Histoire de Roger : Le monde à l'envers

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roger
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Histoire de Roger : Le monde à l'envers

Message par roger »

AVERTISSEMENT : sans être porno ou scato, cette histoire s'adresse à un monde adulte. Il y a des scènes suggestives.

LE MONDE A L’ENVERS
de
Roger Schaeffer
CHAPITRE UN

retrait « Une journée parfaite » : Cela avait été tout au moins le sentiment éprouvé par Valérie jusqu’à cet instant. Mais la porte du palier à peine refermée, la jeune fille, toujours assise dans le salon, un reste de bonheur sur les lèvres, avait écouté les pas dans l’escalier. À chacune des marches, au fur et à mesure que le claquement des talons se faisait moins sonore, le sourire figé se changea en rictus ; sa respiration évolua peu à peu pour devenir courte et saccadée comme si elle réalisait de plus en plus clairement l’erreur qu’elle venait de faire. Lorsque la lourde porte de la rue résonna dans la cage d’escalier la panique s’empara d’elle : les yeux exorbités, sa bouche dessina une grimace et ses mains se plaquèrent sur son visage horrifié. Elle crut voir « Le cri » de Munch dans le miroir du salon. C’était elle.

retrait« Mon Dieu ! Qu’ai-je fait ? »

retraitD’un bond, elle fut sur ses jambes ; elle se précipita vers le fond de l’appartement. Comme elle atteignait l’entrée, elle réalisa qu’il était trop tard. Ils n’étaient plus dans l’immeuble. Elle courut à l’opposé, vers le balcon ; le temps d’ouvrir la porte-fenêtre, la rue était déserte.

retrait Mon Dieu ! Qu’avait-elle fait ? Que devait-elle faire ? Sa première idée fut de téléphoner à sa mère, mais celle-ci était loin. Loin physiquement, à plus de trois cents kilomètres, et surtout loin sentimentalement de sa fille, une femme si parfaite, si rationnelle, si normale, sans aucune réaction émotive que c’en était écœurant. Elle ne pourrait rien faire sinon lui ressasser des reproches comme elle en avait l’habitude depuis une dizaine d’années. Non, ce serait augmenter la panique et l’angoisse. Puis soudain, un bruit de pas au plafond lui rendit l’espoir : sa voisine du dessus, Ginette saurait quoi faire. Elle était travailleuse sociale ou quelque chose dans le genre : la situation actuelle était en plein dans ses cordes. Fébrilement, elle composa son numéro.

retrait — Ginette ! C’est Valérie, la locataire d’en dessous... Oui, c’est cela avec la queue de cheval... Non, je n’ai pas encore eu le temps de monter chez vous à cause de mon... oui, justement, c’est de lui dont je veux vous parler... Je vous appelle parce que j’ai fait une grosse bêtise et je n’ai personne à qui m’adresser... Oui, oui, j’aimerais cela que vous veniez tout de suite. Non, il n’est pas là, c’est pour cela que j’ai besoin de votre aide... Oui d’accord, je vous attends. Je vais vous ouvrir la porte.
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roger
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ppppppDans l’appartement au-dessus, Ginette reposa le combiné du téléphone. Un soupir d’aise souleva sa poitrine. Enfin ! Elle se regarda dans la vitre du vaisselier et esquissa un sourire sardonique tout en passant sa langue sur les lèvres. Ses yeux pétillèrent de joie. La pensée du grand méchant loup lui vint tout de suite à l’esprit. Deux mois qu’elle mourait d’envie d’entrer en relation avec la délicieuse chose du dessous : une belle jeune fille, pas plus haute qu’une enfant, à la longue chevelure auburn, à la peau blanche ivoirine avec des reflets de roux qui la rendait si... si merveilleusement fragile, si... si divinement mignonne, en bref si agréablement appétissante. Elle allait enfin être récompensée de tous ses efforts. Combien de fois avait-elle épié par la fenêtre les allées et venues de sa petite voisine ? Combien de fois s’était-elle précipitée dans l’escalier pour se donner l’air innocent de la croiser par hasard ? Combien de fois avait-elle frappé à sa porte sous des prétextes futiles ? Elle ne savait plus quoi faire de toutes ces tasses de sucre qu’elle lui avait empruntées.

pppppppMais « le petit monstre à roulette » était toujours là. On aurait dit qu’il pressentait les intentions de la voisine. Il était éternellement collé aux basques de sa mère. Il répondait au seuil qu’elle n’était pas à la maison et quand elle apparaissait dans le cadre, il lui répétait sans cesse qu’ils avaient mille choses à faire. Lorsqu’elle les rencontrait « par hasard » dans l’escalier, il tirait sur son bras jusqu’à ce qu’elle cède. Pourtant la mignonne chérie ne semblait pas totalement indifférente. Elle prenait un petit air ingénu, rougissant, baissant les yeux chaque fois que leur regard se croisait. Ginette sentait qu’il suffirait que le garçon s’éloigne un instant pour qu’elle ait enfin sa chance. Eh bien, elle l’avait, cette chance et c’était ce soir ou jamais.

pppppp« La première chose à faire, pensa Ginette, c’était de ne pas affoler plus qu’elle ne l’était déjà la petite oie blanche. » Elle se regarda dans le miroir et fit la moue. Elle était habillée pour sortir « en boîte » et ce n’était pas du tout cela. L’ensemble de cuir était idéal pour des « expertes » au courant des choses. Mais la petite innocente du dessous serait trop énervée par la disparition de... Ginette fronça les sourcils. « Comment s’appelait-il celui-là ? « Elle était curieuse de savoir ce qui s’était passé. Mais elle revint au miroir. Elle ôta le pantalon, la casquette et même la veste, toute sa panoplie. Elle accentua la grimace. Il lui faudrait enlever le soutien-gorge, lui aussi en cuir. Elle l’aimait bien pourtant avec son armature rigide qui donnait à Ginette l’impression d’avoir encore des seins de vingt ans. « Non, il faut que j’aie l’air de sa mère si je veux la consoler à ma façon, la petite chérie. » Quand elle se retrouva dans le plus simple appareil, elle fut découragée. À cinquante ans, elle en était à ses derniers milles. Le milieu des discothèques était cruel. Il lui fallait parfois se contenter des restes, bien souvent « la truite » qu’elle ramenait dans son filet avait son âge et encore, elle avait dû la convaincre à coup de whiskies. Les occasions d’attirer une toute jeune fille se faisaient rares. « Tiens puisque j’y pense à la place de whiskies, je vais amener un pineau des Charentes avec moi. La petite gourde sera plus facile à convaincre. » Ce soir, c’était enfin sa revanche. Elle enfila une robe de chambre en ratine qui avait connu de meilleurs jours. Si elle n’avait pas eu les cheveux coupés à la garçonne, elle se serait posée des bigoudis. Elle aurait eu le style parfait de « la bonne maman » qui vient consoler sa petite fille. Elle jeta un dernier coup d’œil au miroir et s’écria : « Allez ma Ginette, c’est ce soir ou jamais. Rappelle-toi tes années de collège quand tu les rendais folles. » Puis elle franchit les quelques marches qui la séparaient de son destin.
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roger
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Message par roger »

retrait Ginette n’eut pas le temps de passer le seuil de la porte qu’elle fut saisi par une Valérie en état de panique. Elle n’avait eu aucun effort à faire. La jeune fille était venue par elle-même se coller sur sa poitrine, au risque de faire tomber la bouteille. Vraiment, Ginette se promettait une belle soirée. Déjà, de sentir le visage baigné de larmes dans le creux de sa gorge lui donnait des sensations qu’elle avait rarement ressenties lors de ces aventures dans les discothèques. Elle était parcourue de frissons sur tout le corps. Mais il fallait tout d’abord écouter les plaintes et les déchirements de cette chère petite, la laisser vider son sac. Ensuite, elle passerait à l’action. Elle dirigea judicieusement sa nouvelle protégée vers un fauteuil profond, peu fait pour accueillir confortablement deux personnes, mais justement très pratique pour provoquer les rapprochements.

