Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Avatar de l’utilisateur
roger
Ami très impliqué
Messages : 558
Inscription : 02 oct. 2016, 08:31

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par roger »

retrait Bon, j'ai réussi pour le dernier chapitre (ce ne sont pas vraiment des chapitres mais plutôt une partie de texte assez court pour que des lecteurs éventuels ne soient pas rebutés de les lire). On va pouvoir faire quelque chose de moi «si les petits cochons ne me mangent pas» La solution était simple mais il fallait y penser.
retrait Merci Arkayn, merci Cor. :thumbsup:
retrait Je ne sais pas si j'en ai parlé mais cette histoire fait partie d'une série de nouvelles intitulée «Nouvelles de Nouvelle-France». Le personnage principal est toujours une jeune fille française qui vient s'installer au Québec (la Nouvelle-France) et qui tombe éperdument amoureux d'un beau Canadien. C'est du roman Harlequin à l'état pur, ou presque. Enfin vous saurez bien me le dire à la fin. «Je veux ma maman» est par contre la seule nouvelle ayant pour thème la nudité.
Avatar de l’utilisateur
Arkayn
Ami très actif
Messages : 464
Inscription : 08 août 2015, 15:47

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par Arkayn »

roger a écrit :On va pouvoir faire quelque chose de moi «si les petits cochons ne me mangent pas».
Tu vois ? Il ne fallait pas désespérer. :lol:
La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, certains brillent en société... jusqu'à ce qu'ils l'ouvrent !
Avatar de l’utilisateur
roger
Ami très impliqué
Messages : 558
Inscription : 02 oct. 2016, 08:31

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par roger »

JE VEUX MA MAMAN
Par Roger SCHAEFFER
-CHAP.5-

retrait L’endroit la déconcerta. Son oncle devait s’en servir pour des siestes : la partie droite du pavillon était occupée par un hamac. À gauche son oncle avait disposé une petite table sur laquelle elle posa son plateau. À côté, un miroir semblable aux deux du vestibule reflétait sa silhouette. Elle en comprit l’usage en découvrant dans le tiroir une pile de croquis au fusain. Son oncle avait fait fortune en animant un personnage de bandes dessinées . Il utilisait donc le miroir pour prendre des poses.

retrait Tout en mangeant, elle examina les dessins de son oncle. Il y avait beaucoup de portraits de lui faisant des mimiques, mais ce qui étonna la jeune fille, ce fut le nombre important de paysages représentant les rives du lac. Certains de ces croquis étaient agrémentés de personnages, des enfants courant sur la plage, quelques adultes aussi. Sophie sentit le rouge lui monter au visage. Les enfants comme les adultes étaient entièrement nus. Ces derniers, un homme et une femme étaient allongés sur le sable ou assis dans des transats. Étaient-ce des amis de son oncle ? Une chose était sûre. On ne sentait aucune intention érotique dans les poses. Ils étaient là, assis entièrement nus, un verre à la main et souriant à l’artiste comme si ce dernier était un photographe amateur .

retrait Pourtant la jeune fille se sentait coupable de regarder de telles images. Bien qu’ensembles sur plusieurs croquis, l’homme et la femme ne paraissaient pas former un couple. La femme n’était plus très jeune, elle avait dépassé la cinquantaine. Sa poitrine était celle d’une femme mature. Sophie rougit, car elle pensa à sa mère . « En vingt ans de cohabitation, je n’ai jamais vu ma mère nue ». Le visage de la femme reflétait une sérénité que l’on voyait rarement chez les gens. Ses yeux en amande avec de petites rides en patte-d’oie de chaque côté lui donnaient un petit air moqueur. Ses cheveux longs nattés encadraient son beau visage. On voyait qu’elle prenait plaisir à cette séance de pose. L’homme approchait la trentaine... Sophie s’efforçait de regarder son visage viril, ses épaules musclées, ses pectoraux dessinés, ses abdominaux. Ce corps exprimait la puissance. La jeune fille se troublait devant ce corps d’athlète en le détaillant ainsi, mais c’était plus fort qu’elle. Ses yeux étaient attirés par ce qu’elle n’avait jamais vu chez un homme, son sexe. Pourtant rien ne semblait faire croire que la pose avait été intentionnelle. Il était nu à ce moment et son oncle avait décidé sans penser plus loin de fixer sur le papier ce moment privilégié.

