Histoires de Cor; Ma maison, mes règlements

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Cor
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Histoires de Cor; Ma maison, mes règlements

Message par Cor »

Préambule ;

En plus d’écrire mes propres nouvelles et romans, je traduis fréquemment les histoires d’autres auteurs qui ont attiré mon attention. Lors de la traduction d’histoires qui m’intéressent (je suis toujours fasciné comment d’autres auteurs traitent le naturisme et je me concentre plutôt dans ce domaine), je contacte l’auteur le plus souvent possible et je lui demande sa permission pour la traduire et la publier en français. C’était ainsi avec l’auteur David Lloyd lors de l’écriture de sa série Chloé. David avait à peine commencé les premiers chapitres de son histoire quand je l’avais contacté et lors de l’élaboration de l’histoire, nous avons travaillé étroitement ensemble et je suis convaincu que le produit fini en a beaucoup bénéficié.

Quand l’histoire fut finie, David proposa aux membres de son forum (David participe régulièrement à un forum d’origine anglaise du nom de « Cat’s chat » http://www.chatbocks.com/board/index.php) un défi pour encourager les lecteurs d’écrire leurs propres histoires. L’histoire devait avoir « My House, My Rules » comme titre ou comme thème principal, devait tourner autour du naturisme familial, ne devait dépasser dix milles mots et, pour faciliter la lecture, devait être divisée en chapitres ne dépassant pas mille mots. Cette histoire en est le résultat.
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Titre originale ; “My House, My Rules”
Par Cor van de Sande
D’après une idée originelle par Cor van de Sande
© Cor van de Sande, 2012


Épisode 1 ; Introduction

Sherwin’s Falls était une communauté typique pour cette partie-là du pays. Il y avait une petite église anglicane en bardage de bois blanc avec un petit presbytère à côté. Il y avait deux douzaines de maisons situées au croisement de deux routes campagnardes, partant d’une ou deux manses typiques d’un avocat en moyens ou un notaire jusqu’à quelques… bien… chaumières serait le mot poli ; des cabanes à une seule pièce faites de bois recyclé avec de petites fenêtres dépareillées et une porte à peine assez haut pour laisser passer un homme de taille moyenne sans l’obliger de se pencher. Il y avait aussi un magasin général et un hôtel miteux auxquels on a mis les scellés depuis une bonne quarantaine d’années depuis que le Vieux O’Shaughnessy s’est fait tué dans une bataille de rue… un américain en visite n’était pas d’accord avec les opinions politiques du bonhomme O’Shaughnessy et avait essayé de le convaincre avec un démonte-pneu.

Le village était apparu de rien il y a quelques deux cent trente ans plus tôt quand George Washington, Ben Franklin et un groupe de leurs copains décidèrent que le thé ne devrait pas être taxable. Pas tout le monde était d’accord ou, du moins, pensèrent que cela ne valait le trouble de donner des coups de pieds aux tuniques rouges dans leur redingotes juste parce que t’aimait pas la façon que l’on dépensa tes impôts (les tuniques rouges avaient la mauvaise habitude de retourner le feu, dieu sait pourquoi). À mesure que tout ce remue-ménage s’étendit de Massachussetts vers le nord pour se rendre à New York et Vermont, ceux qui aimait le fait d’avoir un roi (on s’en foutait qu’il soit de la famille des Habsbourg) continuèrent vers le nord également.

Sherwin’s Falls obtint son nom du fait que l’un de ceux qui avait monté vers le nord (dans les livres d’histoire, on les appelait les Loyalistes de l’empire uni, non pas qu’ils étaient du tout unifiés ni qu’ils furent le moindrement concernés par l’empire britannique), s’appelait Sherwin et était brasseur de formation. Quand il vit la falaise de cent pieds et la chute qui se vida dans cette mare d’une pureté cristalline, il crut avoir trouvé l’endroit idéal pour ouvrir une brasserie et une auberge et, soyons honnête, dès que t’as une brasserie qui roule, tu vas avoir une clientèle prêt à s’installer à côté pour consommer ta production.

Les terres environnantes était parfait pour la culture des pommes mais, malgré ça, il convint quelques uns de ses voisins que de l’orge et du houblon furent aussi des agrumes rentables et le prouva en achetant lui-même la majorité de la récolte annuelle. Il la leur revendait sous la forme de bière, de cidre et peut-être aussi un peu de whisky, à la grande satisfaction générale, surtout en hiver quand il n’y avait pas grand-chose à faire d’autre.

Sherwin finit par vendre son établissement et au long des siècles, des propriétaires successifs transformèrent la brasserie en hôtel de campagne. L’étable fut transformée en remise et la malterie en entrepôt. D’une façon ou d’une autre, la propriété tomba dans les mains d’O’Shaughnessy (la rumeur voulait qu’O’Shaughnessy joue au poker avec une main de maître). Il avait gardé les vieilles cuves dans l’ancienne malterie, pensant récréer l’ancienne recette de Sherwin (il était, chose rare à l’époque, un amateur de la technologie ‘traditionnelle’ mais, malheureusement, cette rencontre avec le démonte-pneu a mit fin à ce projet).

Les années soixante furent une époque de progrès épouvantable pour le Québec… à ces temps-là, c’était la Régie des alcools de la province qui vendait la boisson forte, déjà emballée dans des sacs en papier brun ; le client devait identifier de nom son lubrifiant au comptoir et un fonctionnaire malcommode allait le chercher dans l’entrepôt derrière et les dépanneurs du coin vendaient de la bière pour boire à la maison. Les brasseries n’étaient aucunement connues ; ce qui leur ressemblait le plus étaient des ‘tavernes’ – des trous sales, emboucanés avec des planchers en céramique vitrifié blanchâtre, de petites tables et des chaises chambranlantes pour hommes seulement.

