Histoires de Cor; La chute, la mère et l’enfant
Publié : 21 janv. 2017, 10:39
La chute, la mère et l’enfant
Par Cor van de Sande
D’après une idée originale de Cor van de Sande
© Cor van de Sande, 2013
Cette nouvelle est basée sur les personnages et les endroits introduits dans l’histoire
“My House, My Rules” by Cor van de Sande en 2012
À Stéphanie, qui m’a fait confiance…
et j’aimerais aussi remercier mon ami Robert pour m’avoir suggéré le titre en français de cette histoire.
Épisode 1,
Mélanie pleurait. Elle se sentait complètement dépourvue mais les choses ne pouvaient continuer comme elles avaient commencées. D’où elle venait, c’était l’enfer et il n’était pas question qu’elle resta là encore une journée, ni même une minute.
La dernière crise, c’était une de trop… Butch avait toujours eu l’air de savoir où il s’en allait et Mélanie le trouva de son goût quand ils étaient en neuvième année ensemble. Elle-même était loin de se sentir aussi confiante ; depuis que ses parents sont morts dans le feu, quand elle avait huit ans, elle vivait avec sa tante dans un bloc crasseux au fond du cartier St-Henri. Ce n’aurait pas été son premier choix, mais personne n’avait demandé son avis.
Pour un bout ça n’allait quand-même pas si mal, même si sa tante semblait avoir un nouveau chum à chaque fois que le chèque du BS était épuisé, et même si, il y a quatre ans, le dernier c’était installé pour de bon. Depuis ce temps-là, sa tante sortait plus souvent le soir, laissant le chum seul avec elle. Il n’avait pas de job mais il ne semblait jamais manquer de fric, lui. Plutôt, il traînait dans l’appart, buvait de la bière et passait la journée à regarder la télé. Parfois, le soir, il sortait, jamais très longtemps, laissant Mélanie seule dans l’appart. Depuis qu’elle avait commencé de porter des soutiens-gorge, ça avait changé, toutefois. Sa tante rentrait de plus en plus tard le soir et, le jour, elle semblait toujours à moitié perdue tandis que lui, il devenait de plus en plus "frotteux" avec elle. Finalement, elle n’en pouvait plus et elle alla voir Butch.
Butch, entretemps, avait quitté l’école et s’était trouvé une job chez le garage du coin. Il habitait une chambre que le proprio lui laissa contre la moitié de sa paie. Quand Mélanie lui avait tout raconté, Butch avait sacré, traité le chum à Tante Berthe de pimp et l’avait invitée de s’installer avec lui. Elle est tombée enceinte presque tout de suite.
Au début, Butch était tout excité et se promenait comme un coq dans une basse-cour mais, après que Fiston fut né, ça n’a pas duré… ça coûte cher les couches…, et le linge…, et le stock… Une chance que Fiston prenait ses repas à la source, sinon il lui aurait crié par la tête pour ça, également. Butch commença à rentrer plus tard, à sortir avec ses chums. Depuis quelque temps, il rentrait carrément paqueté comme un œuf tous les soirs. La boisson ne lui faisait pas, non plus, car pour la plupart des fois, il rentrait en maudit. La nuit dernière, non seulement il l’avait engueulée en n’en plus finir, il l’avait frappée en plus de ça.
Ce matin, tôt, pendant que Butch cuvait encore son vin, elle se leva doucement, fit sa valise, ramassa Fiston et, en sortant, chipa les clés du garage. Elle savait que, stationnées à côté, il y avait deux minounes que le proprio essayait de vendre à un taupin trop cave pour savoir qu’elles ne valaient plus rien. Elle ouvrit la porte du garage, coupa l’alarme et fouilla le comptoir.
Prenant les clés de la voiture la moins maganée des deux et les trente piastres qui restaient dans la caisse, elle fit le plein, rembarra le garage et glissa les clés dans la boite à lettres. Là, elle se retrouva quelque part dans les cantons de l’est, à rouler sur les routes secondaires, sans savoir où aller, ni ce qu’elle devait faire.
