Histoires de Cor; Les fournisseurs

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Histoires de Cor; Les fournisseurs

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Titre d’origine ;
The Providers
Par Cor van de Sande © 2012
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Cette histoire a été publiée auparavant sur le site storiesonline.net
L’univers de La Compétition est la propriété intellectuelle de Lordship Mayhem ; utilisé ici avec son aimable permission.

Traduit par Cor van de Sande en 2012

Les photos d’origine de l’Hôtel Grand sont, en fait, celles de l’Hôtel New Imperial, à Portland, Oregon, © Steve Morgan. Ce fichier est disponible selon les termes de la licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 2.0 générique. Certaines parties des photocompositions présentées ici sont la gracieuseté de Swift Creek Photos, par l’entremise de leur site sur DeviantArt.com

Chapitre 1 ; Des idées pour le futur

Le deuxième trimestre de leur deuxième année de secondaire fut sur le point d’être terminé et les ados de quinze ans, Rebecca York, Linda MacIntyre et leurs chums, Kevin Wilson et Paul Appleton, furent en train de flâner dans la partie peu profonde de la piscine creusée de leur copine de classe, Danielle Winter.

Rebecca avait demandé Danielle si elle pourrait emprunter la piscine des Winter puisqu’elle avait des problèmes avec le virage rapide qu’elle tentait et sa propre piscine fut trop courte pour obtenir un élan qui avait de l’allure. Le virage fonctionna bien chez elle mais les deux dernières fois qu’elle l’avait essayé lors des pratiques de l’équipe de natation, elle se trouva hors-position et cela lui a coûté une demi-seconde. Elle espérait pouvoir ajuster sa technique chez Danielle et, comme d’habitude, Linda est venue avec elle en tant que chronométrice et supporteur. Elles travaillèrent ensemble ainsi depuis ce jour fatidique où la mère de Rebecca eut forcé l’équipe de natation de Saint Dunstan à se déshabiller et de baigner nu dans le but de défaire Gymnos. Diane York venait juste de se faire élire en tant que présidente du Comité des Parents et elle tenait, depuis lors, à montrer qui tenait le gros bout.

En tant que membre de l’équipe féminine de natation de Saint Dunstan quelques vingt ans plus tôt, elle ne s’était jamais pardonné, ni à elle ni à l’équipe en générale, d’avoir perdu le concours avec Gymnos. Ce n’a pas été JUSTE ! C’était la première année que les écoles Gymnos furent inscrites en tant que participantes à l’Association Athlétique Inter-écoles. Les écoles Gymnos furent un ensemble d’écoles privées entièrement financées par les membres du centre naturiste avoisinant, Sunny Acres, et donc avaient insisté que tous les concurrents visiteurs participent dans leurs plus simples apparats. Le choc avait tellement décontenancé Diane qu’elle ait perdu la course. Depuis lors, Gymnos avait raflé tous les championnats inter-écoles, la plupart du temps par défaut puisqu’aucun autre école voulut concurrencer dans des telles conditions. Quand Diane eut gagné ses élections, elle fut déterminée que sa fille effacerait cette honte et força les nageurs à se dévêtir. Le reste fit partie des annales sportives du comté…

Maintenant, trois ans et demi plus tard, dans tout le comté, le port de vêtements est facultatif, toutes les écoles primaires sauf une et presque toutes les écoles intermédiaires furent tout-à-fait libres de vêtements et, à part Buchanan, qui s’est déclarée libre de vêtements la même année que Saint Dunstan, toutes les écoles secondaires furent officiellement à vêtements facultatifs, quoique plusieurs de celles-là avaient adopté l’exemple de Buchanan et furent officieusement aussi libres de vêtements. Depuis deux ans maintenant, tout activité sportive inter-école et communautaire à l’exception du baseball, fut au naturel. Le baseball fut excepté et continuera de l’être simplement parce que de glisser vers le marbre en tenue de peau fut trop risqué. Quant au football à l’américaine, ce sport perdit des adeptes tandis que le rugby et le soccer, tous deux plus adaptés à être pratiqué nu comme ce fut amplement démontré dans d’autres pays depuis plusieurs années déjà, gagnèrent du terrain.

Les seules écoles déterminées mordicus à demeurer textiles, pour utiliser ce terme que les naturistes utilisent pour décrire ceux qui s’entêtent de rester vêtus même lors d’une baignade, si vous pouvez imaginer une telle travestie, furent celles fréquentées par des fondamentalistes de toute étoffe, qu’ils furent catholiques, chrétiens, juifs ou islamistes. Toutefois, la rumeur voulait que ces populations fussent à décroître à mesure que ces familles quittèrent les lieux pour des communautés plus pudibondes.

L’équipe de natation de Saint Dunstan, composée comme elle fut de quatre membres plus jeunes et quatre membres plus aînés, avec une séparation d’âge plus ou moins semblable parmi les supporteurs, fut obligé de se scinder quand la moitié quitta pour Buchanan à la fin de l’année. Toutefois, les filles demeurèrent en contact et, l’année suivante, quand la deuxième moitié quitta à son tour, elles se réunirent toutes en tant que l’équipe de Buchanan. Ce devint une fierté de rester réunies. Elles répétèrent ensemble, autant nageuses et supporteurs, et elles concurrencèrent ensemble, dans la piscine et dans les estrades, elles fêtèrent leurs réussites ensemble et elles, pas souvent mais cela arriva quand même occasionnellement, déplorèrent leurs échecs ensemble.

Rachel eut beaucoup changé du temps qu’elle était la chienne alpha de sa bande de rockeuses à l’École Intermédiaire Saint Dunstan. Sa mère et elle ne s’était jamais vraiment entendues et quand le dernier chum en place de sa mère aurait voulu inclure Rachel dans leurs ébats nocturnes (elle venait d’avoir quinze ans), Rachel lui a forcé de lui payer un appartement au centre-ville, a menti par rapport à sa date de naissance et a quitté le nid. De sa bande, Christina Lopez et Carrie Simmons ont resté pour devenir des supporteurs en règle de l’équipe de natation tandis qu’Andréa avait quitté l’école lors de sa 9e année. La rumeur voulut qu’elle fût maintenant quelque part en New Jersey à faire des films pornos. Rachel et Anne apportèrent toujours leur jeu d’échecs et après une partie durement contestée, Anne donna des cours de rattrapage au point que, dans le classement scolaire, elles étaient toujours première et deuxième ; parfois, ce fut Rachel qui était en tête, autres temps, se fut Anne.

Le système scolaire public ne fut pas la seule organisation à bénéficier de cet élan vers la simplicité naturelle. Les trois écoles Gymnos ; l’école Primaire, l’École Intermédiaire et l’École Secondaire ont toutes bénéficié d’une croissance de la population étudiante. Étant une école privée, elles pouvaient établir leurs propres règles de fonctionnement (en dedans de certaines limites, évidemment) et l’une d’elles est qu’elles puissent accepter des étudiants venant de familles de l’extérieur. Avec toute l’attention médiatique que les écoles libres de vêtements recueillirent, des familles de tous les coins du pays commencèrent à inscrire leurs enfants pour une éducation naturiste. Gymnos tient plusieurs résidences pour des étudiants de l’extérieur sur le terrain du Centre Naturiste Sunny Acres.

Sunny Acres a également vu une nette croissance de son chiffre d’affaires. Auparavant, Sunny Acres et la fameuse plage ‘nue’ de l’Île Baxter (quoique, techniquement, elle fut désignée comme à vêtements facultatifs) furent les seuls endroits où ceux qui en avaient le goût puissent se promener les fesses à l’air. Maintenant que le comté lui-même fut désigné à vêtements facultatifs, la totalité de l’Île Baxter est devenu naturiste et, à l’exception du cout du traversier ($1 pour un billet aller-retour) tout-à-fait gratuit, contrairement à Sunny Acres. Toutefois, Sunny Acres a un avantage non-négligeable. Il n’est pas possible de passer la nuit à l’Île Baxter. Pendant la nuit, il y a une surveillance. (Ça ne veut pas dire que personne ne l’a jamais fait mais pour le faire, il faut non seulement tromper la vigilance des patrouilleurs, il y a un autre hic ; le billet du traversier n’est valide que pour le jour de l’achat et il n’y a pas de guichet sur l’île. Quiconque qui voudrais tenter l’expérience, ou plutôt le couple, car le plus souvent, c’est de ça qu’il s’agit, doit avoir un ami disposé à venir les chercher le lendemain avec une autre paire de billets afin que les amoureux puissent rentrer à la maison. Cependant, au contraire de cette vieille chanson de B. B. King, the thrill is NOT gone.)

Toutefois, nous étions à discuter de Sunny Acres. La raison principale que Sunny Acres a maintenu sa popularité et même grossie sa liste de membres bien que le comté au complet est, pour ainsi dire, naturiste est que c’est le seul endroit vert accessible aux campeurs à l’intérieur du comté ; le parc national le plus proche est en territoire textile ! Le Comité de Gestion de Sunny Acres (il n’y a jamais eu de propriétaire unique ou même groupe de propriétaires, comme tels) fut dès le début, attiré par l’aspect ‘nature’ du naturisme et a toujours réservé entre 75 et 80 % de la propriété dans son état vierge. Quand le centre avait besoin d’espace (et quand il avait l’argent pour le faire, évidemment) il acheta les propriétés avoisinantes et même là, une portion de ces terres nouvellement acquises furent laissées en friche. Ce n’est que depuis le comté est devenu à vêtements facultatifs, qu’il ait dévié quelque peu de cette politique. La dernière ferme acquise par Sunny Acres inclut une magnifique manse centenaire donc, il fut décidé de transformer cette propriété en terrain de golf ‘Par 3’ de 18 trous et de transformer la manse en clubhouse et boutique de golf. Bill Tierney, l’homme derrière l’installation de la plupart des infrastructures ‘vertes’ à l’intérieur de Sunny Acres sera en tête du projet.
-O-O-
Rendu au moment que Kevin et Paul arrivèrent avec les pizzas et les sodas, Rebecca crut avoir décelé son erreur (le bras en bas de course fut trop étiré). Lors de ses deux derniers essais, son temps eut amélioré de deux dixièmes sur son meilleur temps. Donc, quand Kevin est apparu, elle fut doublement heureuse.
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Avec les boites de pizza vide à part de quelques croûtes desséchées et leurs panses bourrées, personne no songea à faire d’activités éreintantes, de toute façon, qu’importe de la façon la séparation puisse être faite, trois contre deux fut injuste. D’habitude, Darlene y serait également mais sa classe et elle fut partie en randonnée quelque part, sans doute aux dunes. Danielle n’avait pas encore trouvé de garçon à son gout… « Comme si j’en aurai le temps ! » dirait-elle si quelqu’un le mentionnerait. Danielle donna tout son temps libre, et plus, à faire du bénévolat au Centre de Réadaptation Saint Joseph. Donc, la conversation passa des examens à venir vers ce qu’ils aimeraient faire à la fin de leur secondaire. (Cela n’aurait pas du tout fait de parler de garçons… les gars ont tellement l’égo fragile.)

