Histoires d'Arkayn : Le fleuve de l'éternité

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Arkayn
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Histoires d'Arkayn : Le fleuve de l'éternité

Message par Arkayn »

LE FLEUVE DE L'ÉTERNITÉ
RetraitSuite à un pari avec une amie il y a déjà quelques temps de cela, j'ai imaginé une assez courte nouvelle érotique que j'ai situé dans l'univers d'une série de romans que j'adore. Et puis, je me suis rendu compte que je pouvais l'adapter assez facilement à la thématique naturiste du forum puisque cette nouvelle l'était déjà en grand partie.



RetraitImaginé en 1952 « Le monde du fleuve », premier tome de la série « Le fleuve de l’éternité » est publié en 1971. Dans ce roman, écrit par Philip José Farmer, tous les êtres humains nés de la préhistoire à l’an 2008 ressuscitent le long d’un fleuve de près de 16 millions de kilomètres de long. Tous les âges sont mélangés, comme les régions et il n’est pas rare de voir se côtoyer des Scythes du 4ème siècle avant JC avec des polonais du 17ème siècle ou des anglais du 20ème siècle avec des chinois du 13ème siècle. Quelques aventuriers, tel Richard Francis Burton (qui découvrit le lac Tanganyika et –presque- les sources du Nil, pénétra déguisé dans la cité interdite de Hara, accomplit le pèlerinage de la Mecque sans être musulman, mais aussi traduisit le Kama Sutra et les contes des Mille et une Nuits. Érudit, il parlait 29 langues et 11 idiomes), Samuel Langhorne Clemens, alias Mark Twain, Jean sans Terre, Savinien Cyrano de Bergerac, Alice Pleaseance Leadell Hargreaves (qui inspira Alice au pays des merveilles) partent à la conquête des pôles de cette planète afin de découvrir l’identité de ceux qui les ont ressuscités.

RetraitDans cette série de romans, tous les personnages ont existé ou existent encore. J'ai respecté ce principe.



-CHAP.1-

Retrait- Réveille-toi, Madame ! Tu vas rater le petit déjeuner !

RetraitLa voix s’était exprimée dans un espéranto empreint de consonances que Jeannette ne reconnu pas. Peut-être une langue du nord ou ancienne comme le gaélique. Le rire moqueur de la petite fille résonna dans sa tête. Elle ouvrit les yeux pour voir le visage rond de l’enfant penché sur elle.

RetraitCelle-ci devait avoir huit ans et son air espiègle contrastait avec son visage que n’encadrait aucun cheveu. Ses yeux verts pétillaient de malice et toujours rieuse, elle tira Jeannette par la main.

Retrait- Viens, le soleil va se lever.

RetraitJeannette, surprise, se leva et suivit la petite fille. Elles étaient nues toutes les deux, bien entendu. A chaque résurrection, il en était toujours ainsi. Sur terre ou sur le monde du fleuve, tout le monde naissait nu. Elle n’y attacha donc aucune importance. Depuis deux ans qu’elle parcourait le fleuve, elle avait adopté l’habitude de se baigner nue tous les matins au milieu des autres Lazares. De toute façon, même sur terre, elle s’était déjà changée devant des hommes ou des femmes. Et puis, tant que son Graal ne lui aurait pas donné de tissu, elle devrait aller ainsi Ce n’était pas la première fois.

RetraitSe faisant tirer pour avancer, Jeannette observa la petite fille. C’était la première qu’elle voyait depuis sa résurrection. La rumeur avait bien circulé le long de la vallée que les enfants de plus de 5 ans étaient revenus eux aussi à la vie, mais elle n’en avait encore jamais vu. Et plus le temps passerait, moins elle aurait de chance d’en rencontrer. Tout le monde revenait à la vie avec son corps de 25 ans, que l’on soit mort à 40 ou 110 ans. Un jour, la petite aura 25 ans, comme tout le monde. Et il n’y aura plus d’enfants sur le monde du fleuve.

RetraitMoi aussi, pensa Jeannette. Dans quatre ans, j’aurai vingt-cinq ans. Et je suis déjà morte trois fois.

RetraitVive et gracile, la petite pressait Jeannette pour avancer. Son corps nu se glissait entre les personnes qui commençaient à se rassembler autour du champignon de pierre, entraînant la jeune femme dans son sillage. Les gens s’écartaient avec bonne humeur et celle-ci espéra que sa première impression était la bonne. Sa dernière vie ne s’était pas déroulée au mieux.

RetraitUne voix héla Jeannette.
Retrait- Allez, la belle au bois dormant. Donne-moi ton Graal. Je ne vais pas rester longtemps sur le champignon.

RetraitJeannette se tira de sa torpeur. Elle leva la tête. La nuit blanchissait de plus en plus et l’aube ne tarderait pas. Elle se dépêcha de tendre son Graal et celui de la petite fille à l’homme, en prenant bien soin de repérer les emplacements.

RetraitChaque Graal était personnel. Elle seule pourrait l’ouvrir et si elle le perdait, elle mourait de faim à moins que des âmes compatissantes ne daignent partager leurs rations. Mais si elle devait vivre encore mille ans, autant utiliser le suicide exprès. Une mort, une résurrection, un nouveau Graal !

RetraitL’homme, ayant fini de placer tous les Graals qu’on lui tendait, sauta prestement au sol et tout le monde recula.

RetraitJeannette serra la petite fille contre elle. Elle sentit sa peau douce et tendre contre son ventre. Celle-ci s’abandonna contre elle. Elle leva juste la tête pour regarder Jeannette. Ressuscitées en même temps, il était clair que celle-ci s’était choisi déjà une nouvelle maman dans la personne de la jeune femme. Elle ne devait pas en être à sa première mort sur le monde du fleuve, elle non plus.

Retrait- Moi, c’est Jeanne, mais dans mon village, tout le monde m’appelait Jeannette. Et toi ? Tu as un nom ?

RetraitLa petite fille rit.
Retrait- Ben oui, tu es bête. Tout le monde a un nom. Je m’appelle Cimaya.
Retrait- C’est un joli nom. Aussi joli que toi !