Maintenant, les femmes furent enfin reconnues comme des êtres humains et furent permis de voter (et de boire), les lois moyenâgeuses de la province furent mises à jour, la pilule devint l’arme définitive contre la répression de l’Église catholique et… qu’importe. À Sherwin’s Falls, tout ça passa sans qu’on s’en aperçoive. Oh, on savait que des choses passèrent… la télé existait, après tout, et « La soirée du Hockey » était un passe-temps national, surtout qu’à l’époque, le Canadien de Montréal s’était plus ou moins approprié la Coupe Stanley de façon permanente.

Sherwin’s Falls vit une période de vaches grasses pour un bout… Avec cette liberté accrue, le cidre a vu une montée en popularité et Sherwin’s Falls trouva enfin un marché pour tous ces pommes. Pour un temps, le Cidre pétillant Sherwin’s Falls se trouva sur toutes les étagères et le tourisme vit un essor à cause de la qualité et de la variété des pommes disponible dans la région. Mais, peu après ça, la Régie des alcools c’est refait le visage, changea de nom pour la Société des Alcools et commença à embaucher des ‘experts’ en vin de table pour travailler dans leurs ‘boutiques’ et les péteux de brou ont vite délaissé leurs bouteilles de cidre pour la dernière cuvée de bordeaux de Philippe de Rothschild et la plus récente récolte de ‘vin nouveau’ de Bourgogne. C’était dans cette même époque, également, qu’O’Shaughnessy c’est fait réajuster les contours de son crâne alors les pauvres citoyens du coin n’eurent même plus d’endroit pour discuter des ‘bons vieux temps d’antan’.

Aujourd’hui, les pomiculteurs de Sherwin’s Falls eurent encore un acheteur commercial occasionnel, surtout pour les variétés plus rares et il y avait encore le connaisseur qui préféra conduire une heure ou plus le long des routes de campagne à partir de Montréal pour des pommes cueillies à même l’arbre plutôt que d’acheter des pommes originaires de la Colombie Britannique vieillis d’une semaine ou plus dans des sacs de plastique. Mais ce n’était plus cette même époque de vaches grasses ; la plupart de la récolte allait maintenant vers des fabricants de compote de pomme. Pour les vendre, il fallait demander si peu qu’ils arrivent à peine de couvrir les frais, les enfants quittèrent la maison le plus tôt possible pour l’attraction et le défi de la grande ville et tous ceux qui restèrent étaient des vieux crouillards à moustaches comme les celles des colonisateurs sahibs de l’Inde à l’époque dévolue de l’Empire britannique et leurs femmes lourdaudes en tablier. Ce n’était pas gai et c’était peu dire.
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roger
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Re: Histoires de Cor; Ma maison, mes règlements - Ch. 1

Message par roger »

Je ne sais pas si on a le droit de commenter les histoires des autres mais si ce n'est pas le cas, vous aurez juste la peine de l'effacer. Je ne m'en offusquerai pas.
Bon début, le lieu de l'action est bien décrite. Il ne reste plus qu'à voir arriver les protagonistes, je veux parler de ceux qui vont jouer le rôle de naturistes. On en est loin mais c'est cela qui aiguise la curiosité du lecteur. J'ai hâte de lire la suite.
Sinon je suis heureux d'avoir pu élargir ma culture : je n'avais jamais vu, lu ou entendu le mot «manse». Bien sûr je suis allé me renseigner sur Wikipedia. Ce terme existe au moins depuis les mérovingiens. On retrouve le mot dans le sud de la France : le mas qui est une bâtisse de ferme. Dans le nord la métairie serait ce qui se rapproche le plus :une terre assez grande pour faire vivre une famille avec sa maison familiale et ses hangars et dont le fermage se paie en nature. Par contre dans cette histoire, j'ai cru comprendre qu'il s'agissait de la maison principale sans les terres. Sans doute qu'il s'agissait de belles maisons solides achetées par les avocats et notaires du pays.
Allez, attendons la suite.
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Épisode 2 ; L’arrière-scène

Les résidents restants de Sherwin’s Falls se sont réunis dans la salle communautaire en face de l’église. La plupart du monde était dans la soixantaine avancée et tôt la septantaine. Bill et Brenda Matheson qui étaient propriétaires du verger ‘à côté’ de la propriété d’O’Shaughnessy étaient encore dans la cinquantaine avec une adolescente encore à la maison… leurs deux enfants ainés, le Petit Bill et Elisabeth, avaient tous deux quitté le nid pour aller à l’université il ya plusieurs années et les parents n’étaient pas du tout certains qu’ils reviendraient un jour pour prendre la relève, surtout que les deux avaient maintenant des jeunes enfants à charge. ‘Bertie’ Hinckley y était ; il vivait confortablement… Bertie avait quelques quatre cents hectares de boisés avec une prééminence d’érables. Tous les printemps, début mars, il faisait le tour de ses arbres en motoneige et fila des tubes en plastique entre tous ses érables et, avec une petite pompe à vide, il siphonna une quantité de sève, qu’il mit à bouillir afin de produire du sirop d’érable. En moyenne, il produisit quelques deux cent milles litres de sirop par année pour trois à quatre semaines de travail.