« Quant à moi, j’ai déjà un travail en vue, » dit Paul. « En fait, cet été, je commencerai mon apprentissage. »

« Et quand pensais-tu m’informer, MOI, de ça, » demanda Linda, bougon.

Eh, Lin… ne le prends pas ainsi. Ce n’est pas que je quitterai la ville… »

Elle lui fit une accolade amoureuse. « Je te taquinais… » Elle attendit… « Alors, crache-le, le morceau ! C’est QUOI que tu va faire ? »

« Bien, P’pa est un architecte chez Les Services d’Ingénierie Tierney… En fait, c’était Bill Tierney qui a introduit le naturisme à mon père et à la famille il y a dix ans. P’pa était un architecte fraîchement éclos qui cherchait à pénétrer le marché et Bill Tierney avait ce contrat à Sunny Acres pour refaire le clubhouse, les toilettes et les douches, etc. L’État avait sorti de nouvelles normes pour le traitement des eaux usées et Sunny Acres ne voulait aucunement risquer de perdre leur permit parce qu’il ne se conformait pas à celles-ci. Donc, Bill avait embauché P’pa pour travailler là-dessus. P’pa aimait ce qu’il avait vu, convainquit la famille d’y passer une fin de semaine et nous y sommes depuis ce temps-là. »

« Récemment, le Comité de Sunny Acres c’est porté acquéreur d’une terre qu’il veut transformer un terrain de golf, alors P’pa va travailler là-dessus cet été et Bill fut d’accord que je puisse travailler dessus, également. »

« C’est merveilleux, ça ! » acclama Linda. « J’adore le golf. P’pa m’emmenait avec lui quand j’étais plus jeune mais, quand Saint Dunstan a opté pour la peau, j’ai arrêté d’y aller avec lui puisque je ne voulais plus m’habiller. Il va être larron en foire d’apprendre la nouvelle. Qu’en est-il pour toi, Becky ? »

« Je ne sais pas… depuis des années, ma mère me pompe pour devenir la meilleure nageuse qui n’a jamais existée. Ça va, j’imagine et j’aime ça, nager, mais je ne vois pas ça comme une carrière. Dans ses temps libres quand elle n’est pas à dominer la Commission scolaire, elle est avocate et quand même une bonne mais ça, non plus, ça ne me fais pas frémir. Je vois à peine mon père. Il est gérant de nuit à l’Hôtel Grand et d’habitude, il dort quand, moi, je suis réveillée et il travaille quand je dors. » Elle s’est rapproché de Kevin. « Je ne voudrais pas être sur un quart de travail autre que celui de mon mari. »

« Oh, » demanda Danielle. « C’est quand, le mariage ? »

Tout le groupe partit à rire. « Voyons, vous autres, » postillonna Rebecca, « vous savez ce que je veux dire. »

« Et toi, Danielle, » demanda Linda. « Non… dis-le moi pas… laisse-moi deviner… infirmière ! »

« Absolument pas ! Jamais de la vie. Oui, le travail est passionnant mais c’est l’enfer. J’ai parlé avec plusieurs des infirmières à Saint Joseph. Là-bas, le travail est raisonnablement facile… des heures normales et pas vraiment de stress mais des endroits comme ça sont l’exception. À la plupart des endroits, les quarts de travail doubles, même triples, sont la norme, la nuit, les fins de semaines, une pile de patients comme vous n’en reviendriez pas ; ce n’est aucunement surprenant que des infirmières de 40 ans ont l’air d’en avoir 60, si elles n’ont pas été en burn-out avant et eurent démissionné. »

« Non, moi, je veux me diriger vers la gestion institutionnelle. Pas l’aspect médicale mais la gestion physique de l’endroit… surtout l’aspect alimentaire. Vous ne pourriez croire comment la nourriture en institution est infecte. Vous savez que je fus anorexique avant d’arriver à Saint Dunstan, non ? » Les filles acquiescèrent tandis que les gars n’en disaient mot. « Bien, la journée même que vous êtes venues m’accueillir, je sortait d’un centre de traitement. Là-bas, je mangeais bien. D’accord, je suis un cas spécial ; ce fut partie du traitement. Toutefois, la bouffe y était bonne. Mes parents ont payé une fortune pour m’interner là-bas. Toutefois, il n’y a pas d’excuse… tout hôpital et institution devrait être en mesure de fournir de bons repas nourrissants et APPÉTISSANTS à des prix raisonnables. C’est ça ce que je vise. Je ne sais pas comment encore mais j’y arriverai ! »

« De toute façon, sur ça… je ne voudrais pas vous expulser mais j’ai un travail à finir pour l’école… »

« Ouais, c’est vrai. Je suis mieux de rentrer et de me mettre aux études, moi-même. Merci pour m’avoir prêté ta piscine ; ce fut une aide énorme, » dit Rebecca tandis qu’ils sortaient tous, l’eau coulant de leurs corps nus. Kevin ramassa les boites de pizza vides et Paul recueillit les bouteilles de soda et les passa à Christine, la domestique des Winter tandis que Rebecca et Linda enfilèrent leurs sandales.

Les gars furent à tirer leurs casques de motos et de se diriger vers la porte de la cour quand Danielle les rappela. « Vous avez oublié vos serviettes. »

« Oh, » dit Paul, gêné, sa voix déformée par le casque et courut les chercher. « Merci. À lundi… »
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Re: Histoires de Cor; Les fournisseurs

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Chapitre 2 ; des changements

Quand Rebecca rentra à la maison, elle fut surprise de voir son père. Puisque Kevin était rentré avec elle (Linda avait continué vers chez elle sur le selle passager de la moto de Paul), il arrêta pour dire bonjour mais ce fut bientôt évident que le temps n’était pas à la visite alors il s’empressa de repartir. Après s’être bécoté rapidement dans l’entrée. Kevin enfila son casque de nouveau, enfourcha sa moto et partit, Rebecca saluant son dos nu. Quand il avait viré le coin, elle rangea sa propre moto dans le garage, prit sa serviette et retourna voir de quoi il s’agissait.

Elle trouva ses parents assis sur le patio, son père assis à l’abri dans l’ombre. Contrairement à Rebecca et sa mère, David York fut pâle, presque blême. Depuis la naissance de Rebecca, il avait été gérant de nuit adjoint puis gérant de nuit à l’Hôtel Grand. Il quitta la maison vers les 10 heures du soir et revint généralement assez tôt le lendemain pour donner un bizou à sa fille avant qu’elle se rende à l’école. Même leurs journées de congé ne concordèrent guère car David devait généralement travailler pendant ce temps-là puisque c’étaient justement ces jours-là que la clientèle afflua. Diane et David avaient depuis longtemps accepté cet état de choses car, bien qu’ils s’aimaient beaucoup et David était aussi calme que Diane fut passionnée, les deux avaient des personnalités dominantes et, quand ils restèrent trop longtemps ensemble, ça finissait invariablement par une dispute.

Rebecca s’assit sur le bord du deck en face de son père et le regarda. « Qui a-t-il, P’pa ? J’avais deviné que tu ne voudrais pas en parler devant Kevin mais maintenant qu’il est parti, je veux savoir. »
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« Ta mère et moi en discutions justement, Beckums. Ils sont à fermer le Grand, depuis ce matin, je suis en chaumage. »

« Oh… »

« Tu n’as pas t’en soucier… Côté argent, nous sommes pas mal à flot ; nous ne nous retrouverons pas sur la rue dans un futur immédiat. » Il sourit. « Mais je crois que nous devrons retarder notre croisière au tour du monde pour un bout. »

« Alors, que vas-tu faire ? »

« Bien, pour le moment, je fais parfaire mon bronzage. Je suis écœuré de ressembler un cadavre quand je me mets à côté de vous deux. Ça fait des années que je n’ai pas eu de véritables vacances. Je crois que je vais flâner au tour de la piscine et lire un livre ou deux. Et, lors de la semaine de relâche, je pourrais enfin aller avec vous à Sunny Acres. Pour le reste, on verra dans le temps comme dans le temps. »
-O-O-
« Bon ! Allez, que cette réunion du Conseil d’Administration vienne à l’ordre. Que le procès-verbal indique que Prométhée Papadhópoulos, Propriétaire et PDG des Services d’Hôtellerie Olympus, Hestia Papadhópoulos, Présidente des Services Alimentaires Ambroisie, et Nyx Papadhópoulos, Présidente de la Literie Panthéon, assistent à la réunion. Papy, veux-tu présider ceci ? »

« Nan, tu le fais bien… continue. »

« D’accord. Que le procès-verbal indique que c’est moi, Ganymède Papadhópoulos, Président des Appareils de Cuisson Olympus, qui préside, que John Fenwick, le Secrétaire Général, est présent et que nous avons quorum. Maintenant que toute cette merde est établie, commençons. À toi, Spiro. »

« D’accord, la seule chose que j’ai à rapporter cette semaine est une bonne nouvelle, » annonça Spyridon Antoniou, Vice-président de Production. « Vous savez ce nouveau design de malaxeur avec lequel on avait des problèmes… ? Bien, Roger Watson a redessiné le mécanisme d’arrimage afin que le batteur s’affixe au goujon du groupe motopropulseur contre un ressort. Nous l’avons testé en malaxant une pâte particulièrement épaisse et le batteur ne se dégage plus pour tomber dans le bol. »

Hestia se redressa et, avec un clin d’œil à son père, dit « Bon, si je comprends bien, vous êtes arrivé au but et vous avez un bon batteur de base… C’est bien ça ? »

« Oui, c’est… très drôle, » dit Spiro tandis que les autres furent tous à rire de l’allitération.