RetraitLe rire cristallin résonna une fois de plus. La petite semblait accepter facilement sa nouvelle vie. Elle venait de mourir, Dieu sait comment, de perdre probablement des personnes à qui elle s’était attachée et elle trouvait à rire. Jeannette l’envia.

RetraitPeut-être pourraient-elles rester ensemble ? Elle n’avait pas eu d’enfants sur terre et ici, aucune femme n’était tombée enceinte. Quelqu’un lui avait dit que c’était aussi bien. Ils devaient être 40 ou 50 milliards d’individus –Jeanne avait bien du mal à imaginer ce que cela pouvait représenter- répartis le long du fleuve. S’ils se mettaient à procréer, cela deviendrait vite intenable.

RetraitJeannette regarda autour d’elle. La foule n’était pas très dense. Ils devaient être 300 ou 400 au maximum et tous attendaient patiemment, en plaisantant, ou en discutant de tout et de rien. Beaucoup, hommes et femmes, portaient le kilt, le vêtement classique du monde du fleuve ou des tenues qui lui étaient inconnues, comme cette sorte de robe longue laissant le sein droit nu –elle apprendrait plus tard qu’il s’agissait d’égyptiennes de la haute antiquité-. Certaines femmes avaient adopté le tissu semi transparent fourni par le Graal en le torsadant pour en faire un soutien-gorge ou allaient seins nus. Et quelques groupes d’hommes et de femmes étaient même totalement nus sans que cela offusque qui que ce soit ou n’en fasse l’objet de regards appuyés.

RetraitSon regard se porta vers un homme, grand, à cinq toises d’elle –elle ne parvenait pas à s’habituer à ce système de mesure dont on lui avait parlé, des mètres. Combien cela faisait-il ? Dix peut-être. Il semblait très fort mais il émanait de lui un grand calme Son corps était musclé et son ventre plat. Ses bras étaient épais, aussi larges que ses cuisses à elle. Il était entièrement nu et chauve, comme tous les nouveaux ressuscités. Il faudra quelques jours pour que les cheveux repoussent.

RetraitJeannette ne pu s’empêcher de jeter un œil sur son bas-ventre. Bien sûr circoncis, comme tous les hommes. Elle aurait préféré qu’il n’en fût rien.

RetraitD’un bout à l’autre du fleuve, il en allait ainsi. Au petit matin, l’air semblait miroiter et une ou plusieurs silhouettes apparaissaient. Hommes et femmes, morts ailleurs la veille, revenaient à la vie, nus et totalement imberbes. Mais quelque fut leur religion précédente, s’ils en avaient une, les hommes étaient circoncis. Nul ne savait pourquoi.

RetraitEt les femmes étaient vierges. Ça, elle s’en serait bien passé. Une fois suffit. Comme elle avait changé depuis sa première mort, sur la terre.

RetraitJeannette se souvint de son fiancé. Elle l’avait aimé mais elle n’avait pas été à l’hôtel* avec lui. Elle était loin, ce jour qui aurait dû être le plus beau de sa vie. Mais elle avait trouvé une autre voie et l’avait suivie. Elle était morte vierge. Mais ça, c’était sur la terre. Ici, il en était tout autrement.

RetraitLe jour du grand cri, celui où tous les humains ressuscitèrent en même temps, elle avait d’abord erré, hagarde. Ce monde ne ressemblait en rien au paradis qu’on lui avait promis. Comment Dieu pouvait-il laisser tout le monde nu, sur ce monde si différent de celui annoncé par les saintes écritures ? Pour la première fois, elle avait commencé à douter.

RetraitPuis elle avait rejoint un groupe d’hommes et de femmes qui semblaient faire face avec calme à la situation. Pas un ne parlait français, mais ils l’acceptèrent simplement. Ensemble, ils découvrirent le fonctionnement des Graals puis commencèrent à bâtir des abris. Les mots étaient remplacés par des gestes ou des regards.

RetraitCe soir là, ils dînèrent du premier repas fourni par les Graals autour d’un feu. Pour Jeannette, ce fût un steak cuit à point, avec une salade délicieusement assaisonnée et du pain. Cela n’avait rien à voir avec ce qu’elle mangeait en temps ordinaire mais elle se régala. De toute façon, elle était affamée, elle qui ne mangeait quasiment pas sur Terre.

RetraitIl y avait aussi des choses dont elle ne comprit pas l’usage, comme ces tubes blancs. Un des hommes, après le repas, en porta un à sa bouche et avec une drôle de pièce de métal carré trouvé dans le Graal, mit le feu à l’autre extrémité. De la fumée commença à sortir de sa bouche.

RetraitHilare, l’homme qui s’était assis près d’elle regarda son air ahuri. Visiblement, elle n’avait jamais vu de cigarette.

RetraitIl lui tendit la sienne en lui faisant le geste d’inspirer. Le feu dévora aussitôt la bouche, la gorge et les poumons de Jeannette. Elle toussa longtemps, les larmes aux yeux, sous les rires gentiment moqueurs du reste du groupe.

RetraitMais au fond d’elle, des souvenirs étaient remontés à la surface. Elle eu un long frisson qui n’échappa pas à l’homme près d’elle. Youri, si elle avait bien compris. Il l’a regarda, l’air inquiet. Jeanne aurait voulu lui expliquer mais quels gestes auraient pu expliquer sa mort si violente ? Elle eu un geste de dénégation et sourit, résignée.

RetraitIl y avait encore dans les Graals une liqueur qu’elle sentit doucement. Si elle ignorait de quoi il s’agissait –du whisky- elle reconnu néanmoins de l’alcool et refusa d’y toucher.

RetraitLe dernier article du Graal l’intrigua. C’était une petite tablette fine et verte. Tout le monde avait la même. Youri porta la sienne à la bouche et commença à mâcher. Il fit signe à Jeannette de ne pas avaler.

RetraitCela avait goût de menthe et la jeune femme apprécia la sensation. L’un près de l’autre, ils mâchèrent en silence un moment.

