MAMAN, NOUS AVONS RATÉ LA FUSÉE
par Roger SCHAEFFER
par Roger SCHAEFFER
Chap.32
La coursive close, nos sept amis se rendirent au poste de pilotage pour assister au départ de Samuel : les électro-aimants déconnectés, le vaisseau se détacha naturellement de la fusée principale. Samuel alluma ses tuyères et accéléra pour un tour d’orbite avant de plonger vers le spatioport. En quelques secondes, le vaisseau ne fut plus qu’un point lumineux à la surface d’Eden Perdu. Il y eut un long moment d’émotion. Jessica renifla en se tournant vers sa mère.
- Samuel va-t -il revenir, maman, si j’ai besoin encore de tisane?
Andréanne tourna la tête un moment pour examiner l’entourage.
- Oui, ma chérie. Mais n’aie pas peur. Il m’a donné la recette. Tu n’en manqueras pas sauf ici. Ce n’est pas exactement un vaisseau-serre. Il n’y a pas vraiment de verdure. Tu vas devoir attendre notre arrivée sur Naturalis.
De son côté, Victor avait les yeux collés sur le tableau de bord. Il aurait bien voulu s’asseoir sur le siège du copilote, mais celui-ci était déjà occupé par un monsieur, à la mine rébarbative. Il n’inspirait pas trop confiance au petit garçon. Victor se rapprocha de son père en grande discussion avec monsieur Laprise.
- Je ne sais pas comment nous allons nous débrouiller pour vous loger, mais je vous offre volontiers ma cabine. Vous et votre femme aurez un certain confort et comme je suppose que ce jeune garçon est votre fils, nous arrangerons pour lui à terre les coussins de mon fauteuil. À cet âge, on dort n’importe où.
Marcel se sentit gêné par l’offre d’Olivier Laprise.
- Mais vous, où allez-vous dormir? Je ne voudrais pas vous obliger…
- Soyez sans crainte. J’ai une idée. Mon fils Bernard, qui a à peu près l’âge de votre garçon occupe un lit dans le carré de l’équipage. Il avait insisté pour nous accompagner lors de ce voyage vers Eden Perdu. Comme il était en vacances scolaires, j’ai accepté. Je prendrai le quart de nuit au poste de pilotage et comme cela nous partagerons son lit. Et pour la famille de votre beau-frère, je n’ai pas d’idées présentement.
Jacques se rapprocha.
- La navette qui vous permet de ramener vos livreurs possède deux fauteuils. Ma femme Andréanne et moi, nous pourrions les utiliser. Ma fille Jessica dormirait dans nos bras ou à terre, si vous avez des coussins.
Olivier secoua la tête.
- Oui, ce serait possible, mais le Code de navigation interstellaire interdit la présence de personnes dans une navette attachée à un vaisseau lors des vitesses supersoniques. Les électro-aimants peuvent se déconnecter… Vous, monsieur le député, connaissez le code.
- Je le connais d’autant mieux que je faisais partie de la commission qui l’a modifié.
À cet instant, le copilote se retourna vers le groupe.
- Monsieur Olivier, je ne voudrais pas vous déranger, mais nous pouvons poser des ancres aux deux extrémités de la navette. Ce sont deux barres de fer qui traversent la poupe et la proue du véhicule. En cas de panne des électro-aimants, les gens à l’intérieur seront secoués, juste le temps que nous décélérions. Ainsi, ce sera sécuritaire.
- Vous avez raison, Mitchell. Cela ne prendra qu’une petite heure. Allez-y. Pendant ce temps, je vais vous remplacer.
Tout le monde était satisfait des arrangements. Victor, lui, se réjouissait qu’il y ait un jeune garçon de son âge dans l’équipage. En cas de famine, il y aurait un plat de plus à déguster avant lui. Son père le regarda, se demandant ce qui provoquait chez son fils ce large sourire.
Par contre dans la répartition des lits, on avait oublié Gladys. Elle n’était pas présente dans le poste de pilotage. Où se trouvait-elle?