris longtemps pour produire la proposition dans un anglais clair mais légal, développant sur les points au sujet de l’assurance, la responsabilité pour les dommages éventuels, les coûts, la surveillance par des adultes et d’y inclure une section spéciale au sujet du besoin d’une formation sur la philosophie du naturisme familial et de la nudité sociale. Nous l’avons télécopié vers le bureau de Janet et nous nous sommes installés pour du thé et des brioches en discutant de sujets courants en attendant une réponse.

« Penses-tu VRAIMENT qu’ils vont l’accepter ? » Linda fut aussi sceptique que moi.

« Non pas avec entrain, non. Je suis conscient qu’on se sert de moi comme un pion afin d’extorquer de l’argent de nos propres poches, celle où l’État met ses pattes. C’est mieux ça que de les laisser mettre leurs propres mains dans cette poche. Si cela échoue, leur meilleure chance serait que l’État leur autorise de tout laisser tomber. Toutefois, ils semblent avoir les couilles pris dans l’étau, sans piscine en ville et avec cinq cents enfants à former dans l’art subtile de ne pas se noyer. N’ayant ni l’argent ni le temps pour bâtir une installation adéquate, nous sommes leur option la moins pire. »

Elle me fit un sourire diabolique. « T’as l’intention de convertir cinq cents jeunes en naturistes d’un trait, n’est-ce pas ? »

« Aussi bien en profiter tant que nous avons cette chance. » je lui sourit à mon tour.

« Nous serons mieux d’avertir Walt, » avisa-t-elle. Walt Cheevers était le propriétaire, l’éditeur et journaliste-en-chef du torchon local, le Monitor de Manatee Bay. « Nous devrons démarrer un campagne publicitaire pour couper court toute revendication textile avant qu’ils puissent s’organiser. »

Elle s’est mise à composer le numéro
-O-O-
Le Monitor de Manatee Bay sort à tous les mercredis, rempli des dernières activités de notre grande métropole. C’est généralement d’un intérêt inexistant pour toute personne n’habitant pas la place, comme c’est le cas de la plupart des journaux de cartier. Une nouvelle de première serait d’avoir correctement prédit le prix de vente des oranges lors de la récolte. Les employés de la boite sont Walt Cheevers, son épouse Mary qui s’occupe des livres et de la vente de la publicité, deux jeunes de l’école secondaire qui sont à faire un stage en journalisme et un chien limier tristounet du nom de Baskerville. Walt a l’habitude de vanter que Baskerville flaire les meilleures histoires. C’est une assez bonne indication de la qualité de cette représentation du métier de journalisme de savoir que la truffe de Baskerville lui fait défaut depuis sa naissance.

Il y a toutefois un item que Walt se garde bien d’ameuter ; Walt et sa femme sont les voisins de Linda. Walt, en tant qu’éditeur, ne considère pas ce petit bijou d’information utile à la bienséance de ses lecteurs. Leurs enfants sont grands et ont quitté le nid depuis belle-lurette, mais quand ils viennent en visite avec les petits-enfants, toute la tribu au grand complet, réside au domicile Cheevers. En fin de compte, je ne me souviens pas d’avoir vu aucun membre de la deuxième génération, ni leurs épouses, ni leurs enfants porter quoi que ce soit.

Nous avions ainsi une carte-frimée caché dans notre manche, pour le dire ainsi. Walt devrait toutefois choisir ses mots en écrivant son éditorial cette semaine pour ne pas dévoiler son lieu de résidence par mégarde.

La voix de Walt brailla du haut-parleur du téléphone de Linda. « J’essayais de me mettre en contact avec Paul, » cria-t-il, évidemment à partir d’un téléphone cellulaire quelque part. « M. Whiting était à déjeuner chez Horace et il avait entendu une discussion des plus fascinantes qu’il devait sans faute retransmettre au meilleur journaliste de Manatee Bay. »

Non, Walt n’avait aucun doute sur ses habiletés en tant que journaliste et, oui, les hommes sont aussi avides de potins que les femmes.

« Il est ici, Walt, » annonça Linda, criant également malgré elle.