RetraitLes yeux de Youri semblaient avoir pris de l’éclat mais Jeannette se rendit compte que les siens devaient être aussi brillants. Tout ses sens parurent s’amplifier. Elle pouvait ressentir l’air, le feu, l’herbe…



* Aller à l'hôtel ou devant l'hôtel : on parle ici de l'hôtel d'une église, la table de pierre ou de bois où officie le prêtre. Dans l'expression, Jeannette indique donc qu'elle a refusé de se marier.
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Arkayn
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Re: Histoires d'Arkayn : Le fleuve de l'éternité

Message par Arkayn »

-Chap. 2-

retraitLa suite parut confuse à Jeannette. Comment en était-elle arrivée là ?

retraitElle se revit, son corps contre celui de Youri, mêlée, offerte. Puis une douleur. La jeune femme venait de perdre sa virginité, comme treize milliards, deux cent soixante treize millions huit cent vingt six mille cent trois autres femmes cette nuit là.

retraitL’explosion prit Jeannette par surprise. Elle sursauta violement. Perdue dans ses pensées, elle avait oublié l’instant présent. La flamme bleu familière s’éleva à six ou sept mètres de hauteur dans un formidable bruit de tonnerre qui se répercuta de champignon en champignon dans la vallée. Le déjeuner était servi.

retrait- Tu as eu peur ! Tu as eu peur ! chantonna Cimaya, moqueuse.

retrait- Tu vas voir si je t’attrape ! cria Jeannette en renversant par surprise la petite fille tout en la soulevant dans ses bras. Je te mange toute crue !

retraitLa jeune femme fit semblant de dévorer le ventre de la petite fille, tout en la couvrant de bisous et en la chatouillant. Celle-ci se tortilla comme un ver, ravie du traitement infligé.

retraitLa flamme avait duré à peine une seconde. Tout danger étant écarté jusqu’au prochain repas, l’homme qui avait placé les Graals remonta sur le champignon. Il prit en premier celui de la petite fille :
retrait- Honneur aux enfants. Nous n’avons pas souvent l’occasion d’en rencontrer.

retraitIl tendit ensuite celui de Jeannette qui le remercia. Les deux nouvelles Lazares s’éloignèrent vers un arbre proche pour découvrir le menu.

retraitChacune posa sa main sur le tube de métal long de soixante-quinze centimètres et large de quarante-cinq. Ceux-ci s’ouvrirent, découvrant les six récipients habituels. Il y avait là des œufs au bacon, des toasts, du beurre, du lait, de la confiture, un quart de melon et les habituelles paillettes brunes qu’il suffisait de mettre dans de l’eau, même froide, pour faire un délicieux café fumant. Pas de tissu !

retraitQuelqu’un avait parlé à Jeannette de convertisseur énergie/matière mais elle n’y avait rien compris. L’important, c’est que tout le monde avait à manger à sa faim.

retraitAssises en tailleur face à face, Cimaya et elle attaquèrent le repas de bon cœur. Jeannette était curieuse d’en savoir plus sur la petite fille, mais elle aurait tout le temps. Son esprit vagabonda.

retraitAprès cette première nuit sur le monde du fleuve, Jeannette se réveilla avec la gueule de bois. Les effets de la tablette à mâcher s’étant dissipés, elle prit conscience de son comportement. Elle sombra dans une terrible dépression.

retraitComment aurait-elle pu accepter de s’être donnée à un inconnu, comme une catin ? Comment accepter son comportement de chienne lubrique ?

retraitPourtant, elle avait aimé ce qu’elle avait fait, les actes, les gestes… et plus encore les sensations. Elle resta prostrée loin de tous, et surtout de Youri.

retraitL’une des femmes du groupe prit soin d’elle. Ce fut elle qui portait son graal au champignon et la forçait à manger ensuite. Elle l’emmenait se laver au fleuve, lui parlait, la berçait comme une enfant.

retraitYouri vint la voir régulièrement, mais Jeannette se recroquevillait à chaque fois. Il aurait voulu lui parler, mais il y avait la barrière de la langue. Ses visites s’espacèrent. Il finit par ne plus aller voir la jeune femme car cela lui faisait trop mal. Lui qui avait été le premier homme à aller dans l’espace, il se sentait impuissant.

retraitPour Jeannette, le salut vint d’une autre femme. Maria Montessori parlait un peu français. Elle avait entendu parler de cette femme prostrée. Première femme médecin italienne, elle avait suivi des études de psychologie et de philosophie.

retraitGagnant petit à petit la confiance de Jeannette, elle l’amena à parler et à comprendre. Il fallut des semaines, mais Jeannette revint à la vie. Elle avait toujours été forte mais il lui fallut longtemps pour accepter que les tablettes à mâcher ne l’avaient pas forcée à faire ce qu’elle avait fait ce soir là. Si à petites doses, elles procuraient de la détente, la tablette entière libérait les tabous, laissaient s’exprimer totalement la personnalité de la personne. Bien qu’elle se le soit interdit toute sa vie, il lui fallut prendre conscience qu’elle aimait l'amour.

retraitC’est une nouvelle Jeannette qui alla retrouver Youri. Mais elle le trouva en belle compagnie. Il était trop tard. Elle partit donc à l’aventure sur les rives du fleuve.

retrait- Ĉu mi povas aliĝi vin, sinjorinoj ?



Note pour les modérateurs : Comme je l'ai dit au départ, il s'agissait d'une nouvelle érotique. J'en ai supprimé toute description explicite mais il est parfois difficile de ne pas faire mention d'actes sous peine d'avoir un récit décousu, comme dans cette scène. Mais si besoin, dites-moi si ce qui reste doit encore être modifié.