Les O’donnell y étaient ainsi que ‘Skin-flint’ MacGruder. Même Farley Gee y était. Pour être précis, Farley répondait du comté avoisinant mais ça, ce fut une décision politique avec laquelle Farley n’avait jamais été d’accord ; lui-même s’est toujours considéré faisant partie de Sherwin’s Falls. Dans sa jeunesse, Farley était plutôt indiscipliné… on le voyait jamais sans son kilt des McGregor. Une fois, lors d’une entrevue télévisée au sujet d’une manifestation politique, il offrit son opinion du gouvernement en pouvoir en se retournant et montrant le fond de sa pensée à la caméra. Jeffrey Hennessey y était avec sa femme, Ilene, et leurs enfants de six ans ; Kevin, le garçon et Heather, la fille. Les parents Hennessey étaient encore dans la vingtaine mais ils ne comptèrent pas vraiment comme résidents puisque Jeffrey était agronome et s’était installé dans le village pour conseiller les fermiers du comté à améliorer leur production et à adopter de nouvelles méthodes écologiques pour le contrôle des bestioles nuisibles tandis qu’Ilene était enseignante à la maternelle.
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Le sujet principal de la discussion était ‘Le futur de Sherwin’s Falls’. Deux semaines plus tôt, un lundi matin, une couple de fourgons venant de Valleyfield sont arrivés en ville et, même avant que quiconque réalise ce qui ce passa, une équipe avait monté une clôture en contreplaqué de trois mètres tout autour de la propriété O’Shaugnessy, y inclus la mare et la source qui alimentait la chute. Depuis ce jour, des camions avec des engins de génie civil, des fourgonnettes et des voitures arrivèrent tous les jours ouvrables aux limites de la clôture, où un garde les laissait passer par le portique, qu’il rembarra par la suite et, chaque soir, le même garde débarra le portique de nouveau et ces mêmes fourgonnettes et voitures sortirent. Plusieurs des villageois plus fureteurs avaient tenté en vain de regarder par le portique pendant qu’il était ouvert. À ce jour, personne encore n’avait osé lorgner par-dessus la clôture. Ce soir-là, tout le monde se recueillait au centre de la salle à se jaser, chaque scénario imaginé plus loufoque que le précédent.

Enfin, le pasteur, James Athelstone, appela la réunion à l’ordre. Le révérend Athelstone est venu d’Angleterre vingt-cinq ans plus tôt avec sa femme Sarah, suite à dix ans comme missionnaire au Brésil quand leur ancien pasteur est mort de vieillesse. Ils étaient un couple sans prétention avec une vision sereine qui convenait parfaitement aux gouts de la communauté.

« Messieurs, dames… S’il vous plaît ? Merci. Comme vous le savez sans doute, cette communauté vit de peine et de misère et le fait depuis une bonne quinzaine d’années. La difficulté est que personne parmi nous ne rajeunit et personne de la génération suivante semble prêt à vouloir dépenser les longues heures et risquer les incertitudes du climat pour entreprendre la relève des vergers et des fermes.

Il y a un mois, j’ai été approché par un homme d’outre-mer qui désire maintenir l’anonymat et nous avons eu une longue discussion au sujet du futur du village. Ce monsieur semble être intéressé à investir d’énormes quantités d’argent ici dans une entreprise qui ferra rentrer une bonne quantité de revenus touristiques mais qui changera de façon permanente la nature de cette communauté.

Tout dont j’ai la liberté de vous dire est que, quand ce monsieur m’annonça la nature de son entreprise j’ai été très surpris, mais après ce choc initial, j’ai, et Sarah, également, pu reconnaître le potentiel financier du projet et de ses avantages pour la communauté. Quoique je ne puisse dévoiler plus en ce moment, j’aimerais vous indiquer que le projet a mon entière approbation. Nous avons discuté non seulement les implications sociales mais aussi les implications religieuses. Je vous dis ceci car l’homme en question ‘suit le son d’un tambour différent’ pour le décrire ainsi. Toutefois, il n’y a rien, ni dans l’Ancien Testament ni dans le Nouveau, qui interdit ce qui se trame, même, je peux m’avancer, il y a des fortes indications qu’Ils appuient la pratique… Je suis mieux d’arrêter car, si je continue, je risque de trop dévoiler ce qui m’a été interdit. Que Dieu me pardonne mais je ne peux m’empêcher d’anticiper avec un malin plaisir ce qui va arriver. Oh, que vous allez être surpris, » finit-il avec sourire en bouche.

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Épisode 3 ; la construction continue et la clôture se fait abattre

Durant la semaine suivante, la construction sembla s’être rendue à une nouvelle phase… Les gros engins furent enlevés et les véhicules des entrepreneurs portèrent maintenant des sigles et des noms de plombiers, de maçons, de plâtriers et d’électriciens. De temps en temps, un fourgon de livraison déposa un chargement de bois ou quelques chargements de sable, ainsi que d’autres matériaux anonymes puisqu’ils étaient recouverts de bâches. De derrière la clôture venaient continuellement les sons de martellement, de scies électriques et le bruit facilement reconnaissable d’un malaxeur à mortier.

Cela continua pour plusieurs semaines et, avec le temps, les villageois devinrent habitués avec l’activité, le bruit et la clôture et la vie continua. La circulation de tout ce trafic industriel n’attira plus l’attention du début et, de toute façon, les pommes venaient à maturité et durent être protégées des bandits locaux, les oiseaux, les ratons-laveurs et même un chevreuil occasionnel.

Un matin, toutefois, vers le milieu d’août, les villageois se sont réveillés pour constater que, pendant la nuit, la clôture au tour de la propriété O’Shaughnessy avait été démontée. Ça ne prit qu’un instant pour que la nouvelle se repende et que des badauds curieux passèrent, comme par accident pour voir ce qui avait à voir.

