Histoires de Cor; Roupiller

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Cor
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Histoires de Cor; Roupiller

Message par Cor »

Titre d’origine ;
Snooze
Par Dan Speers
D’après une idée originelle de Dan Speers
Paru entre autres sur le site ‘Nudist Clubhouse/naturist fiction
< nudistclubhouse.com/group_topic.php?topic=213 > en 2012
Traduit et illustré par Cor van de Sande en 2012
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La sensation de marcher sur du gazon bleu-violet s’insinue entre mes orteils pendant que je me déplace dans le champ. Le soleil chaud inonde ma peau, une légère brize me caresse et ensemble, ils conspirent à me détendre. Je cède à leur pouvoir, je choisis de rester dans cet instant présent. Je ressens les rayons du soleil me traverser le corps, qui me réchauffe le centre de mon âme. Je crois que je pourrais rester ici pour l’éternité.
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BZZZT, BZZZT, BZZZT, Baffe !

-...
Où étais-je, il y a un instant ? Cet instant parfait ? J’essaie de me vider la tête et de mettre le focus sur ce moment précis. Que c’était-il ? Ah, oui, le soleil chaud. La sensation des rayons du soleil chaud, juste hors de porté. Bon, soyons calme et cet instant reviendra. Me détendre et me concentrer. Oui, je peux presque le toucher. Je vois les rayons et j’étire mes sens de nouveau pour absorber encore une fois ces rayons chaleureux.
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BZZZT, BZZZT, BZZZT, Baffe !

-...
La journée à venir m’appelle. Des images stressantes sondent ma conscience. Les enfants qui doivent être réveillés de leur sommeil. Le chien qui doit être sorti et nourri. Des déjeuners et des dîners à préparer, des vêtements à choisir, des dents à brosser et un bébé à changer et à nourrir. Tout ça dans un temps record. Qu’était cet instant où je me trouvais à peine un instant ? Je me débats pour y retourner.
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BZZZT, BZZZT, BZZZT, Baffe !

-...
La journée m’appelle, elle veut que je commence. Le déplacement vers le travail, la dense circulation dans la pluie battante. Le vent qui cherche à arracher la voiture de son trajet. Des enfants qui pleurent, l’école qui est juste devant et où je me vois les déposer avec un soupir de paix. La paix du moment , de cet instant-là. Où donc est cet instant ?
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BZZZT, BZZZT, BZZZT, Baffe !

-...
Un téléphone sonne dans ma tête. Des clients en colère m’appellent, La plainte criarde du bruit me transperce le corps et agresse mon âme. J’ai deux nouvelles présentations à faire ce matin pour des clients réputés d’être durs à convaincre. Il y aura aussi une réunion d’affaires pour discuter des résultats financiers décevants et des mises-à-pied éventuels. Aucune paix ici, aucun calme, aucun instant.
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BZZZT, BZZZT, BZZZT, Baffe !

-...
Je vois des minutes qui passent, la journée d’ouvrage qui arrive, malgré lui, à une fin rapide et abrupte. La course vers le train, puis les arrêts, les départs et l’évitement de la circulation. La course vers l’école, le but étant d’arriver avant que le centre de la petite enfance appelle l’état pour rapporter mon retard comme de la négligence criminelle.
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BZZZT, BZZZT, BZZZT…

-...
J’enterre ma tête dans mon oreiller, tandis que, dans ma tête, je prépare des repas à la course. Des enfants qui refusent de manger. Du lait qui éclabousse le mur, victime d’un bébé en colère. La vaisselle à laver et des devoirs que j’insiste doivent être faits seuls.
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BZZZT, BZZZT, BZZZT, click.

« Bon, ça va... arrêtez ! … Je suis debout, je suis debout. » J’ouvre mes yeux et je vois la chaude brillance du soleil qui transperce la noirceur de ma chambre, j’ouvre mes rideaux et les chauds rayons du soleil parcourent ma peau nue et réchauffent mon être. Le jour m’a réveillé de mon sommeil et je suis maintenant un participant volontaire à son déroulement. Vu d’ici, ça n’a l’air pas si pire. Ça se déroulera peut-être comme du monde et le jour sera mon ami. D’une drôle de façon, le souvenir fugace de gazon bleu-violet traîne dans ma tête. Je ne suis pas certaine pourquoi c’est le cas ou comment il y est arrivé là mais ça goûte bon. Ma journée a commencé.
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FIN
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roger
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Re: Histoires de Cor; Roupiller

Message par roger »

Il y a comme une tentative de poème en prose (à la manière de Baudelaire ou de Verlaine, je ne me souviens plus lequel est l’auteur des poèmes en prose). En fait cela ne prendrait pas grand-chose pour que cela le devienne : un peu de resserrement dans le texte.
Il y a comme un brouillon de chanson populaire aussi. Pour remplacer la sonnerie du réveil, je verrais bien un solo de guitare électrique qui servirait de refrain. Pour un amateur de musique classique, c’est un bel effort, moi qui déteste tous ces instruments électriques, à commencer par le micro qui permet à des artistes sans voix de devenir célèbre (oui, Sylvie Vartan, je pense encore à toi après tant d’années).
Finalement, c’est déjà une bonne histoire. Moi qui aime tant les conclusions surprenantes dans les histoires, j’aurais réveillé la belle dormeuse au milieu d’un camping naturiste... un beau samedi matin ensoleillé, en plein mois d’août.
Merci Cor pour ce texte.
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Arkayn
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Re: Histoires de Cor; Roupiller

Message par Arkayn »

roger a écrit :Baudelaire ou de Verlaine, je ne me souviens plus lequel est l’auteur des poèmes en prose.
C'est Baudelaire, en 1869 dans "Petits poèmes en prose (Le spleen de Paris)".
La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, certains brillent en société... jusqu'à ce qu'ils l'ouvrent !
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