retraitValérie s’étonna d’être ainsi juchée sur les genoux de sa voisine qui à part les rencontres rapides dans l’escalier n’était pas vraiment une intime. Mais c’était un détail sans importance dans un tel moment, surtout que vêtue de cette robe de chambre, Ginette lui donnait l’impression d’être la maman qu’elle aurait voulu avoir, celle à qui elle aurait tant aimé confier ses peurs et ses angoisses. D’instinct, elle posa sa tête au creux de son épaule. Ginette n’en pouvait plus, tant ses fantasmes de ces deux derniers mois devenaient réalité. Elle en tremblait d’excitation. Il lui fallait retenir ses emballements et comprendre d’abord les raisons des larmes de sa voisine pour mieux les exploiter à son profit.

retrait— Je veux tout savoir ma chérie (peut-être était-ce un peu tôt ce mot doux, car elle sentit le corps de Valérie se contracter), mais avant tout, versons-nous un verre de pineau : cela t’aidera à te détendre.

retrait— Mais je n’ai pas l’habitude de boire.

retrait— Je l’espère bien, pensa tout haut Ginette sinon la bouteille va y passer. Bon, dis-moi tout. Qu’est-ce qui te bouleverse, ma grande ? C’est le temps de tout me confier. Je suppose qu’il est question de ce petit mons... Euh je veux parler de ton enfant. Comment s’appelle-t-il déjà ?

retraitGinette se moquait éperdument du nom de ce « petit monstre à roulettes », mais elle savait que le sujet préféré d’une mère, surtout monoparentale, c’était son rejeton. Et dans le cas présent, son apparente disparition en augmentait l’intérêt.

retrait— Jean-Michel.

retraitLa simple mention de son fils avait déclenché un nouveau torrent de larmes. Ginette sentait le petit nez mouillé de Valérie dans le creux de son épaule et elle pensa qu’elle pouvait avancer un pion de sa stratégie en écartant le col de sa robe de chambre. Ainsi elle put apprécier avec délices la douce respiration qui s’infiltrait jusqu’à l’entrée de son décolleté. Quand la jeune fille se remit à parler, le mouvement de ses lèvres provoqua un léger chatouillis sur la peau du cou de Ginette. Ce fut l’extase.

retrait— Et alors, ce méchant garçon, où est-il ?

retrait— Il est parti... Hi, hi, hi. Il est parti.

retrait— Tout seul. Ce n’est pas possible.

retrait— Non avec un homme. Mon enfant est parti... Hi, hi, hi.

retrait— Tu as laissé ton fils partir avec un homme, comme cela ; je suppose qu’il s’agissait de son père.

retrait— Non. Jean-Michel n’a pas de père.

retrait— Ben voyons donc ! Il n’est pas né dans un chou, ton garçon. Je n’ai jamais pu supporter qu’un homme me touche, mais je ne suis pas idiote. Je sais très bien comment on fait un enfant. Allez, continue ton histoire.

retrait— Tu veux que je te parle du père ou de Jean-Michel ?

retrait— Laisse faire le père. Tu m’en parleras quand je voudrai être déprimée. C’est qui l’homme qui a kidnappé ton fils ?

retrait— Il ne l’a pas kidnappé. Jean-Michel est parti tout simplement avec lui.

retrait— Mais bon sang de bon sang, vas-tu me dire qui est cet homme ?
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roger
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Re: Histoire de Roger : Le monde à l'envers

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Avertissement. Pour les impatients, je vous jure que cette histoire est une histoire naturiste. :animatedwink:

retrait — C’est mon oncle Marcel.

retrait— Un frère de ta mère ou de ton père ?

retrait— Aucun des deux. En fait, c’est un cousin à ma mère et encore, je ne suis pas sûr que ce soit un proche parent.

retrait— Comment cela ? Tu confies ton fils à quelqu’un que tu connais à peine, un enfant qui d’habitude ne décolle pas des jupes de sa mère. (j’en sais quelque chose, pensa-t-elle) Voyons donc ! À qui veux-tu faire croire cela ?

retrait— Mais je le connais bien, l’oncle Marcel. Il vient tous les ans me rendre visite. La première fois, c’est moi qui me suis rendu chez lui. C’était il y a dix ans. Je me souviens bien. J’étais enceinte de Jean-Michel. Je devais faire un stage de comptabilité à Marseille. C’est ma mère qui m’a dit que nous avions un parent là-bas. Je l’ai appelé et nous sommes allés manger au restaurant ensemble. On nous a servi de la cachina. Mais quand je lui ai dit que j’étais enceinte, il a pris peur. Ce n’est pas vraiment un plat santé, la cachina. (Elle eut un semblant de sourire à travers ses larmes) Depuis, chaque année, il vient au début de la saison des théâtres ici à Paris et chaque année il passe nous voir une journée. Jean-Michel attend avec impatience l’arrivée de son oncle. Il en est fou.


retrait— Comment cela ?

retrait— C’est que Jean-Michel et moi, nous sommes toujours ensemble.

retrait— Oui, j’ai cru le remarquer, fit Ginette en faisant la grimace.

retrait— L’oncle Marcel, c’est un peu le père Noël avant le temps. Il lui amène chaque année un jouet et c’est toujours celui que Jean-Michel désire le plus cette année-là. L’oncle devine toujours. Pourtant il est célibataire. Il n’a pas d’enfants bien sûr.

retrait— Ah bien ! Un vieil homme célibataire qui connaît les goûts de la jeunesse d’aujourd’hui. Étrange en effet ! Tiens approche ton verre. Il est vide.

retrait— L’oncle Marcel est un homme aussi. Jean-Michel se sent plus proche pour jouer à des jeux de garçons.

retrait— Ah oui ! Quels jeux par exemple ?

retrait— Eh bien des jeux vidéo avec de la bagarre, des tueries. Moi je ne suis pas bonne là-dedans. Jean-Michel gagne rapidement avec moi alors qu’avec son oncle, il a beaucoup plus de difficultés, de plaisir, quoi ! Je les entends des fois, pendant que je prépare le repas dans la cuisine. Ils sont dans la chambre et ils poussent des cris, des hurlements. Même qu’une fois ils se sont battus pour de vrai ensemble, sur le lit. Jean-Michel n’en pouvait plus tellement l’oncle Marcel le chatouillait.

retrait— Et toi, tu n’as pas réagi ?

retraitValérie se redressa et regarda sa voisine dans les yeux. Puis un torrent de larmes et des cris jaillirent en même temps.

retrait— C’est que je n’ai pas réalisé sur le coup. Moi je suis innocente.

retraitGinette sourit intérieurement tout en tapotant les cuisses de la jeune fille. Elle en profita pour tirer la robe de Valérie un peu plus vers le haut de la cuisse. Et comme cette dernière ajoutait aux larmes et aux cris un trémoussement du derrière, elle détacha subrepticement la ceinture de sa propre robe de chambre dans l’espoir qu’une petite main « innocente » vienne se poser sur son ventre nu.