Avec le sourire aux lèvres, Gaby indiqua la prochaine personne à la table. « Charley ? »

« Je regrette de vous annoncer que mes nouvelles ne sont pas aussi amusantes, » avisa Charles Davidson, Vice-président des Finances. « Depuis les derniers trois mois, nos ventes ont baissées de façon notable. Là où l’année dernière, nos ventes indiquèrent une croissance régulière de 7 à 8 %, ce que je vois maintenant se situe plus vers les 2 %. Notre équipement industrielle continue à montrer des chiffres acceptables mais les items plus petits telles que nos casseroles de 1 et de 2 litres sont en train de se faire battre à plat de couture… et ça sans jeux de mots faciles, Spiro. »

Herbert Winter, Vice-président de la Mise-en- marché, intervint. « En fait, je ne suis pas surpris. Quand Théodora et moi allons magasiner, j’aime bien faire un tour chez Calvino, afin de jeter un coup d’œil sur la compétition. Ces jours-ci, tout ce que je vois est de la camelote illustré d’une photo de Chef de Télé quelconque. Il y en a qui gravent leur signature sur la casserole comme si cela empêcherait le lait à déborder. Si vous pourriez le croire, j’ai même vu un wok ‘design’ ! »

« J’en ai parlé avec Christine, notre domestique, l’autre jour et elle me dit que c’est presque tout qu’il y a à la télé, ces jours-ci, des vieux ragots des années 70 et des émission de cuisine. Il y aurait un anglais de Londres, un italien qui parle avec un accent que l’on n’entend plus à Brooklyn depuis que les Dodgers ont quitté pour Los Angeles et dieu sait qui d’autre. Je vous le dis, la prochaine chose qu’on verra s’est un Inuit qui va nous préparer un plat de lardons de baleine au gratin avec un coulis de caviar de saumon ! »

« Nous avons besoin de quelque chose qui remettra notre nom devant le public, » dit Charley, « quelque chose qui dira ‘Nous n’avons pas besoin d’autographier nos casseroles. La qualité de celles-ci parle pour nous.’ Je ne sais pas, un gros Splash médiatique ou quelque chose du genre. Aussi, notre dernière ronde d’amortissement est plus ou moins remboursée. Si nous ne trouvons pas quelque chose sous peu, nous allons payer une beurrée au prochain trimestre. » Charley se laissa tomber dans son fauteuil, désarmé.

Voila que Papy se redressa dans son fauteuil. « Voila pourquoi Hestia, Nyx et moi sommes ici. L’autre jour, Nyx est venu me voir avec des nouvelles… Vous connaissez tous l’Hôtel Grand… ? Ils furent un fidele client depuis des années ; à tous les deux, trois mois, ils remplacent une partie leur literie, leurs draps, les taies d’oreillers, nappes et serviettes, et tout le reste, à mesure qu’ils sont tachés ou usés, vous connaissez ces lavoirs industriels ? Bien, le semaine dernière, après avoir déposé leur commande habituelle, ils ont rappelé et annulé la commande. Quand Nyx a appelé pour demander pourquoi, ils l’ont informé qu’ils voulurent fermer boutique. Ils donnèrent les raisons habituelles, l’augmentation des coûts, revenus réduits et tout ça mais je devine que c’est aussi beaucoup dû à la mode vestimentaire détendue de ces temps-ci. Le vieux Broderick était un crisse de constipé et son fils n’est pas mieux. Quel âge a-t-il maintenant, Nickie ? 60, 65… ? »

« 63, je crois. »

« Eh, bien, voilà. En tout cas, après que Nickie me l’ait dit, j’ai commencé à fouiner. Le Grand fut le dernier des hôtels traditionnels en ville. Tout ce qui reste maintenant sont des motels et des hôtels en emporte-pièce appartenant à des multinationaux. Ces vieux hôtels avaient un certain charme… Ça ne veut pas dire que je veux revenir aux temps des guêtres, des chapeaux haut-de-forme et des robes à tournures… J’ai grandit à Santorini et les plages où tout le monde se baignait nu. Vous ne pourriez imaginer comment je me suis senti allégé quand le monde ait commencé à se promener en peau. Cependant, la nudité aléatoire n’empêche pas les hôtels avec classe. J’ai entendu dire que le jeune Broderick serait prêt à céder la baraque pour 3 millions. Ça me tenterait de l’acheter, sauf que je ne saurais pas quoi en faire. Toute ma vie, je me suis occupé à fournir les hôtels avec ce qu’ils avaient besoin mais je n’en sais pas la moindre chose de ce qui touche à son opération. Ce serait dommage, par contre, de laisser aller le Grand sans faire quoi que ce soit pour la sauver… »

Papy se redressa de nouveau. « Toutefois, nous sommes hors d’ordre… C’est qui le prochain ? »
-O-O-
Ce soir-là, après le souper, Herbert Winter était assis à la table du patio avec sa femme, à siroter un Cointreau sur glace tandis que Danielle et Darlene furent assises sur le bord de la piscine, leurs pieds dandinant dans l’eau.

« Le vieux Papadhópoulos s’est présenté à la réunion du conseil ce matin avec ses filles. »

« Oh ? Comment va-t-il, » demanda Théodora.

« Plus en forme que jamais, même, je dirais qu’il est plus en santé que l’année dernière. Son voyage à Santorin lui a fait un bien énorme… il a l’air bronzé et espiègle. Il mentionna quelque chose d’intéressant… il paraîtrait que l’Hôtel Grand est à vendre et qu’il aurait aimé l’acheter s’il savait quoi en faire. Je pensais à ce que Danielle disait l’autre jour au sujet de se diriger vers la gestion d’hôtel… »

« Non pas gestion d’hôtel, P’pa, gestion d’hospice… »

« C’est la même chose, mon chou… un hôpital n’est qu’un hôtel hors de prix avec un service médical à l’interne, une bouffe immangeable et des clients trop poqués pour s’en plaindre. »

« Bon, dite de cette façon…, » ricana-t-elle.

« Enfin, pour continuer, je pensais à ce que Danielle nous disait et j’ai eu cette idée de fou… Cette ville n’a pas de Centres de Formation Professionnelle valables, surtout pas en gestion hôtelière… vous savez… comment agir avec la clientèle, des réservations, la cuisine d’hôtel, le code d’éthique et tout le bardas. Supposons que la Commission Scolaire prendrait l’hôtel en charge et la transformerait en école ? Tu pourrais peut-être en parler avec Diane York ? En y pensant, ne m’as-tu pas un jour dit que son mari travaillait au Grand… ? Mme Winter acquiesça. « Je me demande comment ils prennent la nouvelle. »

« Je ne sais pas… Je crois que je donnerai un coup de fil à Diane demain. »

_______________
‡ Le photographe de Swift Creek Photos exige qu'un lien soit inclus vers la photo d'origine - la <voici>


Malheureusement, je n'aurai pas accès à mon ordinateur pour les trois journées à venir donc je ne pourrais vous afficher la prochaine partie de cette histoire qu'à lundi. J'en suis désolé.
:rougit:
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Arkayn
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Re: Histoires de Cor; Les fournisseurs

Message par Arkayn »

Tant pis. On patientera !

Bon boulot pour la photo. Je n'ai pas vu tout de suite que c'était un montage. C'est le vert sous le transat qui m'a mis la puce à l'oreille. :thumbsup:
La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, certains brillent en société... jusqu'à ce qu'ils l'ouvrent !
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Cor
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Re: Histoires de Cor; Les fournisseurs

Message par Cor »

Comme Arkayn a souligné, j'illustre mes histoires en créant des photocompositions. Or, le photographe dont j'ai emprunté l'une de ses modèles demande que je laisse un lien vers sa photo d'origine, chose que j'avais oublié de faire jeudi dernier. C'est maintenant corrigé.
Dans le chapitre dernier, Cor a écrit :‡ Le photographe de Swift Creek Photos exige qu'un lien soit inclus vers la photo d'origine - le <voici>
__________________


Chapitre 3 ; remue-méninges

« Allô ? »

« … Oui, bonjour. Suis-je bien à la résidence York ? »

« Oui, c’est David York à l’appareil. »

« Oh… Je suis Théodora Winter. Puis-je parler à Diane, s’il vous plaît ? »

« Certainement, elle est près de la piscine. Juste un instant, je l’appelle. »

« … »

« Allô ? »

« Diane… ? Théodora. J’ai entendu des nouvelles hier soir et je me devais de t’appeler. Herbert me dit que le Grand fermait et je me suis souvenue que votre mari y travaille ? Comment ça va ? »

« Pas pire du tout… mon cabinet couvre la majorité de nos dépenses et j’obtiens également une ristourne de la part du Comité de Parents. Comme David disait l’autre jour, nous devrons simplement remettre notre croisière autour du globe. »

« Diane, tu n’es aucunement le genre de faire une croisière autour du monde… tu t’ennuierais à mourir même avant de lever l’ancre.

Diane gloussa. « Je le sais… donc, tu vois, il n’y aura aucun problème. »

« Alors, que va-t-il faire maintenant ? »

« Bien, cela fait 17 ans que David fait le quart de nuit et il devait travailler quand la plupart du monde part en vacances donc, maintenant, il ne veut que parfaire son bronzage. Pour être franche, il a l’air d’un patriarche dans un film de vampires. Je doute qu’il se sent près de la retraite. De toute façon, il n’a que 41 ans. Peut-être, il prendra l’été pour réfléchir… à épuiser sa banque de congés, en quelque sorte. Nous n’en avons pas encore vraiment parlé. »

« Je vois… Bien, j’espère que tout ira pour le mieux. J’avais aussi une autre raison pour t’appeler mais c’est un peu compliqué pour le téléphone. Je me demandais si je pourrais venir faire un tour un de ces jours ; cela impliquerait l’Hôtel Grand ? »

« Fais-tu quelque chose dans le futur immédiat ? Je veux dire ; pourrais-tu passer maintenant ? »

« Je ne voudrais pas vous déranger. »

« Pas du tout. Je suis certaine que David serait également intéressé. Il a toujours adoré travailler là et cela a dû lui briser le cœur quand ce fut fermé, bien qu’il tente de faire comme ce n’était qu’un emploi. »
-O-O-
« Donc, c’est ça l’idée. Si tu pourrais convaincre la Commission Scolaire à embarquer, Herbert croit qu’il pourrait inciter son boss à acheter la moitié de l’hôtel et de le céder à la Commission comme déduction d’impôt. Au besoin, Olympus pourrait tout possiblement fournir des consommables tels que literie et nappes avec des légers défauts, des batteries de cuisine et de la nourriture, soit au cout de gros, soit un peu moins. Je ne suis pas à la hauteur pour les détails ; je ne fais que tâter le terrain. »

Diane regarda son mari. « Qu’en penses-tu ? »

« Bien, c’est une idée intéressante, » dit David. « Un des problèmes principaux du Grand ces dernières années fut de garder son personnel… je veux dire, nous embaucherions quelqu’un qui répondait aux critères, nous le formions dans la façon qu’un BON employé d’hôtel doit se comporter, nous le gardions pour la période probatoire et, dès qu’il commence à être rentable, il démissionne pour l’un des hôtels de chaîne parce qu’ils payent un dollar de plus l’heure. C’est décourageant. Toutefois, tout ceci est hypothétique, là où se trouve les ‘que dirons-nous que’ et les ‘supposons que’. La Commission n’a pas d’écoles de formation professionnelle et même si elle en avait, elle n’a pas l’hôtel. »

« Juste pour en avoir une idée claire, » demanda Diane, « combien ça coûterait ? Le tout, je veux dire, hôtel, consommables… ? »

« Je ne sais pas combien Broderick demande et je n’ai pas vu les chiffres ; c’était son beau-frère, le gérant de jour, qui s’occupait de la comptabilité mais je pourrais arriver à un estimé raisonnable… Nous avons 120 chambres, disons à une moyenne de $150 par nuit ; cela donnerait 18 000 $ la nuit. Sur un an, cela ferait un peu plus que 6 millions et demi, brute. Accordons le tiers pour les consommables, le tiers pour les salaires, cela laissera un tiers pour l’impôt et pour Broderick. Depuis plusieurs années déjà, nous ne roulions plus à 100 %, ce serait plus juste de dire 80 %, si ce n’est pas 75 %. Le coût des consommables ne baisserais pas tant que ça puisque les pertes augmenteraient et les salaires continuent à augmenter pour suivre le coût de la vie, donc, toute la baisse de revenus serait ressentie par le portefeuille à Broderick. Regardé de cette façon, cela ne surprend plus du tout qu’il ait choisi de vendre. »

« Laisse-moi appeler Herbert, » dit Mme Winter, en étirant son bras vers son sac.