Réponse : Si ce na va pas au-delà de ça, ça va encore...
- Cor
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roger
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Re: Histoires d'Arkayn : Le fleuve de l'éternité

Message par roger »

A une époque, j'étais friand de science-fiction. Je lisais surtout de la SF sociologique. J'aimais bien «la ville sous globe» de ? sais plus qui, «Malevil» de Robert Merle, la série des robots de Asimov, un bonheur insoutenable, 1984 bien sûr et bien d'autres dont j'ai oublié les noms. Le scénario était : qu'est-ce qui se passe si ...? Je lisais surtout des nouvelles.
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Cor
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Re: Histoires d'Arkayn : Le fleuve de l'éternité

Message par Cor »

Moi aussi mais, dans mon cas, c'étaient surtout des auteurs anglophones ; plusieurs séries pour jeunes ; les Hardy Boys, Tom Swift et Rick Brant. Pour les auteurs plus 'adultes', ma lecture ce concentra sur Asimov, Clarke, Heinlein et beaucoup d'autres. Parmi les livres français, il y avait Jules Verne, évidemment et, comme tous les jeunes, il y avait les 'Bob Morane'. C'est drôle mais comme livre français, j'ai préféré la série des Trois Mousquetaires (il faut dire que j'ai fait mon école secondaire en anglais donc j'étais moins exposé au français à l'époque.)
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Re: Histoires d'Arkayn : Le fleuve de l'éternité

Message par Arkayn »

-Chap. 3-

retraitSurprise une fois de plus, Jeannette leva la tête pour découvrir l’homme aperçut un instant avant. Il parlait espéranto sans effort, contrairement à elle, dont les mots étaient encore hésitants. Cette langue artificielle s’était répandue sur tout le monde du fleuve grâce aux missionnaires de l’Eglise de la Seconde Chance.

retraitLa bouche pleine, elle lui fit signe de prendre place avec elles. L’homme la remercia, sourit à la petite fille et s’assit en tailleur lui aussi à leurs côtés.

retraitJeannette ne put s’empêcher d’admirer son port de tête fier, ses muscles admirablement dessinés et gonflés de force, son ventre plat…

retraitSur terre, en son temps, les bains publics étaient mixtes dans sa région. Des hommes, elles en avait vu quelques uns, dont ses frères. Et depuis le jour du grand cri, elle en voyait au quotidien. Mais cet homme avait quelque chose de particulier qui la fascinait.

retraitJeannette prit conscience que l’homme la détaillait lui aussi et se senti rougir. Machinalement, elle s’était assise en tailleur, comme la petite fille, sans plus y réfléchir. Malgré elle, elle en montrait bien plus qu’elle ne l’aurait dû.

retraitConfuse, elle posa son Graal sur ses jambes mais elle sentit que son visage, et pire, son corps trahissait son émoi.

retraitL’homme ne paru pas y prêter attention. Il ouvrit son Graal à son tour et en sortit un morceau de tissu semi transparent. Il rit et le tendit à Jeannette qui en ferait un bien meilleur usage que lui. Parfois, il y avait des surprises. Outre des repas à faire vomir un homme préhistorique affamé –heureusement, c’était rare – certains hommes se voyaient octroyer du rouge à lèvre tandis que des femmes se retrouvaient avec des accessoires masculins.

Jeannette le torsada et le noua derrière son dos, confectionnant ainsi un soutien-gorge. Elle se leva et se regarda, le ventre nu avec ce petit bout de tissu qui lui cachait à peine les seins. Elle éclata de rire.

retrait- Je suis ridicule, comme ça, dit-elle dans sa langue natale.

L’homme se leva d’un bon, comme piqué par une abeille, à la plus grande inquiétude de Cimaya, qui le regarda apeuré.
retrait- Par dieu, Madame ! Vous êtes française ?

retraitL’homme la regarda avec ravissement. Elle bredouilla :
retrait- Je me nomme Jeannette .

retraitIl posa un genou à terre et s’empara de la main de la jeune femme, la portant à ses lèvres. Ses yeux la dévoraient du regard.

retrait- Yvain de Lescar, Madame. Je suis votre serviteur .

retraitCimaya éclata de rire.
retrait- Vous êtes drôles tous les deux .

retraitLe reste du repas se passa joyeusement, en espéranto pour ne pas exclure la petite fille. Mais il était évident que Yvain et Jeannette venaient de se trouver.



J'aime beaucoup la science fiction. Comme vous deux, j'ai commencé par les auteurs anglo-saxons : Asimov, Clarke, Heinlein... L'âge d'or de la SF. J'aimais bien aussi quelques auteurs français. Mais à part quelques récits, je n'ai jamais été très fan de Jules Verne. Je préférais Pierre Pelot, Gilles d'Argyre, et bien d'autres. Notamment Cheyenne 6112, qui relu des années plus tard n'a rien de bien exceptionnel, mais pour un gamin de 12 ans, c'était fabuleux (l'air est pollué, et les humains vivent dans des mégapoles sous verre. Et puis un jour, suite à un accident, une jeune fille se retrouve à l'extérieur, face à une tribu de Cheyennes

Et après ça, j'ai attaqué Dune. Le début de la lecture a été laborieux vu mon âge, mais quelle découverte !
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Re: Histoires d'Arkayn : Le fleuve de l'éternité

Message par Arkayn »

-Chap. 4-

RetraitCimaya courait le long du fleuve pour rester à la hauteur de la petite embarcation, ce qui n’était pas trop difficile. Remontant le courant, malgré les coups de pagaies puissants d’Yvain et du navigateur, ils n’allaient pas très vite. Par moment, elle prenait même la tête, les laissant loin derrière elle.

RetraitElle n’avait pas voulu monter à bord car elle avait peur de l’eau. Si se baigner sur la rive, et pas trop loin du bord, ne lui posait pas de problème, elle était terrorisée à l’idée de monter sur une barque, souvenir d’une noyade à peine un mois après le jour du grand cri.

RetraitYvain avait promis de lui apprendre à nager, mais en attendant, elle préférait courir.

RetraitUn homme était venu les aborder, leur demandant s’ils s’étaient présentés au chef comme il est de coutume pour les nouveaux ressuscités. Il leur proposa même de les emmener car il remontait le fleuve vers la capitale.

RetraitEn fait, sa générosité était en partie intéressée, car sa barque était lourdement chargée de marchandises (le troc est courant sur le monde du fleuve. Objets fabriqués avec la peau des poissons, les seuls animaux de ce monde, alcool…) et les bras d’Yvain seraient les bienvenus.