retrait— Allons, allons. Il ne faut pas se mettre dans des états pareils. Rien ne dit que ton fils soit en danger (Ginette était sûre du contraire, mais la petite oie était déjà assez énervée comme cela.) Tiens, finis ton verre pour que je le remplisse. Un pineau des Charentes, c’est ma boisson préférée quand je suis nerveuse. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me calme.

retraitElle le savait bien. Un pineau était une boisson qui se buvait facilement et après trois ou quatre verres, on n’était plus maître de soi-même. C’est bien ce qu’elle espérait de sa voisine.

retrait— Mais tout cela ne me dit pas pourquoi ton... Comment l’appelles-tu déjà ? Ah oui ! Pourquoi ton fameux Jean-Michel est-il parti avec ton soi-disant oncle Marcel ?
…………………………………………………………………………………………………

retraitValérie avait consciencieusement bu les dernières gouttes de son verre et Ginette en « bonne maman retorse » le lui avait rempli aussi consciencieusement. La jeune fille avait cessé sa crise de larmes puis après avoir remis gentiment sa petite tête blonde dans le creux de l’épaule accueillante, elle reprenait ses explications.

retrait— Chaque année, mon Michou nous fait une crise dès qu’il sent que la journée de la fameuse visite se termine. Il crie, il tempête pour que son oncle revienne une deuxième journée, mais Marcel a toujours des obligations, une pièce de théâtre, un vernissage, enfin toutes sortes de trucs très loin des préoccupations d’un enfant. Mais cette année pour notre plus grand malheur, il nous a annoncé qu’il ne pouvait pas rester plus longtemps : il devait aller à une séance de natation. Ah, mon dieu ! La catastrophe ! Jean-Michel adore la piscine. Même s’il ne sait pas nager, je dois l’y emmener au moins une fois par semaine. Ce n’est pas croyable comme cet enfant aime l’eau. Là, on a eu le droit à la plus grosse crise.

retrait— Tu n’as pas pensé à la méthode forte, le fouet par exemple. J’en ai justement un chez moi. (Elle pensa : « je l’utilise pour les petites filles méchantes comme toi, mais pour un garçon cela devrait faire l’affaire aussi. ») Non je rigole ma chérie, continue.

retrait— Marcel, comme les autres fois, est resté froid. Il lui a répondu que ce n’était pas possible. La piscine fermait à onze heures du soir et c’était à l’autre bout de Paris. Entre ici et la porte de Vincennes, c’est comme traverser la ville de bout en bout. L’oncle allait ajouter que pour bien faire, Jean-Michel serait obligé de... Mais mon fils ne l’a pas laissé finir. Il a deviné. Je ne sais pas comment il fait, il devine toujours nos intentions.

retrait— Oui, j’ai cru m’en apercevoir, fit Ginette en levant les yeux au ciel et en esquissant une grimace. « Maudit petit monstre à roulettes “pensa-t-elle.

retrait— Il s’est tourné vers moi avec le regard le plus éploré qui soit, tu sais, comme tous les enfants savent faire.

retrait— Non je ne sais pas (je n’ai pas eu d’enfants, Dieu m’en garde, pensa-t-elle), mais je devine bien.

retrait— Marcel me regardait avec un ton neutre et froid voulant dire que la décision me revenait. Je ne me doutais pas...

retrait— Oui, les pervers ont du talent pour bien cacher leurs intentions.
Elle rougit quelque peu, car la phrase pouvait se rapporter aussi à elle, mais elle regretta surtout d’avoir prononcé le mot de pervers lorsqu’elle vit la fontaine d’eau repartir de plus belle. Elle prit le verre de Valérie et le lui approcha des lèvres comme s’il s’agissait d’une malade. La jeune fille s’empara du verre et but avec avidité. Ginette reposa sa main sur la cuisse de sa protégée, mais cette fois, elle l’avait glissée sous la robe et caressait la peau nue, tout en remontant légèrement vers le haut de la jambe. Mais elle hésita lorsqu’elle rencontra le regard interrogateur de Valérie.

retrait— Tiens, attends un peu, je vais te verser un autre verre. Le tien est vide. Mais au fait, pourquoi ton soi-disant oncle a-t-il besoin d’aller si loin pour se trouver une piscine ? Et pourquoi choisir des heures aussi tardives ? Il est pas net ton Marcel. Non, pas vraiment net.
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Arkayn
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Re: Histoire de Roger : Le monde à l'envers

Message par Arkayn »

Belle histoire !
[quote="roger"]Avertissement. Pour les impatients, je vous jure que cette histoire est une histoire naturiste. :animatedwink:
Si je divine bien où se rend l'ami Marcel, c'est effectivement naturiste. :animatedwink:
La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, certains brillent en société... jusqu'à ce qu'ils l'ouvrent !
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roger
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Re: Histoire de Roger : Le monde à l'envers

Message par roger »

retrait Le torrent de larmes reprit de plus belle. Ginette en profita pour caresser avec un peu plus d’énergie l’intérieur de la cuisse de la jeune fille. Celle-ci n’était plus en état de s’en offusquer. La bouteille de pineau était à moitié vide et Ginette, elle, en était toujours à son premier verre.

retrait— C’est parce que l’oncle Marcel est naturiste, hoqueta la jeune fille au milieu des larmes.

retrait— Hein ! Un nudiste, un de ces malades qui se promène la bistouquette à l’air au bois de Vincennes. Mais tu es aussi malade que lui, ma pauvre fille. Il va l’initier vite fait bien fait, ton petit mons... Ton fils, je veux dire. Et en plus, il ne sera pas tout seul. Imagine ton fils au milieu de tous ces pervers. Mais à quoi as-tu pensé franchement ?

retrait— Mais je ne le savais pas, moi. Quand j’ai accepté que Jean-Michel aille dormir chez son oncle, il était question qu’il le ramène demain matin à dix heures. C’est tout. Après cela, il a dit à mon fils qu’il y avait une autre condition à régler et que lui seul pouvait décider si oui ou non il voulait venir à la piscine. C’était que ce soir-là, c’était sans maillot, c’est-à-dire naturiste comme il lui a dit. Mais Jean-Michel aurait dit oui à n’importe quoi tellement il était excité. Je n’ai pas réalisé sur le coup que sans maillot, cela voulait dire nu. Mon Dieu, mon Dieu ! Mon pauvre chéri. Qu’est-ce que j’ai fait ?

retrait— Allons, allons, ma chérie, calme-toi. Tiens prends un peu de pineau. Cela va te faire du bien. Tu sais, tu t’imagines des choses. Mais ton fils va peut-être aimer cela. On ne sait jamais. Il est peut-être homosexuel...

retrait— À dix ans ?

retrait— Mais oui. Il paraît qu’on l’est dès la naissance. (J’en sais quelque chose pensa Ginette en se rappelant ses jeunes années)

retrait— Et s’il ne l’est pas ? hurla Valérie en repartant à pleurer.