La première chose qui fut remarqué était la nouvelle façade de l’hôtel, quoique ‘nouvelle’ n’était pas vraiment le mot qui convenait. L’ancienne devanture en planches blanches défraichies avec des détails verts n’était plus, ni l’ancien escalier branlant vers la porte principale et le toit en tôle. Au lieu de ça, ils virent un bâtiment avec plusieurs ailes, comme une lettre ‘E’ majuscule couché sur le côté, toutes faites de pierres des champs d’un jaune-beige, avec de petites fenêtres enfoncées et un toit en bardeaux d’ardoise, construit dans le style des auberges anglaises de jadis. À côté de ce bâtiment principal, l’ancien garage qui avait été aménagé pour des chambres supplémentaires retrouva sa première fonction avec une façade de granite et un toit en ardoise, également. Il y avait même un poteau d’enseigne avec l’image de la chute au fond de la propriété.

MacGruder était peut-être radin mais il ne manquait pas de courage. Voyant que la porte vers le bâtiment principal était ouverte, il entra comme s’il en était le propriétaire, évita quelques ouvriers qui s’affaira dans une des pièces au rez-de-chaussée et fouina partout. Après une demi-heure, il sortit de nouveau et rejoint les autres badauds qui n’avaient pas eu les couilles pour le suivre vers l’intérieur.

« Alors, qu’as-tu vu, » demanda l’un d’eux.

« Bien, cette partie principale est divisé en deux avec un hall d’entrée entre les deux. De ce côté, il y a une grande salle à diner, sauf que les tables et les chaises n’y sont pas. L’aile derrière est la cuisine. L’annexe que vous voyez là est le garde-manger. De l’autre côté, la pièce est installé comme une beuverie avec un immense bar en bois de rose. Il y a un escalier vers le deuxième et des chambres dans le hall et, au fond, un couloir vers d’autres chambres encore. Continuons à fouiner. »

Derrière l’hôtel, l’ancienne mare avait été nettoyée et aménagée. Au fil des ans, quelques troncs d’arbres avaient tombé dans la mare. Ceux-ci ont été enlevés. Tout autour de la mare, on a planté une double rangée de cèdres matures, cachant la vue de la mare de toute direction sauf celle de l’hôtel. Il y avait dorénavant une terrasse entre la mare et l’hôtel et là où jadis, il y avait un empilage de rochers malaisé, il y avait maintenant une petite plage.
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Sur un côté de la mare, on voyait une piste en gravier qui s’éloignait. L’ancienne malterie de Sherwin qui, comme l’a déjà été mentionné, avait été transformé en entrepôt, avait été complètement vidée et refaite. Des ouvriers s’affairaient à remonter les cuves de brassage et de refaire la tuyauterie du système de chauffage à vapeur sous le plancher de la malterie. Près de la chute, cachée par un amas de cèdres, il y avait un escalier en acier industriel qui monta la falaise. Trois des badauds plus en forme grimpèrent l’escalier et disparurent au-delà du bord de la falaise. Quelques minutes plus tard, ils redescendirent.

« Et…, » insista MacGruder.

« Et rien. Là où sortit la source, c’est maintenant recouvert, sauf pour un conduit d’un bon pied de diamètre qui mène l’eau de la source presqu’à la falaise. On ne peux voir le conduit d’en-bas. Le tout est maintenant entouré par une clôture ‘Frost’ de six pieds. »
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Épisode 4 ; Les enfants Matheson revinrent à la maison avec leurs familles.

Avec l’arrivée de septembre, les choses devinrent chaotiques… Le temps avait été idéal tout l’été, avec juste le bon équilibre de pluie et de soleil, produisant une récolte hors du commun cette année-là. En plus, le beau temps fit que l’humidité ambiante avait été plutôt bas qui, avec le programme écologique de contrôle de vermine de Jeffrey Hennessey, a fait que les pommes furent excellentes avec un minimum de dommage par les bibittes.
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Le trois septembre était jour de congé en Amérique du Nord ; au contraire de la majorité du monde civilisé qui fêtent le Jour du travail le premier de mai, en Amérique, ils fêtent le Jour du travail le premier lundi de septembre. Avec la longue fin de semaine, plusieurs citadins prirent le dimanche pour faire un tour d’auto et… « Pourquoi pas, allons à Sherwin’s Falls cueillir quelques pommes ? Nous n’avons pas fait ça depuis des vies. » La famille Matheson, la famille McGraw, la famille Grabovietski (comment qu’un émigré russe devint un des plus gros pomiculteurs de la région est une histoire pour une autre fois) avaient toutes des comptoirs de vente au détail établis le long de la route principale pour vendre leurs produits aux passants, pour la plupart des Macintosh, des Lobo, des Melba et quelques Golden Delicious mais on trouva également du Red Delicious, du Cortland, et du Granny Smith. Charlie O’donnell cultiva surtout du Golden Rousset, le genre de pomme qui fit toute la renommée du cidre pétillant Sherwin’s Falls. Et, comme d’habitude, Bertie Hinckley avait établi son comptoir pour vendre son sirop d’érable et Farley Gee avait encore une fois installé son comptoir devant la mairie. Farley, vieux grincheux, avait trouvé le métier qui concorda à merveille avec son caractère épineux ; il était apiculteur. En plus des ruches qu’il avait installé sur ses terres, il maintenait aussi plusieurs ruches dans les vergers de ses voisins afin que ses abeilles puissent polliniser les fleurs de pommiers. Puisqu’il n’utilisa aucun pesticide sur ses terres (ses abeilles n’eurent pas survécus), il vendait également des fleurs comestibles comme à-côté, des fleurs telles que du trèfle, des pensées, des belles-de-jour et d’hémérocalles. Le printemps, il vendait des tulipes et des fleurs de trille. Jeffrey lui avait aidé à obtenir la certification de sa culture ‘verte’ de ses fleurs qui lui rapporta presqu’autant que son miel.