retrait Ne voulant pas s’attarder plus longtemps sur ce corps d’homme qui lui faisait venir le rouge au visage, Sophie revint aux croquis d’enfants courant sur la plage. Son oncle avait vraiment du talent pour représenter de façon réaliste toute cette exubérance juvénile. C’était tellement bien rendu qu’elle crut entendre les cris joyeux des trois enfants. Puis soudain elle leva les yeux et découvrit que son imagination n’avait rien à voir dans cette impression. Les trois enfants du croquis étaient bien là, sur la plage, au même endroit où son oncle les avait dessinés. Comme sur l’image, ils étaient nus, mais l’exubérance avait disparu. Ils marchaient tranquillement sur le bord de l’eau, la main dans la main, sans aucune joie. La jeune fille fut tentée d’imiter son oncle. Elle sortit du tiroir un carnet de croquis. Pourtant sa main ne voulut pas obéir à ce désir de création. Elle se sentait lourde. L’assiette de fromages vide, tout le pain mangé ! Comment avait-elle pu se laisser aller ainsi, « elle et son appétit d’oiseau », comme aimait à le répéter sa mère . Le hamac l’attira subrepticement. Sophie s’allongea enveloppée dans sa grande serviette de bain et s’endormit instantanément.
(à suivre)
Avatar de l’utilisateur
roger
Ami très impliqué
Messages : 558
Inscription : 02 oct. 2016, 08:31

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par roger »

JE VEUX MA MAMAN
Par Roger SCHAEFFER
-CHAP.6-

retrait Dans le demi-sommeil dû à sa digestion difficile, Sophie entendit le grincement de la porte. Elle entrouvrit les yeux. Sa première impression fut qu’elle rêvait. Dans l’encadrement se tenait un mignon putto comme elle en avait tant vu sur les monuments de Paris, trois mois à peine, juste avant son émigration vers le Québec. Mais l’angelot qui se tenait là n’était pas sculpté dans la pierre. Il était bien en chair avec un bronzage uniforme qui prouvait sa dévotion au soleil. Puis la pensée de la jeune fille se figea. Elle venait de réaliser que le jeune enfant devant elle était le premier humain qu’elle voyait sans aucun vêtement sur lui. « C’est un petit garçon. » Pensa-t-elle. Il lui avait fallu dix-neuf ans pour découvrir ce que Montaigne appelait dans ses « “Essais » « l’état de nature ». Son enfance s’était déroulée derrière des portes closes, des pudeurs maladives, des hontes mal comprises.

retrait Toutes ses pensées lui étaient venues les yeux mi-clos. Elle n’avait pas senti que l’enfant s’était approché du hamac. Son visage était à quelques centimètres du sien. Il la scrutait attentivement, cherchant dans la noirceur de la nuit tombée à deviner ses traits. Il la regardait les yeux dans les yeux avec un air sérieux qui dénotait chez cet enfant un douloureux dilemme. Comme elle ne réagissait pas, il tapota de sa petite main la poitrine de Sophie pour attirer son attention. Au contact de sa peau, la jeune fille réalisa alors que sa serviette ne la recouvrait plus. Elle était nue devant cet enfant. Il n’en fallut pas plus pour qu’elle reprenne tous ses sens. Mais l’enfant ne semblait pas choqué par la vue de Sophie. Sans doute était-il habitué à la nudité des gens autour de lui. L’homme et la femme sur les croquis devaient être de sa parenté. La jeune fille fixa plus attentivement les traits de l’enfant pour y découvrir le lien. L’homme était-il son père ? La femme était-elle sa grand-mère ?

retrait L’enfant comprit qu’il venait d’attirer l’attention de Sophie. Il lui posa la question qui le travaillait depuis sa découverte.

retrait — Es-tu ma maman ?

retrait « La question qui tue » pensa Sophie en référence à une émission de télévision qu’elle avait regardée la veille à Montréal. « Comment un enfant pouvait-il ne pas reconnaître sa mère ? » Sophie était paralysée. Que devait-elle répondre ? Puis elle prit conscience que l’enfant posait la question par désespoir, sachant très bien qui était sa mère . Mais la réponse vint du seuil de la porte. Les deux autres enfants de la plage, plus âgés se tenaient debout dans l’encadrement et regardait avec la même indifférence que l’enfant la nudité de la jeune fille.