RetraitJeannette regarda courir la petite fille, nue et libre comme l’air, ravie de se dépenser. Tels deux ressorts, ses jambes fines la propulsaient sur l’herbe douce de la rive. Ses petits pieds semblaient à peine effleurer le sol.



RetraitSimon, le navigateur, lui tournait le dos. Installé à l’avant de la barque, il donnait le rythme. Des tas de colis et de paquets s’entassaient derrière lui, le masquant en partie. Elle voyait le haut de son corps qui se soulevait légèrement quand la pagaie plongeait dans l’eau. Il aurait préféré un vrai navire mais il était ravi de naviguer sur le fleuve. Cela lui rappelait sa vie terrestre, avait-il dit.

RetraitJeannette était à genoux, penchée en avant. Sa tête reposait sur son bras, posée sur le plat bord. Elle ne ramait pas. C’était elle qui avait la garde des précieux Graals, y compris celui de la fillette. Yvain se tenait derrière elle, à genoux lui aussi. Faute de place (si Cimaya avait voulu monter, elle aurait dû s’assoir sur les paquets), il avait écarté les jambes, englobant la jeune femme entre ses cuisses musclées.

RetraitElle ne le voyait pas, mais elle devinait les bras puissants qui plongeaient la pagaie dans l’eau. A chaque geste, Yvain se soulevait pour accompagner le mouvement, lui donnant plus de force.

RetraitJeannette sentait les jambes de l’homme qui frottaient doucement sur le haut de ses cuisses. Le geste était doux, répété. Et attendu, se rendit compte bientôt Jeannette.
Elle espérait le moment où Yvain se relevait, où ses cuisses se resserraient légèrement contre elle. Sa peau était douce, humide d’une légère transpiration. Elle sentait les muscles puissants qui se tendaient. Puis venait le moment où il se rasseyait, rompant le contact.

RetraitPetit à petit, elle ferma les yeux, se laissant aller à cette sensation. Est-ce qu’il la regardait ? Est-ce qu’il goûtait lui aussi à ces deux peaux qui se répondaient ? Deux peaux qui se trouvent, ne font qu’une…

RetraitCet homme derrière elle la troublait profondément. Elle n'aurait pas su dire pourquoi. Il y avait quelque chose en lui de différent. Tel un papillon, elle se sentait attirée par sa lumière. Mais et lui ? Que ressentait-il pour elle ?

RetraitLa jeune femme fit un gros effort pour penser à autre chose. Son esprit repartit vers ses souvenirs.

RetraitElle revit une autre navigation sur ce même fleuve, loin de là. Cette fois là, c’était elle qui ramait. Elle descendait tranquillement vers l’aval, sans destination précise, cherchant juste à rencontrer des gens. Au hasard de ses escales, elle restait quelques jours, puis repartait à l’aventure. De temps en temps, si un homme lui plaisait, elle l’acceptait dans sa couche sans façons.

RetraitCe fut un mouvement qu’elle perçut du coin de l’œil qui l’alarma. Une, deux, trois, sept barques, dissimulées derrière des buissons venaient de s’élancer derrière elle. Inquiète, elle se demanda ce qu’ils lui voulaient. Elle n’avait rien qui puisse les intéresser. Sauf son corps, pensa-t-elle en blêmissant.

Retrait- Oh, seigneur Dieu !

RetraitBien que comme beaucoup de Lazares, elle avait abandonné depuis longtemps ses anciennes croyances, elle n’avait pu s’empêcher d’appeler le seigneur à son secours.

RetraitJeannette commença à pagayer de plus en plus vite pour distancer ses poursuivants. Sa seule chance était de quitter leur territoire avant qu’ils ne la rattrapent. Mais elle avait peu d’espoir. Ils étaient à trois ou quatre par barque, ce qui leur conférait une puissance et une rapidité qu’elle n’aurait jamais.

RetraitElle lutterait autant qu’elle le pouvait puis se laisserait couler. Jamais ils ne l’attraperaient vivante.

RetraitElle continua à pagayer, même si ses muscles ne tardèrent pas à lui faire mal. Elle essaya d’accélérer le rythme, mais la fatigue commença à l’envahir.

RetraitJeannette jeta rageusement sa pagaie au fond de son embarcation et s’empara de son arc. Elle allait mourir, mais elle ne partirait pas seule. Sa première flèche se ficha profondément dans le torse d’un des poursuivants. Dans un râle, il s’affaissa sur lui-même.

RetraitDes cris de rage jaillirent des poitrines des hommes qui la poursuivaient. Elle décocha encore deux flèches, blessant légèrement un autre homme. Elle s’était entraînée à tirer, mais jamais elle n’aurait pensé qu’elle devrait le faire à bord d’une embarcation qui filait à toute allure dans le courant.

RetraitUne nouvelle flèche se ficha dans la gorge d’un homme à la trogne particulièrement patibulaire.

RetraitJeannette entendit un curieux sifflement venant de derrière elle. Elle eu juste le temps de tourner la tête. D’autres barques avaient pris la chasse, lui coupant la route à son insu. Elle vit plusieurs hommes, debout, qui faisaient tournoyer trois cordes reliées entre elles par leur milieu et lestées à leur extrémité de lourdes pierres.

RetraitUn des bolas s’enroula violemment autour d’elle, la faisant tomber lourdement au fond de la barque. Sa tête porta, l’étourdissant.

RetraitRapidement, elle sentit qu’on se saisissait d’elle sans ménagement. Le reste fut assez flou. Des visages, des cris, des coups, encore des visages… elle sombra dans l’inconscience.
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Re: Histoires d'Arkayn : Le fleuve de l'éternité

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-Chap. 5-

RetraitQuand elle revint à elle, sa tête lui lançait atrocement. Le sang battait à ses tempes douloureusement et une violente nausée lui souleva le cœur. Le choc avait dû être très violent. Dans une semi-conscience, elle devina qu’elle devait avoir un traumatisme crânien. Ses côtes lui faisaient mal aussi, ainsi que ses bras. Elle laissa échapper un gémissement. Jeannette sentit une main se poser doucement sous sa nuque et lui soulever légèrement la tête.

