Histoire de Roger: LES TROIS MOUSQUETAIRES CHEZ LES ...

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Arkayn
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Re: Histoires de Roger

Message par Arkayn »

Je renouvelle mes félicitations pour ce texte. J'attends toujours la suite avec impatience. On est vraiment dans l'ambiance !
La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, certains brillent en société... jusqu'à ce qu'ils l'ouvrent !
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roger
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Re: Histoires de Roger

Message par roger »

LES TROIS MOUSQUETAIRES CHEZ LES NATURISTES
par Roger Schaeffer
Chapitre neuf :

Karen, suivi de son chevalier servant (l’énamouré Porthos) s’éloigna de son père jusqu’à une anfractuosité rocheuse. J’étais rempli de terreur, car l’imagination des garçons peut aller bien au-delà de la réalité. Cela se confirma lorsqu’après s’être assise Karen déclara.

– On sera bien ici pour se parler.

J’étais mal, vraiment mal. Mon cœur battait la chamade. Je paniquais et j’étais prêt à me relever, à courir jusqu’à chez moi. Malheureusement mes jambes ne me portaient plus. De toute façon, j’étais tout nu et pas vraiment équipé pour m’enfuir entre les champs de primeurs. C’est donc de la plus méchante voix éraillée que je bégayais.

– Ah oui? Tu veux juste me parler.

– Oui, c’est cela, mais pas seulement moi. Mes copines aussi.

Et là elle se leva d’un bond pour héler trois filles. Je ne savais plus quoi faire. J’avais son truc à quelques centimètres de mon nez. Finalement, elle se déplaça pour accueillir ses amies. L’une d’entre elles était dans notre classe à l’école. Elle s’appelait Armelle. Légèrement grassette, elle rougissait facilement lorsque nos regards se croisaient. Je crois qu’elle n’était pas indifférente à ma personne. J’étais heureux, mais inquiet, car je sentais que mon indicateur de plaisir reprenait de la vigueur.

Les quatre filles s’assirent en ligne devant moi et je me mis, le rouge au visage, à faire une étude comparative de leur poitrine naissante. Je dois avouer que je donnais la note dix à Armelle, mais je n’eus pas l’occasion d’approfondir mon enquête. Karen me rappela à l’ordre par une petite toux sévère.

– Bon, j’ai pensé à toi parce que tu es le meilleur en classes de français.

J’aurais préféré être distingué par mon physique. Je l’avoue, mais on n’a pas tous cet avantage. Au moins, je ne paraissais pas invisible. C’était déjà cela. J’encourageai Karen à continuer.

– Voilà, mes copines et moi, en réalité c’est Armelle qui en a eu l’idée, nous aimerions que tu fasses partie de notre club.

Moi, dans un groupe dont les membres sont des filles? Le rêve de tous les garçons! Heu, enfin oui, ne nous énervons pas. C’était quoi le club? Pas des collectionneuses de Barbie ou une fraternité d’admirateurs d’Adamo, j’espère. Beurk! Je levais un sourcil.

– Un club de quoi votre club?

– Nous voulons créer un spectacle sur scène.

«Ah d’accord, ouf!» C’était un truc dans mes cordes. Je n’avais jamais pensé à une pièce, mais si cela pouvait me rendre populaire auprès de ces quatre filles, j’aurais au moins gagné de l’expérience dans la fréquentation du genre féminin. J’étais partant. Comme l’année scolaire venait de se terminer, je supposais qu’elles avaient dans l’idée de présenter la pièce à la maison des jeunes, place Bouvet à Saint-Servan.

– Vous aurez combien de rôles sur scène?

– Il y aura nous quatre.

– Très bien. Des garçons aussi?

– Bien sûr. Toi pour commencer.

Je n’étais pas sûr d’aimer l’expérience, mais si je voulais rester dans les bonnes grâces des filles, je devais le faire, surtout que c’est moi qui allais écrire le texte. Je me tricoterai un rôle à ma mesure.

– Et à part moi, d’autres garçons?

– Oui au moins un, je pense.

Je savais à qui donner ce rôle. Athos, le mousquetaire de ces dames avait joué dans la pièce de fin d’année. Il personnifiait Frère Laurent de main de maître et j’avais cru remarqué un éclair de jalousie dans les yeux de «Monsieur parfait» lorsque la salle avait applaudi la tirade du confesseur plutôt que celle de Roméo. Je déclarai donc sans hésitation.