« Salut, chéri, peux-tu parler ? »

« … »

« Je suis chez les York… Oui, David York y est aussi. Nous étions à discuter de ton idée d’hôtel et David croit que c’est faisable… »

« … »

« Oui, il nous disait qu’avec toutes les chambres occupées, l’hôtel pourrait générer un revenu net dans les deux millions, deux par année avant taxes.

« … »

« Non, ces dernières années, ils roulèrent plus dans les 80 %... Non, le coût des consommables et les salaires ne baiseraient pas même avec la baisse des revenus bruts et que ce serait le revenu net qui mangerait tout le coup. »

« … »

« Bien, il avait estimé les consommables et les salaires à deux millions, deux chaque. Cela voudrait dire que… voyons… 80 % de six et demi est… cinq et quart, en chiffres ronds. Déduisons quatre million quatre pour les frais fixes, cela laisse moins qu’un million avant taxes. Prenons 50 % pour ces taxes… cela laisserait dans les quatre cents milles pour Broderick… Il demande combien pour l’hôtel ? »

« … »

« Je vois… bien, j’imagine que ce sera négociable, n’est-ce pas, vue ces chiffres.

« … »

« Non, je vais continuer à regarder ça d’ici. Je te tiens au courant… »

« … »

« D’accord, je regarderai ça, également. Je te laisse… Bisous. »

Diane York la regarda, impressionnée. « Eh, bien… et moi qui me croyais dure-à-cuire… »

Mme Winter, ricana. « Bienvenu dans les ‘Vies secrets de gens Riches et Célèbres’ non pas que nous soyons l’un ou l’autre. Comme dit un comique un jour, ‘un million par-ci, un million par-là et bientôt, on commence à parler ‘argent’…‘. »

« Bon, pour résumer l’appel, Herbert demanda s’il devait procéder mais moi, je crois que nous serions mieux de sonder le terrain avec la Commission. Autrement, nous risquons de rester pris avec un éléphant blanc… je ne veux aucunement t’offenser, David, je sais que tu aimes l’endroit. »

« Il n’y a pas de quoi. Je comprends tout-à-fait votre point de vue et je le partage. »

« Quelle heure est-il ? Onze heures. Je crois que la première étape sera de parler avec le président de la Commission Scolaire. » Elle s’étira vers son propre cellulaire et composa le code rapide de la secrétaire de Richard Gregg.

« Bonjour… Martha ? Diane York. Je me demandais quand je pourrais le rencontrer ; j’ai quelque chose à lui proposer… Oh, pour une heure, environs… Demain matin à huit heures ? Parfait, j’y serai. Au revoir… »

« Dieux, que je déteste les gens matinaux ! Maintenant, je suis prise à me lever à cinq heures pour enfiler mon armure de guerre. »

« Armure de guerre ? Je pensais que tu te promenais en peau ? »

« Bien, oui, exactement ! Je dois me lever à cinq heures, avaler un espresso double pour partir la pompe, puis une heure de jogging jusqu’à l’école Buchanan et de retour pour endosser ce hâle ‘pétant de santé’, puis une douche et déjeuner pour en terminer avec une demi-heure devant le miroir pour obtenir ce ‘look naturel’. C’est l’enfer ! » Tandis que Diane arriva à la fin du récit de sa routine matinale, David et Théodora furent à rire ouvertement.

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Chapitre 4 ; Vu dans le journal…

Cet article fut enterré en bas de la cinquième page du Sentinelle de Century City…
  • « L’Hôtel Grand serait fermé » par Paule (Polly) Gingras.

    L’Hôtel Grand, l’un des derniers sites d’importance d’une époque dévolue de Century City, a fermé ses portes pour la dernière fois hier, mettant en chaumage une cinquantaine d’employés, certains d’eux ayant été avec l’établissement pour presque 40 ans. M. Aloysius Broderick, propriétaire et petit-fils du fondateur, Jeremiah Broderick, nous informa que « des coûts sans cesse montants et de revenus réduits sonnèrent le glas pour cette vieille dame distinguée. Nous étions arrivés au point que cela coûta plus cher à le garder ouvert que cela nous rapporta. Je n’ai eu aucun choix que de mettre la clé à la porte. »

    M. Broderick nous dit regretter cette époque dévolue où des Messieurs se dandinaient avec des cannes à pommeaux d’or et des gants en suède et des dames en crinolines et parasols mais la mode a passé à d’autres styles et ainsi doit le Grand.

    La rumeur voudrait qu’un groupe d’investisseurs poursuit activement la possibilité d’acheter l’hôtel mais, jusqu’ici, personne ne s’est mis devant pour confirmer ou pour infirmer cette information ni pour annoncer l’éventuelle destinée de ce bâtiment vieux d’un siècle… »
Cet article-ci est apparu une semaine et demie plus tard et fut étalé sur tout le haut de la page 3 et inclut une photo de l’hôtel et une photo de Richard Gregg dans la salle de réunions de la Commission.
  • « La Commission Scolaire de Century City se porte acquéreur de l’Hôtel Grand. » par Ellen Farnsworth.

    Lors de la réunion régulière mensuelle de la Commission Scolaire de Century City, le président de la Commission, M. Richard Gregg, à étonné l’assistance à l’assemblé avec l’annonce que la Commission ait déposé une offre d’achat avec le cabinet d’avocats représentant les Entreprises Broderick, Ltée, propriétaires de l’Hôtel Grand et que l’offre fut acceptée. Le prix de vente n’a pas été dévoilé. M. Gregg a annoncé cette nouvelle à l’intérieur de la présentation d’un nouveau programme d’étude à être offert par la Commission.
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    Lors de son entrée-en-matière, M. Gregg dit qu’il ait eu des plaintes de diverses organisations du patronat et d’employeurs indépendants que les candidats ne furent pas suffisamment préparés à intégrer le marché du travail, nécessitant ainsi plusieurs semaines, voire mois de formation en entreprise, pour n’être arraché par un entrepreneur rival avec une offre de meilleur salaire et/ou de meilleurs conditions d’embauche dès que la formation fut terminée.

    Ces organismes arguèrent que c’est le rôle de la Commission Scolaire de former la relève et non pas celui de l’industrie. Ils disaient être encore disposés à informer le nouvel employé des particularités de l’entreprise mais non plus les rudiments de ce qui était attendu de lui. Selon M. Gregg, la Commission fut à évaluer plusieurs options quand les Services d’Hôtellerie Olympus, le parent des Appareils de Cuisson Olympus, l’une des plus importantes entreprises de la ville, eut offert un don de plusieurs millions de dollars en vue de justement établir un ‘Centre de Formation Professionnelle’ pour l’industrie hôtelière. Puisque la bâtisse de l’ancien Hôtel Grand avait déjà tout l’équipement nécessaire en place, il fut décidé d’acheter la bâtisse et tout ce qu’elle contenait afin d’en faire une école.

    Des modifications au bâtiment commenceront immédiatement et continueront durant l’été afin de transformer les chambres et les suites en salles de classe. Entretemps, des équipes de travail seront formés pour s’asseoir avec des experts de l’industrie, y inclut certains de ceux qui furent libérés lors de la fermeture de l’hôtel, et à monter des cours en gestion d’hôtel, la cuisine professionnelle, la conciergerie, l’accueil et le tourisme, entre autres. Si tout va comme prévu, dit M. Gregg, il se pourrait que la première cohorte d’hôteliers en formation débute à l’automne mais que ce soit plus probable qu’elles débutent en janvier. Quand il fut interrogé à propos de cette date inusitée, M. Gregg répondit qu’au contraire de la formation académique qui roule généralement sur un système annuelle avec étapes trimestrielles, la Formation Professionnelle roulerait sur système modulaire et les inscriptions se ferraient en continue.
— L’annonce en bas de page vantait les louanges d’une école privée offrant des cours de rattrapage pointus en techniques de labo principalement axées vers les fabricants pharmaceutiques…
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Chapitre 5 ; Équipes de travail

S'étaient réunis dans la Salle de bal de l’Hôtel Grand, quelques cinquante personnes, des hommes, des femmes, quelques unes vieilles, d’autres plus jeunes, la plupart étaient nues, d’autres non, plusieurs se connaissaient entre elles, d’autres étaient de complets étrangers, toutes étaient extrêmement intriguées.

La salle de bal avait été dépourvue de presque la totalité de son mobilier ; les chaises rembourrées avaient été remplacées par des chaises de collégiens avec la demi-tablette devant pour prendre des notes. Sur la scène, là où les musiciens s'installaient généralement, il y avait une table de deux mètres de long par un mètre, quatre chaises et un tableau blanc sur roulettes.

Pile à 8 heures 30, trois hommes dans de la mi à la fin quarantaine rentrèrent sur la scène et se mirent debout devant la foule assise. Deux étaient nus, le troisième habillé de sandales, shorts de safari et tee-shirt au logo des ‘Rolling Stones’. Dès qu’ils sont apparus, la foule s'était tue.