retrait — Mais non, Rémi. Ce n’est pas notre maman. Papa te l’a déjà dit. Maman est au ciel. Un jour, si tu es sage, tu iras la retrouver.
Avatar de l’utilisateur
roger
Ami très impliqué
Messages : 558
Inscription : 02 oct. 2016, 08:31

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par roger »

JE VEUX MA MAMAN
Par Roger SCHAEFFER
–CHAP.7-



retrait L’explication ne sembla pas satisfaire l’enfant. De grosses larmes coulèrent le long de ses joues. Puis il se mit à crier de toutes ses forces : «Je veux ma maman, je veux ma maman!» À la grande surprise de Sophie, le petit Rémi s’agrippa au rebord du hamac, s’y allongea et vint se blottir sur le corps de la jeune fille. Elle ne savait plus quoi faire et lança aux deux autres enfants un regard interrogateur.

Retrait – Maman avait l’habitude de s’allonger dans le hamac pendant que nous jouions sur la plage. Mon oncle Michel, tout en dessinant, discutait avec elle pendant des heures et Rémi venait faire sa sieste aussi.

Retrait Sophie fronça les sourcils.

Retrait – Ton oncle Michel? Le monsieur qui vivait ici était… ton oncle?

Retrait – Ce n’était pas vraiment notre oncle, mais on l’a toujours connu. Alors on avait l’habitude de l’appeler «mon oncle». Et vous, vous êtes qui?

Retrait – Je suis sa nièce, sa vraie nièce. Mon père était son frère. Lorsqu’il est… (Sophie regarda le petit garçon blotti contre elle) lorsqu’il est monté au Ciel, eh bien, je suis devenue son héritière. Je vais habiter ici de temps en temps durant les vacances. Mais vous, où habitez-vous?

Retrait – Nous aussi, on vient ici en vacances. On habite là-bas au bout de la plage, le petit chemin qui monte. La maison est derrière les arbres.

Retrait L’adolescente s’approcha du hamac et tendit les bras vers son petit frère.

Retrait – Allez Rémi! Il est l’heure d’aller se coucher dans ton lit à toi. Il faut laisser la madame dormir.

Retrait Le jeune enfant quitta avec regret le doux refuge du hamac pour entourer de ses bras le cou de sa grande sœur. Il jeta un dernier coup d’œil à Sophie et la voyant se rendormir, il glissa à l’oreille de son aînée.

Retrait – Regarde, c’est la princesse au bois dormant.

Retrait – Et toi, tu es mon prince charmant, fit Sophie en ouvrant les yeux. Viendras-tu me réveiller par un baiser demain matin?

Retrait Les trois enfants firent entendre d’un seul chœur le même petit rire en grelots. Puis leurs trois silhouettes s’évanouirent peu à peu dans la nuit qui tombait.

Retrait La jeune femme les regarda disparaître sous les grands arbres puis elle ferma de nouveau les yeux tout en se recouvrant du drap de bain. Elle soupira. La chaleur du petit Rémy, la douceur de sa peau aussi, lui manquait déjà.

Retrait – Mon petit prince charmant! pensa-t-elle.

Retrait Dans un demi-sommeil, elle sourit en regrettant qu’il ne soit pas plus grand. Son apparence juvénile attirait les enfants. Rendue à dix-neuf ans, elle aurait aimé attirer le regard des hommes de son âge… des hommes comme celui du croquis. À la pensée de ce grand corps musculeux offert à la vue de tous, une étrange chaleur envahit la jeune fille. Des frissons de jouissances parcoururent la surface de sa peau. Il lui fallut bien du temps avant de retrouver son calme. Puis elle s’endormit tout à fait.
(à suivre)
Avatar de l’utilisateur
roger
Ami très impliqué
Messages : 558
Inscription : 02 oct. 2016, 08:31

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par roger »

JE VEUX MA MAMAN
Par Roger SCHAEFFER
-CHAP.8-

retrait Le lendemain, alors que le soleil venait à peine de franchir l’horizon, Sophie fut réveillée, non par le baiser de son petit prince, mais par ses cris de colère. Elle se redressa et vit à travers les carreaux le petit Rémi qui gesticulait sur le bord du lac en direction de son frère et de sa sœur. Les deux enfants se tenaient debout à une cinquantaine de mètres de la rive avec juste assez d’eau pour recouvrir leurs chevilles. « Pourquoi l’enfant ne les rejoignait-il pas ? » Elle décida de courir à l’aide de son petit prince. Mais elle hésita. Son seul vêtement était le drap de bain. Devait-elle le prendre ?

