Runaway from hell
Par Cor van de Sande
D’après une idée originelle par Cor van de Sande
Les personnages et l’environnement de Manatee Bay sont la propriété intellectuelle de Lordship Mayhem et sont utilisés ici avec son accord.
Paru en premier sur le site ‘nudistclubhouse dot com’ en 2011
Traduit par Cor van de Sande en 2012
Mise en scène ;
Quoique cette histoire soit tout-à-fait capable à se tenir debout sur ces propres pattes, une description de l’arrière –scène, de ‘l’univers de Manatee Bay,’ pour ainsi dire, aidera sans doute à la compréhension du contexte.
Nous nous retrouvons dans la petite ville de Manatee Bay, communauté fictive de quelques 3 500 personnes située sur le Golfe de Mexique, quelque part entre Tallahassee, en Floride et Corpus Christi, au Texas, dans un État qui n’est pas spécifié. La communauté est relativement pauvre ; avec que deux entreprises fleurissantes, un petit port de pêche d’où partent une batterie de chalutiers indépendants et un centre naturiste assez vaste. Le faubourg de Willow Lane, un genre de petit village privé, communauté résidentielle à accès limité dont la caractéristique principale est que la nudité intégrale y est de mise, se trouve dans la partie nord de ce centre naturiste.
Qui plus est, la petite ville se trouve située au beau milieu d’une zone appelé ceinturon biosphérique d’où la Capitale tire ses réserves d’eau. Une conséquence de cet état de faits est que toute nouvelle construction y soit interdite sauf si un bâtiment existant de superficie équivalente soit rasé et que l’emplacement de celui-ci soit ramené à l’état naturel.
Nous sommes à la fin de l’été, à quelques semaines du début des classes. La ville comprend cinq écoles primaires avec une population étudiante totale de quelques 180 jeunes, deux écoles intermédiaires (couvrant les années de scolarité sept à neuf) avec une population de 200 et une école secondaire pour les années dix à douze avec une population de 200, également. L’école primaire Willow Lane, nommée d’après la rue où elle se trouve, est située sur le côté opposé de la rue qui délimite le centre naturiste et ne fait pas partie de celui-ci.
Récemment, l’État, par l’entremise de l’Office des Normes Éducatives du Ministère de l’Éducation, a exigé que tout enfant de l’âge de dix ans et plus suive obligatoirement un cours de natation surtout destiné à prévenir la noyade pendant toute la durée de sa scolarité et spécifia du fait même les normes des piscines où cette formation devrait avoir lieu. Or, la seule piscine à Manatee Bay qui rencontre ces normes ce trouve justement sur le site du centre naturiste et, vue les faibles revenus de la municipalité et cette contrainte par rapport aux constructions nouvelles, il n’avait pas question de pouvoir construire une autre piscine ailleurs. Le propriétaire de centre naturiste, Paul Jackman, a finalement accepté de prêter sa piscine à la ville pour les besoins du cours (au rythme de 50 étudiants le matin et 50 l’après-midi à chaque jour d’école). Par contre, vu l’emplacement de cette piscine, à côté du hall de loisirs du centre et entre celui-ci et le faubourg de Willow Lane, il exigea que tous, moniteurs et jeunes, soient en tenue de peau lors des cours.
Chapitre 1 ;
Je venais de rentrer d’un voyage d’un mois chez moi et j’étais crevé ; j’ai dû me lever à une heure affreuse afin de pouvoir attraper mon avion à Saint Jean de Terre-Neuve, puis une attente de deux heures à l’aéroport Pearson de Toronto pour l’étape suivante, le vol jusqu’à la Capitale et, finalement, une heure et demie pour me rendre jusqu’ici. En tout, dix heures de voyage… le seul avantage de voler d’est à l’ouest fut que les magasins furent encore ouverts ; je n’avais rien dans le frigo.
Je suis arrêté chez Paco pour m’acheter deux filets de vivaneau et chez Horace pour une pochetée de frites puis je suis rendu à la maison. J’ai débarré la porte, bravé une pile d’un mois de formulaires de demandes pour des cartes de crédit et de publicités de grossistes de meubles et je me suis rendu jusqu’à la cuisine, où j’ai sortit un poêlon, un peu d’huile, une pincée de sauge et j’ai frit mes filets. Fort heureusement, il me restait une bière dans le frigo qui m’a aidé à avaler les frites d’Horace. Puis je me suis couché…
« BZZZT… BZZZT… BZZZT… »
« … A… al… Allô ? »
« Georges… ? Larry… As-tu entendu… ? »
« Que… quelle heure est-il ? »
« Sept heures et demi… pourquoi ?
« Ah… Dieu au Ciel… ! Aie donc un peu de respect pour ceux qui sont en train de mourir… Rappelles-moi quand il ferra jour, veux-tu ? »
J’ai laissé tomber le téléphone par terre et j’ai fourré ma tête sous l’oreiller. Une minute plus tard, un son à réveiller le diable me creusa des trous dans les tympans… Oh, Calvaire…, le téléphone… je ne réussirai plus de me rendormir maintenant.