« Bonjour. Permettez-moi de nous présenter… Mon nom est Mark Ford. Faute d’un meilleur titre, disons que je suis le ‘Superviseur de Contenu’ pour cette exercice. Je suis conseiller pédagogique auprès de la Commission Scolaire. C’est mon travail de vérifier que les cours que nous présentons dans nos écoles sont conformes aux normes de l’État. Aujourd’hui et les semaines à venir, toutefois, seront différentes. Nous allons baliser du terrain inconnu. Il n’y a pas de normes, ni de l’État, ni de quiconque d’autre pour ce que nous allons entreprendre. Votre rôle sera d’écrire les cours que l’État utilisera dorénavant comme normes pour le futur. »

« J’imagine que vous pourriez m’appeler ‘Patron’ mais un titre beaucoup plus approprié serait ‘Chef d’équipe’ car, sans vous, le projet sera un échec total. À ma gauche, comme plusieurs de vous le savent déjà, est M. David York. Jusqu’à récemment, David était gérant de nuit de ce même hôtel. À ma droite, je vous présente M. Pierre Lefebvre. Pierre vient du Québec. Le Québec a tout un réseau d’écoles de formation professionnelle et a développé un format de cours structuré et précis pour ses écoles de formation professionnelle. »

« Avant tout, j’aimerais que vous bannissiez une fois pour tout le nom ‘École de Métier’.Les écoles de métier de jadis ont à peu près le même lien aux centres de formation professionnelle que… qu’une caisse à savon a avec un bolide de la F1. Ce sont tous les deux des voitures de course mais au-delà, toute comparaison tombe à l’eau. De la même façon, tandis que autant l’école de métiers et le centre de formation professionnelle étaient sensés vous aider à trouver un emploi, l’école de métier vous formait pour devenir assistant pompiste dans le garage du coin, le centre de formation vous forme pour devenir mécanicien diesel ou encore monteur d’avion. »

« Comme je vous expliquais, le Québec a développé (ou peut-être adapté d’une autre source dont j’ignore la provenance) une structure de cours axée sur des objectifs mesurables que nous jugeons très apte pour ce que nous voulons implémenter ici. Dans les six mois à venir, vous aller bâtir du néant tous les modules nécessaires à former des ouvriers finis dans les différents champs d’action du programme. Quelques uns parmi vous sont des spécialistes dans vos domaines ; cuisiniers, agents de réservation, concierges, d’autres parmi vous sont des enseignants tandis d’autres encore sont des spécialistes dans la correction et la mise-en-page. Ensemble, vous allez développer le contenu de chaque module, vous allez écrire le manuel et les éditeurs vont le vérifier pour la qualité de la langue écrite et la mise-en-page. Chacun de vous sera équipé d’un ordinateur et un ‘bible’, un manuel de style que nous voulons que vous suiviez. »

Plusieurs levèrent leurs mains… « Encore quelques instants et nous allons répondre à toutes vos questions. Tout de suite, j’imagine que plusieurs parmi vous veulent me demander comment procéder ou encore désirent dirent que vous n’aviez jamais écrit un traître mot, sans dire quoi que ce soit d’écrire des cours. C’est pour ça que nous sommes ici aujourd’hui… Pour la semaine à venir… c’est vous qui serez les étudiants. Pierre est ici pour vous enseigner la technique d’enseignement par objectifs et sa raison d’être. Après ça, nous allons tous nous réunir par groupe de métiers et, dans un processus de remue-méninges structuré, vous aller déterminer ce qui doit absolument être enseigné ; ce que l’étudiant doit savoir pour faire le travail correctement, ce qui serait bon à savoir et ce qui sera le glaçage sur le gâteau, pour ainsi dire. Nous pouvons affirmer d’à partir d’expériences précédentes, que ce processus se fait en quatre jours, cinq au max. Une fois ces objectifs établis, nous commencerons à produire les manuels d’enseignement. Il y a-t-il des questions ? »

Pierre intervint. « Juste une seconde de plus… il y a une chose que j’aimerais ajouter. C’est important de comprendre que dans un cours par objectifs, il n’y a pas de notes, soit l’étudiant réussit le module, soit il échoue. Tantôt, Mark mentionna ‘doit savoir’. Tant et aussi longtemps que l’étudiant n’a pas maîtrisé le ‘doit savoir’ d’un module. Il ne pourra continuer sa formation. Il n’y a pas de pour-cent, ni de A, B, C, D… juste S et F. » Dans la foule, plusieurs enseignants commencèrent à marmonner. Pierre souleva la main jusqu’à temps il eut le silence de nouveau.

« J'étais impliqué dans le développement du programme de formation pour la construction aéronautique, de comment bâtir des avions, et je ne peux penser à un meilleur exemple… Soyez honnête, imaginez que vous prenez l’avion pour les vacances de vos rêves. Préfériez-vous que le monteur qui a bâtit votre avion ait réussit le cours avec 60 %, ou avec 75 %, ou plus encore… ? Si vous SAVIEZ sans aucun ombre d’une doute que la personne qui a installé les moteurs sur votre avion ait réussit qu’avec 60 %, QUE ferriez-vous ? Êtes-vous en position d’évaluer si le 40 % ou le 25 % qu’il n’a PAS maîtrisé soit important ou non pour la sécurité de l’avion ou de ses passagers… ? La question de ‘succès’ et ‘échec’ prend tout un autre contexte, n’est-ce pas ? »

« Il va de soi que dans l’hôtellerie, nous ne parlons pas de vie et de mort mais nous SOMMES à parler de satisfaction du client et ceci est quasiment tout aussi important. Un client satisfait reviendra vous voir, un client non-satisfait ne reviendra pas et, si vous avez trop de clients insatisfaits, votre entreprise va fermer ses portes. »
-O-O-
Une semaine et demie plus tard, dans une salle de réunions de la Commission Scolaire, Richard Gregg était assis avec Mark Ford, Aloysius Broderick et des membres du Bureau des Normes Éducatives de l’État.

« Vous ne saisissez pas, messieurs…, » disait M. Broderick. « La position de Gérant d’hôtel est, comme le nom l’indique, un membre de la direction. Le candidat devrait avoir un diplôme en gestion d’entreprise ou son équivalent, comme s'était le cas de mes deux gérants. Je ne dis pas qu’un diplôme d’université est une exigence absolue mais, du moins, il devrait avoir une formation plus poussée que le personnel qu’il supervise. Je ne sais pas… vous pourriez peut-être introduire un niveau de diplômé entre le secondaire et l’université pour les métiers ‘cols blancs’, en quelque sorte. »

Au même moment, à l’hôtel, lors de la session de remue-méninges pour le programme de conciergerie…

« Non, non et non… Vous avez tout de travers » cria David. « Oubliez l’image du bonhomme grassouillet en camisole tachée et avec un mégot à la gueule. Le Concierge est la personnification de l’hôtel, celui qui plus que quiconque, projette l’image de l’établissement. Pensez de lui comme il l'était à l’époque de Louis XIV. Sa fonction, et c'était une ‘fonction’ et non pas une job, était de ‘conter les cierges’, les chandelles. Il était gardien de nuit, il était portier… il était responsable de s’assurer que tout ce passa bien, que l’invité ait tout dont il avait besoin. Il y a cent ans, un bon concierge pouvait trouver des billets pour la première rangée du spectacle ‘à guichet fermé’ de la soirée, il savait où se trouvait un spectacle plus ‘osée’ si c’était plutôt ça que le client voulait. Il savait où se jouait une partie de cartes ‘sans limites’ ou un match de boxe à poings nus, qui embaucher si le client voulait louer une carrosse pour une promenade en campagne, où se situèrent les meilleures maisons closes. Son rôle était de fournir tout service que le client désirait, que c'était de brosser ses bottes ou de caresser son égo. »

Ailleurs, dans une autre pièce sur le même plancher…

« … La nutrition est importante, je vous l’accorde, mais ce n’est pas le seul critère, » dit le Chef Oliveri, « une tasse de brins de scie a plus de valeur nutritive qu’une tasse de riz blanc, mais l’estomac de l’homme ne peut le digérer – nous n’avons pas les enzymes des termites. C’est la même chose entre le Filet Mignon et le bœuf haché, en valeur nutritive, 100 grammes de l’un équivaut 100 grammes de l’autre mais je ne voudrais manger un steak de viande hachée sans l’avoir noyé avec l’équivalent de mille calories de sauce brune. »

« Messieurs, s’il vous plaît… ceci n’est pas le moment. Nous devons commencer par délimiter l’étendue du jardin, sélectionner les fleurs à planter est pour plus tard. Passons de nouveau sur la liste de cours…, » dit Pierre. « Nous commencerons par les noms, après nous les prendrons, l’un après l’autre et nous développerons sur leur contenus. Le premier module est nécessairement ‘Introduction au métier’. Il sera suivi de proche par ‘Santé et sécurité’. Comment travailler de façon sécuritaire doit se trouver dans chacun des modules mais OSHA exige aussi un module spécifique. Vers la fin, nous devons inclure un module sur comment se préparer pour un entrevue et nous devons aussi inclure un module pour accuser l’accomplissement d’un stage pratique. Ceux-là sont des modules obligatoires. Les autres dépendent de vous. Quelqu’un mentionna la nutrition, tantôt… inscrivons-le comme l’un des modules ? Nous pouvons le meubler plus tard. Que faites-vous pour le reste… ? Regardons cela sur une journée de 24 heures. Comment diviserai-je la journée… ? Par repas… le déjeuner, le dîner, le souper, la collation de minuit ? Par plat… soupe, plat principal, dessert ? Que fait-on si nous avons un bar à salade ? »

Et sur un autre plancher…

« Dans cette époque de billets de dernière minute sur l’internet, » disait April Bourque, des Services de Voyage Bourque, « c’est encore plus important qu’un bon agent de voyage se tient au courant et use de sa propre expérience quand il ou elle assemble des forfaits. Cela aide énormément si l’agent a lui-même visité le lieu en question. Combien de fois est-ce arrivé qu’un client ait parti en voyage, ait sélectionné un hôtel qui lui économisait $10 la nuit, pour dépenser des $20 en taxi pour se rendre et pour revenir de sa destination. »
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Chapitre 6 ; Conférence de presse

Pour l’occasion, Richard Gregg avait décidé d’utiliser la Salle de bal pour faire l’annonce. D’une certaine façon, ça avait été un risque et le Capitaine Ed Murphy a dû faire plus qu’un tour dans son cercueil quand sa fameuse loi a encore une fois prouvé sa validité. Heureusement, toutefois, la majorité des équipes de construction étaient installés au deuxième et au troisième étages. Comme c’est toujours le cas avec du fil électrique, la pose du filage pour le réseau audio-visuel et pour le labo d’ordinateurs a pris plus long que prévu. Toutefois, il l’avait promis et en plus, cela accorderait plus de temps pour l’administration de l’école de traiter les demandes d’admission.