« Salut, Paul ! J’imagine que tu vas me sortir un ‘pas de commentaires’ ? J’ai déjà tenté d’obtenir la version de Janet et de Roger mais ils ne m’ont rien dit. Je devrais écrire un éditorial à propos de la transparence au gouvernement. »

« C’est ça, » lui dis-je, roulant mes yeux (encore une fois) ver le plafond, « fais ça. » Je lui ai répété, pour la deuxième fois ce jour-là, le résumé de l’entente qui fut établie entre la Commission Scolaire de Manatee Bay et le Centre Naturiste Barracuda Beach.

« Wow ! C’est bon pour la Première, ça ! »

« Sans doute, » ai-je accordé. « Mais si nous ne tournons pas ceci de la bonne façon, cela pourrait envenimer les relations entre le Centre et la ville. Ce serait la dernière chose dont j’ai besoin. » Je commentai, « Je parie que la raison que la direction n’ait pas voulu commenter fut qu’ils n’avaient pas encore reçu l’offre officiel. Nous venons de la leur envoyer par télécopieur. » J’ai recueilli mes pensées. « Si tu la rappelles maintenant, elle pourrait être en mesure de t’en donner plus. »

« Je veux juste m’assurer d’un point, cependant, » répondit Walt. « Dans cette entente, il n’y a aucune avantage pécuniaire pour Barracuda Beach, que de remboursement des frais encourus, n’est-ce pas ? Et cela sauvera un pactole à la Commission Scolaire ? »

« Et les payeurs de taxes, » ajouta Linda. « Ne les oublie surtout pas. »

Walt continua. « Et le seul coût non monétaire est que leurs précieux rase-moquettes doivent courir les fesses à l’air, c’est bien ça ? »

« C’est bien ça, » confirmai-je.

Walt ricana. « Combien de personnes pourraient refuser une telle proposition ? »

« Nous allons le découvrir, et probablement avant que le journal ira sous presse, » devinai-je. « Les premiers courriels de parents offensés sont probablement déjà dans la boite de réception du journal et les premiers courriers papiers dans les boites à lettres. »

« Ne t’inquiètes pas, » Walt m’encourageait. « On va s’amuser ! »

C’était justement ça que je craignais.

Je me suis sauvé du cabinet de Linda dès que j’ai pu, pour me prélasser dans ma tenue habituelle – à l’air libre. Je n’aime pas que ma routine habituelle soit bouleversée.
-O-O-
_________________

* Le titre de ce chapitre est censé être un calembour… en anglais, ‘monitor’ a un double sens, non seulement veut-il dire ‘surveillant’ comme pour le nom du journal, c’est également le nom d’un cuirassé de la guerre civile de 1860-65 aux États-Unis. -- NdT

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roger
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Re: Histoires de Cor; À la claire fontaine

Message par roger »

À la fin du deuxième chapitre, Cor a écrit :le Révérend Samuel B. Harrison, misogyne, misandre, misologue et misanthrope certifié. 
Je ne connaissais pas le mot misologue. Curieux, je suis allé sur Wikipedia. Il vient du grec Misos (la haine) et Logos (la raison) : donc c'est la haine de la raison. Si vous voulez en savoir plus allez voir Platon ou plutôt Socrate dans le dialogue de Phédon :J'ai cru comprendre qu'il parlait d'un certain président de fédération nudiste qui a bien du mal à s'entendre avec la raison :biggrin:
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Cor
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Re: Histoires de Cor; À la claire fontaine

Message par Cor »

Le lendemain, mardi, a démarré beaucoup mieux que la veille. Pas de réunions avec des partenaires hésitants, juste la tournée habituelle des fournisseurs pour les denrées de la journée et puis de retour au Centre. Malheureusement, je ne pouvais espacer mes corvées comme le faisaient mes clients. J’ai dû retourner en ville pour visiter le Service officieux de Propagande au bureau du Monitor de Manatee Bay. Donc, pour une deuxième journée en ligne, je fus pris à porter des shorts jeans et un tee-shirt de l’aube jusqu’à midi.

Walt fut visiblement fier de me montrer le brouillon de l’édition de la semaine. Les remarques à propos de la controverse que l’Office des Normes Éducatives ait générée furent de la pure poésie. De la Première à la page éditoriale, le torchon analysa et opina sur tout le branle-bas de combat.