Exprimant ma déception avec le vocabulaire que j’avais appris lors de mes jours abord des chalutiers sur les banquises au large de Terre-Neuve, j’ai rampé du lit vers la douche. Quand le réservoir d’eau chaude était vide, j’avais retrouvé à peu près la moitié de mon humanité.
Après m’être habillé, je suis allé vers l’auto et j’ai rentré mes valises que j’ai déposées sur le lit. Sortant les clés de ma poche, j’ai débarré ma valise et j’ai fouillé jusqu’à trouver ma bouteille de 350 ml… Merde ! J’étais de retour aux États… Il va falloir de nouveau m’habituer aux onces et aux milles… bon, comme je disais…, ma bouteille de 10 onces que j’y avais mis et je suis sorti de nouveau.
Arrivé devant Chez Horace, – cuisine familiale ; j’avais réussit à retrouver le reste de mon humanité bienveillante alors j’ai salué tous le monde qui y était avec un grand sourire et un geste de la main. Je me suis pris une copie du Moniteur de Manatee Bay que Mabel mettait à la disposition de la clientèle et j’ai prit ma banquette habituelle.
« Salut, Mabel… je prendrais bien deux œufs, tournés, trois tranches de saucisse, un bagel toasté avec beurre, une tasse de votre décapant à peinture et une tasse supplémentaire, s’il te plaît. »
Après avoir passé la commande à Horace, elle est venue avec son pot de café et deux tasses. Elle allait remplir la deuxième tasse quand je l’ai arrêté. Pendant qu’elle me regarda, bouche bée, je versais la moitié de mon café vers le deuxième et j’ai remplit les deux tasses à même ma petite bouteille.
« C’est quoi ça, » demanda-t-elle.
« Ça, ma chère, c’est du screech de Terre-Neuve, pur à cent pourcent. Le meilleur réveille-matin jamais inventé par l’homme. Tiens… essayes-en…, » et je lui passai la deuxième tasse. Elle prenait une petite gorgée méfiante et ses yeux ouvrirent grands comme des pièces de deux dollars canadiennes. Elle toussa, hésita… et sourit.
« Tu vois… ? »
À ce moment-là, Horace sonna sa petite clochette et Mabel est partie chercher mon déjeuner. Après qu’elle me l’a servie, je me suis installé et j’ai avalé d’un coup mes saucisses et mes œufs. Le pire de ma faim ainsi amadoué, je me suis reculé sur ma banquette, j’ai prit une lampée de mon café relevé, ouvert le journal et… craché mon café partout sur le journal, sur la table et sur la tête du client de la banquette voisine.
Je suis sorti du resto en courant et vers la cabine téléphonique du coin. Passant rapidement à travers l’annuaire, j’ai trouvé et composé le numéro du bureau du syndicat des profs.
« Larry… ? George Cunningham. C’est quoi cette connerie ? »
« Bonjour, George. T’es réveillé maintenant ? »
« Oublie ça, veux-tu… Je viens de rentrer tard hier soir après m’être levé à l’équivalent d’une heure du mat, hier, et avoir passé toute la crisse de journée à voyager en plus d’être déphasé par un changement de deux fuseaux horaires et demi. S’il te plaît, dans des mots de pas plus que deux syllabes, pourrais-tu m’expliquer c’est quoi cette MERDE ? »
-O-O-
Je me suis assis sur une bitte d’amarrage sur le quai de pêche de Manatee Bay. Tout comme n’importe quel quai de pêche commercial, l’endroit pestait le varech rance, du poisson pourri et des excréments de mouettes fermentés. Quand tout tournait au vinaigre, des endroits comme celui-ci étaient les seuls places où je me sentais en sécurité. Qu’allais-je faire ? Pourrais-je JAMAIS outrepasser ce qui m’était arrivé ? Me voici… à un demi-continent de distance et à quarante ans de l’événement et ce n’a prit qu’un seul article de journal stupide pour tout me ramener au présent.J’ai pris une autre lampée de ma bouteille mais elle était sans goût… Je regardai la bouteille… Vide. Va au diable ! Et je l’ai envoyé dans la flotte. J’ai décidé de rentrer à pied. Je ne pouvais continuer ainsi… Ça faisait la troisième fois que j’avais déménagé et je ne le referais plus… à tout recommencer, à prouver que j’étais bon enseignant, à être obligé de me refaire certifier de nouveau… j’étais trop vieux pour refaire tout ça !
Quand je suis arrivé à la maison, j’ai composé le numéro que Larry m’avait donné.
« Mme Jennifer Warren, s’il vous plaît ? Mme Warren… ? Larry Bridges du syndicat des enseignants m’a donné votre numéro. Je suis enseignant à l’École Secondaire Manatee Bay et je vais être responsable d’un des groupes qui devront aller à Barracuda Beach pour le cours de natation. J’ai besoin de votre aide… J’étais élevé à l’Orphelinat Mount Cashel à Terre-Neuve, au Canada, jusqu’au moment que je me suis enfuit à quinze ans. J’ai besoin de vous parler de pédophilie… »