retrait— Eh bien ! Il va le savoir ce soir et il ne fera plus confiance aux vieux pervers. Il aura perdu son innocence, lui au moins, devenu adulte. Ce sera une expérience de plus dans sa vie. Bon, comme on ne peut rien faire ce soir... Il me semble qu’une bonne douche avant de dormir, cela te ferait du bien.
……………………………………………………………………………………………………

retraitValérie hocha de la tête et chercha à se mettre debout. Elle se sentait vaseuse et crut que de finir son verre de pineau la remettrait sur pied, mais lorsqu’elle reposa le verre sur la table du salon, elle manqua le dessus de plusieurs centimètres et il tomba à terre. Ses jambes étaient lourdes comme du plomb. Ginette se mit elle aussi debout pour l’aider et la jeune fille aperçut la nudité de sa voisine par la robe de chambre entrouverte. En d’autres temps, elle en aurait été choquée, mais ce soir, la possibilité que son fils soit en danger couplé aux vapeurs d’alcool effaçait les inhibitions. Elle se laissa guider par Ginette jusqu’à la salle de bain. Elle sentait bien la difficulté qu’elle aurait à prendre une douche seule, mais quelqu’un qui avait à cœur son bien-être depuis le début de la soirée lui proposa de l’aider dans ses ablutions.

retraitLa douche était étroite et Valérie était gênée de sentir la poitrine de sa compagne collée contre la sienne, mais on ne pouvait pas faire autrement. Ginette eut soin de la savonner dans tous les recoins de son corps, insistant parfois à des endroits plus intimes. Valérie était trop perturbée par les verres de pineau pour s’en offusquer. Au contraire, elle en prit du plaisir, en espérant que Ginette ne s’en apercevrait pas jusqu’à ce qu’elle devina que c’était le but de l’exercice. Il y avait longtemps que le savon avait disparu et que la main caressait encore le même endroit. Puis des jeux de bouche confirmèrent ses doutes. C’est en voyant Ginette à genoux à ses pieds qu’elle repensa à son fils.

retraitLa piscine était fermée à cette heure. Il devait être rendu chez son oncle. Il prenait sans doute sa douche lui aussi. Elle se rappela que son garçon, à dix ans, demandait encore l’aide de sa mère pour le savonner. Mon Dieu ! Qu’avait-elle fait en le laissant partir avec un homme qu’elle croyait connaître ? Elle n’avait même pas pris le soin de demander l’adresse de l’oncle. Elle savait qu’il louait un appartement meublé au mois quand il venait à Paris, mais où, elle n’en avait aucune idée. Si demain à dix heures, ils ne revenaient pas, que dirait-elle à la police ? Elle découvrait qu’elle était une mauvaise mère et elle se voyait déjà à la une des journaux, livrée à la vindicte des braves gens. Par un mouvement de colère, elle repoussa Ginette à genoux entre ses cuisses puis sortit brusquement de la douche, laissant sa compagne éberluée.

retraitCette dernière crut qu’elle venait de gâcher sa soirée. Elle en avait trop fait sous la douche. Gênée, elle sortit en se disant que c’était râpé pour la suite. Mais ce fut une Valérie en pleurs qu’elle trouva appuyée sur l’évier. Se recouvrant la poitrine de ses bras croisés, elle tremblait comme si elle avait froid. Ginette émue par la blancheur de ce corps de rousse l’enveloppa d’un drap de bain et la tamponna sur tout le corps pour la sécher. La jeune fille la remercia d’un regard. Ginette comprit qu’elle n’était pas la cause de ce désespoir.

retrait— Tu penses à ton petit garçon, n’est-ce pas ? Ne t’en fais pas. Il sera là demain matin à dix heures comme prévu. Il est temps que tu ailles te coucher. Il faut que tu sois en forme pour demain. Allez, viens-t’en ma chérie.

retraitLa nuit fut longue pour Valérie parce qu’elle ne pouvait cesser de penser à son Michou adoré : qu’est-ce qu’il faisait à cette heure de la nuit ? Dormait-il ? Est-ce que l’oncle Marcel... ? Et là elle partait à pleurer toutes les larmes de son corps. Ginette avait tenu à rester. Ce n’était plus par vice, mais par compassion. Les deux femmes se tenaient serrées l’une contre l’autre, la plus vieille chantant des berceuses à la plus jeune comme si elles avaient toutes les deux régressé dans le temps. Ginette eut bien sûr des privautés que Valérie repoussa au début pour mieux en jouir par la suite. ‘Je ne suis pas faite en bois ‘pensa-t-elle pour se trouver une excuse. Mais elle finit par mettre un terme à ‘toutes ces bêtises’ vers les deux ou trois heures du matin. Ginette accepta de ne plus l’embêter pour le reste de la nuit. Valérie finit par s’endormir épuisée d’avoir tant pleuré.
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Re: Histoire de Roger : Le monde à l'envers

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LE MONDE A L’ENVERS
de
Roger Schaeffer
CHAPITRE DEUX

retrait Ce fut le réveille-matin qui la sortit de sa torpeur à neuf heures trente tapant. « Qui avait pensé à ajuster la sonnerie à cette heure inhabituelle ? » Elle se retourna, mais sa voisine n’était plus à ses côtés. Ginette avait dû regagner son logement. Était-ce lorsque Valérie lui avait signifié la fin des « gamineries » ? Cette pensée la ramena à la soirée où elle avait bu plus que de raison. Au moins, elle avait eu la gentillesse de régler le réveille-matin pour la jeune fille. En pénétrant dans le salon, celle-ci remarqua que Ginette avait fait disparaître les traces de la nuit : la bouteille de pineau n’était plus là, les verres étaient sur le comptoir de la cuisine. Valérie porta les mains à sa tête. Un bon café devrait effacer les tensions de sa boîte crânienne. Surprise ! La cafetière était en pleine action. Elle sourit. Sa voisine avait même pensé à programmer le café pour neuf heures vingt-cinq. C’était une chic fille finalement, mais... Valérie, en prenant la tasse, réalisa qu’elle était toute nue, ce qui déclencha en elle une poussée de culpabilité comme elle n’en avait jamais eu. Elle était membre de l’Église réformée et sa mère, plus stricte encore que le pasteur, lui avait incrusté le péché d’Ève dans ses gênes. Ce fut pire encore lorsque ses yeux tombèrent sur la porte du frigidaire : la dernière création de son fils, un super héros issu de son jeu Four Crimes, la regardait avec un sourire qui lui sembla ironique. Honteuse, elle partit précipitamment vers la chambre, manquant de renverser sa tasse. Elle la posa sur la table de chevet puis elle ouvrit le placard pour se choisir une tenue décente. En se voyant dans le miroir, sur la face intérieure de la porte elle réalisa l’extraordinaire nuit qu’elle venait de connaître. Ses mains sur le côté du visage, le rictus de sa bouche, ses yeux exorbités répétaient pour la seconde fois le célèbre tableau du peintre Munch. « Mon Dieu ! Qu’est-ce que j’ai fait ? » Elle regardait son corps, ce corps qui avait été touché, palpé, caressé par les mains d’une autre personne. Ce corps qu’elle n’aimait pas parce qu’elle le trouvait trop juvénile, à cause de sa taille, de l’étroitesse de ses hanches, de ses toutes petites fesses rondes. Combien de fois le médecin lui avait fait la remarque qu’elle n’avait pratiquement pas changé depuis ses douze ans si ce n’était de sa poitrine ! Elle réalisa que quelqu’un avait aimé ce corps. Sa première pensée était qu’elle se sentait souillée, mais en même temps, elle reconnaissait qu’elle avait pris du plaisir, même qu’elle était devenue active dans cet échange. Elle en avait honte ce matin et il lui fallait tout un effort de la volonté pour se refuser à l’admettre. « J’ai été abusé, oui, c’est ça. Elle a profité de mon désarroi. Elle m’a soûlée. Elle a profité de ma jeunesse, de mon innocence, j’ai honte de le dire, mais je suis à vingt-six ans une petite gourde. »

retraitPuis soudain, un cri, un vrai cette fois-ci retentit par les fenêtres. « Mon Dieu, mon fils, mon chéri. « Elle se précipita vers la fenêtre puis recula immédiatement : elle réalisait à temps qu’elle était encore nue. Ce fut à ce moment qu’elle aperçut roulée en boule en dessous de son lit, la robe de chambre de Ginette. Elle s’en empara et s’en couvrit. Puis se pencha sur l’étroit balcon du salon.