– Michel serait idéal.

Les quatre filles se récrièrent d’une seule voix.

– Ah non, impossible. Il n’est pas naturiste.

– Hein quoi? Vous voulez jouer tout nu à la maison des jeunes?
(à suivre)
Merci Arkayn. L'ambiance pourrait être améliorée : la chaleur du soleil, l'odeur des crèmes protectrices, la description des corps bronzés ou non, etc ... Je rajoute ce genre de trucs dans un second ou un troisième jet. Mais les chapitres se rallongent aussi.
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bobettebob
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Re: Histoires de Roger

Message par bobettebob »

« À leur voir la mine, je crois qu’ils auraient préféré se noyer. »
« ah tiens, une mouette, elle n’a pas l’air d’être dérangé par le spectacle, celle-là. »
:lol:

L'histoire fait bien digérer l'inconfort par l'humour, j'aime bien. :)
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roger
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Re: Histoires de Roger

Message par roger »

LES TROIS MOUSQUETAIRES CHEZ LES NATURISTES
par Roger Schaeffer
Chapitre dix :

Ce n’était pas possible. Elles ne pouvaient pas faire une affaire pareille à Saint-Servan. Imaginez que l’église catholique du coin organisait encore dernièrement une messe anniversaire le 21 janvier en mémoire de la décapitation de Louis XVI. Nous allions nous faire ramasser par des ultras royalistes. C’était la «cata» comme aurait dit ma grand-mère. J’essayais de trouver une raison de me retirer du projet avant même d’y être entré.

– Je crois que le programme de la MJC est déjà publié pour l’automne. Non?

– Pas à la maison des jeunes, voyons donc. On n’est pas folle, tout de même.

– Ah bon, à la Comédie de l’Ouest à Rennes alors?

Je me disais que me produire à poil sur une scène à une heure de chez moi, ce serait un moindre mal. Avec un peu de chance, les journalistes d’Ouest-France seraient en grève, ce soir-là. Mais je me trompais. Une des deux filles que je ne connaissais pas se leva brusquement pour faire face à Armelle.

– Mais il est taré ou quoi, ton petit ami?

Elle avait dit «Ton petit ami»? C’est de moi qu’elle parlait, là? Armelle me regarda furtivement puis baissant les yeux, elle piqua le plus beau fard qu’il m’eut été donné de voir. Tout son sang s’était donné rendez-vous sur son visage. Je dus rougir moi-même tout en lui envoyant un sourire timide et compréhensif. Au moins, je savais qu’il y avait dans le monde une fille qui fantasmait sur moi. Je me demandais quoi d’autres Armelle avait bien pu raconter à mon sujet. Aujourd’hui, elle avait devant elle un portrait assez réaliste de «l’objet de son désir». Moi de mon côté, j’avais à dix centimètres de mon nez les fesses uniformément bronzées de cette fille. À l’époque les demoiselles ne connaissaient pas encore le string. Il fallait être nudiste pour bronzer dans ces endroits-là. Mais cela ne dura pas, car elle se rassit sur le sable. Karen reprit le contrôle.

– Non, pas dans une salle publique. C’est juste un petit spectacle sans prétention, chez moi, autour de la piscine.

Je lâchais un gros soupir de soulagement.

– Ah bon! En privé alors. Entre nous ou devant ton père et ta mère?

– Oui, c’est ça, mais aussi leurs parents.

Elle tendit le doigt vers les autres filles. Je regardais Armelle. Donc j’allais me montrer tout nu devant ses parents, c’est-à-dire l’imagination et le fantasme aidant, mes futurs beaux-parents. J’étais moins sûr de cela.

– Ça va faire tout un public, cela?

– Oh plus que tu crois. Les habitués qui fréquentent la plage aussi.

– Hein? Tout ce monde-là?

Je jetais un coup d’œil autour de nous. Cela faisait une soixantaine de personnes à peu près. Ce n’était pas trop pire. Eux, ils m’avaient déjà vu dans mon costume d’Adam. Je fis un sourire qui devait ressembler à une grimace.

– Au moins, on ne se produira pas devant une salle vide.

– Au contraire, mon père veut rassembler tous les naturistes de la région.

– Tous les naturistes?