Puisque c’était la pointe de la saison des pommes, les villageois de Sherwin’s Falls n’eurent pas beaucoup de temps pour la jasette mais, tout-de-même, quelque chose d’inusité eut lieu à l’église ce matin-là ; assis au près de Bill et de Brenda Matheson et leur fille Caroline étaient deux jeunes familles, l’une avec un garçon de six ans, l’autre avec des jumelles de quatre ans. Comme partout ailleurs dans les petites communautés, la curiosité avait été élevée au niveau d’un art et, suite au service, quand tout le monde se rencontrait quelque peu avant de retourner au dur labeur de vendre des pommes, ce fut vite établit que les familles étaient celles du Petit Bill qui avait maintenant six pieds trois et de sa femme Karen et ses filles Lucie et Lisbeth et celle d’Elisabeth, Frank, son époux et leur fils, Jake.

Quand ils furent demandés s’ils revinrent au verger, Petit Bill répondit, « Non, en fait, le verger a été vendu. Nous sommes ici surtout pour aider Papa et Maman trier leurs affaires et d’emballer ce qu’ils veulent garder. Ils ont acheté un pied-à-terre en Floride, près de Kissimmee et ils vont y déménager le mois prochain, quoiqu’ils reviendront au printemps… En tant que canadien, ils ne peuvent y rester plus que six mois sans visa. »

« Mais où resteront-ils quand ils reviennent, » demanda Charlie O’donnell.

« Bien, ça, ça fait partie de l’entente… le verger et tout a été vendu mais je vais aller travailler pour le nouveau propriétaire et, à partir du printemps prochain, je vais moi-même vivre dans la vieille maison, ainsi que Papa et Maman. »

« Alors, pourquoi vendre et cultiver des pommes pour quelqu’un d’autre au lieu de les cultiver pour toi-même ? »

« Oh, je ne vais pas cultiver des pommes… mon domaine c’est la gestion de centres de villégiature. »
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Épisode 5 ; la construction se déplace vers les terres Matheson et la fabrique des rumeurs passe aux heures sups.

Avec la vente du verger Matheson, quelques-uns des engins qui étaient venus pour travailler la propriété O’Shaughnessy puis repartis, sont venus de nouveau, mais cette fois-ci la propriété ne fut pas clôturée. En premier, une équipe d’arpenteurs avec le dernier cri en appareils de mesure, receveurs GPS, théodolites numériques et tablettes iPad ®, ont passé le terrain de fond en comble. Puis, un immense bulldozer nivela le sol entre les pommiers et traça l’équivalent d’une petite ville avec des rues principales, des rues transversales et des ronds-points.

Puisqu’il n’y avait pas de clôture, les badauds principaux se rendirent sur place pour examiner les travaux de plus près. Aucun effort ne fut fait pour les chasser même quand l’un d’eux s’est mis à interroger un ouvrier dont la spécialité semblait être de s’appuyer sur sa pelle. Malheureusement, ce valeureux bonhomme semblait ne pas vouloir ou peut-être ne pas savoir répondre aux questions à part de dire que l’équipe fut instruite de ne pas n’endommager aucun arbre ni même déranger la propriété plus qu’il ne fallait absolument.
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Ailleurs sur le terrain, une pépine creusa des fossés tandis qu’une équipe posa des conduits d’eau et de fils électriques, parfois dans des tranchées parallèles assez rapprochées l’une de l’autre et ailleurs dans des endroits isolés. Quand tous ces conduits furent posés, le bulldozer vint remplir les tranchées. Tout de suite après cela, pas moins que deux cents camions dix roues vinrent domper, chargement après chargement, d’un mélange de terre et de gravier que les villageois plus au point reconnurent : c’était du genre que la province utilisa pour ses routes d’arrière-pays. Là où les tranchées avaient été creusées en parallèle, une autre cinquantaine de camions vinrent livrer des chargements de poussière de roche que le bulldozer étendit en bandes parallèles. Finalement, encore une vingtaine de camions apportèrent de la tourbe que des ouvriers posèrent entre les bandes de poussière de roche pour que tout le champ fut couvert de bandes zébrés de vert et de gris.

Là où les fossés furent isolés, ici et là, on coula des plateformes en béton et des sanitaires furent érigés, y compris des douches. À d’autres endroits, on installa des lavabos en inox tandis que près de la maison Matheson, on érigea une laverie automatique à pièces de monnaie.

Là où rien n’était creusé, des tondeuses industrielles vinrent serpenter entre les arbres pour tondre le gazon indiscipliné à une longueur de pelouse normale. Encore ailleurs, on planta des arbres pour faire de l’ombre et derrière la maison des Matheson, une des plus grandes entreprises de piscines vint installer non pas un, mais deux piscines de taille semi-olympique, l’une dehors et l’autre à l’intérieur d’un grand bâtiment, ainsi que des barboteuses intérieure et extérieure.