retraitIl était là, son chéri, son amour. Jean-Michel était en bas sur le trottoir lui lançant des « Maman, je suis revenu, Maman ! » Il était là vivant, agitant les bras vers sa mère. Il souriait et Valérie pleurait de le voir si heureux. De l’autre côté de la rue, l’oncle Marcel était là lui aussi et saluait la jeune fille. Puis le vieil homme traversa et rejoignit l’enfant. Ils entrèrent tous les deux sous le porche de l’immeuble. Valérie se précipita vers la porte pour les accueillir. Elle se sentait mal, car depuis son réveil, elle n’avait pas eu la moindre pensée pour son fils. Comment pouvait-elle avoir été si ingrate ? Tout ce dont elle avait eu le souci, c’était de sa petite personne. Elle n’avait pas eu un instant une pensée pour Jean-Michel qui avait peut-être souffert mille morts durant cette nuit. Le visage heureux de l’enfant était un indice du contraire, mais elle avait été tellement innocente que cette fois-ci elle doutait de son jugement. Qui dit que l’oncle n’avait pas fait la leçon à l’enfant ? Elle se souvenait avoir lu que les pervers pouvaient être des experts en persuasion et en dissimulation. Elle attendit, anxieuse, sur le palier l’arrivée de son fils. Elle se souvint avec tendresse de leur ancien logement où elle avait appris à Jean-Michel les chiffres en comptant les marches d’escalier. Jean-Michel apparut le premier. L’oncle Marcel s’était arrêté plusieurs fois à cause de son asthme. L’enfant sauta au cou de sa mère. Elle avait de plus en plus de peine à le soutenir, car à dix ans il n’était pas si loin d’être aussi grand qu’elle. Il l’embrassait sur tout le visage et dans le creux de son cou en criant « Maman, maman ! » Puis soudain, il s’arrêta et écarta la tête de sa mère tout en faisant une grimace.

retrait— Qu’est-ce que tu as mon chéri ? lui fit sa mère anxieuse.

retrait— Tu sens drôle. Ouache ! Tu sens comme mon ancienne maîtresse d’école. Tu te souviens ? Mademoiselle Mottet, l’année dernière.

retrait— Tu trouves ? répondit-elle, prise d’une angoisse terrible.

retraitElle se souvenait de la fameuse maîtresse. Elle se rappelait que la mère d’un enfant la soupçonnait de « turpitudes » comme elle disait. On ne l’avait jamais vue avec un homme et même qu’une fois, une toute jeune fille l’avait attendue à la sortie de l’école. Des bruits avaient couru, mais Valérie ne s’en était pas souciée. Aujourd’hui, elle paniquait. Cette odeur était-elle une caractéristique de ce qu’elle avait fait la nuit précédente ? Est-ce que toutes les femmes qui... Puis soudain tout s’éclaira.

retrait— Mais non mon chéri. Ce n’est pas moi qui sens comme cela. C’est la robe de chambre. Attends, rentrons. Je vais me changer.

Elle devina l’origine de cette odeur. Il s’agissait d’une eau de toilette pour hommes. Ginette devait apprécier cette senteur d’ambre. Le petit garçon la suivit à l’intérieur.

retrait— C’est à qui ce truc ?

retrait— Je... Je ne sais pas, mentit Valérie. C’est un truc que j’ai trouvé par hasard. Oui, c’est cela. Je l’ai trouvé... Dans le placard de ma chambre. Il était là avant sans doute. Les anciens locataires peut-être.

retraitElle regarda du coin de l’œil son fils, mais il n’avait pas l’air convaincu.

retrait— Tu as l’air d’une vieille madame avec cela. Et en plus il est vieux et jauni. Enlève ça maman.

retraitElle partit en courant vers sa chambre. L’enfant la suivit et s’installa sur le lit défait pendant qu’elle se changeait.

retrait— Tu as dû le poser sur le lit aussi parce que ça pue la même chose dans ton lit.

retrait— Je vais laver les draps, ne t’en fais pas.

retraitElle réalisa que pour la première fois, elle mentait à son fils. Pour la première fois, elle avait honte d’elle. Pour la première fois enfin, elle se cacha de son fils en tenant la porte du placard entre elle et lui. Elle s’habilla le plus vite possible puis tous les deux rejoignirent l’oncle Marcel.
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retrait Il était assis essoufflé dans le fameux fauteuil du salon où, la soirée d’avant Ginette l’avait consolée... Et soûlée. Jean-Michel courut vers l’oncle et sauta sur ses genoux. Valérie était bouleversée. « Je vais me débarrasser de ce fauteuil », pensa-t-elle en rougissant.

retraitLe vieil homme décida de se lever. Il reposa l’enfant sur ses jambes.

retrait— On est parti de la maison sans déjeuner ce matin. Qui veut d’un bon café ? Toi mon garçon, tu prends quoi ? Un chocolat chaud ? Puis il disparut dans la cuisine.

retraitJean-Michel se recala dans le fauteuil.

retrait— Maman ! Viens t’asseoir ici avec moi, comme quand tu me lisais des histoires. Tu te rappelles ?

retrait— Euh non, pas maintenant. (elle s’assit en rougissant sur une chaise proche de la table). Mais tu ne m’as pas encore raconté ta soirée, mon chéri.

retraitLe visage de l’enfant s’éclaira. Sa mère se souvenait de ses sourires émerveillés, le matin de Noel, lorsqu’il déballait ses cadeaux.

retrait— Maman, j’ai une grosse nouvelle pour toi. Marcel ne voulait pas que je te la dise.

retrait— Mon Dieu, tu sais que tu ne dois rien à cacher à ta mère. Même si ton oncle te force à cacher quelque chose, tu dois tout dire à ta mère. C’est quoi, mon chéri ? Allez, parle vite.

retrait— Ah ! j’étais sûr que tu ne saurais pas tenir ta langue, mon ami s’écria l’oncle Marcel en apparaissant dans le cadre de la porte, une tasse de café dans chaque main.

retrait— Non, non Jean-Michel. Oncle Marcel ou pas, tu dois tout dire à ta mère répéta sa mère sur un ton qui ne souffrait pas la réplique.

retraitL’enfant resta bouche bée un moment. Il n’avait jamais vu sa mère dans un tel état. Mais son caractère franc et positif reprit le dessus.

retrait— Eh bien, ma chère maman chérie. Je sais nager.

retraitValérie était déconcertée. Elle s’attendait tellement à une tout autre nouvelle qu’elle ne réagit pas avec des cris de joie comme l’aurait voulu son fils. Elle se tourna plutôt vers l’oncle.

retrait— Mais... Mais pourquoi ne voulais-tu pas qu’il me l’annonce ? Je croyais qu’il s’agissait d’une chose... Grave.

retrait— Si au lieu de te le dire aujourd’hui, il t’en avait fait la surprise à votre prochaine visite dans une piscine, cela aurait été une plus grande joie pour toi. Non ?

