Partie 10
« Approchez, approchez… qui veut encore un burger ? Toi ? Voici, et n’oublies pas la sauce barbecue là-bas. » Henk se trouva dans son élément ; des pinces de barbecue dans une main, une bière dans l’autre, portant un toc de chef des plus bizarres. Son tablier détesté n’y était pour le protéger d’éclaboussures de gras.
Le grill au charbon de bois prit du temps à allumer convenablement donc Henk s’était mis au travail dès que Beth l’avait reconduite au camping. Il avait tellement hâte de commencer qu’il avait presqu’oublié de se déshabiller… presque mais pas tout-à-fait. Henk était particulier sur la façon d’allumer un barbecue au charbon de bois ; il dédaigna l’utilisation d’un accélérant qui laisserait un mauvais gout à la nourriture. Il fourra plusieurs pages de journaux dans le fond d’une cheminée d’allumage, remplit la cheminée aux abords avec du charbon de bois puis alluma les journaux. Dans le temps de dix minutes, il avait une braise intense, parfait pour le grill. Le barbecue à gaz, par contre, s’alluma à la poussée d’un contact mais ça, ce n’était pas assez macho pour Henk. Quoique… Max regarda le barbecue à gaz, envieux.
Judy aida à préparer la salade et les sodas, ainsi que des boulettes plus petites pour les plus jeunes qui jouaient à divers jeux de société sous la supervision des ados en attendant que la bouffe soit prête. Un seul petit hamburger ne serait jamais assez pour Matthew, Yvonne, Claude et Alisha et ils furent tous à la queue-leu-leu dans le temps de le dire pour un deuxième.
À l’épicerie, Henk n’avait pas choisi les boulettes ‘de luxe’, sachant qu’elles rétréciraient dans des masses rondes et immangeables qui rempliraient à peine le petit pain mais choisit plutôt des boulettes larges et minces qui cuiraient rapidement sans trop de chaleur ni perte d’humidité. Pour ceux qui voulaient quelque chose de plus ostentatoire qu’un hamburger, il y avait aussi du poulet mariné et des steaks. Il eut réservé le grill au charbon de bois que pour les steaks. Il y avait aussi des saucisses, ce que Robert affectionna particulièrement, mais ne faisant pas confiance au sens d’humour, ni aux pinces, de Henk, il demanda Susan d’aller les chercher pour lui.
Ce ne fut pas long que les autres campeurs du camping naturiste firent un tour, demandant s’ils pourraient mettre leur propre viande sur le grill. Henk accepta autant que la viande soit adéquatement dégelée. Toutefois, il devint évident qu’il y en avait amplement assez alors Henk commença à servir pour tous. Quelques-uns amenèrent des boulettes végés tandis que d’autres furent disposés à partager une bouteille en échange de quoi à manger. Rendu une heure après le coucher du soleil, tout le camping naturiste était présent, soit pour manger, soit pour le plaisir de l’ambiance après avoir fini de manger chez eux. La seule chose qui manquait était de la musique d’ambiance. Pour combler à cette lacune, Lena brancha ses haut-parleurs et son iPod de musique de détente Européenne mais Famke régla ça en remplaçant l’iPod de sa mère avec le sien chargé de sa propre collection de préférés du palmarès.
Beth, sachant d’expérience que faire du camping avec Henk mènerait presqu’inévitablement à un barbecue, avait volé trois bouteilles de vin rouge maison de la cave à vin de Mike avant de partir. Au début, plusieurs qui ne connaissaient pas le vin de Mike avaient refusés, méfiants, mais en voyant d’autres, moins pointilleux, baisser rapidement le niveau des bouteilles, le regrettèrent par après. Heureusement, d’autres aussi avaient apporté du vin et il y avait aussi la bière de Henk.
Stuart s’était bourré la fraise et chercha quelque part pour s’essuyer les mains, disant que dans un endroit textile, il aurait essuyé ses mains sur son linge. Jess lui lança une débarbouillette humide ; il la remercia, essuya ses doigts et la lui lança au retour. Scott eut mangé avec plus de modération, sachant qu’il dormirait mieux s’il se sentit à l’aise, ce qu’il devait faire avant de reprendre sa routine d’entraînement le lendemain matin. Personne ne remarqua que Peter et Judy avaient parti pour mettre leurs deux jeunes au lit mais quand ils furent de retour, la musique avait été baissée et l’ambiance a pris une allure plus intimiste. Il approcha les dix heures quand, tranquillement, la majorité des campeurs partirent rechercher leurs caravanes. Les campeurs sous la tente semblèrent avoir plus d’endurance ; il faisait aussi chaud dehors que dans la tente alors ils ne firent qu’enfiler un chandail ou une veste. À dix heures, les Schmidt et les Simon s’habillèrent et dirent leurs au-revoir pour retourner au centre de villégiature. Max était à jouer au poker pour des allumettes avec Henk, Lena et Jenny mais, dès qu’il avait gagné une dernière levée, ce fut l’heure pour lui et ses gars de s’habiller et de partir également. Stuart était à bécoter ses souhaits de bonne nuit à Jess quand son père appela après lui de se grouiller le cul.
C’était comme si ce fut la routine éternelle pour que les habitants du motorisé de souhaiter bonne nuit aux habitants de la tente voisine pendant que Henk rangea les tables et les chaises sous l’auvent et de fermer les lumières. Ce ne paraissait pas du tout, non plus, inusité de Susan, Chloé, Jess et Scott de se préparer un dernier café dans la tente. Le lendemain, toutefois, ce serait différent ; ce serait le temps de tout ramasser et de repartir pour le vrai monde, quoiqu’on puisse dire pour le qualifier ainsi, et avec les difficultés que cela pourrait entraîner.
Ce n’était pas autant le thème du livre qui lui rendit plus ouverte aux pensées d’autrui que ce soit ce que Chloé lui ait dit qui lui rendit plus ouverte aux thèmes du livre et donc aux pensées d’autrui. « Quelque part où je suis respectée, » avait dit Chloé. Cela impliquait que Chloé était effectivement respectée par ceux qui l’entouraient, des naturistes, et que ce respect lui fut accordée parce qu’elle y avait droit, non pas parce qu’elle dut le demander. Ce respect lui fut accordé, non pas malgré sa nudité ou à cause de sa nudité mais plutôt sans égard de sa nudité.
Emma relut chacune des passages que Stephen avait soulignée puis ses yeux tombèrent sur une phrase spécifique et d’un coup, elle comprit le tout d’un point de vue nouveau ;