Quoique, pendant la journée, plusieurs villageois se recueillirent ici et là (comme au magasin général, par exemple, où les hommes allaient chercher une boite de clous pour une réparation quelconque, où les femmes allaient pour acheter la laine en prévision de leurs tricots pour l’hiver) et discutèrent des évènements à l’hôtel et au verger Matheson, le soir, la plupart étaient dans leur salon pour regarder la télé. Quelques années plus tôt, à Hérouxville, une petite communauté à quelques trois cents kilomètres plus à l’est avait attiré l’attention internationale en se votant une série de règlements municipaux dans le contexte de ce que l’on appela par la suite, ‘l’accommodement raisonnable’. Ce village, malgré le fait qu’il soit presqu’exclusivement blanc, français et catholique eut décidé de bannir le port de kirpan ou autres armes symboliques, et de burqas, niqabs, hijabs ou autre forme d’habillement féminin qui ne se conformerait pas aux habitudes culturelles de la majorité.

Ce ne pris pas beaucoup de temps avant qu’un villageois émette l’opinion que les ‘arabes’ étaient à se préparer pour envahir le coin, s’étant souvenu des commentaires maladroits du pasteur qui avait dit que les croyances religieuses du mystérieux bonhomme suivirent ‘le son d’un tambour différent’. En dedans de deux jours, c’était tout ce dont parlait le monde. Quelques-uns se demandèrent s’ils arriveraient à rentrer dans leurs frais maintenant que le marché de l’immeuble avait fondu. D’autres se demandèrent s’ils étaient trop vieux pour déménager, « tandis qu’on y est, où pourrions-nous déménager ? » D’autres encore furent convaincus qu’ils pourraient s’entendre avec n’importe qui, qu’importe comment leurs croyances furent ‘flyées’. Ce qui était évident, toutefois, était que personne n’en était indifférent. Personne ne sembla se souvenir que MacGruder avait vu un grand bar en bois de rose dans l’hôtel ou, s’ils s’en souvenaient, n’ait fait le lien avec le fait que les musulmans furent interdits des boissons alcooliques.
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Épisode 6 ; Assemblée de citoyens, partie 1 ; Le Rév. Athelstone

Le Révérant Athelstone se leva et avança vers le pupitre. « Messieurs, dames… Comme vous le savez sans doute, Sherwin’s Falls a vécu d’immenses changements depuis quelques mois. En premier, il y avait tous ces engins et ces étrangers un peu partout. Puis il y avait toutes ces rumeurs insensées au sujet d’un millionnaire arabe qui aurait acheté tout le village, tandis que certains villageois quittèrent pour de bon et que d’autres y sont installés, comme les enfants Matheson qui sont revenus après tant d’années partis. Je dois vous avouer que, quoique je savais depuis le début ce qui se trama, j’avais été contraint, tout comme l’étaient les autres impliqués dans ce dossier, de le garder sous silence. Cette contrainte a maintenant été retirée et je peux enfin vous dire ce qui ce passe. Cependant, plutôt que ce soit moi qui vous le dise, il sera beaucoup plus facile que l’homme responsable vous le dit lui-même. Donc, sans plus d’évasions, permettez-moi de vous présenter l’homme derrière tout ceci, M. Sean O’Shaughnessy. »

Un homme sortit des coulisses. Il sembla être dans la mi-quarantaine, solide sans souffrir d’embonpoint avec des cheveux frisés roux qui tendaient vers le gris, un bronzage profond qui ne cacha pas tout-à-fait ses taches de rousseur et des yeux verts. De façon générale, il avait l’air d’un attaquant dans une ligue professionnelle ou semi-professionnelle de rugby qui avait essayé de garder la forme après la retraite.

« Bonsoir…, » dit-il dans un doux accent irlandais. « Quelques-uns parmi vous avec de longues mémoires se souviennent peut-être de mon grand-père, qui a vécu ici il y a quelques quarante ans. Il était le propriétaire de l’hôtel qui avait été tué dans une bataille de rue. Comme vous le savez, depuis ce temps, l’hôtel a été placardé et laissé à l’abandon. Moi-même, je n’ai appris tout ceci qu’il y a trois ans. Permettez-moi de vous raconter un peu d’histoire. »

« Il y a un peu plus de soixante ans, il y avait un certain désagrément en Europe. Je ne parle pas du désagrément entre les irlandais et les Orangemen… ça c’est une autre histoire que je crois mieux de taire ici. Je parle du désagrément impliquant l’Allemagne. À cette époque, les alliés eurent grand besoin de pilotes pour ce qui fut appelé la Bataille de Grande Bretagne par la suite. Quoique mon grand-père avait un peu dépassé l’âge idéal, ses réflexes étaient tels qu’il fut un excellent candidat donc, au début de la guerre, on l’a envoyé ici pour apprendre à piloter. Pendant qu’il était ici, sa maison à Londres avait été bombardée et il fut informé que sa femme et ses deux enfants furent tués. Ceci l’a rendu, si possible, encore plus casse-cou. Après plusieurs missions par-dessus l’Europe, il s’est fait descendre au dessus de la Bretagne, où il est resté jusqu’à la fin de la guerre. Il n’est jamais rentré au Royaume-Uni… au lieu de ça, il s’est installé ici. »

« À son insu, toutefois, son fils, mon père, s’était rendu en Irlande en visite chez de la parenté. Avec toute la confusion qui y régna, le Bureau de la Guerre n’eut pas relié mon grand-père à cette partie du clan O’Shaughnessy qui vit en comté Galway, alors mon père fut élevé en tant qu’orphelin. Avant de quitter, mon grand-père avait laissé un testament chez ses avocats, laissant tous ses biens à sa famille. Ce testament était encore en force, mais puisque tout le monde crût qu’il n’y avait plus personne, rien ne fut fait.