retrait — Et puis zut ! Ces enfants semblent passer leur vie complètement nue du matin au soir. La vue de ma nudité ne les a pas dérangés hier. À Rome, faisons comme les Romains.

retrait Tout en prenant une grande respiration, Sophie franchit le seuil de la gloriette. L’air frais du dehors la surprit puis elle apprécia ce petit vent qui la caressait aux endroits les plus intimes de son corps. Elle était pour la première fois de sa vie en complet accord avec la nature. Elle jeta un coup d’œil à la grande maison et sourit. « Être propriétaire d’une si belle demeure et dormir sans le moindre vêtement dans une gloriette sur le bord d’un lac. Quelle blague ! » L’enfant avait tourné son regard vers la jeune fille en entendant le grincement de la porte. Il lui fit de grands gestes pour l’appeler à l’aide. Là encore, il semblait trouver la tenue de Sophie tout à fait naturelle. Elle s’avança vers lui. De toute façon, elle était chez elle. La plage lui appartenait. Un panneau indiquant « propriété privée » en interdisait l’accès. « J’espère que les parents de ces enfants ne vont pas m’envahir eux aussi ! » Sophie s’arrêta sur cette pensée. Elle venait de prendre conscience que la mère des enfants était décédée. Le seul adulte, celui du croquis, devait être le père. Puis le souvenir de la veille lui revint subitement. La camionnette rouge venait d’un chemin qui devait mener à leur maison. « Était-ce le responsable de son accident, ce sauvage ? » La jeune fille se réserva un temps pour interroger les enfants. Elle s’approcha de Rémi. Il pleurait tout en montrant son frère et sa sœur. « Je veux y aller moi aussi ». Sophie se pencha à sa hauteur puis le tenant par la taille, elle l’embrassa sur les joues. L’enfant vint se blottir sur sa poitrine. « Veux-tu ? On va y aller ensemble. Je vais te prendre dans mes bras. Tu n’as pas à avoir peur. »

retrait Mais l’enfant pleura de plus belle. « Non, non on va se noyer. Je veux pas. » Pendant ce temps, les deux autres enfants avec de larges sourires agitaient les bras pour inviter Sophie à s’approcher. Elle se sépara de Rémi puis s’avança dans l’eau. « Regarde Rémi, je vais y aller seule et ensuite tu vas me suivre. D’accord ? ». Il répéta avec un petit visage buté : « Tu vas te noyer. »

retrait La jeune fille sentit un courant d’eau qui devait être la cause des craintes de l’enfant. Son origine était une petite rivière sur la droite, la même qui se déversait dans le lac tout en suivant ses bords. Les deux autres enfants plus au large paraissaient ne pas le ressentir. Elle chercha à rassurer Rémi : « Regarde, je vais rejoindre ton frère et ta sœur sans problèmes. » Sophie joignit le geste à la parole. Elle se retourna et esquissa avec détermination une grande enjambée vers les deux enfants. Ce fut le drame. Son pied, en se reposant, ne retrouva pas le fond de l’eau. Elle perdit l’équilibre, chercha à regagner la rive, mais le courant l’emporta plus loin sans qu’elle ne puisse reprendre pied.
Avatar de l’utilisateur
roger
Ami très impliqué
Messages : 558
Inscription : 02 oct. 2016, 08:31

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par roger »

JE VEUX MA MAMAN
Par Roger SCHAEFFER
-CHAP.9-

retrait Sophie ne savait pas nager. Sa pudeur l’avait éloignée de toutes les activités où elle aurait dû se déshabiller et aujourd’hui elle se retrouvait en difficulté dans le plus simple appareil. Les deux plus vieux enfants ne riaient plus. Rémi criait à en perdre l’âme. La jeune fille se débattait et cherchait à garder la tête hors de l’eau. Elle tenta de regagner la rive ; elle aperçut deux silhouettes habillées qui se tenait près de Rémi. Dans sa panique, Sophie reconnut l’une d’entre elles ; Le jeune adolescent de la camionnette.