retraitValérie ne savait plus quoi répondre. Elle était tellement persuadée qu’un secret entre l’oncle et son fils ne pouvait être que... Ce dont elle s’était inquiétée une grande partie de la nuit. Il ne pouvait s’agir de rien d’autre. Marcel lui tendit une tasse de café. Elle la regarda, fit un signe de tête pour remercier et s’apprêta à la déguster. Mais l’enfant l’interrompit.

retrait— Maman, je ne sais pas ce qui se passe, mais tu as déjà une tasse de café sur ta table de chevet près de ton lit.

retrait— Mais oui, c’est vrai. Je ne sais pas ce que j’ai ce matin. Je suis distraite. Et puis comme ça tu as appris à nager hier au soir ?

retrait— Nager, nager, c’est un bien grand mot tout de même, répliqua Marcel. Je lui ai appris à faire la planche. Maintenant, il sera plus à l’aise dans les bassins profonds. Il va falloir que tu l’inscrives à des cours.

retrait— Parlant d’être plus à l’aise (Valérie se sentit gênée, elle, d’aborder le sujet) comment as-tu trouvé cela de te baigner... Comment dire ? Enfin, tu sais, toi Marcel, ce que je veux dire. Aide-moi un peu, voyons.

retraitElle s’était tournée vers l’oncle, mais finalement ce fut son fils qui répondit.

retrait— Tu veux dire tout nu, Maman ? Eh bien ! c’est comme si l’on était habillé, mais sans maillot.

retraitLes deux adultes se mirent à rire et Valérie se sentit un tant soit peu soulagée. Il ne semblait pas à la jeune fille que ce qu’elle redoutait se soit passé. Mais Jean-Michel vint un instant remettre le doute dans son esprit.

retrait— Sais-tu, maman. Je me suis fait des amis. Marcel les connaissait et il m’a laissé jouer avec.

retrait— Hein, tu as joué avec qui et à quoi avez-vous joué ? s’inquiéta Valérie.

retraitJean-Michel ne comprit pas l’appréhension et répondit naïvement.

retrait— Ils s’appellent Philippe et Antoine. On s’est amusé à faire des plongeons. On s’éclaboussait aussi et puis on essayait d’enfoncer la tête de l’un ou l’autre sous l’eau. C’était amusant. Mais le sauveteur est venu nous dire d’arrêter cela.

retrait— Mais pour l’amour du Bon Dieu, c’est qui ce Philippe et cet Antoine ? s’écria Valérie.

retraitJean-Michel ne comprenait pas l’énervement de sa mère et il répondit tout calmement : « Des amis de Marcel. Pourquoi tu demandes ça maman ? » L’oncle qui commençait à deviner le fil de pensée de sa nièce crut bon de prendre les choses en main. Il lui répondit en esquissant un sourire ironique.

retrait— Ma chère Valérie, les dénommés Philippe et Antoine ne sont pas vraiment des amis à moi, juste des connaissances. Je les connais plutôt par l’entremise de leurs parents. Les deux garçons doivent avoir à peu près l’âge de ton fils.

retraitLa jeune fille se retourna vers le miroir posé sur son secrétaire : elle était rouge comme une tomate. Jean-Michel sauta sur ses jambes et laissa sa place à l’oncle Marcel. Il vint près de sa mère et lui confia.

retrait— Tu sais ! La maman de Philippe et d’Antoine est jolie, mais pas aussi jolie que toi. J’aimerais cela si je pouvais continuer à voir mes amis. Aimerais-tu cela connaître leur maman ?
retrait— Je ne sais pas mon chéri. Cette piscine n’est pas proche de chez nous. Et puis je ne sais pas si je me sentirai très à l’aise...

retrait— Habillée... sans maillot, suggéra ironiquement l’oncle Marcel.

retrait— Tu sais maman, on est tous faits pareil, affirma le petit garçon. Enfin presque, ajouta-t-il en rougissant et à voix basse, tout en regardant l’oncle du coin de l’œil. Les vieux, eux, ils ont du poil.

retraitValérie ne savait plus où se mettre. Elle crut bon de rajouter embarrassée à l’oncle Marcel.

retrait— C’est que Jean-Michel m’a déjà vue... Nue... mais il ne sait pas que je me rase le pubis.

retrait— Ce qui te range automatiquement à ses yeux, ma chère nièce dans la catégorie des enfants et moi dans celle des vieux, dut conclure avec le sourire l’oncle Marcel.

retraitIl se leva et s’approcha de la table près de laquelle étaient assis Valérie et son fils. Il se chargea de rapporter dans la cuisine les deux tasses de café tandis que Jean-Michel racontait avec force détails les péripéties de sa soirée. Il avait couché dans le salon de l’oncle, sur le divan et puis il avait pris sa douche tout seul comme l’avaient fait à la piscine ses copains Philippe et Antoine.

retrait— Oh, maman, j’ai oublié de te dire. Les parents de mes nouveaux copains vont passer la fin de semaine dans un camping. Il y aura une piscine et toutes sortes de jeux.

retrait— Je suppose que ton camping en question est nudiste.

retrait— Naturiste ma chère, crut bon de rectifier l’oncle qui revenait de la cuisine.

retrait— Jean-Michel, tu sais bien que nous n’avons pas de voiture.

retrait— Le camping en question est tout près de Paris, avec une ligne d’autobus de la RATP à proximité ajouta l’oncle qui voyait bien que sa nièce cherchait à se défiler. De toute façon, j’y vais moi aussi. J’ai loué un chalet. Tu n’auras rien à débourser.

retrait— Youpi, hurla le garçon avec une telle énergie que sa mère leva les yeux vers le plafond. Elle pensait à Ginette qui devait dormir encore au-dessus.

retrait— Je n’ai pas dit oui. Je suis ta mère. C’est à moi de décider.

retraitLa pauvre Valérie cherchait à imposer sa volonté, mais le garçon, comme à peu près tout le monde faisait tout ce qu’il voulait d’elle. Elle l’avait constaté encore avec sa voisine la dernière nuit. Elle chercha une bonne raison.

retrait— Je ne pourrai jamais me mettre toute nue devant les gens.

retrait— Mais c’est super facile, maman. Il suffit d’enlever ses vêtements. Tu verras, je te montrerai.

retraitLes deux adultes échangèrent un sourire complice.

retrait— Je ne dis pas oui, crut bon de préciser Valérie.

retrait— Youpi, je vais dans ma chambre appeler mes nouveaux copains. Ils vont être super contents qu’on y aille.

retraitAlors que son fils disparaissait, Valérie se retourna vers l’oncle Marcel.

retrait— Mais, mais il me semble que je n’ai pas dit oui.

retrait— Lui as-tu refusé quelque chose à ton garçon depuis qu’il est né ?

retrait— Non, jamais, dût-elle admettre. Quand il avait quatre ou cinq ans, j’étais déjà trop gênée pour aller avec lui à la piscine... Comment dire... Normale.

retrait— On appelle cela une piscine textile.

retrait— Textile ! Oui si tu veux. Il y était allé avec la maternelle. Eh bien ! Il m’a entraînée tout naturellement dans cette activité, en m’expliquant comme un vrai petit homme pourquoi je ne devais pas être gênée. C’était drôle de le voir m’expliquer comment se servir du casier dans le vestiaire, pourquoi il fallait toujours s’asseoir sur une serviette, etc. Les autres mères souriaient à le voir aller. L’une d’elles m’avait dit : « Il se comporte comme votre mari. » Nous avions ri ensemble.