– Oui. Tes parents et ceux de Denis sont invités bien sûr.

– Hein! Mes parents?
(à suivre)
Avez-vous remarqué que nous sommes le 21 Janvier, date anniversaire de la mort de Louis XVI ? Je ne suis pas sûr qu'il y avait une messe commémorative comme à Paris mais des royalistes, cela je m'en rappelle. Ils peignaient durant les époques d'élection sur les murs de Saint-Servan leur slogan : «Le roi pourquoi pas» Des petits comiques rajoutaient «co» après roi, ce qui faisait «Le roico pourquoi pas ?» Roico était une marque de soupe instantanée très connue à l'époque.
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roger
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Re: Histoires de Roger

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LES TROIS MOUSQUETAIRES CHEZ LES NATURISTES
par Roger Schaeffer
Chapitre onze :

«Mes parents!» De quoi parlait-elle, la belle Karen? Mon père et ma mère n’étaient pas… j’avais du mal à l’imaginer. Ils étaient ouverts d’esprit, mais de là à se promener les… trucs à l’air. Ah! Je comprenais maintenant. La petite phrase «comme tu es ici» impliquait que ma famille fréquentait la plage. Cela supposait que si des adolescents n’hésitaient pas à se découvrir, c’était que des adultes avaient donné leur accord. Philippe en me demandant si mes parents étaient présents avait cru que de jeunes garçons en pleine puberté ne pouvaient s’être dénudés que par habitude. Je m’étais piégé moi-même en enlevant mon slip. J’avais signé mon arrêt de mort. Comment allais-je me dépêtrer de là? Le père de Karen, en tant que proviseur, avait le numéro de téléphone du mien. C’était sûr. Je devais trouver une parade au plus vite. Je n’avais aucune idée comment j’allais me sortir de cette pétaudière. J’étais comme l’écrivain devant une plage blanche, en panne d’inspiration. Je comprenais ce que devait ressentir Dumas lorsqu’il devait livrer la suite des «Trois mousquetaires» au journal «Le siècle».

Karen, toute à son projet, ne devinait pas mon angoisse. Elle ajustait avec ces trois copines le programme des réunions préparatoires. Nous devions nous retrouver chez elle plusieurs fois et je dois avouer que cette perspective me remplissait de joie. Cela me fit oublier le problème de mes parents.

– Au fait Karen, c’est pour quand, cette petite fête?

– Mon père n’a pas encore décidé. À la fin juillet, avant les vacances d’août. On va devoir mettre les bouchées doubles.

– Si tu veux que j’écrive quelque chose, il va falloir me donner vos idées le plus tôt possible.

J’étais plutôt excité de créer un tel spectacle, mais Karen l’était encore plus. Elle sauta sur ses jambes en criant.

– Attends. J’ai noté sur un carnet toutes nos idées. Je vais te le chercher.

Elle partit comme une flèche vers son père. Pendant ce temps, Armelle me donna l’idée principale.

– Tu connais le roman de Jules Verne : «Deux ans de vacances». Eh bien! Au lieu d’un collège de garçons pour nous, ce sera un pensionnat de filles qui se retrouvent sur une île déserte. Elles ont tout perdu dans le naufrage. C’est pour cela qu’elles sont nues sans vêtements.

À ces mots, Armelle baissa les yeux, rougissante de timidité. Je comprenais qu’être naturiste ne voulait pas signifier manquer de pudeur. J’étais heureux d’être en accord avec elle.

Au retour de Karen, nous passâmes deux heures à tricoter un scénario. Je devais jouer le rôle d’un matelot qui aidait les élèves à survivre. Cela me donna une autre idée.

– Je fais partie de la chorale des petits chanteurs malouins. On pourrait intégrer quelques chansons de marins au spectacle.

Les filles applaudirent à la suggestion. Je persuadai ensuite mes partenaires que Denis était essentiel à notre projet. Il était un bon bricoleur et je le voyais très bien nous construire un radeau qui flotterait sur la piscine. J’essayai d’embarquer notre troisième mousquetaire, mais les filles étaient inflexibles; il devait devenir naturiste.

Finalement, nous dûmes nous séparer. Denis et Michel vinrent me chercher. Les trois mousquetaires avaient une longue route à faire en vélo jusqu’à Saint-Servan. Ce ne fut qu’en me levant que je repris conscience que j’étais nu. Passionné par le projet, j’avais complètement oublié ce détail.