Retrait- Elle revient à elle, murmura une voix lointaine.

RetraitOuvrir les yeux fut un calvaire. Mais tout était trouble de toute façon. Elle sentit qu’on posait un linge mouillé sur son front.

RetraitIl fallut près d’une heure à Jeannette pour être en état de parler. Elle était dans une grande cage, en compagnie d’une vingtaine de personnes, hommes ou femmes.

RetraitC’était la première fois qu’elle voyait ce qui semblait être une prison sur le monde du fleuve. Elle eut du mal à comprendre.

RetraitQui voudrait faire prisonnier ses semblables ? Ici, chacun avait à manger, pouvait aller à sa guise, était éternellement jeune, n’avait pas besoin de travailler, pouvait trouver une compagne ou un compagnon à sa guise et en changer tout aussi facilement…

Retrait- Tu oublies la méchanceté des hommes, petite sœur, lui dit d’une voix rauque et profonde, un homme à la peau très noire. Certains veulent toujours plus. Nous sommes des esclaves d’un nouveau genre.
Retrait- Je ne comprends pas, avoua Jeannette.
Retrait- Nous avons tous été capturés, comme toi. Ils nous ont pris nos Graals. Ce qui nous nous oblige à travailler si l’on veut avoir notre nourriture. Et encore, ils en prennent la plus grosse part.
Retrait- Mais vous ne pouvez rien faire ?

RetraitL’homme laissa échapper un éclat de rire.
Retrait- Oui et non. Nous…

RetraitUne voix rugit, venant de l’extérieur de la cage :
Retrait- Vos gueules là-dedans ! Ou vous allez tâter du fouet.

RetraitUn homme se tenait debout près de la cage. Petit, il était incroyablement gros. Si elle n’avait pas été commotionnée, Jeannette aurait ri tellement il était ridicule. Outre des pièces de vêtements disposées sans grâce sur son corps obèse, il portait ce qui était censé représenter une couronne. Deux hommes, armés de lances, se tenaient derrière lui. Une incroyable impression de méchanceté et de vice émanait de lui. L’homme se pencha aussi près qu’il le put des barreaux et dévisagea la jeune femme d’un air mauvais.
Retrait- Toi ! Tu as tué deux de mes hommes et blessé plusieurs autres. Je te réserve un traitement spécial.

RetraitJeannette frissonna.
Retrait- Cette nuit, tu vas être ma chose. Je vais m’occuper de toi, fit l’homme en grimaçant. J’aime attendrir les femmes.

RetraitLes yeux de Jeannette s’agrandirent d’horreur. Mais quand l’homme finit de parler, une chape de froid s’abattit sur la jeune femme. Elle eut l’impression de ne plus pouvoir respirer.

Retrait- Quand j’en aurai fini avec toi, et crois-moi, cela te paraîtra long, très long, je te livrerai à mes hommes. Ils auront le droit de faire tout ce qu’ils voudront de toi. Sauf de te tuer…

RetraitL’homme partit, un rire aussi gras que lui résonnant derrière lui, plein de menaces.

RetraitJeannette se recroquevilla en gémissant. Si elle était morte vierge sur la terre, elle s’était largement rattrapée sur ce nouveau monde. Elle se donnait sans réfléchir à tous les hommes qui lui plaisaient, sans se poser de questions. Mais être prise par ces soudards… Les larmes lui montèrent aux yeux. Une boule douloureuse lui vrilla l’estomac.

RetraitUn grand silence s’était abattu dans la cage. Hommes et femmes se regardèrent, semblant prendre une décision silencieuse.

RetraitLe grand noir, un certain Martin se glissa contre Jeannette pendant que les autres se levèrent et se collèrent aux barreaux, cachant le couple à la vue de tous.
Retrait- Quand tu nous as demandé si nous pouvions faire quelque chose, je t’ai répondu oui et non.

RetraitJeannette, intriguée, leva la tête.
Retrait- Nous ne pouvons pas te libérer, ni nous rebeller contre ces brutes. Mais nous avons un réseau d’évasion.

RetraitMartin regarda Jeannette avec tendresse et poursuivit :
Retrait- Cela te paraîtra étrange, mais nous sommes des prisonniers volontaires. Nous pourrions tous nous évader. À notre façon. Mais que deviendraient les nouveaux prisonniers ? Alors, nous avons choisi de rester. Parfois quelques semaines puis nous laissons la place à d’autres volontaires. Le temps que le relais se fasse. Nous avons constitué une sorte de confrérie d’entraide. Et ces abrutis n’y voient que du feu.
Retrait Je ne comprends pas.
Retrait- Ils croient nous tenir prisonniers, poursuivit Martin, mais si nous mourrions, nous serions libres, ailleurs le long du fleuve. Cela s’appelle le « suicide express ». Une mort, une résurrection, un nouveau Graal. De temps en temps, l’un d’entre nous meurt de faim, de fatigue, d’accident… Officiellement. En réalité, nous avons organisé son départ.

RetraitJeannette commença à comprendre. Martin lui offrait une porte de sortie.

Retrait- Tu peux rester là, avec ce que tu sais. Ou tu peux tenter ta chance ailleurs. Nous ferons ce qu’il faut.

RetraitLes yeux de Jeannette se mouillèrent de nouveau, mais cette fois de gratitude. Ce qui l’attendait était si horrible qu’elle préférait cette solution. Pourtant, elle n’avait jamais reculé devant l’ennemi. Mais il fallait bien se rendre à l’évidence. La jeune femme regarda l’homme dans les yeux. C’était la première fois qu’elle voyait un noir d’aussi près. Fugitivement, elle songea qu’elle aurait bien passé une nuit avec lui. Histoire de découvrir. Elle se pencha vers l’homme et ses lèvres se posèrent doucement sur les siennes.

Retrait- Merci, dit-elle simplement. Je suis prête.