retrait Tout en se débattant, elle vit le garçon enlever tranquillement ses vêtements, plonger dans le courant et nager sans aucune difficulté vers la jeune fille. « Calmez-vous, mademoiselle ! Laissez-vous aller. Faites la planche. Vous allez voir. Je vais vous soutenir la tête hors de l’eau. Bon, là, on va suivre le courant jusqu’au petit rocher là-bas. » Sophie s’apaisa en entendant la voix rassurante. Elle suivit ses conseils et sentit le corps du jeune homme sous le sien. Il la tenait par les aisselles et ils dérivèrent sans aucune difficulté vers le côté opposé de la plage. Les trois enfants les attendaient. Lorsqu’ils s’écartèrent pour qu’elle puisse reprendre son souffle allongée sur le sable, Sophie découvrit avec stupeur derrière eux l’adulte qui accompagnait l’adolescent. C’était l’homme nu du croquis, habillé aujourd’hui d’une grosse veste de laine carottée et des jeans. Sophie rougit de honte en prenant conscience de sa nudité devant lui. Il la regardait sans pudeur avec un sourire sardonique au coin des lèvres.

retrait — Eh bien, mon grand, tu viens de pêcher un drôle de poisson dans le Lac des Cornes. Serait-ce une sirène ? Non, on les trouve plutôt dans la mer. Une fée alors ?

retrait Rémi tira sur la veste de l’homme : « C’est la belle au bois dormant ! »

retrait — Je suppose, mademoiselle, que vous êtes la même personne qui avez fait un plongeon avec sa voiture dans le ruisseau, hier . Serait-ce une spécialité chez vous les plongeons avec ou sans accessoires ? Au moins aujourd’hui, la facture sera moins salée.

retrait Sophie le regarda horrifiée. Comment pouvait-il se moquer d’elle, alors qu’il était le responsable de son premier « plongeon ». La jeune fille en était sûre. Il n’était pas seulement le bel homme nu du croquis de son oncle, mais aussi le chauffeur de la camionnette rouge . L’adolescent aux cheveux frisés était là pour l’attester. L’homme ne semblait pas ressentir le moindre remords. Le rire tonitruant qu’il fit entendre à la suite de sa blague témoignait du contraire. Il se pencha vers elle, la saisit sans aucune gêne par les aisselles et l’obligea à se mettre debout. Le corps de Sophie était plaqué sur la veste de laine de l’homme. Essoufflée encore et frigorifiée par l’eau du lac, elle y trouvait un confort, mais aussi de la honte.

retrait — Pour le second plongeon, vous avez été victime d’une mauvaise blague. Ces deux petits monstres se tenaient sur un banc de sable formé par le lit sous-marin de la rivière.

retrait Les deux monstres en question rougissaient tout en gardant un petit sourire hypocrite.
Avatar de l’utilisateur
roger
Ami très impliqué
Messages : 558
Inscription : 02 oct. 2016, 08:31

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par roger »

JE VEUX MA MAMAN
Par Roger SCHAEFFER
-CHAP.10-

retrait — Je suppose que vous êtes la fameuse Sophie dont nous parlait tant Michel. Les deux monstres qui vous ont attirée dans le piège du banc de sable sont Christelle et Jean-Louis. Le petit, c’est Rémi. Et votre sauveteur s’appelle François. Allez ! Venez avec moi. Nous avons sorti votre véhicule de sa fâcheuse position. La calandre et l’aile droite sont à changer entièrement. Le châssis lui n’a rien. Vous êtes chanceuse. La terre du ruisseau était meuble. La facture ne sera pas trop salée.

retrait Sophie n’en revenait tout simplement pas. Durant tout ce discours, l’homme tenait la jeune fille nue le long de son corps sans ressentir la moindre gêne. Pour lui, il semblait tout à fait normal d’être ainsi. Elle ne ressentait aucune connotation sexuelle dans le geste de l’homme. Il ne faisait que l’aider à reprendre son souffle. Ce n’était pas la même affaire pour la jeune fille. Elle était consciente d’avoir la figure rouge de confusion.

retrait Mais ce qui la révoltait surtout, c’était qu’il ne semblait pas conscient de sa responsabilité dans le plongeon de la BMW. Elle recula pour signifier sa colère à ce sans-gêne. Sophie avait presque oublié qu’elle était nue. Dans les bras de l’homme, elle cachait « la plus honteuse partie de son corps » (dixit sa mère), mais à deux pas de lui, elle offrait le spectacle de sa nudité innocente. Sophie eut le réflexe de retrouver le refuge de ses bras pour se cacher, mais elle eût peur qu’il interprète mal son geste. A l’instar de sa mère, elle décida de « mettre son pied à terre ». Le menton levé, les bras croisés sur sa poitrine, elle était prête à affronter ce chauffard grossier. C’est alors qu’elle vit dans ses yeux une lueur d’admiration. Il resta muet à la regarder, eut une toux pour cacher sa gêne puis se tourna vers l’entrée du domaine.