(à suivre)
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roger
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Re: Histoires de Roger

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LES TROIS MOUSQUETAIRES CHEZ LES NATURISTES
par Roger Schaeffer
Chapitre douze :

Reprendre conscience de la réalité me replongea dans la gêne. Je ne savais pas comment quitter les filles. Ce fut Karen qui, sans pudeur, m’embrassa sur les joues. Ses deux petits seins vinrent caresser ma poitrine. Je me souviens encore avec tendresse de ce moment divin. Armelle crut bon d’imiter son amie, mais on s’emmêla dans nos gestes et l’on se mit à rire bêtement. Karen n’hésita pas à enlacer Denis qui, il me le dit plus tard, se retrouva au septième ciel. Michel n’eut le droit qu’à une poignée de main. Je saluais d’un mouvement de la tête les deux autres filles en me demandant quel était leur prénom. On avait omis ce détail.

Nous étions en direction de nos vêtements lorsque je réalisais que j’oubliais mon petit frère. Il s’amusait avec des enfants de son âge sur le bord de l’eau et ne voulait pas en sortir. Ce fut la crise. Quand nous fûmes auprès de nos affaires, il refusa de remettre son pantalon sans sa petite culotte. Denis dut m’aider à l’habiller.

En remontant de la plage vers le camping, je pris conscience que j’étais resté plus de deux heures avec les filles et je sentais que mes deux copains me jalousaient d’avoir passé l’après-midi avec elles. Je me tournai.

– Et puis? Qu’est-ce que vous avez fait?

Ce fut Denis qui répondit.

– Philippe nous a proposé de jouer au ballon. Je me suis amusé comme un petit fou.

– Qu’est-ce qui était drôle? Moi je n’ai jamais rien trouvé de comique dans ce sport.

– Non, pas le volley, mais les trucs des garçons qui allaient dans tous les sens.

Là ce fut Michel qui coupa la parole à Denis.

– Il y avait une femme, vingt ou trente ans, je pense. Ces lolos sautaient de haut en bas. J’ai raté une balle parce que je les regardais.

On se mit à rire tous les trois et je crus indispensable de leur dire pourquoi j’avais passé du temps avec la plus belle fille de notre école. Nous étions rendus à nos vélos et tout en les détachant, je leur expliquais en quelques mots l’idée du spectacle. Denis voulut des précisions.

– Vous allez faire ça tout nu.

– Ouais.

– Sur cette plage.

– Non chez Karen.

– Chanceux.

– Toi aussi tu es invité en tant que décorateur et je vais essayer d’écrire un rôle tout spécialement pour toi. Peut-être un singe apprivoisé ou comme à la maternelle quand on représentait un sapin ou un astre.

Michel en imaginant la scène se mit à rire bruyamment.

– Et moi? Est-ce que je suis invité?

Là, alors que j’installais mon frère dans son panier en arrière du vélo, je regardais d’un air gêné Denis puis Michel.

– C’est que je crois qu’il y a une condition. C’est réservé aux tous nus cette fête chez Karen. Je sais que ça fait tout drôle au début, mais on s’y habitue. Pourquoi n’as-tu pas enlevé ton maillot comme Denis et moi?

Là, Michel baissa la tête.

– C’est à cause de ma mère. Elle venait de me l’acheter. Je ne voulais pas le perdre. Elle est serveuse. Elle n’a pas trop les moyens. Vous comprenez.

Il n’avait pas tort. Moi, j’avais juste gaspillé un slip, Denis une culotte de bain, mais son père travaillait au projet d’usine marémotrice de la Rance. Il pouvait se le permettre. Pas Michel. Tout en posant les mains sur mon guidon, je me retournais vers lui en souriant.

– Au moins, en revenant se baigner ici, on n’aura pas à se soucier de problèmes d’habillage.

Là-dessus, on enfourcha et on repartit vers chez nous.
(à suivre)
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roger
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Re: Histoires de Roger

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LES TROIS MOUSQUETAIRES CHEZ LES NATURISTES
par Roger Schaeffer
Chapitre treize :

Le retour se fit en silence. À cause de la circulation, nous devions pédaler à la queue leu leu. J’étais préoccupé par un problème. Rendu à Riancourt, Michel nous quitta devant son HLM. Ce ne fut qu’au mouchoir vert que je pus parler à Denis. Le feu était au rouge.