« Il y a quelques années, quand le premier prix de la loterie Euro-Millions n’a pas été réclamé, ils ont séparé la cagnotte entre les deux détenteurs des billets du deuxième prix. Or, il s’adonna que moi, j’avais l’un de ces deux billets. Comme vous pouvez l’imaginer, la nouvelle fit la une des journaux locaux et, pour un temps, on ne parlait que de ça et, ma biographie fut étalée au grand jour, y inclus que mon père s’appela Bryan. Quelqu’un du cabinet d’avocats de mon grand-père a fait le lien, fouillé les archives et moi, j’ai fini avec une épave d’hôtel, ici à Sherwin’s Falls.

« Il se peut fort bien que vous ne me croyez pas, mais avoir plus d’argent que l’on peut en gérer est fatiguant… Je n’ai pas toujours vécu richement et, dans ma jeunesse, j’ai dû travailler dur pour gagner ma croûte. Nous les irlandais, nous ne sommes pas les radins que les écossais sont réputés d’être, mais nous connaissons la valeur d’une pièce de trente sous donc, quoique cela ne me dérange aucunement de dépenser mes millions, je ne suis pas prêt à les lancer par la fenêtre. Pendant les deux premières années après avoir récupéré mes gains, je me suis payé un voyage autour du monde, non pas en première classe ni dans des hôtels cinq-étoiles, mais dans des cargos. J’ai fait l’Inde et l’Indonésie, l’Australie et la Nouvelle Zélande en plus de l’Afrique et l’Europe. J’ai voulu voir comment le reste du monde vivait, vivait vraiment et j’ai appris qu’en fait, je n’avais pas besoin de grande chose. »

« Quand je suis revenu à mon point de départ, j’ai voulu m’établir mais mes os n’étaient plus ce qu’ils étaient et quelques anciennes blessures de rugby sont revenues me hanter, donc je me suis installé au soleil dans une île au large du sud de la France, encore à vivre sur presque rien. C’est là que les avocats ont fini par me retrouver et me voici. »

« Comme vous le savez tous sans doute, j’ai acheté le verger des Matheson. Ce que vous ne savez pas est que j’ai également acheté l’érablière de Hinckley. Vous vous êtes sans doute posés des questions au sujet de la propriété depuis que la clôture fut démontée et vous avez aussi sans doute visité les terres des Matheson et vu toutes les modifications… » Plusieurs membres de l’assemblée se sentirent malaisés d’un coup. « Non, ne soyez pas gênés. J’aurais sans doute fait la même chose à votre place. Je devine toutefois qu’aucun de vous n’est même arrivé proche de deviner ce que j’ai l’intention d’accomplir avec ces propriétés, avec cette communauté. Bien, je vais vous le dire. »

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Cor
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Re: Histoires de Cor; Ma maison, mes règlements

Message par Cor »

Épisode 7 ; Assemblée de citoyens, partie 2 ; Sean O’Shaughnessy – « Ma maison, mes règlements ! »

« À partir du printemps prochain, Sherwin’s Falls deviendra la ‘Mecque’ des campeurs, tout comme le Mont Tremblant l’est devenu pour les skieurs. Des gens venant de toute la terre vont s’attrouper à Sherwin’s Falls pour pouvoir profiter de sa structure unique. Nous allons opérer un camping qui offrira toutes les options à partir d’installations de base pour des tentes sans services jusqu’à des installations trois services à entrée directe pour caravanes, caravanes à sellette et motorisées. Pour ces gens qui aimeraient tenter l’expérience du camping, nous offrirons des installations ‘prêt-à-camper’ permanentes avec des plateformes en bois, chauffage et cuisinette et des lits intégrés à louer, pour d’autres qui préféreraient des vacances plus conventionnelles, nous aurons des cabines individuelles de style ‘chalet suisse’. Tous les aménagements seront tout-à-fait ‘verts’. À l’exception des foyers pour feu de camp à chaque site, nous ne laisserons aucune empreinte carbonique du tout car nos eaux usées seront traitées et recyclées, les excréments seront traités et convertis en engrais et tous nos déchets seront recyclés.

« Vous aurez remarqué les changements que j’ai apportés à l’hôtel, aux terres autour de la source, la chute et de la mare derrière l’hôtel. Permettez-moi de discuter de ceux-ci en premier. Au sujet de la mare… C’est à cause de cette mare et de la chute qu’Alan Sherwin décida de s’implanter, à cause de la pureté de l’eau. C’est mon intention de continuer à utiliser cette eau pour confectionner Alan’s Ambrosia, la bière que Sherwin avait élaborée ici. Or, je sais que la plupart de vous, sinon tous, avez à un moment donné été vous baigner à poil dans la mare. Il n’y a aucune raison de le nier ; j’en ai parlé avec la famille Matheson et ils ont tous avoué l’avoir fait, souvent avec d’autres parmi vous. Ceux qui se sont promenés vers l’arrière ont vu que la mare est plus accueillante maintenant sans détruire l’aspect ‘naturel’ de l’endroit. Là où précédemment il y avait une descente abrupte avec des rochers glissants où un gars pouvait facilement se casser une patte, sinon son cou, il y a maintenant une petite plage et une pente. J’aimerais que cette tradition continue… pourquoi pensez-vous que j’ai planté ce double rang de cèdres entre la mare, l’hôtel… disons plutôt, l’auberge et l’aire de stationnement ? Afin qu’elle soit suffisamment intime pour attirer des baigneurs à poil de tous âges.

