Partie 8
Une minute, une éternité, passa ainsi. Chloé craignait qu’elle ait poussé Scott au-delà du gouffre. « Oh, non… je l’ai brisé, » pensait-elle, une larme coulant le long de sa joue.
Puis Scott lutta pour reprendre sur lui. Il prit un profond respire et, de nouveau maître de lui-même, commença. « Anne avait laissé échapper que nous étions naturistes. Quelqu’un aurait remarqué son bronzage intégral et lui avait fait un commentaire. Elle ne pouvait pas le garder sous silence. Pour elle, il n’y avait pas de conséquences ; elle était à sa dernière année d’école secondaire. Et, étant une fille, sa lui donnait un certain cachet puisque les garçons textiles trouvèrent ça sexy. »
« Des pervers, » commenta Chloé.
« Mais quand c’est arrivé aux oreilles de mes amis, de mes soi-disant amis, plutôt, ça a prit une toute autre allure. Selon eux, de se promener nu devant des femmes nus sans bander, il fallait être gai, même si ces femmes n’étaient que ta sœur et ta mère. Même, cela empira les choses ! Tous mes amis m’ont déserté et j’ai passé le reste de l’année en tant que cible des voyous. »
« Mon dieu, que c’est qu’ils t’ont fait ? »
« Des yeux au beurre noir, un nez casé, des côtes fracturées, un bras cassé mais jamais tout en même temps. Le dernier incident a tout fait ressortir car la police c’était impliquée. Mes parents m’ont sorti de l’école, ils ont entamé des poursuites contre eux et M’man m’a enseigné à la maison. Nous avions trouvé la nouvelle maison dans le temps de le dire, ce que mon père dit est un miracle et nous avons aménagé ici. J’ai accepté d’intégrer l’école en deuxième année, là où personne ne me connaissait et le reste, tu le sais. »
« Donc c’est pour ça tu ne voulais laisser entrer personne, » dit Chloé, sachant maintenant tout ce qu’elle voulut savoir, « tu ne pouvais plus faire confiance à personne après être trahis de la sorte. »
« J’imagine que ça c’est moi, tout emballé, prêt à servir. » Scott se retira du sert-fort et reprit les mains de Chloé, plus tendrement qu’avant. Il nota que ses yeux étaient rouges et boursouflés, comme étaient les siens, sans aucun doute. Quelque chose avait changé. Non seulement avait-il quelqu’un qui avait remarqué son trouble, Scott eut trouvé quelqu’un qui s’en souciait assez pour vouloir le comprendre.
« Écoute, j’ai moi-même quelqu’un avec qui je partage mes soucis, » dit Chloé. « Je ne peux imaginer la vie sans un tel appui. Je serais heureux si tu me permettrais d’être ton appui à toi. »
« C’est Jess ton appui, n’est-ce pas, » demanda Scott. « Vous êtes inséparables. »
« Je suppose que c’est évident puisque c’était à Jess que je parlais quand tu nous a surpris. Hé, dis, il faut que nous lui racontions à propos de toi. Elle connaît déjà l’histoire de la famille anglaise que nous manquions toujours de justesse lors de nos vacances. Surprenons-la demain. »
Sur ça Chloé et Scott se sont donné une nouvelle accolade et s’embrassèrent fermement. Quelque chose avait vraiment changé. Se séparant, main dans la main, ces deux nouveaux vieux amis sourirent ensemble avec des promesses de bonheur qui débuta et d’une fin à la tristesse.
Sortant de nouveau vers le patio, encore main dans la main, Scott et Chloé ont vu leurs mères encore dans le bain tourbillon mais maintenant sans leurs maillots. Les deux ont eu suffisamment de temps pour comprendre la situation et de rejeter leurs vêtements superflus. Robert, enfin libéré, était à courir dans tous les sens dans la cour.
« Venez-vous nous joindre, » demanda Beth.