–J’ai peur que monsieur Helgouarch ne téléphone à mon père pour l’inviter à cette fête. Comme il nous a vus à la plage, il croit que mes parents sont naturistes. Ton père aussi d’ailleurs.

– Est-ce qu’il va l'appeler ?

– Je ne pense pas. Il a notre numéro parce que mon père est prof, mais pour toi, il faudrait qu’il aille à l’école pour voir le tien dans ton dossier d’élève. Qu’est-ce que je vais prendre quand mes parents vont apprendre notre virée d’aujourd’hui! En plus j’ai entraîné mon petit frère. C’est vraiment la cata.

– Ouais, mais je vais m’en souvenir toute ma vie. Hey, on a reluqué des filles à poil. Imagine, ce n’est pas ordinaire. Surtout, on a vu la plus belle miss monde de notre école et elle m’a embrassé. Je ne peux pas y croire.

Il fronça les sourcils comme s’il réfléchissait et continua.

– Sais-tu, j’ai aimé ça pas seulement pour les filles. C’est agréable d’être à poil nous aussi. On se sent comme libre. Non?

J’eus juste le temps de hocher la tête : le feu passait au vert. On se dirigea vers le Rosais et je laissais Denis à la rue de l’enfer. J’habitais le Clos Joly. La voiture de ma mère était stationnée sur le bord du trottoir, mais pas celle de mon père. Des fois il rentrait tard. Ce serait elle qui prendrait l’appel du proviseur. Cela me donnait une chance.

En nous voyant entrer, ma mère quitta ces chaudrons.

– Ah, enfin vous voilà. J’étais inquiète.

Elle s’agenouilla devant mon petit frère pour lui faire son «super câlin». Ma mère disait «Un câlin chaque matin éloigne le médecin». J’étais moi aussi, même à douze ans, friand de ces manifestations intempestives d’amour maternel. Mais ce soir-là, ce fut différent. J’avais quelques heures avant, en toute nudité, enlacé le corps de Karen et celui d’Armelle. Je fus super mal de sentir la poitrine de ma mère sous la mince couche de vêtements. Si l’on me demandait aujourd’hui à quel moment je suis devenu un homme, eh bien, je dirais que ce fut à cette minute-là.

Ma mère n’en prit conscience que quelque temps plus tard. Elle se retourna vers mon frère.

– As-tu passé une belle journée sans ta maman mon chéri?

Puis se tournant vers moi.

– Où êtes-vous allés? Vous n’avez pas passé la journée dans la grange du voisin, j’espère?

En voyant l’excitation de mon frère, j’eus peur qu’il ne dévoilât les détails de notre randonnée. Ma mère était une personne non seulement ouverte d’esprit, mais franche aussi qui détestait l’hypocrisie. Elle n’aimait pas vraiment qu’on lui cache des choses. Il fallait que je prenne le contrôle.

– Nous sommes allés à la plage.

Sans préciser laquelle, elle supposerait que c’était aux fours-à-chaux, en bas de chez nous. Il y avait beaucoup d’activité à cause de l’usine marémotrice. Ils partaient de cette plage pour mesurer les niveaux d’eau à différents moments de la marée. Mais mon petit frère voulait rajouter son grain de sel.

– Je me suis baigné tout nu.

Ma mère lui sourit affectueusement.

– Ce n’est pas bien grave, mon chéri. À six ans, tu peux bien te promener les fesses à l’air.

Puis se tournant vers moi.

– Il n’avait pas son maillot de bain?

Mais lui ne voulait pas perdre l’attention de notre mère.

– Lui aussi, il avait les fesses à l’air.

– Comment cela? Tu sais à ton âge, ce n’est pas très bien accepté. La veuve de l’armateur qui a sa maison à l’entrée de la plage pourrait être choquée. Non?

Je sentais que je perdais le contrôle. Mon frère voulait à tout prix rajouter des détails. Il tapotait sur le bras de ma mère. Il fallait que je trouve quelque chose ou j’étais perdu. C’est à cet instant que le téléphone sonna.
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Re: Histoires de Roger

Message par roger »

LES TROIS MOUSQUETAIRES CHEZ LES NATURISTES
par Roger Schaeffer
Chapitre quatorze :

Ma mère décrocha. J’étais super nerveux. Il suffisait d’un mot de trop et j’étais perdu.