Sur la scène des musiciens, il y avait un lutrin avec le logo de la Commission Scolaire et quelques fauteuils en bois sculpté avec des coussins en velours côtelé rouge bourgogne. Sur la piste de danse, on avait aligné quelques 15 rangées de chaises, moins riches, celles-ci (après tout, on ne voulait pas que les journalistes s’éternisent), chacun avec une petite serviette à mains avec le même logo que sur le lutrin (les journalistes étaient toujours en quête de gratuités et, ces jours-ci, on ne pouvait prendre pour acquis qu’ils pensèrent à amener leurs propres serviettes).

Dans les quinze minutes avant le début planifié de la conférence de presse, les représentants des médias avec, en tête, Ellen Farnsworth, la journaliste ‘officielle’ du Sentinelle pour les affaires scolaires depuis qu’elle ait fait ce papier sur le rencontre fatidique entre Saint Dunstan et Gymnos il y a presque quatre ans maintenant, des journalistes pour les postes locaux des trois grandes chaînes de télé ainsi qu’une équipe du canal nouvelles du câble et quelques représentants des journaux ‘nationaux’. Sur les côtés, des équipes de télévision étaient à installer leur barda (il était à prévoir que l’évènement serait présenté aux nouvelles du soir.)

C’était relativement aisé à distinguer les équipes locaux ; la plupart étaient nus et avaient apporté leurs propres serviettes, ce qui ne les avait pas empêché de glisser l’autre dans leurs étuis à portable. Ceux de l’extérieur étaient pour la plupart habillé et les quelques uns qui avaient choisis l’habillement local étaient anxieux. Lors de discussions au sujet de la conférence, plusieurs membres de la Commission avaient enregistré des paris sur lesquels des chaînes flouteraient les vidéoclips. À part de pour ABS, qui avait déjà décidé depuis plusieurs années de s’en passer, les paris furent pas mal égaux que les chaines nationales continueraient à flouter leurs clips.

Puis l’heure sonna (pouvons-nous encore dire ‘sonner’ dans cette époque de cadrans électroniques ?) pour le début de la conférence. Quatre hommes sortirent des coulisses ; deux étaient habillés à la mode de Century City et les deux autres en textile. Des deux hommes nus, l’un, quoique en forme et avec un bronzage riche et égal, était visiblement de la tranche d’âge des retraités. L’autre, un bon quinze ans son cadet, porta encore les traces d’une conversion récente vers la mode de vie naturiste. Richard Gregg, l’un des deux hommes en textile, se dirigea vers le lutrin tandis que les trois autres s’assirent dans les fauteuils.

« Bon après-midi, mesdames et messieurs, pour ceux qui ne me connaissent pas, permettez-moi de me présenter. Je suis Richard Gregg, président de la Commission Scolaire de Century City. Comme vous le savez sans doute, il y a plusieurs mois, la Commission s’est porté acquéreur de l’Hôtel Grand afin de le transformer en Centre de Formation Professionnelle, dans le but de préparer nos jeunes pour une carrière dans l’industrie hôtelière. »

« C’est un tout nouveau domaine pour nous. En fait, je ne connais aucune autre Commission dans ce pays qui offre ce genre de formation, qui se retrouve dans le gouffre entre l’école secondaire et l’université. Je vous accorde qu’il y a des institutions privées qui offrent quelques unes, mais certainement pas toute la gamme de formations spécialisées que ces champs requièrent. Traditionnellement, la formation du personnel avait été laissée à l’industrie elle-même. Ceci n’est plus une option viable. »

« Dans d’autres pays, il y a une distinction nette entre Collège et Université, tout comme pour nous, il y a une distinction entre écoles intermédiaires et écoles secondaires. Ici, toutefois, les mots ‘collège’ et ‘université’ sont traités comme des synonymes. Ce n’est plus vrai. Pour vous expliquer ce qui a changé, je vous présente M. James Richardson, du Bureau des Normes Éducatives de l’État. M. Richardson…, » tandis que l’autre monsieur en complet veston cravate se leva pour se diriger vers le lutrin.

« Bon après-midi. Comme M. Gregg vient de l’annoncer, la Formation Professionnelle est un nouveau domaine pour nous. Par le passé, à l’intérieur du système scolaire public, nous allions tous à l’école secondaire et puis, pour beaucoup entre nous, il y avait le service militaire. C’était dans les forces armés que beaucoup entre nous ont appris un métier. Quand nous sommes sortis de cette phase, nous trouvions un emploi, nous fondions une famille et nous avions continué à vivre notre vie. Pour d’autres encore, c’était le saut vers l’université, où ils ont appris à devenir docteur, ingénieur, comptable… Oui, je sais… pour ceux qui étaient trop paresseux ou trop… si j’ose le dire… trop imbécile, » et là il feigne faire une grimace de dégoût, « il y avait… les ‘écoles de métier’. J’exagère, évidemment, mais je pense à cette pièce de théâtre, ‘Brillantine’… peut-être vous avez vu la version au cinéma avec John Travolta et Olivia Newton John, où cette fille abandonna l’école secondaire pour aller fréquenter le ‘Collège de Coiffure’… »

« Nous n’avons plus le service militaire obligatoire et, à cause de la façon la société a évolué, beaucoup de gens tombent actuellement dans ce gouffre entre l’école secondaire et l’université. Quand la Commission Scolaire de Century City nous a approchée avec ce problème il y a six mois, nous avons immédiatement créé notre propre groupe de travail, semblable à celui que la Commission ait monté pour élaborer les cours, pour rechercher des solutions. Nous pensons avoir trouvé une solution qui est à la fois innovateur et éminemment pratique. Nous sommes arrivés à un système de formation à deux niveaux qui offre plusieurs avantages. Puisque vous avez été ceux qui ont initié ce virement, nous avons cru bon de démarrer avec les métiers de l’hôtellerie mais dans les mois et les années à venir, nous allons aussi regarder la possibilité de partir des programmes dans l’industrie de la construction, dans l’industrie automobile, la Santé et, pourquoi pas, le domaine de la mode. »

« Je viens de vous annoncer un système à deux niveaux. Le premier niveau sera une série de cours de formation, la plupart étant du type ‘savoir faire’ qui mèneront vers un diplôme de Formation Professionnelle, un diplôme d’école de métier sans cette stigmatisation associé aux écoles de métiers traditionnelles. Ces programmes permettront au candidat d’être pleinement fonctionnel dès ses débuts. Comme exemple, dans l’industrie hôtelière, elles incluront ‘Cuisine Professionnelle’, ‘Pâtisserie’, ‘Conciergerie’, ‘Service de table’ et ‘Vente de voyages’. Pour certains de ces programmes, il y aura la possibilité d’une spécialisation accrue tels que ; ‘Cuisine Régionale’ ou, pour combler la popularité grandissante pour la nourriture ‘bio’, ‘Cuisine du Marché’, ou encore pour l’industrie du tourisme, ‘Représentant du Tourisme sur-place’. »

« Le deuxième niveau amènera vers un diplôme collégial, dans le sens d’un diplôme d’université junior. Tout comme pour les diplômes de Formation Professionnelles, ils seront axés sur le ‘savoir faire’, sauf que le contenu sera plus poussé et mèneront vers des postes en ‘Gestion hôtelière’, « Gestion de cuisine’ et ‘Développement d’un marché touristique’, entre autres. »

Je crois bien que vous voudriez savoir quand ces cours débuteront donc, sans plus de commentaires, je vous passe M. Cameron Strathroy, le Directeur de cet établissement… »

Le plus jeune des deux hommes nus se leva et approcha le lutrin. Après avoir ajusté le micro, il dit ‘Bon après-midi’ dans un accent écossais à couper au couteau. « Comme M. Richardson était assez gentil de mentionner, mon nom est Cameron Strathroy et j’ai immense privilège d’être nommé Directeur de cette école. Avant de discuter de l’école comme telle, permettez-moi de me présenter… Quand j’étais bébé, mes parents tinrent une petite auberge, plutôt du style ‘Bed & Breakfast’, en fait, auprès d’Inverness, en Écosse. Toutefois, j’habite Century City depuis vingt-cinq ans. Dans cette période, j’ai occupé diverses fonctions à l’intérieur du système scolaire, y inclut enseignant et Directeur adjoint de l’École secondaire Buchanan. C’est là que j’ai rencontré mon épouse, Penny, qui est encore entraîneuse en chef à cette école. Depuis cinq ans, je suis à la merci de la Commission, à faire le substitut du directeur ici et là quand c’était nécessaire. »

Il y a six mois, quand on commença à discuter de l’implantation d’un Centre de Formation Professionnelle, la Commission m’a envoyé à Montréal, à ‘l’Institut de l’Hôtellerie’, là-bas, pour m’y parfaire dans le domaine. J’imagine que c’était que la chance, étant que j’étais le seul disponible qui parle français. C’est pour cette raison que je suis si pâle, » dit-il en s’éloignant du lutrin et de faire une pirouette de danseur écossais. « Le mois de février à Montréal n’est pas DU TOUT le temps de vouloir parfaire son bronzage. Donc pendant l’équipe de travail se réunissait pour monter les cours que nous allons présenter, moi, j’étais en train d’apprendre comment diriger l’école. »

« Nous sommes chanceux, vous savez, d’avoir cette occasion unique. Un nouveau champ d’étude avec un immense potentiel et une magnifique école pour présenter ces cours. Je serais fautif au plus haut point si je n’acclamais pas publiquement l’homme qui a rendu tout ceci possible. Mesdames et messieurs, j’aimerais vous présenter M. Prométhée Papadhópoulos, le PDG des Services Hôtelières Olympus qui non seulement nous a fait cadeau de la donation qui nous a permis d’acquérir l’Hôtel Grand, il ait accepté d’en assurer son fonctionnement en nous fournissant les consommables dont nous aurons besoin pour présenter les cours en Cuisine et en Conciergerie. Afin de vouloir le remercier, j’aimerais le demander maintenant de bien vouloir découvrir le panneau d’affichage qui sera affixé à la devanture du bâtiment. M. Papadhópoulos… ? »

Pendant que M. Papadhópoulos se leva à son tour, deux seniors de l’École Secondaire Buchanan, un garçon et une fille, apportèrent un chevalet sur roulettes au centre de la scène. Sur le chevalet fut déposé un grand panneau recouvert d’un drap blanc. Quand le chevalet fut placé, le couple se retira et s’est mis au garde-à-vous tandis que M. Papadhópoulos prit le coin du drap et donna un coup sec.