retrait — Allez les enfants ! Venez voir cela.

retrait Sophie resta un instant interloqué. L’avait-il inclus dans les enfants ? Sa petite taille la rendait sensible à ce genre de remarques. Comme si il avait deviné, l’homme se retourna. Sous un regard appréciateur, il laissa percer un sourire sardonique.

retrait — Vous-aussi mademoiselle... Au fait, je ne me suis pas présenté : Philippe Desloges.

retrait Devait-elle les suivre ? Elle aurait aimé au moins se draper dans la serviette de bain, mais elle n’osait pas les faire attendre. Les enfants étaient nus, l’adolescent n’avait pas pensé à se rhabiller et l’allée devait être aussi déserte que la veille. En trois enjambées, elle rattrapa le groupe près de la grille. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir auprès de sa voiture revenue à l’horizontale, une énorme dépanneuse. Un gros homme à la barbe blanche, vêtu d’une salopette graisseuse les attendait appuyé sur la calandre du véhicule. Sophie était morte de honte.
(à suivre)
p.s. J'ai reçu hier un courriel d'une personne que j'admire et respecte me disant qu'elle lisait chaque jour mon histoire. Je suis ébaubi.
Avatar de l’utilisateur
roger
Ami très impliqué
Messages : 558
Inscription : 02 oct. 2016, 08:31

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par roger »

JE VEUX MA MAMAN
Par Roger SCHAEFFER
-CHAP.11-

retrait On n’a jamais une seconde chance de faire une première impression. » avait-elle déjà entendu dire. Eh bien, les gens de la région parleraient pendant bien des années de son arrivée parmi eux. Pourtant le vieil homme ne sembla pas faire cas de sa nudité. Au contraire, il l’accueillit par un grand sourire et franchit l’espace qui les séparait pour venir l’embrasser sur les deux joues.

retrait — Alors voici notre Sophie nationale.

retrait— Mais comment... ?

retrait — Ah je vous dis que l’on vous connaît ici pas à peu près. Votre oncle ne manquait jamais une occasion de nous lire vos lettres et des fois, il ne s’en souvenait pas. Alors il nous les relisait plutôt deux fois qu’une. Les photos de vous, c’était pareil. Chaque fois qu’il en recevait une nouvelle, on avait le droit à l’album tout entier. Tenez, la dernière, vous étiez en pension. Je me souviens ! Vous aviez votre uniforme de collège. C’est vrai qu’aujourd’hui... vous avez oublié de le mettre, votre uniforme.

retrait Les dernières paroles du mécanicien se noyèrent dans un grand éclat de rire collectif. Sophie ne savait quoi penser. Tout le monde trouvait naturelle la nudité de la jeune fille. Sa mère n’en reviendrait tout simplement pas. Ainsi entourée d’enfants nus et sous le regard d’hommes qui ne semblaient pas la remarquer, elle commençait à y prendre goût à cette nudité lorsqu’un nouvel événement la sortit de ses réflexions.

retrait Venant des profondeurs du ruisseau, elle entendit un cri d’enfant. L’apparition d’une tête blonde confirma son impression. C’était un jeune garçon qui n’avait pas six ans et qui, contrairement à ceux qui entouraient Sophie, avait gardé ses vêtements pour plonger dans le ruisseau. Il était recouvert de boue de la tête aux pieds. Au premier coup d’œil, on aurait pu le prendre pour une statue en terre glaise qui se serait animée sous le coup d’une baguette magique . Il tenait au bout de ses bras la paire de chaussures que Sophie avait abandonnée dans le ruisseau. Il était très fier de sa trouvaille. Mais son air de triomphe laissa place aux larmes lorsque celui qui paraissait être le père de tous ces enfants, le chauffard à la camionnette rouge, le voisin enfin de la jeune fille vint reprocher à l’enfant de ne pas avoir pensé à se dévêtir avant de sauter dans le ruisseau. Il n’avait pas tort, vu l’aisance avec laquelle dans cette famille on se débarrassait facilement des signes de la prétendue civilisation. Avant, elle ne se serait jamais douté que la meilleure façon de se tenir propre, c’était d’être nu. Sophie se précipita pour l’aider à enlever toute cette boue. Le mécanicien vint mettre sa touche au nettoyage de l’enfant en déversant sur sa tête un plein jerrycan d’eau. Sophie en reçut sa part d’éclaboussures, mais cela n’avait pas d’importance, elle était nue aussi. Tout le monde ria de cette douche improvisée.