Toute une page fut consacrée aux lettres de citoyens outragés qui aient entendu l’une ou l’autre version facturée de notre réunion Chez Horace – Cuisine Familiale. Ils furent tous prêts à marcher en gang vers la Capitale et de pendre haut et court chaque membre de l’Office. On m’a passé à la sellette, également, les auteurs des lettres me traitant d’extorqueur, de pervers, d’anarchiste et pire encore. Je notais, toutefois, que la plupart des signataires furent des membres de la congrégation du Révérend Samuel B. Harrison.

Un génie avait menacé d’initier un boycott de Chez Horace, comme étant le locus de cet outrage. Je lui souhaitais bonne chance ; les deux seuls alternatives à Chez Horace furent le comptoir à frites au Marina de Manatee Bay et la Maison d’Or. Le comptoir ne fut ouvert qu’entre onze heures du matin et le couché de soleil et servait surtout des ados habillés en maillots de bain miniatures. Il n’y avait pas de service aux tables et comme tables, il n’y avait que deux tables de pique-nique. La Maison d’Or, par contre, offre du service aux tables, les tables elles-mêmes sont recouvertes de nappes en lin blanc et le menu offre des plats raffinés. Le hic est qu’il est situé au centre du Centre Naturiste Barracuda Beach. Il y a une vue impressionnante de la piscine extérieure et de l’aire de jeux des enfants. Le personnel de service, quant à eux, ne portent que des souliers sensibles, des demi-tabliers et des filets aux cheveux. Vous voyez le dilemme qu’un textile entêté pourrait avoir avec ce choix.

Un autre avait proposé de retirer les enfants pour les former à la maison. Effectivement, cela pourrait fonctionner… sauf que l’État y avait pensé. Ils devaient inscrire leur enfant dans une ‘institution accrédité et approuvé’, ce qui voulait dire avec des formateurs certifiés et une piscine réglementaire. Or, à Manatee Bay, cela voulait dire le Centre Naturiste Barracuda Beach. L’enfant pourrait être excusé après avoir confirmé qu’il fut nageur de calibre supérieur. Or cette évaluation devait nécessairement faite dans une ‘institution accrédité et approuvé’. Encore une fois, tous les chemins mènent à Rome.

« Et qu’empêchent les ‘formés au foyer’ d’aller vers le Comté King, » demandais-je. Le Compté King est notre comté voisin. Sa taille fut plus grande que le Comté de Manatee Bay.

« Bien, » Walt m’expliqua. »J’ai téléphoné leur Commission Scolaire et leur Service de Loisirs. Au moment qu’ils aient entendu parler de ça, ils annoncèrent qu’ils limitaient l’accès à leurs propres résidents. S’il leur restait de la place, là, seulement, ils accepteraient les nôtres, ou ceux de tout autre comté voisin. Et, en ce moment, ils ont ce que l’autre a décrit comme ‘une liste d’attente à n’en plus finir.’ Je cite le Directeur du Service des Loisirs du Compté King lui-même. »

Je souris, non pas diaboliquement mais avec une véritable sympathie. Je ne voudrais pas envoyer mes enfants vers une piscine textile. Elles ne furent pas habituées à porter de maillots, surtout pas à l’eau. Ce n’aurait pas été confortable, ni pour Debra, ni pour Tori.

« Voici ton annonce, » dit Walt. Il indiqua une annonce pleine page placée face aux lettres outragées.
Ce fut dans la forme d’une lettre ouverte adressée ‘Aux parents d’élèves du système scolaire de Manatee Bay’.

Le premier paragraphe discutait de l’entente. Il spécifia qu’il n’y avait aucun profit pour le Centre et que ce fut à la demande de la Commission Scolaire. Il insista que la Commission elle-même fut coincée et que nous avions été demandé pour donner un coup de main pour leur sortir du trouble. Le message sous-jacent fut que nous étions des citoyens responsables.

Le deuxième paragraphe fut plus long, allant dans les détails de ce qu’était et surtout ce que n’étais pas le naturisme – qu’il s’agissait de confort, d’acceptation de soi et de la rétraction des limites sociales artificielles.