Le panneau ressembla à s'y méprendre à un panneau de circulation routier en aluminium anodisé bleu. À la gauche, il y avait l’illustration stylisée d’un lit recouvert d’un toit avec superposé, un couteau et une fourchette au garde-à-vous. À droite, dans un caractère clair mais stylisé était inscrit le nom du Centre… ‘L’Institut de l’Hôtellerie et Services Hôtelières de Century City’. Malgré leur attitude habituellement blasée, les journalistes applaudirent.
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« Merci… et merci, également, M. Papadhópoulos. Maintenant, la question finale… quand commençons-nous ? Comme vous aurez peut-être deviné à partir de tous les camions de construction dehors, nous ne sommes pas encore tout-à-fait prêts. Il reste quelques affaires à compléter dans l’école et les guides d’apprentissages auxquels nous avons labourés si intensément ne sont pas encore sortis de l’imprimerie. Toutefois, le travail avance et, à partir du début du mois prochain, le secrétariat sera prêt à recevoir des demandes d’admission. Nous avons pleinement l’intention de commencer avec nos premières cohortes dès le début de janvier et de poursuivre avec de nouvelles cohortes à tous les trois mois. Merci. Nous allons maintenant poursuivre à répondre à vos questions… Mme Farnsworth ? »

« M » Strathroy, j’ai remarqué que vous-même, vous êtes nu tandis… » Ellen Farnsworth fut obligé d’arrêter quand toute la salle s’est éclaté à rire. « Bien, je ne pouvais vraiment pas m’empêcher de le remarquer, non…, » dit-elle tout haut à la salle puis retourna son attention vers Cameron Strathroy…, « tandis que M. Gregg, lui, il est habillé. Quelle sera la politique, si politique il y a, face à l’habillement prééminent de Century City ? »

« Sans blagues, Mme Farnsworth, c’est effectivement une bonne question. L’institut adoptera la politique officielle de la Commission Scolaire de maintenir le port de vêtements facultatif tout en prônant une liberté complète de tout vêtement. Comme c’est le cas dans tous les restaurants de la ville, les étudiants et le personnel des cours de cuisine devront porter des demi-tabliers, des filets pour les cheveux et des souliers de sécurité (ça ne ferra pas du tout qu’un étudiant s’échappe un couteau de boucher sur un orteil, n’est-ce pas). Autre que ça, j’imagine que la nudité intégrale sera la norme. Je laisserai à M. Gregg le soin d’expliquer pourquoi il est textile. »

Richard Gregg adressa la foule à partir de son fauteuil. « Je suis navré, je ne croyais pas que mon costume ferait fureur. La raison est d’une simplicité…, l’avion de M. Richardson avait été retardé. Nous sommes venus directement de l’aéroport. Puisque je ne voulais pas qu’il se sente mal-à-l’aise étant la seule personne textile sur la scène, j’ai choisis de garder mes vêtements. Je promets de ne plus le faire, Madame. Suis-je pardonné ? »

Ellen Farnsworth eut la grâce de sourire à cette petite taquinerie. « Bien, certainement, Monsieur… »

« La question suivante, s’il te plaît… ? »
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Chapitre 7 ; Admissions

La dame répondit au téléphone. « Institut d’Hôtellerie, Hannah Barber à l’appareil, Comment puis-je vous aider ? » Hannah Barber fut une très grande blonde dans la fin de la trentaine ou le début de la quarantaine, sauf qu’actuellement, elle était affalée sur sa chaise et sa grandeur n'était pas évidente. Quand elle fut debout à côté de ses collègues, par contre, c’était plus que sa simple taille qui ramena les regards, sinon deux fois, trois fois. Elle avait le corps athlétique d’un coureur de marathons, non, plutôt celui d’un nageur. Son costume d’affaires habituel était un collier de corail blanc et le bronzage riche d’un naturiste de longue date. Étant grande, elle évita des talons. Ces jours-ci elle évita même les souliers.

Au début de la journée, elle répondit au téléphone avec le nom de l’Institut au grand complet. Mais après quelques deux cent cinquante appels, ça faisait perdre du temps et de nommer l’école par ces initiales, IHSHCC, ne marchait pas du tout… on aurait dit une débutante qui fréquentait les maisons hantées à la foire…, on aurait cru qu’un bureaucrate aurait pris ce genre de chose en compte quand on ait inventé le nom.
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« … Oui, nous allons présenter nos premiers cours, mardi le huit janvier… Non, le programme de Formation Professionnelle exige une onzième année complété. Les programmes de niveaux collégiaux exigent une douzième année complétée ou alternativement, un diplôme de Formation Professionnelle dans le même domaine. Donc, si vous le désiriez, vous pourriez commencer avec un diplôme en Formation Professionnelle puis continuer avec un diplôme collégial… Non, pour le moment, nous n’avons aucun intention de distribuer des brochures ou des formulaires d’admission par la poste ; vous pouvez télécharger les formulaires de notre site internet à CSCC.edu/IHSHCC ou vous pouvez venir en personne et il nous ferra grand plaisir de vous aider à compléter les formulaires… Non, pas du tout ; c’était un plaisir. Il me fera grand plaisir de vous rencontrer. Au revoir… »

« Dieux ! », cria-t-elle à Hiraku Matsui dans la cubicule à côté, « Le monde, des fois ! S’ils pourraient, ils exigeraient que nous leur apportions les formulaires en mains propres puis que nous restions pour les remplir pour eux ! Je te dis… ! »

Elle s’étira de nouveau vers le téléphone. « Institut de l’Hôtellerie, Hannah Barber à l’appareil. Comment puis-je vous aider ? »
-O-O-
« M’man, P’pa… j’ai appelé l’Institut hier, hier ils m’ont dit que je n’avais pas à attendre d’avoir terminé ma 12e pour m’inscrire pour Gestion de Restauration… Plutôt, je pourrais faire le cours de cuisine professionnelle et puis continuer avec le collégial. En plus, plusieurs de mes cours en cuisine me seront crédités vers le diplôme collégial. La seule chose qui me manquerait serait mes maths de onzième. Je pourrais facilement compléter ça par les soirs ou par les fins de semaine. S’il vous plaît, P’pa, M’man… dites ‘oui’ ? »

« Es-tu certaine, Danielle, » demanda Mme Winter. « L’année passé, tu nous disais vouloir te diriger vers la gestion hôtelière. Après tout, c’était pour cette raison que nous avions demandé à ton père et à Mme York à intervenir et à implanter cette école de formation professionnelle… »

« M’man, la seul raison pourquoi j’avais dis vouloir faire la gestion hôtelière était parce que je croyais que ce serait ma seule option. Mon intérêt a toujours été la piètre qualité de la nourriture hospitalière, tu le sais… Quand j’ai vu que l’Institut offrirait également un diplôme collégial spécifique aux services alimentaires, je savais que c'était vers ça que je voulais me diriger. »

Mme Winter regarda sa fille aînée. Il ne resta plus aucune trace de la fille pâle et maigrichonne qu’elle avait été il y a quatre ans. Au lieu de ça, devant elle se trouva une belle jeune femme en santé et bien bronzée avec une humeur joyeuse. Pour la énième fois, elle remercia le ciel pour avoir rencontré Diane York lors d’une rencontre du club et de l’avoir demandé d’intervenir pour faire transférer ses filles des écoles huppées (et constipées) du neuvième regroupement vers les écoles de classe moyenne (et libre de vêtements) du regroupement deux. D’accord, Danielle n’avait pas de chum, au contraire de Darlene qui avait commencé à sortir avec James Fredericks, un garçon de sa classe, il y a deux mois. Mais Rome n’était bâti dans une seule journée et elle se c’est souvenue qu’elle-même n’a commencé à sortir sérieusement que depuis elle avait rencontre Herb à l’université.

Il était vrai que Danielle soit, peut-être, encore trop préoccupée par la bouffe. Mais, au contraire d’il y a quatre ans, c’était maintenant une préoccupation saine avec la santé des autres plutôt qu’une fascination morbide avec son propre avoirdupois. De toute façon, dans trois mois, elle aurait 18 ans et elle pourrait faire à sa tête. Elle regarda son mari. De derrière son livre, elle le vit acquiescer imperceptiblement. « Très bien… si tu me donnes les formulaires, je les signerai pour toi. »

« Oh, merci… merci, » et elle accourut et donna sa mère un serre-fort pour la faire pirouetter, et puis courut vers son père pour lui donner un bisou sur la joue.
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Chapitre 8 ; inauguration

Mardi, le 8 janvier ;

Le congé de Noël était une pause bien apprécié car pour presqu’un mois et demi, le secrétariat y inclut le personnel supplémentaire emprunté d’autres écoles n’a fait que traiter des demandes d’admission, quelques mille cinq cents demandes d’admission, dont quelques-unes venant d’aussi loin que le deuxième état voisin, pour les six programmes de formation professionnelles et les trois programmes collégiaux qui seraient offerts. À ce rythme-là, il y aurait une liste d’attente de cinq ans.

Le programme le plus court était celle de réceptionniste à 25 semaines et la plus longue, à 49 semaines, la cuisine professionnelle mais puisque tous les programmes inclurent des stages en industrie variant de 2 à 4 semaines, l’institut ne voyait aucun problème avec l’idée de démarrer une nouvelle cohorte à tous les 12 semaines pour chacun des programmes de formation professionnelle.

Quant aux programmes collégiaux, ils étaient tous aux alentours de deux ans, basé sur une année de 45 semaines, donc, pour le moment, une nouvelle cohorte serait démarré à chaque année, sous la réserve de raccourcir cette intervalle à une demi-année si la demande se faisait sentir.

Puisque, selon la convention collective, les enseignants furent limités à 20 heures de temps en classe, cela voulait dire que chaque groupe nécessitait un prof et demi. L’horaire fut organisé de telle façon à désigner un prof comme prof attitré qui enseignerait la plupart des modules tandis que le deuxième prof flotterait entre les classes pour les cours de tronc commun, tels que Santé et sécurité, les maths, relations avec le client et ainsi de suite.

La dernière semaine avant Noël, l’école a tenu une journée ‘portes ouvertes’ pour accueillir les nouveaux profs. Présents étaient ceux qui eurent transféré des cours d’économie familiale des autres écoles, ceux qui eurent l’idée de quitter l’industrie pour l’enseignement ainsi que les anciens employés de l’Hôtel Grand qui avaient les connaissances et l’expérience requise pour enseigner leur métier à la génération suivante, tels que le Chef Oliveri, le Chef Pâtissier, Albert Leclerc et Paula Jeffries, la réceptionniste en chef de l’hôtel. David York, qui avait tant fait lors de l’équipe de travail pour que le programme de Gestion d’hôtel fût aussi riche, avait été non seulement choisi comme enseignant dans ce domaine, il était aussi nommé Directeur adjoint responsable pour le roulement de l’école.