retrait Alors qu’elle allait spontanément embrasser le petit garçon redevenu propre, un détail la frappa : il était le sosie de son prince charmant, le petit Rémy. « Des jumeaux identiques ! »

retrait — Sophie, je vous présente Éric, le frère de Rémy. Comme vous pouvez le constater ces enfants demandent une attention de tous les instants.

retrait Le regard de la jeune fille se tourna vers l’homme. « Cinq enfants ! ». Son voisin avait cinq enfants. Elle savait que le Québec avait été le pays des grandes familles, mais c’était à une autre époque. Sa réflexion fut suspendue par le mécanicien.

retrait — Et si nous allions déjeuner ?

(à suivre)
Avatar de l’utilisateur
roger
Ami très impliqué
Messages : 558
Inscription : 02 oct. 2016, 08:31

Re: Histoire de Roger : JE VEUX MA MAMAN

Message par roger »

JE VEUX MA MAMAN
Par Roger SCHAEFFER
-CHAP.12-

retrait Sophie resta estomaquée. Le mécanicien se comportait comme chez lui. Non seulement il décidait d’aller déjeuner, mais il se dirigeait sans aucune gêne vers le portail du « chalet » de la jeune fille. Après avoir invité les adultes à y entrer, il se retourna vers les plus jeunes.

retrait — Savez-vous, les enfants ? Vous devriez aller déjeuner de l’autre côté . On vous y rejoindra après avoir installé notre nouvelle amie dans ses murs.

retrait Sophie ne comprenait plus rien à rien. Mais elle n’en avait pas fini de s’étonner. Le mécanicien sortit une clé de sa poche, ouvrit la porte et laissa d’un large sourire passer la jeune fille.

retrait — Après tout, vous êtes chez vous maintenant !

retrait Cet homme semblait se comporter comme le maître de maison. Entrée dans le vestibule, la fraîcheur lui rappela qu’elle était nue. Les enfants disparus, elle se retrouvait seule devant ces deux hommes habillés. Mais ceux-ci ne semblaient aucunement conscients de la situation. Ils se dirigèrent sans hésiter vers la cuisine. Elle s’excusa et disparut à l’étage.

retrait Pourquoi n’avait-elle pas pensé à prendre sa valise dans le coffre arrière, désormais accessible, de la voiture ? Elle aurait ainsi retrouvé une tenue décente. Elle tourna son regard vers le miroir au-dessus de l’évier. « Décente ? Que voulait vraiment dire ce mot ? Elle se souvenait d’en avoir étudié la signification au collège : La décence est la bienséance en ce qui concerne les lieux, les temps et les personnes

retrait Finalement tout le monde en appliquait le principe, ici . » Pensa-t-elle. Les enfants se promenaient nus au milieu de ce paysage idyllique sans même y trouver à redire. Lequel avait paru, parmi eux, le plus indécent ? Elle sourit. C’était celui qui était sorti du ruisseau tout habillé. Les hommes eux-mêmes n’avaient pas eu la moindre réaction qui aurait pu faire penser que sa nudité à elle était indécente. Pourtant Dieu sait si sa mère lui avait répété ad nauseam que les hommes étaient « tous des cochons avec des regards lubriques ». Puis elle se rappela les croquis de son oncle. C’était elle qui avait rougi confuse devant la nudité de son voisin. C’était son regard à elle qui était indécent.

retrait Elle en était ainsi dans ses réflexions lorsqu’elle entendit une voix d’homme qui l’appelait du bas de l’escalier. Elle sursauta. Tout ce qui lui restait à faire, c’était de se draper une nouvelle fois dans un drap de bain. Malheureusement toutes les serviettes restantes étaient trop petites. Devait-elle continuer à se promener ainsi ? Soudain elle pensa à la chambre de son oncle. Elle y découvrit un peignoir. C’était parfait même si il était bien trop grand pour elle. Au moins elle serait au diapason des deux hommes. Drapée ainsi, elle descendit les rejoindre. Elle resta figée à l’entrée de la salle de séjour.
(à suivre)
Répondre