RetraitMartin fit un signe à un homme de haute taille. Celui-ci vint se placer derrière Jeannette. Personne n’avait vu le geste, toujours masqués par le reste du groupe. La jeune femme eu quand même une dernière inquiétude.

Retrait- Mais et vous ? Il n’y aura pas de représailles ?
Retrait- Ne t’inquiète pas. Tu auras simplement succombé à ton coup à la tête. Nous, on n’aura rien vu. On est trop faibles.

RetraitMartin caressa doucement la joue de Jeannette.
Retrait- Mets-toi à genoux maintenant, si tu es prête. Cela ira très vite.
Jeannette obtempéra. L’homme derrière elle se positionna de façon à immobiliser ses jambes. Puis il tira doucement les bras de la jeune femme en arrière et les bloqua dans ses bras puissants. Martin se mit à genoux face à eux et doucement plaça une main derrière la nuque de Jeannette. Son autre main vint couvrir la bouche et le nez de la jeune femme. Celle-ci ne bougea pas, donnant son aval. Alors le superbe noir serra.

RetraitBientôt, l’air manqua à Jeannette et elle commença à se débattre, bien qu’elle se le soit interdit. Mais les réflexes sont ce qu’ils sont. L’homme derrière elle la maintint plus fermement. Elle commença à paniquer mais rapidement, un voile noir survint. Elle entendit seulement une voix lointaine, grave :
Retrait- Bon voyage, petite sœur !
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-Chap. 6-

RetraitAllongé sur la berge, Yvain avait fermé les yeux. À quoi songeait-il ? Jeannette n’aurait su le dire. Elle s’était allongée près de lui sur des serviettes que leur avait données Corélia.

RetraitElle admira son corps musclé, ses bras puissants, ses cuisses… Elle se revit sur le radeau, si proche d’elle. Une brusque chaleur l’envahit. Elle avait envie d’Yvain comme jamais elle n’avait eu envie d’un homme. Envie de se serrer contre lui, de n'être qu'un. Non pour assouvir un besoin, mais comme un manque. Pour être enfin entière. Surtout depuis qu’elle avait appris qui il était. Lui pouvait la comprendre.

RetraitBientôt un embarcadère se dessina dans le lointain. C’était la destination de leur radeau. Yvain et Simon redoublèrent d’efforts. Leurs pagaies plongèrent dans l’eau à un rythme soutenu. Cimaya avait pris un peu de retard, mais elle était toujours à portée de regard. Elle ne semblait pas fatiguer. Visiblement, son peuple avait l’habitude de marcher et de courir. Jeannette sourit avec tendresse.

RetraitPourtant, une certaine inquiétude ne la quittait pas. Peu après leur départ, elle avait entendu des tambours résonner. Et à nouveau quelques instants auparavant. Cela n’était peut-être rien, mais elle ne put empêcher une petite boule de s’incruster dans son ventre. La veille, dans un autre lieu, le long de ce fleuve immense, elle avait failli se faire violer par un odieux tyran et ses hommes. Elle espéra que les messages étaient pacifiques.

RetraitBientôt Simon amarra le radeau à un anneau formé de roseaux entrelacés. Le métal était quasiment inconnu sur le monde du fleuve, hormis celui des Graals. Mais personne n’avait pu le faire fondre ni même le cabosser. Fin de quelques trois millimètres, il était d’une résistance à toute épreuve. Il avait donc fallu improviser et faire preuve d’ingéniosité pour reconstruire une civilisation à partir de rien. Simon sauta sur le ponton et tendit la main pour aider Jeannette à monter à son tour. D’un bond, Yvain vint les rejoindre.

RetraitLa ville était tranquille, et chacun vaquait à ses occupations. Certains tressaient des cordelettes avec des boyaux de poissons, les seuls animaux présents sur le monde du fleuve, d’autres discutaient, d’autres encore prenaient leur bain… Tout respirait le calme et la tranquillité. Et partout, un grand nombre d’hommes et de femmes allaient nus. Jeannette n’avait jamais vu ça auparavant. Dans tous les pays traversés jusque là, les gens se rhabillaient après le bain. Mais ici, il semblaient que les gens recherchaient la nudité.

RetraitLa capitale du petit pays était constituée de centaines de cases soigneusement espacées pour laisser une certaine intimité. Des allées permettaient de circuler, et peut-être empêchaient le feu de se répandre. À une centaine de mètres, au bout d’une allée partant du ponton, sur une grande place, une case plus grande que les autres devait être celle du chef. Elle faisait face au fleuve. Deux autres, plus petites, l’encadraient de chaque côté.

RetraitEt nulle part Jeannette ne vit de cages. Au contraire, tout le monde semblait amical et avenant. Spontanément, des hommes étaient même venus décharger le radeau. Il faut dire que dans ce monde de perpétuel farniente, un peu d’occupation était toujours la bienvenue. Simon les remercia chaleureusement, faisant promettre à Yvain et Jeannette de venir goûter son alcool de poisson quand ils en auraient envie. Puis il leur désigna la case solitaire où les attendait le chef. Il promit de leur envoyer Cimaya lorsqu’elle arriverait, ce qui ne saurait tarder. Le couple, nu comme des vers, s’avança tranquillement dans l’allée, au milieu de la population locale. Divers langages se côtoyaient, certains leur étant totalement inconnus. Mais partout ils reconnurent avec soulagement de l’espéranto. Et du français !

RetraitLeurs mains se frôlèrent tandis qu’ils marchaient, mais aucun n’osa faire le geste le premier. Un homme sortit de la case et les regarda approcher en souriant. Il était de taille moyenne et portait très longs ses cheveux noirs comme de l’ébène. Entièrement nu, il tenait un kilt à la main, prêt à le mettre si besoin.

Retrait- Bonvenon al Arkanya, amikoj. Vi estas hejme tiel longe kiel vi deziras. (Bienvenue à Arkanya, les amis. Vous êtes ici chez vous tant que vous le désirerez.)
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-Chap. 7-

RetraitL’homme se présenta, ajoutant qu’ici tout le monde l’appelait Arkayn et qu’ils pouvaient faire de même. Puis il regarda derrière eux :
Retrait- La petite fille n’est pas avec vous ?