– Oui? Oh, bonjour, monsieur. Non, il n’est pas ici. Nous inviter chez vous? Oui bien sûr. Avec plaisir. C’est ça. Quand vous aurez la date, rappelez-nous. Sinon mon mari ne devrait pas tarder. Oui, il sera content de vous parler. C’est ça, à bientôt, monsieur le directeur.

Je tremblais comme une feuille.

– C’était monsieur Helgouarch?

– Oui, comment le sais-tu?

– On n’a pas trente-six directeurs dans notre entourage.

– Mais bien sûr, c’est vrai. Que je suis bête! Bon les garçons, venez manger. On n’attendra pas votre père.

Je tapotais l’épaule de ma mère.

– Est-ce qu’il t’a parlé de moi?

– Qui ça? Ton père? Ah non, monsieur Helgouarch tu veux dire. Eh bien non. Pourquoi parlerait-il de toi? Nous sommes en vacances scolaires. Il voulait juste discuter avec ton père. Sans doute de nouvelles classes en septembre. Ah oui. Il veut aussi nous inviter chez lui. C’est drôle, ce sera la première fois en sept ans. Vous allez avoir besoin tous les deux d’un beau costume trois pièces. Avec un oeillet à la boutonnière, vous aurez l’air de vrais petits hommes Ce serait bien que votre père et vous soyez habillés tous de la même manière. Tiens, je vous achèterai un nœud papillon bleu blanc rouge pour honorer l'école laïque. Ce sera mignon tout plein. Tu ne trouves pas, mon grand?

Tout en prenant l’assiette que ma mère me tendait, je remarquai en soulevant les yeux au plafond.

– Pour le costume, maman, j’attendrais d’avoir plus de détails sur la fête si j’étais toi. Ils sont plus décontractés que tu crois en matière d’habillement, les Helgouarch.

– Bon encore ta jalousie maladive envers Philippe. Je ne te comprends pas. Il est gentil ce garçon et puis dans la pièce de théâtre il faisait un si beau Roméo…

– Tu pourrais peut-être l’adopter pendant que tu y es.

– Tiens, voilà mon grand enfant qui boude. Viens me faire un gros câlin pendant que la soupe refroidit.

– Et moi aussi maman.

Ça, c’était mon petit frère. Nous étions tous les deux accrochés au cou de notre mère lorsque la porte de l’entrée s’ouvrit. C’était papa.

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Cor
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Re: Histoire de Roger: LES TROIS MOUSQUETAIRES CHEZ LES ...

Message par Cor »

Bonjour Roger

J'ai enfin trouvé du temps pour lire ton histoire et je suis impressionné. La simplicité du scénario rend très bien l'impression de malaise que vivent les ados au début de la puberté. Du coup, je me rappela ma propre adolescence quand, moi-même, je me retrouvais à cheval entre l'innocence de l'enfance et le ras-de-marée des bouleversements hormonaux. Merci.

En passant, je me suis permis d'insérer des retours de lignes entre les paragraphes pour en faciliter la lecture et de corriger quelques accrocs. J'espère que cela ne t'offusque pas.
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Re: Histoire de Roger: LES TROIS MOUSQUETAIRES CHEZ LES ...

Message par roger »

Cor a écrit :En passant, je me suis permis d'insérer des retours de lignes entre les paragraphes pour en faciliter la lecture et de corriger quelques accrocs. J'espère que cela ne t'offusque pas.
Merci beaucoup Cor, depuis plusieurs jours je voulais te demander conseil à ce sujet. Personnellement, j’écris avec le traitement de texte Works quand j’écris mes textes de fiction pour l’Europe et Libre Office Writer quand j’écris ici au Québec.

J’utilise toutes les mises en forme (centre, retrait en début de paragraphe, etc... Mais par un grand mystère lorsque je fais un copier-coller sur le forum mes mises en forme disparaissent. J’ai réussi à utiliser la fonction centre en haut, mais je n’ai pas trouvé la fonction retrait en début de paragraphe. Alors j’ai voulu avancer manuellement, mais ça n’a pas non plus fonctionné. Pour le saut de ligne entre les paragraphes, je vais l'essayer ici.

Roger
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