retrait— Parlant de mari, j’ai cru sentir dans le logement comme une odeur d’eau de toilette pour hommes. Et sur le comptoir dans la cuisine, il y avait deux verres. Tu es une personne majeure et ma visite annuelle n’en est pas une d’inspection. Mais le peu que je connais de ton garçon me fait croire qu’il aura de la difficulté à accepter une autre présence masculine. Non ?

retraitValérie ne savait plus où se mettre. Sa soirée était découverte, mais pas comme elle s’était passée vraiment. Il lui fallut encore mentir.

retrait— Non, hier au soir, il y a eu erreur sur la personne. Je crois qu’on a abusé de mon désarroi et de mon innocence. Mais il n’y aura pas de suite... Tout au moins dans ce sens... Enfin, je me comprends.

retraitLa jeune fille sourit au mot abus qu’elle venait de prononcer. Elle avait eu peur que son petit garçon en soit la victime et c’était elle qui l’avait été. « Le monde à l’envers » pensa-t-elle.

retraitL’oncle Marcel la regarda avec tendresse. Il s’approcha et l’embrassa sur les deux joues.

retrait— Je te fais confiance, ma chérie. Tu sauras ce qui est bon pour toi. Bon, il faut que je disparaisse sinon Jean-Michel va m’engager une journée de plus. N’oubliez pas, je viens vous chercher vendredi soir pour ton baptême naturiste.

retraitValérie crut bon d’ajouter avec humour.

retrait—... Même si je n’ai pas dit oui.

retrait— Tu n’as pas à avoir peur. Ton fils te l’a dit. Il va tout t’expliquer.

retrait— Oui, mon garçon va m’initier au naturisme. Là encore, c’est le monde à l’envers.

retrait— Comment cela, là encore ? Interrogea l’oncle en fronçant les sourcils.

retrait— Oh, ce n’est rien.

retraitValérie s’empressa de lui rendre ses deux baisers

retraitElle attendit que l’oncle se soit engagé dans l’escalier pour inviter son fils à la rejoindre sur le balcon. Ils lui envoyèrent la main avant qu’il ne s’engouffre dans sa voiture.

retrait— Sais-tu maman ? Quand je serai grand, je veux ressembler à l’oncle Marcel.

retrait— Ah oui ! Pourquoi donc ?

retrait— Quand il m’a montré à nager sur le dos, je n’ai pas eu peur. J’ai su que je pouvais lui faire confiance.
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LE MONDE A L’ENVERS
de
Roger Schaëffer
CHAPITRE TROIS

retrait — Un lièvre en son gîte songeait, car que faire en un... Maman !

retrait— Hein ? Quoi ? Oh, excuse-moi mon chéri. J’étais en train de... de... de songer justement comme ton lièvre. Allez reprends ta récitation. Je t’écoute maintenant.

retrait— Non, maman. Tu ne m’écoutes pas. Depuis que l’oncle Marcel nous a invités au camping, tu es dans les nuages.

retrait— Oui mon Michou d’amour. Je suis dans les nuages... à cause de l’oncle Marcel et du camping. C’est ça chéri.

retraitValérie détourna son regard vers la fenêtre. Elle sentait bien que son visage devait être tout rouge . Pour la seconde fois en peu de jours, elle mentait à son petit garçon et toujours pour la même raison, sa nuit... dans les bras... mon Dieu... dans les bras de sa voisine. Elle leva les yeux vers le plafond, vers le logement de la fameuse Ginette. Comment avait-elle pu se laisser aller ? C’est vrai qu’elle n’avait pas l’habitude de boire. Et puis, elle avait tellement été inquiète pour son petit garçon. Sans la voisine, cela aurait été l’angoisse, la panique. Oui, elle devait reconnaître que Ginette lui avait servi de substitut affectif, comme la mère qu‘elle n‘avait pas vraiment. Drôle de maman quand même ! Elle sentit dans son corps renaître l’excitation qu’elle avait éprouvée sous les mains expertes de la voisine. Et s’il n’y avait eu que les mains de Ginette ! Elle eut un spasme en se rappelant la scène de la douche lorsque Ginette à genoux lui massait les fesses et qu‘elle... « Oh non... » La jeune fille soupira longuement. Il n’y avait aucune culpabilité dans ce soupir-là, juste de la nostalgie. Et Valérie...

retrait— Maman !

retrait— Hein ! Oui, non. Michou, d’accord on va laisser ta récitation pour après... le camping. Allez, retourne dans ta chambre. Tu as congé de devoirs.

retrait— Sais-tu Maman ? Je vais amener mon livre au camping. Je demanderai à l’oncle Marcel de m’aider. Lui, au moins... Au fait Maman, j’aimerais cela que tu ne m’appelles pas Michou devant mes copains. Tu sais, Philippe et Antoine.

retrait— C’est qui Philippe et... ah oui ! Tes nouveaux copains de la piscine.

retraitJean-Michel enserra tendrement le cou de sa maman et la couvrit de baisers.

retrait— Pauvre petite maman. Cela t’inquiète vraiment cette fin de semaine au camping. Allez, je vais préparer mon sac.

retrait— N’oublie pas tes bermudas... ah non, c’est vrai. Pas besoin de bermudas. Dans un endroit pareil, on est limité au strict minimum. La publicité « Mon bikini, ma brosse à dents » est superflue. Juste la brosse à dents et encore...

retrait— J’apporte ma console de jeux vidéo, mon iPod ., mon cellulaire. Mon ordi portable aussi, qu’est-ce que tu en penses, maman ?
retrait— Drôle de retour à la nature ! Pourquoi pas tes jeux électroniques pendant que tu y es ?
retrait— Oh oui, c’est vrai. Tu as raison. On jouera à Four Crime avec l’Oncle Marcel. Merci maman !

retraitValérie découragée secoua la tête et regarda le garçon se diriger vers sa chambre. Un bruit de pas au plafond lui rappela le vrai sujet d’inquiétude qui lui trottait dans la tête depuis deux jours. Elle avait eu une expérience lesbienne. Elle, Valérie Michelet, « une bonne chrétienne, un exemple pour tous les jeunes » . C’est ce que les vieilles personnes de Mobrac, son village natal, répétaient lorsqu’ils la rencontraient. S’ils avaient su ! Mais le pire ce n’était pas d’être tombé dans le péché, la fornication comme aurait dit le pasteur. Non, c’était de ne pas avoir la ferme intention de s‘en relever. La nuit dernière, seule dans son lit ., elle avait eu des fantasmes. Elle s’était touchée. Pire, elle avait cherché une bonne raison pour rencontrer de nouveau sa voisine, se demandant si... elle ne pouvait pas arguer de sa gêne de la nudité pour envoyer son petit garçon seul avec l’oncle Marcel. Non, il ne fallait pas. Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre pour affermir sa décision. Demain soir, elle irait à ce camping. Valérie fut sortie de ses mauvaises pensées par son fils. Elle en rougissait encore.

retrait— Maman ! Où se trouve ton sac à dos ? Le mien est trop petit.

retrait— Tu as besoin d’un plus gros sac ! Heureusement que l’on va passer la fin de semaine chez les nudistes ! Il est dans ma garde-robe, derrière les boîtes de chaussures. Ne mets pas tout à l’envers.

retraitValérie était certaine que sa dernière phrase n’avait pas été entendue, juste à entendre le bruit des boîtes sur le plancher. Jean-Michel était parti à la vitesse de l’éclair... Et revenait aussi vite.

retrait— Je l’ai. Mais maman, pourquoi as-tu gardé la vieille robe de chambre qui sent mauvais. Veux-tu que je la descende au recyclage ?