J’avais aussi tenté, dans un troisième paragraphe, de clarifier ce que le naturisme ne fut pas. J’ai expliqué que les voyeurs et les exhibitionnistes trouvent le naturisme ennuyant car la nudité comme telle n’est pas sexuelle. Je soulignais que, non pas que les naturistes furent contre le sexe ou qu’ils aient un retenu hors du commun mais plutôt que le simple fait de ne pas porter de vêtements n’était pas érotique.

Je souhaitais que mes opposants lisent ma lettre. Honnêtement, toutefois, le plus que je ne pourrais espérer fut que les indécis se rendent compte de la divergence entre mon appel sensible et rationnel et les cris émotifs et vides de sens des anti-naturistes.

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Cor
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Chapitre 4 ; L’heure du choix


Comme on pourrait le prévoir, quand la nouvelle ait éclatée, le débat pour le moindre fut animé. Au jeudi de cette semaine-là, le lendemain de la parution du Monitor de Manatee Bay, j'étais assis parmi le public lors d’une rencontre extraordinaire du Conseil de Ville. Ce rencontre fut appelé à voter à ratifier l’entente entre la Commission Scolaire et moi-même, si, effectivement, la Commission accepta cette entente en assemblé générale. Le maire m’avait demandé d’y faire acte de présence. La salle fut pleine et ce n’est qu’avec l’assistance du Sheriff Fernandez que j’ai trouvé siège.

Avant que le Conseil commença ses délibérations, tout citoyen de notre aimable ville qui avait déposé la demande avant midi de ce jour fut permit deux minutes pour adresser les dirigeants de notre métropole. De par un orateur après l’autre, je me suis fait sali en tant qu’extorqueur, pervers ou pire. Pour tout dire, cela devenait monotone, surtout que j’avais reconnu presque la totalité d’eux comme faisant partie de l’église du Révérend Samuel B. Harrison lors de réunions précédents. Finalement, le maire lui-même se mit debout, les moustaches vibrant comme un diapason, ressemblant comme rien au monde à un morse insulté.

« Mesdames et messieurs, j’ai entendu pas mal de merde injustifié au sujet de M. et Mme Jackman. Leur façon de vivre, qui est parfaitement légale, d’ailleurs, est connue par diverses sociologues à travers ce pays comme étant une méthode tout-à-fait adéquate pour élever des enfants heureux et sains d’esprit. Leur entreprise est la plus grande source de revenu de notre petite ville et beaucoup de leurs clients fréquentent les commerçants d’ici. Sans l’appui financière de ce centre, nous serions dans le trou, et non pas à peu près. »

Il regarda par-dessus les montures de ses verres de lecture et foudroyait du regard la meute de protestataires. Son air fut quasiment churchillien dans sa rectitude colérique. Sa voix montait en volume à mesure qu’il continua.

« Ils ne sont pas des drogués. Ils ne participent pas à des partouzes. Leurs enfants sont des étudiants modèles et très polies. Les résidents de leur communauté sont ceux qui donnent le moins de fil à retordre au Sheriff de toutes les régions du comté. Ils ne font que se promener tout nu. » Il haleta maintenant. « Ils nous ont offert leur installation afin d’éviter des amendes sévères que nous devrions payer pour ne pas avoir respecté leur mandat non-financé. Le prix qu’ils nous chargent est d’une générosité sans pareil. Et, pour en finir, ce n’est PAS parmi les fonctions du Conseil d’accepter ou pas. Laissons-le à la Commission Scolaire d’accepter leur offre ou de faire face à la colère de l’Office des Normes Éducatives. »

Ceci dit, il reconnut deux dernières demandes de parler.

Là où le premier groupe d’orateurs exprimaient des opinions curieuses, ce dernier ne faisait que sentir curieux. Paco s’est nettoyé autant qu’il pouvait, s’étant douché plutôt trois fois qu’une et avait enfilé son costume du dimanche. Ses cheveux furent lissés à la brillantine et il a dû polir ses souliers au moins une fois depuis qu’il les avait achetés.