Tout à-coup, elle lâcha le gaz et piétina les freins…
Par Cor van de Sande
D’après une idée originale de Cor van de Sande
© Cor van de Sande, 2013
Cette nouvelle est basée sur les personnages et les endroits introduits dans l’histoire
“My House, My Rules” by Cor van de Sande en 2012
À Stéphanie, qui m’a fait confiance…
et j’aimerais aussi remercier mon ami Robert pour m’avoir suggéré le titre en français de cette histoire.
Épisode 1,
Mélanie pleurait. Elle se sentait complètement dépourvue mais les choses ne pouvaient continuer comme elles avaient commencées. D’où elle venait, c’était l’enfer et il n’était pas question qu’elle resta là encore une journée, ni même une minute.
La dernière crise, c’était une de trop… Butch avait toujours eu l’air de savoir où il s’en allait et Mélanie le trouva de son goût quand ils étaient en neuvième année ensemble. Elle-même était loin de se sentir aussi confiante ; depuis que ses parents sont morts dans le feu, quand elle avait huit ans, elle vivait avec sa tante dans un bloc crasseux au fond du cartier St-Henri. Ce n’aurait pas été son premier choix, mais personne n’avait demandé son avis.
Pour un bout ça n’allait quand-même pas si mal, même si sa tante semblait avoir un nouveau chum à chaque fois que le chèque du BS était épuisé, et même si, il y a quatre ans, le dernier c’était installé pour de bon. Depuis ce temps-là, sa tante sortait plus souvent le soir, laissant le chum seul avec elle. Il n’avait pas de job mais il ne semblait jamais manquer de fric, lui. Plutôt, il traînait dans l’appart, buvait de la bière et passait la journée à regarder la télé. Parfois, le soir, il sortait, jamais très longtemps, laissant Mélanie seule dans l’appart. Depuis qu’elle avait commencé de porter des soutiens-gorge, ça avait changé, toutefois. Sa tante rentrait de plus en plus tard le soir et, le jour, elle semblait toujours à moitié perdue tandis que lui, il devenait de plus en plus "frotteux" avec elle. Finalement, elle n’en pouvait plus et elle alla voir Butch.
Butch, entretemps, avait quitté l’école et s’était trouvé une job chez le garage du coin. Il habitait une chambre que le proprio lui laissa contre la moitié de sa paie. Quand Mélanie lui avait tout raconté, Butch avait sacré, traité le chum à Tante Berthe de pimp et l’avait invitée de s’installer avec lui. Elle est tombée enceinte presque tout de suite.
Au début, Butch était tout excité et se promenait comme un coq dans une basse-cour mais, après que Fiston fut né, ça n’a pas duré… ça coûte cher les couches…, et le linge…, et le stock… Une chance que Fiston prenait ses repas à la source, sinon il lui aurait crié par la tête pour ça, également. Butch commença à rentrer plus tard, à sortir avec ses chums. Depuis quelque temps, il rentrait carrément paqueté comme un œuf tous les soirs. La boisson ne lui faisait pas, non plus, car pour la plupart des fois, il rentrait en maudit. La nuit dernière, non seulement il l’avait engueulée en n’en plus finir, il l’avait frappée en plus de ça.
Ce matin, tôt, pendant que Butch cuvait encore son vin, elle se leva doucement, fit sa valise, ramassa Fiston et, en sortant, chipa les clés du garage. Elle savait que, stationnées à côté, il y avait deux minounes que le proprio essayait de vendre à un taupin trop cave pour savoir qu’elles ne valaient plus rien. Elle ouvrit la porte du garage, coupa l’alarme et fouilla le comptoir.
Prenant les clés de la voiture la moins maganée des deux et les trente piastres qui restaient dans la caisse, elle fit le plein, rembarra le garage et glissa les clés dans la boite à lettres. Là, elle se retrouva quelque part dans les cantons de l’est, à rouler sur les routes secondaires, sans savoir où aller, ni ce qu’elle devait faire.
Tout à-coup, elle lâcha le gaz et piétina les freins…