RetraitArkayn intercepta leur regard surpris et les rassura :
Retrait- Non, non, je ne suis pas devin. Mais les tambours m’ont annoncé que trois Lazares étaient apparus au champignon sept. Une homme, une femme et une petite fille. Et une autre femme doit arriver du champignon treize.

RetraitJeannette se sentit soulagée. Ainsi, c’était cela les messages. Elle comprenait que ce peuple avait besoin d’être organisé. Arkanya avait adopté un système simple et habituel sur le monde du fleuve. La capitale se situait au champignon zéro. Les champignons étaient ensuite numérotés du plus proche au plus éloigné vers l’aval avec des numéros positifs et négatifs vers l’amont. 1, 2, 3, -1, -2, -3…

RetraitElle prit la parole :
Retrait- Cimaya a préféré courir. Elle a peur de l’eau. Elle ne devrait pas tarder à arriver. Je m’appelle Jeannette.

RetraitArkayn eut un sourire ravi. Il abandonna l’espéranto.
Retrait- Française ?
Retrait- Oui, fit-elle un peu surprise.

RetraitC’était le deuxième Français qu’elle rencontrait depuis le matin, elle qui n’avait pas parlé cette langue depuis des semaines. Et visiblement, ils devaient y en avoir d’autres dans la région.

Retrait- Et je suis Yvain de Lescar, pour vous servir, Messire.

RetraitArkayn rit.
Retrait- Oublie le « messire », l’ami. Ici, tout le monde se tutoie, et je suis le chef parce qu’ils ont insisté. Le jour du grand cri, j’ai un peu moins paniqué que les autres et essayé d’organiser les choses. C’est tout.

RetraitUne jeune femme passa près du petit groupe, l’air joyeux.
Retrait- Hé, Jeanne, ça va tes rhumatismes ? lui lança Arkayn, avec un clin d’œil à Jeannette.
Retrait- Galopin, tu verras à mon âge. Et méfie-toi ! Maintenant, je peux à nouveau te botter les fesses.

RetraitElle s’éloigna en riant.
Retrait- Une autre Jeanne. Jeanne Calment. Non, cela ne vous dit rien ? Elle a été la femme la plus âgée du monde. Elle est morte sur la Terre à 122 ans.

Retrait- 122 ans ! Mais c’est impossible, s’exclama Jeannette. Personne ne peut vivre aussi longtemps.
Retrait- Oh, les choses ont bien changé depuis votre époque. Les centenaires étaient devenus très courants dans les années 2000.

RetraitLes nouveaux Lazares n’eurent pas le temps de répondre. Une petite boule d’énergie se jeta joyeusement dans leurs jambes en riant.
Retrait- Jeannette ! Yvain !

RetraitCe dernier se pencha, attrapa la petite fille et la fit tournoyer, déclenchant de nouveaux rires. Puis il la souleva et la cala contre sa hanche. Jeannette apprécia ce geste. L’homme semblait aimer les enfants.

Retrait- Arkayn, je te présente Cimaya. On ignore encore à quel peuple elle appartient. Mais elle parle espéranto.
Retrait- Hé, bonjour petite fille, fit le chef en changeant machinalement de langue. J’entends parler de toi depuis ce matin.

RetraitIl arborait un sourire large et franc. Il semblait visiblement très heureux de l’accueillir.
Retrait- Tu veux venir avec moi ? ajouta-t-il en tendant les bras. Il y a quelqu’un qui t’attend avec impatience.

RetraitCimaya regarda ses amis, attendant un assentiment. Petite fille, oui, mais déjà un vécu énorme et l’habitude de ne pas prendre de risques.

RetraitJeannette lui sourit et fit un petit signe de tête. Cimaya changea de bras.
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-Chap. 8-


Retrait- Coco ? Tom ?

RetraitUne jeune femme à la peau cuivrée ne tarda pas à sortir de la case. C’était une superbe métisse, tout aussi nue que son compagnon. Elle n’était pas très grande, mais tout en elle démontrait une grande sensualité. Elle tenait par la main un petit garçon, lui aussi tout nu. Il devait avoir dans les sept ans.

RetraitDeux cris fusèrent en même temps. Cimaya gigota pour se laisser aller au sol. Les deux enfants s’attrapèrent en criant, tournant comme des fous, se jetant dans les bras l’un de l’autre. Ils criaient, se posant l’un à l’autre des questions dont ils n’attendaient pas la réponse.

RetraitBientôt ils disparurent derrière la maison, Tom entraînant Cimaya.
Retrait- Ne vous inquiétez pas pour la petite. Elle est en sécurité. Et Tom voulait absolument lui faire visiter ses lieux préférés. Cela fait deux heures qu’on ne le tient plus. Pensez donc, un autre enfant de son âge !

RetraitArkayn se plaça derrière sa compagne et l’entoura amoureusement de ses bras.
Retrait- Yvain, Jeannette, je vous présente Corélia. Nous sommes des privilégiés. Nous étions amis sur la Terre. Nous nous sommes réveillés l’un à côté de l’autre le jour du grand cri. Et depuis, nous ne quittons plus.
Retrait- Cela devait être le destin, déclara Corélia d’une voix chaude et chantante avant de lever la tête et l’embrasser doucement.

RetraitYvain la détailla, ce qui provoqua un petit pincement au ventre de Jeannette. Elle se sentit bien fade comparée à cette jeune femme. Mais ce n’était pas le physique qui parut intéresser son nouveau compagnon.
Retrait- Je connais cette façon de parler. Nous sommes nés de la même région !
Retrait- Je viens de Toulouse, lui répondit-elle, interrogative.

RetraitElle a aussi du sang maure en elle, se dit Jeannette. Mais il y avait longtemps que cela ne lui posait plus de problèmes. Ce monde n’était pas la France de son temps.
Retrait- Nous étions voisins, alors, dame Corélia. Je suis…

RetraitIl ne put terminer sa phrase. Arkayn venait de laisser échapper un cri de surprise.
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