« Mesdames et messieurs, honorables conseillers, M. le maire. J’ai fait des affaires avec M. Jackman depuis qu’il ait pris la gérance du Centre Barracuda Beach. Il a toujours été d’une politesse exemplaire, et honorable et juste dans ses transactions. Lors de temps grasses et de temps maigres, il a toujours resté fidèle. Il y a des fois que j’avais besoin d’aide et il me l’a offert. Parfois, une de ses filles l’accompagnait et les deux filles ont toujours été polies et heureuses. Je n’aurais aucune objection que mes petits-enfants apprennent à nager dans la piscine de M. Jackman. » Il sourit, gêné. « Je me souviens que, petit gars, j’allais me baigner à poil dans le ruisseau Bethany avec mes amis quand il faisait chaud l’été. Ce n’était rien de remarquable à ce moment-là et ce ne devrait pas être plus remarquable maintenant. »

Quelques-uns des aînés de la ville, surtout ceux des quartiers moins nantis près des marais, sourirent en se souvenant de temps semblables. Quand la famille fut trop pauvre pour non seulement se procurer un climatiseur mais aussi pour investir dans toute une collection de maillots et que le temps fut chaud et humide, tu allais chercher ta fraîcheur et ton loisir là où il se trouvait.

La personne suivante fut l’une des profs de gymnastique à l’école secondaire, l’Entraîneuse Wendy Lefebvre.

« Mesdames et messieurs, je suis l’une de ceux qui seront le plus directement affectés par la décision de la Commission Scolaire. S’ils choisissent de payer l’amende, il sera probable que je me trouve dans la rue – ils ne pourraient payer et mon salaire et l’amende. S’ils décident d’envoyer les enfants à Barracuda Beach, je serai avec eux avec tout l’impact vestimentaire que cela implique. Avec ce genre de fusil pointé à ma tête, l’option de me promener en tenue de peau me semble tout-à-coup bien peu importante. Nous n’avons pas l’option de construire un complexe natatoire – nous n’avons pas l’espace pour le construire, nous n’avons pas l’argent pour le construire et nous n’avons pas le temps pour le construire. Nos choix sont limités. » Elle haussa les épaules. «-En fait, je trouve l’idée de me présenter devant vous ici ce soir plus énervant que de me présenter nue devant un groupe d’ados aussi nus que moi. »

Quand Wendy c’est assise, le maire me signa de prendre la parole.

« Merci, M. le maire. Mes chers voisins, je voudrais commencer par remercier Mme Lefebvre et mon ami Paco pour leurs mots accueillants. J’aimerais, par contre, faire une petite correction à propos de ce beau commentaire de Wendy… Je préfère le terme ‘déshabillé’ comme étant plus approprié que ‘nu’. ‘Déshabillé’ veut dire ‘sans vêtements’, c’est un choix conscient, tandis que ‘nu’ veut dire ‘sans rien’ comme dans ‘sans défenses’. La distinction est importante ; on peut être sans vêtements sans nécessairement être sans défenses. »

« Nous avons l’habitude d’envoyer des autobus pleins de nos étudiants aussi jeunes que huit ans d’âge aux musées et aux galeries d’art où ils voient de peintures et de sculptures de ‘nus’ et nous appelons ça ‘apprendre sur la civilisation humaine’. Nous décorons nos salons, nos parcs avec de telles pièces d’art et nous trouvons cela normal. Nous décorons nos églises avec des fresques aux chérubins nus et de représentations d’Adam et Ève, nus, dans le Jardin. Mais dans notre société moderne, si je peindrais une version moderne de la pièce ‘Après le bain’ de Paul Peel ou, pire, si je prenais une photo des mêmes sujets prise exactement de la même manière, dans certains quartiers, je me ferais accuser de pornographie infantile. Et pourquoi ? Que font ces enfants dans ce portrait ? Ils sont à se réchauffer devant un feu. Rien de plus. Ils sont nus, et ne font rien d’érotique mais dans notre société d’aujourd’hui, certains ‘textiles’ ont fétichisé la simple nudité. »

« Mesdames et messieurs, si vous vous présentiez à un centre naturiste familial maintenant, vous le trouveriez tout-à-fait dépourvu de tension sexuel. Évidemment, comme adultes, nous nous retrouvons dans des situations adultes, mais celles-là restent aux endroits appropriés ; les chambres à coucher, les caravanes et les tentes, loin des regards curieux. Nous ne sommes pas des exhibitionnistes. Même, les exhibitionnistes nous trouvent ennuyeux à mourir. Ils ont besoin de nous choquer par leur nudité et, franchement, nous ne sommes surtout pas impressionnés par leurs comportements. Soit ils s’adaptent ou, le plus souvent, ils s’en vont terroriser un autre groupe de textiles. »