retrait— La vielle robe de ? (c’était celle que sa voisine avait oubliée et qui sentait le parfum pour hommes). Oh non ! Je vais le faire moi-même.

retraitSon petit garçon venait de lui donner une bonne raison de revoir la voisine : en rapportant la robe de chambre à Ginette, Valérie ne paraîtrait pas intéressée par « la chose » et en même temps elle laissait à sa voisine une chance de... de la... D’abuser de son innocence. Le péché était ainsi dans le camp de la voisine. C’était tordu comme explication surtout lorsque l’on sait que Dieu est dans toutes les consciences, mais c’était trop fort pour la jeune fille. Elle avait aimé sa première expérience. Son corps en redemandait. Elle se promettait de n’accepter qu’une petite seconde fois. Après elle rentrerait dans le rang. C’est cela, elle irait dès le dimanche suivant s’en excuser auprès de Dieu au temple de l’Oratoire. Elle amènerait Jean-Michel avec elle. Ainsi aux prochaines vacances à Mobrac, sa mère ne pourrait pas lui reprocher d’élever son petit-fils comme un païen.

retrait— Michou !

retrait— Maman, qu’est-ce que je viens de te dire ?

retrait— Mais mon chéri, nous sommes justes nous deux. Comment voudrais-tu que je t’appelle : monsieur Jean-Michel Michelet ou monsieur tout court ?

retrait— Arrête de rire. Je suis grand maintenant. Allez, dis-moi pourquoi tu m’appelais.

retrait— Je vais monter, euh non, qu’est ce que je dis ? Je vais descendre au recyclage porter la robe de chambre. Je n’en ai pas pour longtemps.
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retrait Valérie était rouge de honte. Elle mentait encore. Allait-il s’en apercevoir ? Elle se réfugia dans sa chambre pendant que son fils retournait dans la sienne. La robe de chambre était là pendue sur son cintre. Elle ramassa les boîtes que son fils avait négligées de ranger et s‘empara du peignoir. Elle en fit une boule et sortit sans faire de bruit du logement. Sur le palier, elle regarda en arrière et monta les marches en essayant d‘être discrète. Certaines marches craquaient et Valérie grimaçait à chacune d’entre elles. Soudain, elle entendit le bruit caractéristique d’ouvertures de l’ordinateur. Elle respira. Son fils partait dans un nouveau jeu. Il en aurait jusqu’au souper. Elle détourna son regard vers l’appartement de sa voisine. C’était le silence total . Pourtant elle avait entendu marcher au-dessus de sa tête. Ginette était-elle sortie ? Arrivée sur le palier, elle chercha à reprendre son souffle. Son cœur débattait fort. C’était l’angoisse. Aujourd’hui, elle était sobre. Le pineau des Charentes n’était pas là pour la désinhiber. Comment cela allait-il se passer ? Et puis elle se dit que « le truc » ne se ferait pas tout de suite. Comment appelaient-ils cela dans les articles sur la question ? Ah oui ! « Une petite vite fait» . Non, Valérie ne se voyait pas se déshabiller, faire « la chose » et puis repartir. De toute façon, c’était Ginette qui mènerait le bal. Elle, elle resterait passive, comme la première fois. L’experte, c’était sa voisine.

retraitValérie se pencha pour écouter à travers la porte. L’oreille collée au panneau de bois, elle leva la main pour cogner lorsque soudain elle sentit une main qui lui tapotait le dos. Elle sursauta, poussa un petit cri perçant et se retourna. C’était Ginette sa voisine. Elle en soupira de contentement.

retrait— J’ai eu peur. Je croyais que c’était...

retrait« Le petit monstre à roulettes » suggéra en pensée Ginette. Mais voyant que Valérie hésitait elle compléta tout haut la phrase par...

retrait— La concierge peut-être ?

retrait— Oui, oui, c’est cela, la concierge. Je croyais que c’était la concierge.

retraitTriomphante, Ginette monta la dernière marche et sortit ses clés. À voir la jeune fille, elle sentait bien qu’elle était là pour une seule et bonne raison, leur nuit entre filles. Ginette retrouvait l‘estime de soi. Elle avait réussi à exciter une jeunesse. La porte ouverte, elle lui fit signe d’entrer. Valérie hésitait à franchir le seuil.

retrait— Je ne serai pas longue. Mon fils, Jean-Michel, vous vous souvenez, est en bas. Il m’attend. J’étais venue pour rapporter votre peignoir.

retrait— Mon peignoir, bien sûr. Imaginez l’autre soir que j’ai monté ces mêmes marches en costume d’Adam. Hum ! Ou plutôt en costume d’Ève, devrais-je dire. Je crois bien que j’étais saoule. Justement, j’étais sortie ce soir pour renouveler ma réserve de pineau. Je suis un peu portée sur la boisson. Allez ! Entrez ! On va s’en ouvrir une bouteille.

retrait— C’est que je ne peux pas. Michou, enfin je veux dire Jean-Michel... Il m’attend.

retrait— Alors en fin de semaine, on pourrait s’arranger une petite soirée en tête à tête. Non ?

retrait— C’est que je ne sais pas. On doit aller faire du camping mon fils et moi... Avec l’oncle Marcel. Vous savez le monsieur qui...

retrait— Oui, oui, je sais : le monsieur qui est votre oncle sans l’être vraiment. Alors vos appréhensions se sont-elles révélées justes ? Et votre rejeton a-t-il apprécié sa sortie ?

retrait— Non, j’ai paniqué pour rien. Marcel et Jean-Michel sont revenus comme prévu le lendemain. Tout s’était bien passé. J’ai été une petite gourde cette fois-là. D’ailleurs je voudrais vous remercier d’être venue. Sans vous, je ne sais pas comment aurait été ma nuit. Vous avez passé du temps avec moi. Vous m’avez, comment dire, consolée. Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait.

retrait— Pour tout, vraiment tout ?

retrait— Oui... Pour tout... Enfin pour le réveil, le café. C’est cela que je veux dire. Eh bien, pour les autres... Aussi.

retrait— Au moins, cela a permis de mieux nous connaître. Vous avez eu l’occasion de ressentir de nouvelles sensations. Qu’en pensez-vous ?

retraitGinette sentit que c’était le moment où jamais de jouer le grand jeu. La nuit dernière, elle avait eu Valérie en la saoulant. Aujourd’hui, elle se devait de marquer son emprise sur elle. Elle s’approcha, posa ses mains sur les épaules de la jeune fille tremblante de peur et se prépara à l’embrasser. Sa voisine se laissa faire. Même elle ferma les yeux pour mieux accueillir le baiser. Ginette pencha lentement sa tête. Elle sentait le cœur de la jeune fille battre contre sa propre poitrine. Les deux bouches allaient s’unir quand soudainement, on entendit l’ascenseur démarrer. Le bruit du moteur réveilla Valérie. Elle recula sur le palier. Les yeux exorbités, elle regarda Ginette puis la cage de l’ascenseur qui montait. Allait-il s’arrêter ici à l’étage. Ginette avait pour voisine une vieille dame assez sévère. Elle devinerait tout de suite le pourquoi de la présence de Valérie. Non, il ne fallait pas que ce soit la vieille dame. Valérie esquissa un mouvement vers l’escalier. Fuir, elle devait fuir. Mais alors qu’elle entamait la descente, l’ascenseur s’arrêta à l’étage au-dessous, le sien. Qui était-ce ?
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