La veille avait été une journée pédagogique. Cela pourrait sembler bizarre de tenir une journée pédagogique au lendemain de deux semaines de vacances mais, lors d’une assemblée générale du personnel, il avait été convenu de démarrer chaque cohorte avec une journée pédagogique afin que le secrétariat pourrait préparer les dossiers des étudiants et que les profs pourraient organiser leurs salles de classe, préparer les guides d’apprentissages et le matériel didactique. Ce matin, toutefois, l’école était fermée et il y avait un ruban symbolique tendu devant la porte principale. Ellen Farnsworth et son photographe du Sentinelle étaient présents, tout comme les enseignants, le personnel et quelques 300 étudiants qui attendirent tous que Richard Gregg coupe se ruban et que tout le monde puisse enfin commencer. Peut-être Richard Gregg aimait ça des foires médiatiques, mais le monde ordinaire avait du travail à faire et n’avait pas de temps à perdre. Finalement, à huit heures moins quart, après une courte dissertation au sujet du début d’une nouvelle ère dans l’éducation publique, Richard Gregg coupa le ruban avec une paire de ciseaux à volaille et ouvrit l’école de façon officielle.
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On guida les étudiants vers la salle de bal où le Directeur Strathroy les accueillit et, après avoir présenté les enseignants attitrés pour chaque groupe, annonça chacun des programmes et demanda les étudiants de se lever et de suivre leurs profs. Les cours avaient commencés.
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Chapitre 9 ; Leçons particuliers.

Le Chef Oliveri se trouva devant une petite table de travail entouré de dix à douze étudiants. « Alors, la présentation fait tout la différence. Prenez ces lentilles, par exemple… Avez-vous déjà vu un tas de légumineuses aussi morne que ceci… ? Les lentilles, par contre, sont délicieux, ont d’excellentes valeurs nutritionnelles, surtout en protéines et en sels minéraux et au contraire des fèves, ne génèrent pas de gaz toxiques quand on les mange. Elles viennent en diverses variétés, dont de couleurs, mais sur le marché, on retrouve surtout la variété dite ‘cultivée’ qui est brune. On en parle dans la bible, dans la Genèse. Avant que Marco Polo rentre de Chine avec sa recette pour le spaghetti (quoique les italiens aient dû attendre un autre quatre cents ans pour que quelqu’un rapporte la recette de la sauce bolognaise du Pérou), les lentilles étaient le principal aliment de la région méditerranéenne. »

« Toutefois, si nous y ajoutons un peu d’oignon rouge, quelques graines de maïs, des juliennes de carottes ou des poivrons rouges coupé en dés et quelque brindilles de citronnelle pour lui donner des couleurs, quelques gouttes de vinaigre balsamique pour rehausser la saveur et que nous garnissons le tout avec une cerise de terre, nous obtenons un à-côté exotique et appétissant. »

« C’est quoi ça, Chef… cette cerise de…chose, » demanda Danielle.

« Ça ? On l’appelle Alkékenge, d’après son nom arabe, ou cerise de terre ou encore lanterne japonaise. C’est le fruit d’une plante qui s’appelle également Alkékenge ou Physalis. En fleur, ce sont des petites globes pendantes orangées ou rouges vifs. Le fruit se forme à l’intérieur de la fleur qui finit par sécher et prendre l’apparence d’une petite sphère en parchemin. Le fruit, lui-même, est de la forme d’une petite cerise orangée avec des petites graines à peine perceptibles avec un petit gout acidulé et des propriétés diurétiques comme celles de l’atoca… »

D’un coup, on entendit un ‘WHOOCH’ derrière eux et un éclat brillant jaune. Le Chef Oliveri s’est retourné à temps de voir une colonne de feu d’un mètre de haut en train de se faire éteindre par le système automatique d’extinction tandis que l’alarme commença à clamer bruyamment. Il s’est rendu vers le fourneau, frappa le commutateur pour couper l’alarme, éteint le bruleur et, enveloppant sa main d’un linge, prit le poêlon carbonisé et le déposa dans le lavabo. Il avait l’air plutôt découragé qu’en colère.

« Bon… qui a laissé le poêlon sur le feu ? »

Timidement et lentement, une main se leva derrière la foule.

« Je devine que ce n’était pas ton intention, Ivan. Qu’ESSAYAIS-tu de faire ? »

« Ma grand-mère vient de l’Ukraine… elle me parlait hier soir de la façon qu’ils faisaient des deruny quand elle fut petite et je voulais l’essayer… »

« Deruny… ? »

« Oui, des patates pilées, de la farine et un œuf, formé en galette et frite… »

« Oh ! Des latkes… je vois. Alors, que c’est il arrivé ? »

« Bien…, » dit-il, gêné. « Je me suis laissé distraire par votre démonstration. »

« Très bien… Il n’y a pas eu de dommages. C’est justement pour ça qu’il y a un système d’extinction d’installé. Toutefois, afin que t’apprécie qu’il ne faut jamais, JAMAIS, laisser un feu sans surveillance, tu resteras ce soir et tu me nettoieras ce dégât par toi-même.

« Oui, monsieur ! Vous êtes certain que ça ira, autrement… je ne me ferai pas faire expulser ? »

Le Chef Oliveri sourit. « Non, cela arrive à tout le monde… UNE FOIS, » et il regarda l’étudiant contrit sévèrement. Il gloussa. « Dans mon cas, j’étais en train de frire du vivaneau… Toutefois, ce sera impossible de faire encore de la cuisson aujourd’hui et je devrai appeler la compagnie d’extincteurs pour venir remplir la bouteille mais c’est tout. »

« C’est quoi des latkes, Chef ? »

« De façon générale, ce sont de galettes de patates. Presque chaque pays non latin en Europe à sa version, l’Autriche, l’Allemagne, la Pologne, la Russie… Latkes est le nom Yiddish. Comme disait Ivan, elles sont faites de pommes de terre râpées ou encore pilées, mélangé avec un peu de farine et un œuf pour les lier ensemble, quoique plusieurs ajoutent aussi de l’oignon râpé et, ou de l’ail et la plupart du temps, elles sont frites dans un peu d’huile ou de beurre. Elles sont souvent servies avec un peu de crème sûre ou même de la sauce aux pommes. Elles ressemblent un peu à ces ‘patates hachées brunes’ qui vous achetez chez cette casse-croute au centre d’achats.
-O-O-
David York marcha le long du couloir du cinquième étage de l’Institut quand l’une des portes derrière lui ouvrit. Il s’arrêta et se retourna pour voir une belle fille adolescente debout dans le couloir, nue, en train de le regarder avec étonnement. Quand David se rapprocha d’elle, elle appela, doucement, « Greg… ? »

Greg Peters sortit également et, voyant David, arrêta dans ses pas.
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« Ah, M. Peters… je me demandai qui c’était. Bon matin. Je présume que vous avez bien dormi cette nuit ? »

« Euh… M. York… Bonjour. »

« Et pourrais-je demander qui vous êtes, ma demoiselle ? »

« Euh… Voici Jennifer Blake, Monsieur. Jenny, voici M. York, le directeur. »

« Bon matin, monsieur. »

« Vous n’êtes pas une étudiante ici, n’est-ce pas, Mlle Blake ? »

« Non, monsieur. »

« Bon, bien, assurez-vous que Greg vous paie un déjeuner adéquate. Ce serait la moindre des choses après qu’il vous a mis dans l’embarras comme ça. »

Elle sourit. « Oui, Monsieur. »

« Excusez-moi, M. York… Que vouliez-vous dire tantôt… ‘Vous vous demandiez qui cela pourrait être…’ si cela ne vous dérange pas de répondre ? »

« Pas du tout. Même, cela pourrait être un excellent sujet pour la classe ce matin. Comme vous le savez certainement, M. Peters, ceci était jadis un véritable hôtel, donc un établissement commercial. Presque toutes les établissements commerciaux que je connaisse ont des appareils d’enregistrement apposés à leurs principaux équipements d’infrastructure, telles que fournaises, chauffe-eaux… Or, depuis quelques semaines, ces chartes indiquèrent qu’une ou deux fois par semaine, quelqu’un aurait consommé une bonne quantité d’eau chaude à six heures du matin quand, supposément, il n’y avait personne dans l’école, Je l’avais déjà isolé à l’une des chambres du cinquième. Le reste n’était qu’une question de patience. »

« Je vois… »

« Bien. Maintenant, vous et Mlle Blake allez prendre l’un des chariots de service et vous allez changer le lit, nettoyer la salle de bains et remplacer les serviettes. J’imagine que vous vous rappelez comment le faire de votre module d’entretien ménager. Puis, M. Peters, vous allez escorter Mlle Blake vers le restaurant de son choix et vous allez lui payer le déjeuner. Puis vous allez l’escorter vers son école secondaire ou là où elle désire aller et après ça, vous allez revenir ici à l’heure pour vos cours. Je veux vous voir dans mon bureau plus tard dans la journée. Suis-je bien compris, monsieur ? »

« Euh… oui, monsieur. »

« Parfait, parce que la première chose que nous ferrons ce matin est de visiter la chambre des fournaises. »
-O-O-
Ce soir-là, au tour de la table à dîner, Diane et Rebecca riaient aux éclats tandis que David décrit l’air de chiot perdu sur le visage de Greg quand il s’est fait prendre presqu’en flagrant délit.

« Greg Peters… Je ne sais pas, ce nom me dit quelque chose, » disait Diane.

« Ne te souviens-tu pas, M’man ? Il était sur l’équipe de natation des gars à Saint Dunstan. Quand il eut transféré vers Buchanan, l’année avant moi, il n’a pas intégré l’équipe de natation de Buchanan donc j’avais perdu sa trace. Alors, c’est ça qu’il est devenu… testeur de matelas dans l’école des aubergistes. »

« Allons, Rebecca, ne sois pas mesquine. En fait, Greg Peters réussit très bien ses études. »

« Peut-être… Mais, de ce que je me souviens de lui, il avait une excellente opinion de lui-même. Quand il était encore à Saint Dunstan, presque toutes les filles que je connaissais bavèrent sur sa photo et il le prenait tout pour acquis. Je me demande si cette fille est sa blonde ou s’il est en train de cueillir des pâquerettes ? Tu n’aurais peut-être pas dû dire devant elle que ces douches du matin durèrent déjà plusieurs semaines. »

« Oups…, » ricana-t-il. « La gaffe… Bien, s’il arrive de mauvaise humeur demain matin, j’imagine que nous saurons pourquoi. »
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