Le vote du Conseil fut unanime. « Le Conseil de la Ville de Manatee Bay supportera la Commission Scolaire si elle décide d’accepter l’offre de location du Centre Naturiste Barracuda Beach de ses installations natatoires au coût d’entretien et avec ses règlements à propos de la tenue vestimentaire approprié, c’est-à-dire, dans la nudité intégrale. »

Et la bande de gens bien-pensants du Révérend Samuel B. Harrison sortit en marmonnant des menaces au sujet de faire expulser le maire Bill White ainsi que tous les membres du Conseil de Ville lors des prochaines élections municipales.
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Message par Cor »

Vendredi après-midi m’a trouvé assis devant l’École Secondaire Manatee Bay, où se tenait la réunion de la Commission Scolaire. Comme vous pouvez avoir constaté, nous ne sommes pas exactement la division scolaire la plus nantie, donc la commission utilise plutôt une salle de classe vide pour leurs rencontres plutôt que d’avoir une salle de réunion dédiée dans une belle bâtisse dédiée. J’évitais de parler car j’ai passé la matinée à me faire interviewer par des membres de la Presse nationale et je fus en train de perdre la voix.

En cette belle journée du mois d’août, il y avait foule devant l’école. Des étudiants, des anciens étudiants, des étudiants inscrits pour l’année à venir, des étudiants des écoles intermédiaires, tous voulurent entendre la nouvelle de vive-voix. Des Parents furent là. La presse fut très bien représentée – au point où nous en étions, l’histoire a fait le tour de l’État, voire le tour du pays.

Roger sortit de l’école et s’approcha du podium de fortune que le concierge avait sorti de sa cachette dans le gymnase. Après avoir tapé le micro (et obtenant le cri déchirant habituel, évidemment), il adressa la foule d’après son discours préparé.

« Mesdames et messieurs, mon nom est Roger Hollingsworth, président du Comité de Parents. Cet après-midi, nous nous sommes réunis pour décider si, oui ou non, nous devrions supporter la décision de la Commission Scolaire si elle décida d’accepter l’offre de location des installations natatoires du Centre Naturiste Barracuda Beach. Le vote fut unanime. » Roger hésita pour augmenter la tension tandis que tous, moi-même y inclut, se penchèrent vers l’avant. « Nous nous sommes entendus de supporter l’acceptation de l’offre. »

Il y avait des protestations, surtout de la gang de fanatiques du Révérend mais il y avait aussi plusieurs acclamations. Je remarquai que certaines d’elles vinrent d’un groupe de parents, enfants en charge. Je me suis approché d’eux, avec précaution. Heureusement, ils ne m’avaient pas reconnus. « Vous approuvez, donc, » avançais-je.

« Certainement, » dit une mère, en serrant sa fille pré-ado devant elle. « Nous l’avons recherché sur le Web, l’avons discuté et nous avons décidé que ce serait une bonne expérience pour les enfants. En plus, en tant que payeurs de taxes, c’est une entente pleine de bon sens. »

« Avez-vous pensé à aller à Barracuda Beach vous-mêmes ? Après tout, votre école enverra peut-être vos enfants là-bas et c’est censé être un centre familial… »

« Oh, je ne sais pas si je pourrais…, » commença une femme mais un homme très visiblement son mari lui coupa la parole.

« Je crois que ce serait une bonne idée, Deb. Nous allons y envoyer notre fille ; nous devrions aller voir nous-mêmes de quoi l’endroit a l’air. »

Deb resta dubitative mais ne dit rien. Je pouvais quasiment entendre le bruit des engrenages rouillés tourner lentement, difficilement dans sa tête.