« C’est aussi pour ça que j’ai fait percer un conduit à partir de la source elle-même jusqu’aux bâtiments sous la falaise. J’ai retrouvé les journaux de mon grand-père et j’ai respecté son désir à vouloir ré-initier la brasserie d’Alan Sherwin, avec autant des appareils d’origine que j’ai pu récupérer et mettre en fonction, y inclus la malterie, les cuves de brassage et les recettes d’origine d’Alan Sherwin. Mes collègues et moi avons concocté une petite quantité selon sa recette et, croyez-moi, il n’y a aucune comparaison possible entre Alan’s Ambrosia et le pipi de chat que l’on vend de nos jours comme étant de la bière. Je vous en ai apporté quelques barils ce soir pour vous faire goûter plus tard. La quantité d’eau que je dévie pour faire la bière est minime par rapport au volume d’eau global des chutes alors la mare ne sera aucunement touchée.

« Nous arrivons maintenant aux bâtiments… Comme je l’ai dit, je suis à ré-initier la concession d’origine d’Alan Sherwin ; la malterie, la brasserie… et l’auberge. » Il y a eu une bonne quantité de marmonnement de l’assistance quand O’Shaughnessy eut dit ces mots. « Vous avez bien compris, l’hôtel n’est plus ; le bâtiment a été complètement rénové afin de le ramener le plus possible à son rôle d’origine d’auberge et brasserie, dans le sens que l’on accorde aujourd’hui au mot ‘brasserie’, un débit de boissons alcooliques, tout comme il l’était il y a deux cents ans. La brasserie mettra en vedette les produits locaux tels que Alan’s Ambrosia, que j’ai déjà nommée, ainsi que d’autres produits qu’Alan Sherwin avait élaborés comme Sherwin’s Stout, des vins de fruits locaux, de l’hydromel à partir du miel de Farley Gee et nous allons aussi recommencer à fabriquer le Cidre pétillant Sherwin’s Falls. Pour ces incultes qui ne sauront reconnaître les bonnes choses de la vie, nous allons aussi tenir une variété de bières, de vins et de boissons fortes commerciales.

L’auberge servira aussi en tant que portique pour le camping, avec le hall d’entrée d’origine, que nous avons récupéré, qui servira comme accueil, comptoir d’informations et lieu de rencontre pour les résidents du camping et les clients. Elle sera, toutefois, accessible au grand public ; tous ceux de l’extérieur du camping qui voudrait venir prendre une bière ou un repas seraient les bienvenus. Vous ne pouvez pas avoir une brasserie qui a de l’allure sans une cuisine qui a de l’allure donc nous allons aussi servir des repas typiques de brasseries anglaises, tels que des saucissons et patates pilées, du pâté chinois, des pâtés à la viande, des fish and chips et… ah, oui… des steaks. Les dimanches matins, nous aurons un brunch ‘sans limites’. Je suis arrivé à une entente avec la salaison de Covey Hill pour des saucissons faits-maison, des steaks, des côtelettes de porc et d’autres coupes de viande de la sorte. Nous devrons importer le poisson, malheureusement, mais nous avons un distributeur à Montréal qui nous garantit la fraîcheur de son produit, pas plus que douze heures entre son arrivée au port et sa livraison et j’ai même trouvé une quantité de papier-journal afin de pouvoir offrir des véritables fish-n-chips anglaises pour commander.

Afin de vous remercier tous pour me laisser m’installer parmi vous dans ce coin enchanteur, j’ai décidé d’introduire une politique spéciale pour les villageois de Sherwin’s Falls. À n’importe quel moment, vraiment n’importe quand, que vous le voudriez, vous êtes bienvenus à passer, de vous prévaloir du camping, de prendre une bière, une coupe de vin ou de fort ou même pour un repas aux frais de la maison – c’est ça, pas de charges. Il n’y aura qu’une seule condition : vous devrez laisser vos vêtements à la porte car tout l’établissement, camping, mare et brasserie seront un environnement tout-à-fait naturiste. Vous avez bien compris, tout nu ! Ici, c’est ma maison, et c’est moi qui établis les règles ! »
FIN
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Cor
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Re: Histoires de Cor; Ma maison, mes règlements

Message par Cor »

Voilà la fin de la première histoire de la série... J'espère que vous avez aimé.

Il n'y a pas de 'nudité' dans celle-ci (mise à part l'annonce de <l'uniforme> exigé à la fin, évidemment) mais elle est une mise-en-scène obligatoire pour les autres histoires de la série, comme vous allez voir. Je mets en-ligne le premier chapitre de la deuxième demain.

En passant, il y a quatre histoires dans cette série et cela fait déjà plus qu'un an que j'ai écrit la dernière. L'envie me poigne d'en écrire une autre mais je n'arrive pas à trouver une 'idée' centrale sur laquelle accrocher la suivante. Si quelqu'un parmi vous aurait un 'flash' à propos d'un thème possible impliquant les mêmes personnages ou qui se déroule dans le même coin, j'apprécierais grandement.
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roger
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Re: Histoires de Cor; Ma maison, mes règlements

Message par roger »

Merci Cor pour cette étonnante histoire. Il y a tellement de détails réalistes que j'aurais presque envie de chercher sur Google Map la localisation de ce paradis.
Le pire, c'est que ce qui m'attirerait dans ce lieu, c'est moins la possibilité de naturisme que le fameux fish and chip : mon empire pour un vrai de vrai fish and chip. Nous avons eu à la Pommerie une année un fish and chip à la bière. Ce fut remarquable. Malheureusement l'année suivante, le cuisinier n'était plus là. Depuis je dois aller à Cornwall en Ontario pour me satisfaire. Y aura-t-il des Yorkshire pudding aussi ?
J'ai bien hâte de lire la suite. Merci Cor.
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