Chloé n’avait aucun besoin d’une deuxième invitation et elle tira sur les cordons de son maillot, laissant le haut et le bas tomber où ils veulent avant d’embarquer dans l’eau pétillante du bain tourbillon, Ce n’était qu’après qu’elle était immergé jusqu’au cou qu’elle réalisa que Scott était le premier garçon de son âge à la voir nue à part de ses amis de vacances. L’image lui fit rougir de gêne puis tous les trois dames commencèrent à rire.
Scott se sentait évidemment plus réservé ; il avait peut-être besoin d’un peu de support moral. Toutefois, en regardant Robert courir partout, Scott sembla reprendre courage et retira ses culottes de cycliste serrés, appliqua un peu de crème solaire sur les endroits nouvellement exposés et s’étira sur la pelouse pour capter les derniers rayons du soleil.
Chloé ne pouvait qu’admirer son bronzage sans faille et son physique mince et musclé. La profondeur de son bronzage s’agrémentait ses cheveux marron. Elle pensa à tous ces sexistes misogynes enflés et pâlots qu’elle connaissait à l’école. Ils n’avaient aucun attrait en comparaison avec ce garçon qu’elle voyait devant elle, ni en personnalité, ni en apparence.
« Beth, as-tu et ta famille des plans pour le souper ce soir, » demanda Susan.
« Ç’a l’air qu’ils sont sur le point de changer, » répondit Beth.
« Pizza, » proposa Susan. « Nous pourrions le faire faire livrer et il n’y a rien d’autre que nous pourrions organiser en si peu de temps et je vais être obligé d’appeler Mark pour changer la liste de commande avant qu’il aura tout complété. »
Beth et Susan firent tous les deux des appels à leurs maris et l’organisation s’est mise en branle. Beth donna des instructions détaillées pour qu’il apporte un ensemble de linge pour Scott et qu’il invite Anne si elle n’avait rien d’autre au programme. Susan et Beth s’étaient mise d’accord de ne rien dire à Mike ou à Mark avant qu’ils arrivent afin de leur faire la surprise. Susan trouva également une brochure pour la pizzeria du coin et plaça une commande pour livraison vers 7 heures 30.
Mark était le premier à arriver vers 6 heures 45, ses emplettes coupés court. Chloé l’entendit arriver et sauta hors du bain, courut l’accueillir et sauta dans ses bras, encore toute trempe. Mark fut surpris de constater qu’elle était nue puisque le signal indiqua clairement que la soirée fut textile. Chloé corrigea cet oubli en renversant l’image et guida son père vers le patio pour introduire Beth et Scott comme son copain de classe et sa mère, puis une deuxième fois comme Lizzy et R.F., les amis qu’ils n’avaient jamais eus. Mark questionna Beth de façon animée de qui, de quoi de comment et de où. Il ne savait vraiment pas où commencer.
Chloé quitté son père et rejoint Scott sur la serviette de plage, face à terre. Scott hésita puis prit la main gauche de Chloé dan sa main droite. Ils restèrent couchés là, main dans la main, se regardant mutuellement et rigolant doucement. Rendu à cette heure-là, il n’y avait plus aucune prétention à vouloir prendre du soleil car le soleil s’était caché derrière les montagnes et le crépuscule approcha. Susan dut allumer l’éclairage du patio afin qu’ils puissent continuer de jouir de l’espace extérieure. Et toujours, garçon et fille et leur amour naissant furent couchés là, dans une communication sans mots.
Susan devait récupérer les emplettes du couloir, où Mark les avait abandonnées quand il fut attaqué par Chloé. De la fenêtre de la cuisine elle vit que Mark était encore habillé quand tous autour étaient nus. Elle trouva ça drôle qu’elle devait lui chicaner pour être assez impoli pour rester habillé. Mark monta immédiatement se dévêtir et Beth rejoint Susan dans la cuisine pour lui offrir de l’aide à préparer le repas. Tout ce resta à faire, toutefois, fut de déplacer un grand bol de salade verte avec une sélection de vinaigrettes sur la table de pique-nique.