Nous furent interrompus par Janet Brooks qui se présenta sur le podium. Avec hésitation, elle plaça son discours sur le lutrin et ajusta la hauteur du micro pour sa taille plus modérée. « Mesdames et messieurs, après avoir étudié les options…, » elle ravala et continua, « nous avons décidé d’accepter la gentille proposition de M. Jackman et du Centre Naturiste Barracuda Beach pour l’utilisation de leur installation natatoire. »

Ce fut complètement inattendu. Je m’attendais d’être obligé d’au moins négocier le prix, sans rien dire de la clause ‘nudité’.

« Comme le public l’a appris par la presse, il y avait certains… conditions… que nous devions accepter. Nous avons consulté auprès de sociologues, de spécialistes en éducation et l’Office des Normes Éducatives et tous nous ont assuré que nous n’avions aucune crainte à avoir en acceptant ces conditions. »

J’ai noté qu’elle n’élaborait aucunement sur ce qu’étaient ces conditions.

À ce moment-ci, j’aimerais vous présenter M. Clarke de l’Office des Normes Éducatives. »

Un grand bel homme noir habillé en ce qui fut sans doute un complet-veston désagréablement chaud prit le podium. « Mon nom est Gregory Clarke, Directeur de l’Éducation Physique à l’Office des Normes Éducatives de l’État. Nous fument mis au courant la semaine dernière de la possibilité que ce comté devait utiliser les installations natatoires du centre naturiste voisin. Nous souhaitons rassurer et la Commission Scolaire et les parents impliqués qu’en tant que l’État soit concerné, nous n’avons aucun problème avec la situation. L’installation rencontre les normes de l’État et elle est certifiée pour la formation en natation et pour les événements compétitives. Par le passé, l’État a déjà eu de l’expérience avec des installations situées à même des centres naturistes. »

Je me souvins du grand centre situé à l’autre bout de l’État, auprès de la Capitale. Comme le mien, il avait un complexe résidentiel, une assez vaste pour justifier sa propre école primaire. Je me suis fait une note mentale d’en parler avec le conseil d’administration du centre cette fin de semaine. Ça doit être de celui-là dont parlait Clarke.

Janet n’avait pas plus l’air heureuse mais elle ne protestait pas. Ils avaient demandé de voir les cartes de l’État et ils se sont rendu compte qu’il n’y avait pas de bluff. Elle venait de commettre tous les étudiants de la 4e à la 12e année à se baigner en tenue de peau une fois par semaine durant toute l’année scolaire. De l’autre côté, elle n’avait pas à fournir des maillots de bain – la nature c’était déjà occupée de ça.

Tandis que je fus debout à savourer ma victoire, Linda Carruthers et Walt Cheevers s’approchèrent de moi avec des nouvelles croustillantes. Walt avait interviewé Gregory Clarke et est repartie avec cette pépite ; « La gang à l’État pensent venir à Manatee Bay pour les championnats régionales de natation. »

« Ils devront parler au C.A. de Barracuda Beach. C’est une institution privée, après tout. »

« Ils en ont l’intention, » Walt m’assura avec le sourire. « Il paraîtrait que notre installation soit la meilleure pour des compétitions. » Ce fut prometteur. « C’est encore tôt, » dis-je. « Assurons-nous d’abord de bien faire rouler les cours de natation. » Apprenons à marcher avant de vouloir voler, pensais-je.

« Oh, j’ai confiance que ça va marcher, » dit Linda, de très bonne humeur.

Normalement, l’automne est une ‘saison morte’ au Centre – la plupart des familles sont de retour à l’école, les entreprises sont de retour des vacances et, en général, nous n’avons peu de clients. C’est le moment idéal pour nettoyer la place, mettre les équipements au niveau et de faire les réparations nécessaires. Maintenant, j’avais à former un groupe d’enseignants textiles à l’éthique naturiste et les comportements acceptables. J’aurais à convaincre des parents que le centre ne fut pas un lieu de partouzes et qu’il y avait une nette différence entre la nudité sociale et sexuelle. J’aurais à préparer le centre pour l’invasion d’une centaine de rase-moquettes par jour, dont la plupart d’entre eux achèteraient leur diner au centre (personnel de cuisson et de service supplémentaires, des denrées supplémentaires !) et par-dessus tout ça, m’occuper de toutes les réparations suite à l’usure normale. Cette ‘saison morte’ sera la plus chargée de toutes celles dans l’histoire du centre.
Fin
de la première histoire
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